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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 02:32

Sortie : 30 avril 2012

Label : Ninja Tune

Genre : Hip-Hop

Note : 8/10

 

En bon fils de sculpteur renommé et en bon résidant de Manhattan, on peut dire que le jeune Anthony Simon a eu accès à une certaine culture. Si beaucoup le connaissent pour son chef d'oeuvre Music By Cavelight de 2003, certains ignorent qu'il fut le beatmaker attitré de Aesop Rock et de bon nombres de MCs gravitant autour du légendaire label Definitive Jux. Il fait partie de cette génération de whiteys américains à s'être pris le hip-hop en pleine gueule à la fin des années 80 (pour les plus vieux). Citons l'éternel redneck et pape sanctifié après Entroducing Dj Shadow, l'aujourd'hui en errance RJD2 ou le new yorkais Dj Signify (et son injustement méconnu Of Cities), parmi ses collègues à la base du galvaudé terme abstract hip-hop. C'est probablement celui qui aujourd'hui s'en tire le mieux parmi ses congénères pré-cités, même si rien n'est moins facile que de continuer à captiver après un album comme Music By Cavelight. Tout en conservant son éternelle démarche old-school, Blockhead a su s'émanciper du pur beatmaking et de son bijou initial, pour maintenir l'intérêt de ses fans de la première heure. Sa musique est aujourd'hui à envisager comme en lien avec son environnement direct, des tranches de son quotidien ou d'instants volés au coin d'une rue. Certains disent même qu'il utilise Ableton depuis son dernier The Music Scene. En fait peu importe l'outil avec Blockhead, car seul le résultat de ses fables - abstraites et habitées par un imaginaire débordant - compte. Interludes After Midnight sort la veille de la fête du vrai travail en France sur Ninja Tune.

 

Si la musique de Blockhead n'a pas connu de réelle révolution depuis 2005, on peut tout de même reconnaître que le beat est devenu secondaire par rapport à l'habillage et à l'aspect narratif. La rythmique hip-hop et ses drums si reconnaissables sont bien sûr encore là, comme un fil conducteur plus que jamais ouvert sur tellement d'autres choses. Ces fables urbaines et cosmopolites semblent infusées dans le LSD tant la dimension psychédélique est aujourd'hui poussée à un niveau de qualité impressionnant.

Blockhead a cette capacité à faire groover et donc rendre funky n'importe quelle de ses productions. Il pourrait sampler de la musique celtique que ce serait pareil. Pourtant, Interludes After Midnight peine un peu à se lancer et je dois avouer que même si le sampling est toujours aussi juste et subtil, je préférais le travail autour des parties vocales de The Music Scene. Franchement l'apport du timbre anémique de Baby Dayliner est questionnant, et contribue à donner à ce titre des odeurs de hippie mal lavé. Mais passons, car il n'y a que très peu de chose à jeter dans ce nouvel opus. 

Le très bon Never Forget Your Token bénéficie de cette même éfficacité pragmatique, avec cette voix sorti d'on ne sait quel film blaxploitation qui invite à "take the subway to the end of your mind", dresse les plans du meilleur à venir. Puis pendant trois titres, on retrouve un peu le côté attentiste et trop fouillis de Downtown Science. Fort heureusement, l'enchaînement de Meet You At Tower Records à Smoke Signals sera des plus savoureux, réalisant une synthèse parfaite d'une certaine contre culture américaine, qui puise ses alternatives aussi bien dans la soul funk ou le jazz, dans la musique afro-indou-caribéenne ou dans le rock à moustache. On trouvera même ça et là, des effluves de synthés 80's qui réalisent la performance de ne pas sonner trop kitsch. Et que dire quand cette putain de trompette de mariachi sort de nulle part sur le déjà excellent Midnight Blue, comme un clin d'oeil plus que bienvenu à l'exceptionnel Carnivore's Unite. Ou comme quand une guitare garage et lo-fi veint ajouter une strate de vrilles au déjà bien perché Snapping Point. The Robin Byrd Era viendra clore avec brio et savante maîtrise ce maelström plus que réussi.

 

Si bon nombre d'observateurs s'accordent à dire que le hip-hop s'égare sévèrement depuis qu'il s'est rangé du côté des hyper-productions et du "tout électronique", on s'étonne presque de voir toute la blogosphère se gargariser des nouveaux excès vulgaires et consumés du genre. Blockhead n'a pas la vocation de représenter quoi que ce soit, mais son hip-hop nous raconte des histoires inexplicables, et c'est tout ce qu'on lui demande. Un disque qui fait du bien, à Ninja Tune et son patinage pas très artistique, mais surtout à ceux qui n'attendaient plus rien de Blockhead. Très, mais alors très bonne surprise.

