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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 12:49

Sortie : 16 août 2010

Label : M_nus Records

Genre : Techno minimal

Note : 3/10 (pour l'idée de la compil, non pour les morceaux)

 

Plastikman (aka Richie Hawtin) est le maître absolu pour tout fan de techno. Touche à tout aussi brillant dans le domaine de la techno pur que dans celui de l’électronica torturée et l’ambient sombre, depuis le début des années 1990 il a explosé les carcans pour mieux redéfinir les contours de la musique électronique. Impossible de renier l’héritage de Plastikman car, même aujourd’hui, son récent live ressemble davantage à une gigantesque messe qu’à une simple tournée best-of.

Et pourtant, le pseudo Plastikman s’est effacé depuis de nombreuses années et la sortie de Closer en 2003. Le créateur a laissé la place au producteur Richie Hawtin qui écume les clubs de la planète. On se rend alors compte que la carrière de Plastikman tient en 7 albums se concentrant en à peine 10 ans de carrière. Alors qu’un gigantesque coffret (14 CD + DVD) est prévu pour la fin de l’année, Kompilation fait aujourd’hui figure d’hors d’œuvre, comme un vulgaire best-of jeté en pâture aux consommateurs négligés.

 

Toute la force des albums de Plastikman repose dans l’immersion, dans la proposition d’un trip insondable où la techno se veut autant organique que synthétique. De l’acidité de Sheet One à l’introspection de Consumed, chaque album possède sa propre identité. Vouloir compiler 10 ans de carrière en seulement 8 titres relève davantage du plan marketing foireux que d’une véritable mise en valeur du patrimoine électronique laissé par Plastikman.

Le problème ne vient donc pas des morceaux en eux-mêmes. En effet, que ce soit avec la machine acide de Plasticine, le bol de Rice Crispies vous explosant les neurones de Spastik, l’extasié et précurseur Marbles, l’insidieux Contain ou encore le sombre Ask Yourself, chaque morceau se révèle profondément intemporel et contemporain. Plastikman travaille chaque son, le module, le compresse, le dilate, pour mieux le transfigurer et ainsi pénétrer notre cerveau. C’est autant vicieux qu’imparable. C’est tout simplement la définition de la techno mentale chère à Richie Hawtin et M_nus.

Non, le problème ne vient pas de là mais de cette tentative foireuse de tout mélanger au risque de se révéler trop réducteur. Ainsi, Kompilation se limite à l'aspect purement techno de Plastikman en tentant de résumer maladroitement 10 ans d'innovations électroniques. La techno de Plastikman n’est pas faite pour être rapidement assimilable, elle demande du temps, de la concentration, une volonté de pénétrer dans un vaste continent et non dans une tentative de survol grossier (on s’est d’ailleurs retrouvé face au même souci lors de sa dernière tournée où il s’est avéré bien plus pertinent sur un live de 2 h comme au Time Warp que sur une version raccourci d’1h comme à la Villette Sonique).

 

On sait bien que la techno de Plastikman n’est porteuse d’aucun message mais là, on sent le coup publicitaire et c’est emmerdant. Les néophytes et les connaisseurs devront donc attendre patiemment le coffret à venir qui permettra de vraiment se replonger dans l’univers du maître.

 

http://www.tcbmedia.eu/images/news/20100721-Plastikman_annonce_sa_Kompilation-1279709539.jpeg

par B2B

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 12:15

Sortie : 13 juillet 2010

Label : Perlon

Genre : House

Note : 7,5/10

 

Wareika est le projet house de trois Allemands, Florian Schimacher, Henrik Raave et Jakob Seidensticker. Nos trois compères officient tranquillement dans l’ombre, se contentant de sortir confidentiellement leurs productions pourtant hautement qualitatives. Tout amateur d’Henrik Schwarz et de house-jazzy racée se doit de posséder leur dernière création : Harmonie Park.

 

Il s’agit du deuxième long format du groupe sortant cette année après l’estimable Formation. Mais là où Formation était un album au sens classique du terme, Harmonie Park préfère jouer la carte du live en proposant une admirable pièce de 63 minutes se divisant en 9 scènes s’emboîtant limpidement.

Harmonie Park a tout de l’épopée jazzy propre à transcender une house de puriste. Ce n’est pas une surprise de retrouver cette release sur l’excellent label Perlon, toujours à l’affut des créations électroniques pour esthètes. En flirtant ouvertement avec l’improvisation, Harmonie Park se révèle immédiatement captivant. Les instrumentations acoustiques se mêlent subtilement aux séquences électroniques.

Dès la Scène 1, on se laisse porter par cette alchimie parfaite entre le piano apaisant et le tempo de plus en plus ralenti et lancinant. Une fois rentrée dans l’univers du groupe, on est happé dans cette atmosphère répétitive mais jamais rébarbative. Petit à petit, le jazz s’efface pour laisser les machines parler. Les Scènes 3 et 4 n’hésitent pas à provoquer l’hypnose, le son se fait plus lourd, plus insidieux et lorsque une guitare fait son apparition lors de la Scène 5, on ferme les yeux de plaisir.

Wareika évite avec brio de tomber dans une house lounge sentant la naphtaline. Ici, tout est classe et intelligemment maîtrisé. Le beat répétitif n’hésite pas à s’entrecouper de fines respirations et lorsque arrive les 12 minutes portée par les cuivres de la Scène 7, le groove est alors imparable. On sent que Wareika est un groupe pétri d’influences diverses allant de Theo Parrish à Fela Kuti ou encore Steve Reich. La Scène 8 supprime ainsi le beat pour s’ouvrir à la création contemporaine et nous plonger en pleine jungle birmane avant un final free-jazz improbable.

 

Harmonie Park est un album d’une classe absolue démontrant que la fusion entre house, jazz et musique répétitive peut parfois aboutir au meilleur. Wareika est un groupe à suivre de très près.

 

http://static.boomkat.com/images/349684/333.jpg

par B2B

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 12:06

Sortie : 4 octobre 2010

Label : Rump Recordings

Genre : Ambient, Dub, Electronica

Note : 8/10

 

Anders Remmer (aka Dub Tractor), Jesper Skaaning (aka Acustic) et Thomas Knak (aka Opiate) collaborent depuis plus de 15 ans. Figure emblématique de la scène électronique danoise, le groupe évolue au travers de divers projets, du nom de D.A.W.N puis de Future 3. En 2002 ils se présentent sous l'alias System pour sortir un album éponyme sur le label allemand Scape, diluant IDM froide et relents de dub à la teutonne. Alors que chacun se consacrait à ses réalisations solo, System réapparaît 8 ans plus tard, pour un deuxième LP sobrement intitulé B.

 

S’il continue de creuser le sillon développé par leur premier essai, B repousse indéniablement les limites encore plus loin. La manière qu’ont ces Danois de traiter le dub paraît particulièrement intéressante. Sorte de compromis entre le minimalisme allemand et la frénésie d’outre-Manche, son incorporation subtile à de l’électronica et à des ambiances inquiétantes fonctionne fatalement. Si B semble s’inspirer bien plus du dubstep que son prédécesseur, que les astres se rassurent, il n’en résulte qu’un certain esprit, jaillissant à l’occasion d’une basse grondante ou d’un beat poisseux et syncopé. L’ensemble en lui-même apparaît comme un flot harmonieux, un bloc constant et ciselé qui se prête mal à la catégorisation. Les atmosphères respirent un ambient ténébreux, libérant des échos troubles et des brumes sonores qui planent à la manière d’un ciel bas et lourd. Entre sculpture burinée du beat et vagues mélodiques saisissantes, B est un disque dans lequel il est bon de pénétrer seul, et d’attendre, le cerveau recroquevillé, que les lentes tornades sonores vous submergent.