 

Blockhead---Interludes-After-Midnight--Ninja-Tune-.jpg

par Ed Loxapac

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 10:30

Date : 25 Avril 2012

Lieu : La Dynamo, Toulouse

 

Ma crainte est immédiatement dissipée en pénétrant dans la Dynamo toulousaine. Il est 20h45 et le public est déjà nombreux. La peur de me retrouver dans une salle au public clairsemé était légitime et ma ramène inlassablement à ces trop nombreux concerts ignorés. Non, Toulouse continue sa mue électronique, le temps n’en finit plus d’accélérer le changement de saison. Il faut dire que la Dynamo est le genre de salle qui donne envie de poser durablement ses espérances. Le lieu ressemble à la salle de concerts idéal : capacité limitée (à vue d’œil, 300 personnes), excellente acoustique, bar adjacent, étage prompt au relâchement des jambes, fumoir respirable.

Le FK Project ouvre les hostilités. Ce live électronica-trip-hop du duo toulousain est une première pour tous, le public comme le groupe. Je resterai donc indulgent devant cette prestation pour le moins anecdotique.

 

http://iboat.eu/main/wp-content/uploads/2012/03/Site-chapelier.jpg

 

Le Chapelier Fou prend place peu avant 22h. L’attitude détachée de Louis Warynski balaie immédiatement les premières appréhensions. A un nombre impressionnant de machines et de claviers, s’ajoute une guitare électrique et un violon, pièce maîtresse de l’électronica introspective du musicien. Le concert fera la part belle au dernier album du messin, Invisible (chroniquée ici), et tant mieux. La facilité avec laquelle Louis construit son live démontre à quel point il maîtrise son sujet. Ses édifices musicaux prennent en live une dimension insoupçonnée. Le concert prend son envol sur les 10 minutes de Cyclope et Othello dont le final en forme de vortex n’en finit plus de faire plonger le public. Shunde’s Bronx nous ramène aux grandes heures d’une électronica amontobienne pendant que P Magister hypnotise la foule. Mais la force du Chapelier est de rendre sa musique vivante, nous faisant presque oublier l’aspect essentiellement électronique de l’ensemble. Il se paiera même le luxe d’un retournement de situation improbable lorsque, sur Vessel Arches, il convoquera le chanteur Gerald Kurdian via un faux-Skype.

Totalement acquis à une musique introspective portée par un violon lancinant ou espiègle, la concentration est de mise. Cela n’empêche pas à une partie du public d’être volatile et confirme le fait qu’une configuration assise aurait été, peut-être, plus approprié. Mais, entre les morceaux, le cynisme du Chapelier ramène la foule à une écoute attentive. Quelques jambes tentent d’ailleurs de s’abandonner sur un Fritz Lang mutin. Et lorsque Louis fait mine de quitter la scène, ce n’est que pour mieux revenir, deux fois.

Pendant 1h20, le Chapelier Fou aura réussi à dompter le public, l’obligeant à s’évader. Doux catalyseur de songes, cette musique aura eu pour vertu de totalement nous accaparer l’esprit, nous laissant doucement reprendre pied au moment de fouler les pavés toulousains.

 

par B2B

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 01:10

Sortie : avril 2012

Label : Scion Audio/Visual

Genre : House de puriste

Note : 8,5/10

 

Se déclarer fan de house music sans connaître Moodymann c'est un peu comme parler de hip-hop newyorkais sans avoir pris sa claque sur le Illmatic de Nas. Pour accorder quelques circonstances atténuantes à ceux qui le découvriraient seulement aujourd'hui, convenons qu'il a parfois été masqué par les ombres de Carl Craig, Omar S, Roy Davis Jr, Derrick May ou Glenn Underground, entre autres légendes de Detroit et de Chicago. Proche d'un autre virtuose du genre nommé Theo Parrish, il a pourtant sorti des albums aussi légendaires que indispensables. Si Silentintroduction se révèle forcément comme le plus mythique, avec le titre intemporel Sunday Morning et cette fameuse collaboraton avec Norma Jean Bell sur I Can't Kick This Feeling When It Hits, les albums Black Mahogani et Forevernevermore sont aussi des chefs d'oeuvre.

Si Moodymann (ou Kenny Dixon Jr, ou même KDJ pour les intimes) est autant décrié qu'adulé, c'est probablement car à force de se faire flûter derrière des draps pendant ses sets et déballer des théories plus ou moins racistes, sa nonchalance et sa profonde capacité à se foutre de la gueule de son public, surtout quand il est blanc, ont fini par lasser. Si ses derniers Det.riot '67 et Another Black Sunday contenaient des bonnes choses (foutu Freeki Mutah F cker), on ne pouvait que constater son cruel manque d'imagination créatrice et son envie de perpétuer son music business plus que sa légende.