Dans les sensations qu’ils suscitent, les titres comportent des aspects délicieusement variés. Des parfums de Rhythm & Sound exhalent des rythmiques collantes de Stanley ou du dubesque Stars. Sur All, WB ou le magnifique Meadow And Stuff, la part belle est faite à un ambient aquatique, bruissant et pulsé, tandis que Would’nt, certainement la plage la plus touchante du disque, marie avec douceur électronica songeuse et 2-step ample et bordé d’échos.

 

A la frontière entre IDM, dub et ambient, ce glorieux deuxième jet ouvre sur un univers sonore à la fois riche, marbré et introspectif. Après les décennies que ce trio a passé à travailler ensemble, ils prouvent avec classe que leur capacité à innover et à captiver demeure sans faille. Gloire à eux. 

 

rumpcd013.jpg

par Manolito

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 18:53

Sortie : novembre 2010

Label : Lost Recordings

Genre : Post-rock

Note : 7

 

Baptisé ainsi en hommage à Brel, Les Marquises est un projet bâti autour de trois hommes venus des deux côtés de l'Atlantique. Jean-Sebastien Nouveau d'Immune, le batteur Jonathan Grandcollot et Jordan Geiger qui tourne avec les Américains de Shearwater. Avec quelques amis, ils se sont lancés dans un disque hommage à l'écrivain et peintre américain Henry Darger, dont l'univers est aussi singulier que méconnu du grand public. Côté musical, le groupe revendique des influences du côté de Third Eye Foundation, Can et Moondog.

 

Des vagues sonores vont vous submerger. Des claviers volumineux soutenus par une basse imposante et une batterie engageante. Soudain, la voix fantomatique de Geiger surgit puis les cordes de guitare viennent offrir une autre direction. Only Ghosts pourrait être un titre rock, mais il offre un espace bien plus large, un esprit décomplexé qui le fait tendre vers un post-rock extatique. Un mélange de complexité et d'évidence qui vous emporte bien volontiers. Voici introduit Lost Lost Lost de manière volontaire. Vous êtes invités à vous perdre dans un océan de puissance maîtrisée. Dans l'énergie comme dans le calme, Les Marquises dégagent un sentiment enveloppant et planant. Le plus réservé La Terra Trema est une plage instrumentale atmosphérique dans laquelle vous pouvez vous laisser voguer, tout comme vos pensées. Le chant ne revient que par intermittence pour laisser de la place aux flots hypnotiques que dégagent les claviers et la guitare. Alternant entre mer plate et agitée, le groupe retient l'explosion pour mieux la contrôler. In This Carnival Of Lights symbolise le calme avant la tempête. Il n'y a qu'un survivant du navire sauvé des eaux. Geiger se laisse flotter au gré des arpèges qui tournoient sans cesse. Des sirènes de bateaux se détachent dans le lointain brumeux puis, guidées par la batterie, forment un bloc compact qui ballait tout sur son passage. Il ne reste qu'à vous accrocher. Terrible Horses est un épilogue écorché et habité pour les rares marins survivants. La fin d'un récit épique dont vous ne pouvez décrocher.

 

Les Marquises nous propose une épopée musicale d'une rare finesse, avec ce qu'il faut d'action, d'amour et de mystère. Une croisière qui touche juste et appelle à continuer les voyages en leur compagnie.

 

http://immune.free.fr/lesmarquises/images/pochette-lost-lost-lost.gif

par Tahiti Raph

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 11:31

Sortie : septembre 2010 / novembre 2010

Label : Infiné

Genre : Musique du monde expérimentale / piano classique expérimental

Note : 5 / 5

 

Après l'intriguant In D d'Arandel (chroniqué ici), le label d'Agoria continue ses explorations en territoires expérimentaux avec deux albums hors formats, empruntant un peu aux musiques électroniques et beaucoup ailleurs. Même si les résultats sont assez différents, quelques points communs rassemblent Bachar Mar-Khalifé et Fransesco Tristano, comme leur formation classique ou leur utilisation centrale du piano. Peu de pistes, des morceaux longue durée, des influences jazz, autant encore d'éléments qui relient ces deux disques. Toutefois, Oil Slick est marqué par les voix qui l'habitent et les origines libanaises de son auteur tandis qu'Idiosynkrasia est instrumental et orienté par la participation à la production de Carl Craig. Ce dernier a joué par le passé avec Bachar Mar-Khalifé, dont le frère, Rami, faisait partie d'Aufgang... groupe de Francesco Tristano. Une proximité qui a logiquement conduit les deux hommes à travailler ensemble par le passé.

 

Bachar Mar-Khalifé déstabilise rapidement. Lancé bille en tête par un piano énergique, son album débute dans une ambiance jazz prenante sur laquelle vient se poser un poème chanté dans sa langue natale. Le mélange est surprenant et fonctionne. Ce Progeria d'ouverture s'achève dans de sombres remous électroniques. Toutes les interrogations de l'auteur ne paraissent pas tout de suite. De caprice de musicien à réflexion sur son héritage culturel, il n'est pas aisé de trancher. A la lecture des explications de texte, le message va bien plus loin que ce qu'il parait. Notamment sur Democratia qui prend une autre dimension quand on sait qu'il y énumère une liste de prisonniers politiques.

Après la première vague qui vous submerge, l'artiste prend de la Distance, part dans une ballade à la mélodie entêtante. Encore cette voix un peu décalée, avant l'envolée pleine d'espoir dans laquelle le piano tournoie. Rien n'est précipité. Le Libanais n'offre que six titres (deux de plus de dix minutes) mais se donne tout le temps de développer son propos, d'intensifier tel ou tel son et laisser les émotions transparaître. Nouvelle surprise avec Around The Lamp, le chant de la Palestinienne Lita Jana apporte une touche de féminité sur un titre plus dépouillé et méditatif.

Après la face électro, le jazz, la chanson, un côté rock progressif, des touches orientales apparaissent, ajoutant une couche folklorique... Bachar Mar-Khalifé ouvre des portes, tente des choses, ne se pose pas de limite. Il habite complètement son univers qui n'est pas toujours facile à pénétrer. Les tests ne sont pas toujours concluants comme cette voix trop simplement modifiée en mode vocoder sur Marée Noire. Le texte en Français, bien sombre, manque sa cible et gâche un peu la terrible mélodie qui se répète inlassablement jusqu'à vous désorienter.

Désorienté, c'est bien l'état que provoque ce disque. En effet, l'imagination de l'artiste convainc parfois, laisse dubitatif à d'autres moments. Sur le NTFntf' final par exemple, le trop plein de percussions est étouffant.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41kTseciVgL._SL500_AA300_.jpg

Indiosynkrasia n'offre pas cette même diversité. Un premier long format produit par Murcof, un second auquel Moritz Von Oswald a mis sa patte, pour le troisième, Francesco Tristano a pris la direction de Detroit et du studio de Carl Craig, Planet E. En ressort neuf plages spacieuses et habitées, où l'esprit de Brad Mehldau aurait rencontré des machines distantes et le caractère répétitif de la techno des origines. Il y a un côté intello pénible, un autocentrage sur le piano très égocentrique, un minimalisme aisé. Le bidouillage torturé de Wilson laisse notamment sur la réserve. Mais qu'attendre de plus d'un album dont le titre se définit par  "caractère individuel, tempérament personnel" ?

Il y a pourtant plus. La répétition des lignes de piano pénètre peu à peu le cerveau et intrigue, captive, fait réagir. La superposition de percussions, de nappes donnent du volume et dépasse le simple gadget. Les phases solo pouvant elles sembler bien plus (trop ?) classiques. Le très joli Nach Wasser Noch Erde est ainsi un bel effort solitaire dont l'originalité reste toutefois à démontrer. Dans le même genre, Lastdays est carrément ronflant.