Malgré tout, sa musique n'a jamais souffert du moindre compromis et a toujours ramené la house à ses éternelles racines noires. Certains ont également pu croiser son travail au sein du projet plus techno (Detroit oblige) Urban Tribe, en compagnie de Anthony Shakir, Carl Craig et Sherard Ingram. Nul n'attendait plus grand chose de l'homme qui gère autant de labels que d'avatars. La sortie de ce Picture This crée donc autant d'espoirs que de doutes.

 

Quand ce ronflement de basses si engluant et cette manière de kicker la production si typique au son de Moodymann se propagent dès les premières mesures de 9 Nites 2 Nowhere, on croit légitimement tenir quelque chose de lourd. Car entre la trompette et les divins contretemps, résident de petits bidouillages et des nappes obliques de claviers qu'on avait pratiquement entre-aperçu uniquement sur ses projets plus techno. Grand titre.

Clamer son amour à la jungle urbaine décharnée de ses industries qu'est aujourd'hui Detroit n'est pas un fait nouveau chez Moody. Il agrémentait souvent ses titres d'instants capturés dans la rue ou dans des clubs, quand il ne transcendait pas le prêche d'un pasteur déjà survolté haranguant les fidéles sur Black Sunday (Mahogani Brown, 1998). On retrouve ce sentiment de proximité avec le bitume de Detroit et ses clubs noirs sur l'excellent, énergique et imparable Basement Party.

Prendre la house de KDJ dans la gueule, c'est aussi comprendre comme jamais toute l'influence que la soul motown, le funk, le jazz, le gospel et même le rock ont eu sur le genre. La musique black bordel, avant qu'elle ne donne ses fesses et le reste à MTV. C'est agréablement palpable sur les classiques et irrésistibles U Ranaway et Pray 4 Love, où l'on croise la voix sucrée et chaude de Amp Fiddler et d'autres éternels compagnons du pape black. Même seul à la maison, on pourra sentir les divines odeurs de ganja mêlées à celles de la cyprine et donc, danser comme un ouf, se rêvant plus qu'un instant comme un empereur du doogystyle. Que dire alors de Hold it Down, de Got 2 make It et de sa fausse version dub ? Detroit, Hold it down and keep the spear burning.

 

La sortie de ces huit excellents titres inédits sur l'obscur mais prolifique depuis 2011 Scion Audio/Visual peut entretenir l'espoir de la sortie prochaine d'un véritable et énorme nouvel album de Moodymann. Ce Picture This est bien plus qu'encourageant. Accueillez donc chers lecteurs, le fait qu'il soit disponible en téléchargement libre et gratuit ici comme il se doit. Si la musique de Moodymann se savoure forcément mieux sur le dancefloor ou au plumard, elle peut aussi dévoiler des pages d'histoire de la musique lors d'écoutes domestiques. Un document donc, plus que recommandé.

 

http://image.vmixcore.com/imgman.jpg?url=http%3A%2F%2Fcdn-aki.vmixcore.com%2F287%2F0%2F1%2F1216847121%2F2741%2F287%2F1401%2F8cbe2239c9049b0ba85b3c71361e5fa7.jpg&fill=000000000&output_format=jpg

par Ed Loxapac

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 10:45

Sortie : 23 avril 2012

Label : InFiné

Genre : Techno

Note : 6,5/10

 

Tout amateur de techno connaît forcément Oxia. Le français est un infatigable guerrier qui écume les clubs de l’hexagone depuis plus de 10 ans. Il est passé partout, au moins deux fois. Difficile donc de l’avoir éviter. Et ce n’est pas pour rien que le mec continue inlassablement d’enflammer les parterres de clubbers, puisqu’en DJset, il est d’une redoutable efficacité.

Mais passé son indéniable talent de DJ, que reste-t-il ? Pour tout dire, pas grand-chose. Hormis un album méconnu, 24 Heures, sorti en 2004, et une bonne quantité de maxis (sortis sur Goodlife, Kompakt,…), il faut admettre que l’on connaît peu les productions personnelles d’Oliver Raymond, de son vrai nom. Et d’ailleurs, ce n’est pas un problème puisqu’Oxia n’a jamais tenté de mettre en avant ses talents de compositeurs, préférant la furie d’un DJset nocturne, à l’échafaudage d’un album domestique.

Tides Of Mind est donc une surprise, d’autant plus que l’album sort sur le respectable label lyonnais, InFiné. Il est utile de savoir qu’Oxia et Agoria sont potes depuis longtemps et qu’ils ont la délectable habitude de mixer à 4 mains. Là où Agoria mise sur une techno à la puissance dévastatrice, Oxia préfère calmer le jeu avec une deep-techno plus introspective. Nos deux compères sont d’une exemplaire complémentarité. Et Agoria a beau avoir quitté l’entité d’InFiné, cela ne l’a pas empêché de miser sur un nouvel LP d’Oxia avant son départ.

Tides Of Mind est un album de techno à l’ancienne, d’une simplicité totale, tout en étant solide et efficace. Rien ne dépasse, tout est bien calibré. Oxia maitrise parfaitement les ficelles du métier et sait comment préparer une bombe. Il est clair que l’ensemble reste linéaire et prévisible mais pourtant, le plaisir est intact. Il est parfois bon de ne pas trop chercher à intellectualiser, pour uniquement se concentrer sur la réceptivité primaire.

Oxia enchaîne ainsi les tracks 4x4. L’intégralité des titres dégage une forte odeur d’explosion contagieuse. Tides of Mind est taillé pour la danse, uniquement pour la danse. De la techno cool et jazzy, avec son piano léger, de Rue Brusherie, au groove moite, portée par les susurrements de Miss Kittin, de Housewife, jusqu’à l’extatique et percussif Latitude, tout semble fait pour vous puissiez garder les bras en l’air. Ça fonctionne à plein tube et on se laisse docilement balader même si on connait d’avance le scénario. Seul Harmonie tente de s’émanciper en misant, avec aisance, sur une deep-techno volontiers plus introvertie et mélodique. On regrettera tout de même une deuxième partie plus facile, si ce n’est dispensable, avec un Flying Over Time bien trop linéaire et un Sway à l’enrobage électronica insipide.

Oxia ne révolutionne rien, il se contente de dérouler. Tides of Mind n’a qu’une vocation, vous faire bouger votre cul, de la manière la moins stupide possible. Tides of Mind n’est rien d’autre qu’un album de techno routinier mais finement maitrisé, et c’est déjà pas mal.

 

http://infine-music.com/label/news_template/2012/03/oxiatidesofmind.jpg

 

par B2B

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 01:28

Sortie : avril 2012

Label : SEM Label

Genre : Ambient, Electro-acoustique

Note : 7,5/10

 

A une heure où plus que jamais, la survie des petits vrais labels indépendants est en question, Alexandre Navarro dirige SEM avec Letna. La plupart du temps mises en avant au format digital pour une question évidente de coûts, leurs releases font l'apologie d'une certaine idée de l'ambient. Outre, leurs propres musiques, on a pu y croiser des gens aujourd'hui finalement bien établis, comme Offthesky, Segue, The Green Kingdom ou le talentueux japonais Fjordne. Après les très bons Loka et Arcane, Elements voit enfin le jour.

 

Le goût d'Alexandre pour les guitares joliment saturées du post-rock s'est quelque peu atténué mais n'a pas cessé de vivre. L'utilisation des synthétiseurs apparaît par contre dans sa musique plus essentielle que jamais. Ce qui donne a son ambient une cosmique dimension des plus savoureuses.

Ainsi, les drones et les voiles vocaux posés sur Effacer le noir ouvrent les voix à des tonalités plus langoureuses parées d'un spectre brûlant. Elements est un album où les beats ne chassent qu'une fois la nuit tombée, comme sur le très intéressant, coronarien et donc bien nommé Heart beats on a tape. Leurs ombres sont absentes des épaisses vagues déglacées au Laudanum de Une Plage ou Lumina.

Les velléités plus perchées du court Stellar Water trouvent un écho plus développé à l'ombre de No matter what they say. On regretterait presque parfois que les titres ne soient pas plus allongés, pour pleinement prétendre à apercevoir les contours de la catharsis, comme sur le vertigineux Cosmic boats anyway. Même quand il se charge d'officier dans le dub, il ne commet pas l'erreur de la jouer "hommage harsh à King Tubby ou Perry" comme on le fait déjà si mal du côté du Rhône, et aquarellise autour des guitares d'une bien jolie manière.

C'est très souvent que je me surprend à dénoncer l'ajout de remixes tous plus dispensables les uns que les autres sur bon nombre de bons et ambitieux albums. Mais quand des relectures ont la sauvagerie, la rébellion et la force de ceux de Fax et Letna, on ne peut que s'incliner face aux radiations chimériques des deux esthètes.

 

Oui, c'est plus que dommage que de pareils albums ne puissent pas bénéficier d'enveloppes charnelles. Il paraît que le prochain Fax pourra jouir du format physique. Y a des labels à qui il ne faut pas hésiter à donner de l'argent pour qu'ils vivent moins cachés. A bon entendeur.