Bien que le mariage avec les rythmiques et les sonorités synthétiques n'est pas toujours évident, il donne au moins un nouvel horizon à admirer. L'alchimie n'est pas facile, mais s'avère frappante quand elle fonctionne, sur le dansant Indiosynkrasia par exemple dans lequel la modification du son de piano et son inclusion dans un ensemble fourni facilitent le mélange. Quand Tristano délaisse totalement les sons organiques avec Fragrance de Fraga, il verse dans une techno classieuse et prenante.

Le pianiste vogue ainsi entre les styles sans trop se poser de questions, laissant l'auditeur un peu tiraillé entre les passage énergique et ceux plus intimes. Tristano démontre un large panel de possibilités, mais se perd en n'en creusant pas une en particullier. Les deux derniers titres démontrent enfin une maîtrise de la rencontre piano-machine, comme si les extraits précédents n'étaient qu'un prélude à ces passages envoûtants. Le Hello-Inner Space Dub final constitue d'ailleurs un sommet dont il est difficile de sortir indemne.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/618CrkYkS0L._SL500_AA300_.jpg

Les deux hommes ouvrent des voies. Francesco Tristano commence à avoir bien exploité son sillon autour du piano et devrait maintenant choisir une direction. Quant à Bachar Mar-Khalifé, il attire l'attention, laissant bien curieux de la suite de ses expérimentations. Même si vous n'êtes pas complètement emballé par ces deux disques, leur écoute invite à l'ouverture et à la curiosité musicale.

par Tahiti Raph

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 18:22

Sortie : 18 octobre 2010

Label : Hyperdub

Genre : Dubstep mièvre

Note : 4/10

 

Le duo Darkstar , composé de James Young et Aiden Whalley, fut révélé l’année dernière par deux tracks qui figuraient dans la compilation 5 Years Of Hyperdub (chroniquée ici). Need You et Aidy’s Girl Is A Computer, aussi mélancoliques qu’acidulés, constituaient de véritables pépites. Leur premier LP North est au bas mot l’album le plus attendu de chez Hyperdub, autant par un milieu électronique que par des sphères pop.

 

Darkstar avait certainement bien commencé dans le dubstep, suscitant maints espoirs. Mais les choses se sont gâtées avec l’arrivée de James Buttery qui, comme son nom l’indique, pose une voix sirupeuse sur la plupart des morceaux. J’ai beau généralement voir plutôt large en terme d’étiquettes, et bien que ce genre dispose de frontières très floues, objectivement, ce disque répond autant du dubstep que j’officie moi-même comme nonne au Couvent des oiseaux. Des ambiances maussades, des cordes ou un piano larmoyants, et un chant aussi geignard que les caprices d’un mioche de quatre ans, voilà de quoi est faite la synth-pop de Darkstar. Pour une durée d’à peine 40 minutes, l'album sonne incroyablement creux, alors que la production vibre pourtant d’une potentielle qualité. Les rythmiques ont quelque chose de scintillant, les effets d’échos et de profondeur sont légions, et la nostalgie qui suinte des mélodies ne paraît pas, au premier abord, empruntée. Par certains points, North peut même faire penser au récent album de Baths (ici).

Mais il suffit d’une seconde écoute pour que l’écœurement vous submerge. La criante mélancolie que ce disque brandit comme une bannière, semble bien trop chialeuse, plaintive et tapageuse pour être sincère et toucher quoi que ce soit. Un procédé bon à ne récolter qu’une indifférence discrètement agacée. Mais plus encore que l’instrumentation rêveuse et insipide, c’est le chant affecté de Buttery qui décrédibilise sèchement l’ensemble. Il ne reste que les vestiges d’un mélodrame piteux, dont les spectateurs affligés se sont progressivement retirés. Au milieu de ce triste décor, perdure un pilier inaltérable : Aidy’s Girl, qui, sans n’avoir rien perdu de sa superbe, ne parvient pas à relever l'ensemble. S’il l’on voulait vraiment sauver les meubles, on suggèrerait que les versions instrumentales de In The Wings, Two Chords et Under One Roof doivent avoir un aspect touchant. Mais ces titres ne se décortiquent pas, et la voix légèrement trafiquée de Butterry y est bel et bien scotchée.