 

http://www.dewtone.fm/dewtonefm/wp-content/uploads/2012/03/alexandre_navarro_elements-350.jpg

par Ed Loxapac

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 11:38

Sortie : 23 avril 2012

Label : Kompakt

Genre : Ambient

Note : 7,5/10

 

Quand deux entités de la sphère Kompakt se rencontrent, cela ne peut qu’attiser la curiosité. Ceci est d’autant plus valable dès lors qu’il s’agit de deux producteurs faisant partie de l’école abstraite du label allemand. Mohn, c’est la réunion de Wolfgang Voigt et Jörg Burger. On connaît le premier pour ses travaux hautement corrosif pour un cerveau humain normalement constitué. De la techno inaudible de Freiland Klaviermusik aux expérimentations complexes de Kafkatrax (chronique ici), il faut bien avouer que les albums de Wolfgang Voigt ont beau être remarquables, ils n’en demeurent pas moins difficiles d’accès. Mais de toute façon, il n’en a rien à foutre puisque Kompakt lui appartient et qu’il est libre de faire joujou avec. Son comparse Jörg Burger est tout aussi intrigant. Depuis bientôt 20 piges, le mec sort, sous une quantité astronomique de pseudos, des disques tout aussi étrange, passant allègrement d’une techno classique à une ambient austère. Les accointances entre nos deux gaziers étaient tellement évidentes qu’ils ne pouvaient que finir par copuler ensemble. Le rejeton se nomme donc Mohn et fait la part belle à une ambient insolite.

Ce qui frappe, de prime abord, dans ce disque abyssal, c’est le travail apporté au son. On a l’impression d’écouté un album « métallique ». Chaque sonorité, nappe, semblent sortir d’un tube en fer. Le rendu général est pour le moins intrigant et donne à l’ensemble un enrobage futuriste. Ajoutez à cela le fait que Mohn verse dans une ambient sombre (nous ne sommes pas non plus dans le domaine de la dark-ambient mais plus proche d’une goth-ambient) et vous comprendrez que l’album est destiné aux nihilistes.

Mohn s’appréhende avec difficulté tant les points d’accroches sont rachitiques. L’album est froid et garde une distance continue avec l’auditeur. Pour autant, l’ennui n’est jamais présent car, en plus d’être un album homogène, chaque morceau se révèle être une antithèse du précédent. On passe ainsi d’une ambient métronomique et vertigineuse, Ambientôt, à un dub fuyant, Seqtor 88, avec une rare aisance. Ce qui rapproche tous ces morceaux est l’absence d’une instrumentation classique. Puisque l’album est métallique et futuriste, autant faire uniquement appel aux machines et à leurs jeux de fréquences et de modulations.

On se laisse donc lentement happé par cette atmosphère délétère, se transformant lentement en glaçon. Wiegenlied nous enveloppe littéralement avec ses nappes atmosphériques avant qu’un beat ne vienne s’étaler sur le sol et résonner à l’infini, nous laissant dans un gigantesque entrepôt abandonné. Avant cela, Ebertplatz 2020 nous aura figé avec sa lente progression et ses sonorités se faisant échos, dans une ambiance solennelle marquée par les fines nappes en arrière-plan. Mohn joue pleinement le jeu de l’abstraction et refuse de brosser l’auditeur dans le sens du poil. Le duo ne semble avoir qu’un seul but : nous perdre définitivement. L’intention est louable et le résultat à la hauteur.

Il est difficile d’émettre un jugement définitif sur un tel album. Wolfgang Voigt et Jörg Burger restent fidèle à eux-mêmes et livrent avec Mohn, un album d’ambient aux confins de l’abstraction.

 

http://media.kompakt.fm/01/assets/releases/fitted/kompaktcd99-mohn.jpg

 

par B2B

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 16:01

Date : 19/04/12

Lieu : Café de la Danse, Paris

 

Un jour prochain viendra où Matt Elliott sera tête d'affiche. Car une heure est bien trop courte pour un tel concert et que seul le silence peut décemment succéder à sa musique, nous ferons comme tel. Puisque même s'il partage l'affiche avec Mariee Sioux, c'est pour lui seul que l'on est venu. Il avait joué l'année dernière déjà au Café de la Danse, précédant Dark Dark Dark. Et ce pendant 40 petites minutes. Si lui la considère comme une de ses meilleures prestations, elle m'avait semblé passer comme une trainée de poudre. Mais une trainée d'une intensité sans pareil, matérialisant toute la violence magnifique de ses Howling Songs. Après le coup d'éclat ténébreux de The Broken Man (chonique ici), sorti en janvier dernier, l'Anglais originaire de Bristol se livre à une large tournée. A nouveau, direction la Bastille, un an plus tard. 

 

Lorsque Matt s'installe à sa guitare, égrène ses premières notes, le recueillement peut débuter et l'ahurissante capacité absorption de son chant prend toute son ampleur. Libérant sa charge de douleur brute et de splendeur tourmentée, l'ouverture sur Dust, Flesh And Bones ne peut qu'abasourdir. En live, sa méthode est toujours la même, jouer avec douceur le début de ses morceaux, enregistrer les couches une à une, puis jouant de la pédale, superposer et entrelacer ses loops jusqu'à ce que le mille-feuille mélodique obtenu soit d'une puissance à vous engluer sur place. En cela, ses morceaux live rejoignent la démarche et l'évolution folk-noise prégnante à Howling Songs. Mais c'est bien le Broken Man que l'auditoire a en face de lui. Humble et touchant entre deux morceaux, lorsqu'il joue Matt Elliott est possédé, habité par les litanies qu'il vocifère, absorbé par son jeu de guitare et captif des spectres qui semblent vaciller autour de lui lorsque ses cris se mélangent. Sa position recourbée évoquerait presque l'emprisonnement d'un corps, luttant pour se libérer de jougs invisibles. 

 

MattElliott19April12 sj029

 

Lorsqu'il entame The Sinking Ship Song, de violents frissons me parcourent. Cet extrait de The Mess We Made, véritable complainte de marins qui se biturent seuls au fond de la cale et preuve de son obsession pour les navires qui sombrent (il n'y a qu'à voir) compte parmi mes favoris. En live, chaque accord est une écorchure. Matt interprète également The Pain That's Yet To Come, chanson à sa muse, et surprise, se livre à une incroyable reprise du I Put A Spell On You de Screamin' Jay Hawkins, modulant son timbre et faisant tournoyer la phrase devant des yeux et des oreilles prisonniers de ses moindres variations. Contrairement à son live précédent, il injecte à la structure de ses morceaux des bribes de mélodica et de flute à bec ainsi qu'un imprévisible enregistrement de drums. Certains regretterons l'absence de Oh How We Fell ou de This Is For, d'autres (et ils auront raison) cette partie du public qui, n'étant pas venus pour lui, se permet rires et discussions et se déplace en meute. Ce qui se passe sur scène n'est pourtant pas anodin, c'est même beau à crever. Surplombé par un haut mur de pierre sur lequel des lueurs dansent, le musicien parait garder la porte des enfers. Cette heure passée trop vite touche à sa fin. Matt nous régale d'un Also Ran transformé en redite d'un « I will Haunt You In Your Sleep », puis clôture sa prestation par un ardent bourdon noisy. 

 

MattElliott19April12 sj054 B

 

Sa place sur scène est prise par Mariee Sioux. Les instrumentations sont ciselées mais le timbre de la chanteuse de folk semble celui d'une petite fille. Le mielleux et le mièvre n'ont pas leur place après l'électrochoc enténébré qui vient d'être asséné. Nous ne nous attarderons pas.

 

Cet homme dont la chaleur vocale n'a d'égal que la souffrance qui inonde sa musique a secoué ce soir-là un petit bout de Paris. Sa tournée dure jusqu'à juin, on ne saura assez vous recommander d'aller l'applaudir. Quant à la suite, il se pourrait bien que Matt Elliott prépare un nouvel album... pour bientôt. 

 

par Manolito

Crédit photos : Sophie Jarry (voir les autres ici)

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 04:43

Sortie : avril 2012

Label : Denovali

Genre : Ambient, Jazz

Note : 9/10

 

Un soir d'hiver 2008, je tombais sur l'intriguant artwork du premier opus de Bersarin Quartett. Donc bien avant que Denovali ne décide de le rééditer. Le label Lidar avait déjà sorti préalablement un opus de Jasper TX. Il n'en fallut pas plus pour m'encourager à me procurer l'album le plus rapidement possible. Il y a des albums comme ça qui terrassent. Qui ne laisse aucune chance à l'auditeur. Qui le pousse à savoir absolument qui se cache derrière ce fameux Quartett. La surprise est d'autant plus grande lorsqu'on apprend que seul un homme se cache derrière ce projet : l'allemand Thomas Bücker. On savait déjà depuis longtemps qu'on peut faire des trucs magiques avec les softwares et les plug-in. Mais donner une telle couleur à l'acoustique. Rendre un ensemble aussi orchestral armé d'un simple laptop, ça non. Vous aurez d'ores et déjà compris que Bersarin Quartett a conçu un album magnifique, que les plus connus Cinematic Orchestra n'auraient même pas pu imaginer, même avec la plus grande volonté du monde. Quand Denovali annonça la sortie d'un deuxième album, je me suis immédiatement repassé Oktober et Mehr Als Alles Andere, ouverture et dénouement d'un objet musical non identifié. Un véritable chef d'oeuvre des années 2000. Les premières écoutes de II s'envisagent donc avec l'émotion d'un enfant déballant ses cadeaux, avec l'excitation unique et naïve de celui qui ne sait pas ce qu'il va trouver.