 

Le premier essai de Darkstar a définitivement quelque chose de pathétique. Chose énervante que ce gâchis, à la vue du potentiel de Young et Whalley. On ne peut qu’espérer qu’ils réorientent leurs lendemains (ou qu’ils reviennent à leur premiers amours), affliction et mièvrerie n’ayant jamais fait bon ménage.

 

Darkstar_front_LP.jpg

par Manolito

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 17:55

Sortie : 28 septembre 2010

Label : 4AD / Beggars

Genre : Pop, indie-rock

Note : 8,5/10

 

Bradford Cox, leader de Deerhunter, joue avec la mort. Il sait qu’il ne pourra lutter indéfiniment contre le syndrome de Marfan. Halcyon Digest est un album fantomatique où Bradford Cox devient son propre spectre. Jusque dans les arrangements vocaux, tout est structuré pour maintenir le mystère. Les voix se doublent, se superposent, pour finalement devenir impalpable et laisser une fine traînée de poussière. Et pourtant, jamais la musique de Deerhunter n’a été aussi docile, comme pour mieux cacher la complexité de l’ensemble. Même si l'on tient l’album le plus pop du groupe, on est figé par tout cet emballage psyché-shoegaze convoquant explicitement les démons du Velvet Underground.

Apparaître comme un spectre conduit forcément à égarer l’auditeur dans un labyrinthe sonore. Les arrangements électroniques d’Earthquake, tout en sonorités inversées, en aspirations contrôlées, enferment l’auditeur dans un calme de façade. Peu à peu la complexité prend le pas, le morceau évolue et laisse place à des strates s’emboitant progressivement pour aboutir à un sidérant puzzle acoustique.

Le vibrant spleen de Sailing se dispute à la mélancolie d’Helicopter, laissant Bradford seul face à nous, dans un tourbillon crépusculaire. Sans tomber dans l’album sombre et dépressif, Halcyon Digest est un brouillard insondable où il fait bon errer sans but. Parfois, le classicisme pop l’emporte comme sur le sautillant Memory Boy et l’imparable Desire Lines, mais les guitares ne peuvent s’empêcher de s’étaler dans le temps, histoire de mieux nous faire vaciller.

Jusqu’à maintenant, Deerhunter avait du mal à réellement tenir ses albums. Même si Cryptograms et Microcastle demeurent de grands disques, on avait parfois l’impression d’écouter un groupe encore indomptable. En se recentrant sur une approche pastorale de la musique et sur une production épurée, Deerhunter signe avec Halcyon Digest son album le plus vibrant, le plus personnel et sans doute le plus réussi.

 

http://newsnetz-blog.ch/kulturstattbern/files/2010/09/Deerhunter_HalcyonDigest-300x300.jpg

par B2B

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 01:58

Sortie : septembre 2010

Label : Ovum Recordings

Genre : Blague Techno

Note : 1,5/10

 

Shlomi Aber fut l'un des DJ producteur qui révéla la scène de Tel Aviv. Celui qui a déjà réalisé son rêve d'enfant a signé des tracks sur des labels aussi respectés que Cocoon Recordings ou Renaissance, avant d'ouvrir son propre label, Be As One Imprint, où ses potes Gel Abril, Itamar Sagi et le plus respectable Kenny Larkin se sont fait un plaisir de laisser leur empreinte. L'Israélien est sévèrement attendu au tournant depuis que de presque avérées accusations de plagiat se sont élevées contre lui. Après State Of No One en 2007, il signe son deuxième album sous le plus que facile titre de Chicago Days, Detroit Nights. Il a pas intérêt à se planter, car si ses talents de chef de label sont un peu moins contestables, ses qualités de producteur et de DJ sont quand même plus qu'au point mort.

 

Lorsqu'on attribue un pareil nom de baptême à son album, on se doit d'être à la hauteur des mythes. Ce qui est ennuyeux, c'est qu'avec les accusations qu'il s'est déjà prise en pleine poire il n'y a pas très longtemps, on a plus de chance de crier à l'esbroufe qu'au génie. A la vue de l'artwork, ça commence plutôt mal. Chicago Days, Detroit Nights est un album tout ce qu'il y a de plus prévisible, presque caricatural. Destiné à un auditoire qui se secoue sur le dancefloor sans réfléchir, il a pour ambition de revisiter 20 ans d'héritage techno et house en y injectant une touche de modernité. Citer Detroit, Chicago ou même New-York ici relève de la pure hérésie. Tout est couru d'avance, c'est grossier, gras et huileux comme un kebab de charcutier. Même les effluves de funk résonnent comme des insultes au patrimoine. Même y a dix ans, on aurait hurler à l'arnaque. Il y a même quelque chose de pathétique dans la ré-utilisation de maxis déjà bien usés.

Si l'invitation assommante de Groove Mechanism a quelque chose de séduisant lors des 30 premières secondes, l'évolution est quant à elle affligeante par son caractère, encore une fois, plus que prévisible. En cherchant bien, on peut sauver New York Dreaming, pas original pour un brin mais qui a le don d'au moins faire clore les paupières et remuer un peu les épaules. Sketches, avec le noble Kenny Larkin, est des plus salutaires mais date quand même de l'année dernière. Il était d'ailleurs sorti sur... Be As One Imprint. Même la tentative de sauver les apparences s'étale comme un pet foireux. Certes, le Shlomi sait jouer des faders et modifier les tempos. Mon cousin Firmin aussi. Il a une culture club indéniable mais ne sait pas quoi en faire. Si j'étais méchant, et je le suis, je dirais que c'est à cause (ou grâce) à des mecs comme ça que la techno se vulgarise, tel un produit consommable périssable dont la seule ambition est de faire danser à tout prix les masses impies et incultes. Toujours plus pourrie est la course aux maxis. Le sillon artistique est lui, totalement absent.

 

En me relisant, je me dis qu'un tel pavé, aussi pamphlétaire soit-il, est déjà un hommage beaucoup trop vibrant pour cette blague aussi drôle et novatrice qu'un sketch de Popeck. Que ceux qui veulent écouter un album où Chicago n'est pas jetée dans la boue se jettent sur le magnifique nouvel album d'Efdemin (ici), destiné à un public d'esthètes techno qui s'élève, plus que jamais, comme une espèce en voie de disparition. Désolé d'avance.

 

http://beatsmedia.com/wp-content/uploads/2010/09/l_73b79adaccf0408d95102adf90678896.jpg

par Ed Loxapac

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:14

Sortie : 6 octobre 2010

Label : M_nus

Genre : Techno minimale

Note : 5,5/10

 

C’est le paradoxe M_nus ; à chaque fois je râle après la redondance des sorties du label et à chaque fois je me fais quand même avoir par le côté implacable de cette techno mentale. Dernièrement, Marc Houle m’a saoulé (ici) pendant que Magda s’en sort avec un album chirurgical (ici). Et voilà que déboule au même moment Fabrizio Maurizi avec Chronicles.

 

Même si ça a l’odeur d’un LP, les 6 titres pour 40 minutes distillés par l’italien ne sont qu’un EP. Dans le pur esprit maison de M_nus, Fabrizio ne voit pas plus loin qu’une techno cristalline, une autoroute pour clubbeur increvable. Mais le pire dans tout ça, c’est que ça marche à plein régime. On a beau savoir où l’on met les pieds, ces derniers ne peuvent éviter de se mettre à danser. Mais comment M_nus fait pour maintenir autant la pression ? Pas la peine de chercher bien loin, tout est dans cette basse surgonflée, dans cette moiteur imparable.