 

Des bourrasques stellaires de l'introduction de Niemals Zurück émergent ce glitch, ce beat, ces quelques fragments de batteries insaisissables qu'on s'était déjà pris dans la gueule il y a plus de trois ans. Cette inexplicable impression que cette musique fut conçue en dehors du monde des hommes. Puis vient la désarmante approche onirique poussée à son paroxysme, qui fait du son de Bersarin Quartett un joyau idéal pour des écoutes domestiques et solitaires. L'étiquetage ou la dénomination résonne ici encore plus vaine que d'habitude. Le jazz, comme le post-rock, ne sont ici que pour former une entité ambient propre.

Comment ne pas succomber à cet aspect si limpide et à la fois si "heavy", quand il révèle tant de romantisme feutré, d'équilibre fragile entre violence subtilement contenue et volupté candide ? Der Mond, Der Schnee und Du et Im Lichte Des Anderen sont probablement les exemple les plus parlants. Les vents et les crins semblent étouffés par les nappes mais profitent d'arrangements très particuliers, qui renforcent ce jalousé mystère autour du travail de composition de l'allemand. Cette impression d'osciller entre terre et ciel trouvera son apogée sur le merveilleux Einsam Wandeln Still Im Sternensaal, dont les crins rappellent étrangement le Sarà Per Voi de Teho Teardo. Un malin, Dieu, qui nous a ouvert l'espace sans nous donner des ailes... Voilà ce qu'on peut penser à l'écoute du vertigineux Im Glanze Der Kometen. Mais parce que le rythme est dans le temps ce que la symétrie est dans l'espace, Alles Ist Ein Wunder libère le glitch et de trop longtemps captives rythmiques. L'étrange et inquiétant Rot und Schwarz connait même une furtive échappée techno aussi filandreuse qu'étouffée.

Je n'ai pas peur qu'ici et maintenant, se dévoilent le caractère excessif de mes rêves. Voilà ce que semblent dirent les trois derniers titres, d'où s'échappent des effluves de repos d'après big bang ou des secrets de la création du monde.

 

Bersarin Quartett réalise le tour de force de donner une suite équilibrée et cohérente à son chef d'oeuvre éponyme. Si II impressionne dès les premières écoutes, il révélera dans le temps des contours nouveaux à chaque fois plus évocateurs en fonction du contexte d'écoute. Voici donc une musique hybride et inclassable, qui ravira les aventuriers de tout bord. Il paraît que Brücker sait aussi s'accompagner de trois compères lors des lives, de quoi fournir des rêves fous, dignes des aspects les plus stoner de Bohren und der Club Of Gore.

 

http://denovali.com/bersarinquartett/II200.jpg

par Ed Loxapac

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 18:49

Sortie : Avril 2012

Label : Already Dead

Genre : Abstract Hip-hop, Breakbeat, Glitch, Ambient, Experimental

Note : 7,5/10

 

Mario Gonzales sort son second album sur le label de Chigaco, Already Dead. Le projet se nomme Ewphoria, une sorte de Noise-hop bordélique, psychédélique et érotique autour duquel tournoie notamment plusieurs artistes dont la création est nourrie par la pornographie. Il suffit de faire un tour sur leur Tumblr pour mieux comprendre leurs sources de création les soirs d'ivresses ou d’érections. L'album sort sur cassette pour les férus de bizarreries musicales mais est également disponible, à droite, à gauche, sur le net.

 

Les premières minutes de l'album sont les plus déroutantes. Les bruits fusent en stéréo accompagnés de rythmiques propres et simplistes. Les premières évasions mélodiques aériennes prennent place. On ressent l'utilisation des samples foutraques, déstructurés et retravaillés. Le morceau d'ouverture se veut peu concluant mais l'intérêt s’amplifie à l'écoute de B a Lie, qui traîne un Breakbeat plus euphorisant. Ewphoria n'hésite pas à marier un hippie et une sataniste pour donner un nouveau-né coincé dans l'éternel dilemme manichéen d'amour et de haine. Il y a des passages contemplatifs, d'autre plus dansants. On se sent noyé dans un festival, passant d'une scène à une autre. Si Alejandro Jodorowsky et Terence Fisher avaient voulu réaliser un film ensemble, ils l'auraient baptisé Ewphoria. La véritable perle de l'album, celle qui chahute et égaye les têtes, est Weed Hoez, qui de part sa mélodie simple mais astucieuse, prend n'importe qui au défi de ne pas sympathiser.

Les morceaux se composent souvent en plusieurs parties et Sexy Digusting se revitalise sur la fin avec une mélodie enfantine et un beat rêche convaincant. Les quelques excursions vers l'électro ou le breakcore sont les moments les plus jouissifs de l'album. La deuxième partie de Queen propose une alternance entre downtempo apaisant et éléctro virulent. Pray élève le BPM, son bazar glitché emmène la mélodie vers l'au-delà. Le voyage se termine sur l'Orient avec Trillwave, sonnant la fin du rituel de défloraison, où tous les spectateurs habillés en punjabis indiens, rentrent chez eux le sourire aux lèvres.

 

Ewphoria est une expérience racoleuse, un souk vendant diverses épices musicales, rafistolant plusieurs genres les uns aux autres, laissant une drôle de saveur en bouche. Il n'y a pas besoin de substances particulières pour apprécier un tel psychédélisme, approchant le délire spirituel d'un dévot confronté à l'érotisme barbare. C'est un peu le mythe du bon sauvage retranscrit par l'audio, l'ingénu face à l'outil éléctronique. La faible durée de l'album fait d'Ewphoria une œuvre dont on peut largement se dispenser, mais il est vivement recommandé d'aller jeter un coup d’œil aux productions cocasses de l'artiste.  

 

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par Pneu Rouillé

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 11:16

Sortie : 24 Avril 2012

Label : Fauxpas Musik

Genre : Downtempo, ambient-dubstep

Note : 7,5/10

 

Celestial Light Beings débute par un déluge, une avalanche sonore. Sirènes, trains, vrombissements. C’est toute une ville que vous ingurgitez d’une seule bouchée. Mais immédiatement, ce trop-plein se stoppe de lui-même pour laisser place à un piano, suivi d’une nappe ambient et d’une rythmique downtempo. L’échappatoire est immédiate, vous prenez place dans l’univers de Desolate.

Le berlinois a beau nous ressortir exactement les mêmes ficelles que sur son précédent opus, The Invisible Insurrection (chroniquée ici), on accepte le voyage avec un bonheur empli de doutes. Car la musique de l’Allemand Sven Weisemann s’adresse avant tout aux solitaires, à ceux qui trouvent le repos la nuit, lorsque la ville s’endort, que le niveau sonore baisse progressivement pour laisser place à un fin magma insondable.

Celestial Light Beings n’a de dubstep que l’enrobage. Parlons plutôt de downtempo méditatif, d’ambient nocturne. Le potentiel cinématographique d’une telle œuvre est indéniable. Il faut dire que Desolate abuse à bon escient de cordes déchirantes et d’un piano évocateur. Les nappes entourant l’ensemble ne sont plus qu’un écrin accueillant les instrumentations acoustiques. Une fois de plus, le parallèle avec Burial s’impose, notamment dans la manière d’utiliser les voix fantomatiques et traînantes et surtout dans cette façon d’imposer par la douceur une rythmique puisant sa force dans des sonorités veloutées.

Les 10 morceaux ne font pas que traverser vos oreilles, ils transpercent aussi votre cœur, vous laissant parfois aux bords des larmes comme sur le sublime Desolation d’une simplicité désarmante. Desolate passe son temps à nous envouter, à provoquer nos songes. Ses compositions demeurent énigmatiques car se basant sur des sonorités surgissant de n’importe où pour mieux disparaître la seconde suivante. On vit une sorte de rêve éveillée et l’on s’y love avec plaisir, les yeux fermés.

Et quand je vous affirme que Celestial Light Beings est un album urbain, soyez en certain tant le travail sur la texture sonore donne l’impression de déambuler  dans un dédale de ruelles sombres. Mais là où la musique de Desolate flirte avec la prouesse c’est dans son paradoxe, dans sa façon de transformer l’instabilité en sérénité.

Un souffle continu vous caresse inlassablement la nuque comme pour mieux vous forcer à poursuivre vos pérégrinations. La mélancolie s’immisce lentement en vous pour ne plus vous lâchez. Vous n’êtes plus, vous vivez. Et lorsque que s’achève votre errance, vous n’avez plus qu’une chose à faire, recommencez inlassablement l’expérience en espérant que le soleil ne se lèvera plus jamais.

 

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par B2B

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