Inutile de se pencher sur les morceaux, le schéma se répète inlassablement (même si pour ma part, Duck Dive et Free As We Are ont mes préférences) et ce même si Fabrizio n’atteint pas la perfection des productions d’Ambivalent ou n’obtient pas le groove d’Uto Karem. Dès les premières secondes, la basse vous a sauvagement agrippé pour ne plus vous lâcher. A partir du moment où l’aspect mental fait son apparition par le biais d’un petit son lancinant à vous rendre épileptique, c’est déjà trop tard. Et quand survient une fine montée savamment dosée, vous êtes mûrs.

On pourra reprocher ce que l’on veut à l’écurie de Richie Hawtin, notamment l’aspect purement mécanique de cette techno dû à une sur-exploitation de Cubase et Ableton aboutissant à un son froid, il n’en demeure pas moins que sur un dancefloor personne ne peut résister, et c’est l’unique but recherché.

 

Ce Chronicles est symptomatique du paradoxe M_nus. Fabrizio Maurizi va droit au but, ne s’embarrasse pas avec des préliminaires inutiles pour proposer un EP de techno mental d’une diabolique précision. On a beau tenter de résister, à partir du moment où on a mis le nez dedans, on est foutu. Chronicles ne fera pas date mais aura réussi son pari : vous faire danser non-stop.

 

http://minimalistica.org/wp-content/uploads/2010/09/Fabrizio-Maurizi-Chronicles.jpg

par B2B

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 12:12

Sortie : octobre 2010

Label : Brainfeeder

Genre : Liquid hip hop

Note : 3

 

Nous n'avons pas fini de vous parler de la scène californienne qui cette année n'arrête plus d'être productive. Auteur d'un maxi l'an dernier déjà pour le label de son copain Flying Lotus, William Bensussen plus connu sous le nom de Gaslamp Killer nous revient avec un nouvel EP qui ne va pas nous convaincre plus que ses nombreux DJ sets qui ont pourtant fait sa renommée. La production de l'album de Gonjasufi (chroniqué ici) nous avait pourtant fait espérer du mieux. Le producteur a d'ailleurs a nouveau convié son comparse mystique pour un titre de ce maxi..

 

La voix enfumée et la production reggae déviante sont au rendez-vous pour un des rares bons moments de cette galette. Car le reste est décevant. Plutôt que de s'ancrer dans un style et donner de la cohérence, l'Américain s'embourbe dans des expérimentations électro pour le moins sans intérêt. Passé les effluves inspirées de When I'm In Awe avec Gonjasufi donc, on peut se demander pourquoi a-t-il besoin de Mophono pour construire un morceau très rythmique mais qui manque de consistance ? Ou qu'est-ce que Computer Jay a pu apporter à Shattering Inner Journeys qui part un peu dans tous les sens ? Sur ce dernier extrait, les idées se succèdent sans vraiment décider d'une direction. Un peu comme un mix, les sons se suivent sans vraiment offrir de construction.

Reste les deux morceaux qu'il a composé seul. Fun Over 100 consiste en une simple rythmique autour de laquelle tourne un son de synthé plutôt agaçant. Alors que Gaslamp Killer se voulait sombre, il sonne ici froid et impersonnel. L'EP se termine avec Monsterfromtheunderground,un passage plus intéressant qui aurait mérité d'être développé sur plus d'1'57, laissant donc un peu sur sa faim.

 

Death Gate ne réhabilite donc pas Gaslamp Killer, le maintenant même au rang des producteurs surcotés qui savent bien s'entourer faute d'être vraiment à la hauteur.Est-ce la fin de l'état de grâce pour Brainfeeder ? début de réponse dans quelques jours avec le nouveau maxi du patron...

 

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par Tahiti Raph

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