Sortie : 27 septembre 2010
Label : Soul Jazz Records
Genre : Dubstep, House, UK Funky
Note : 6,5/10
L’annonce d’une nouvelle compil’ Soul Jazz aura toujours un effet émoustillant. Outre ses rééditions dans des genres exceptionnellement variés, le label anglais s’attache à diffuser sous forme de compilations, ce style protéiforme, bordélique et débattu qu’est le dubstep. Il y eu les excellentes Box of Dub vol. 1 et 2, puis les Steppas' Delight, dont la plus jeune brassait large et voyait loin (chroniquée ici).
Future Bass, la petite dernière, a été lancée cet été par un maxi composé d’un titre de Mala et un de Four Tet, présents également dans la version complète. Toujours est-il qu’on peut légitimement se demander ce que fout exactement Four Tet au sommet d’une compil’ dédiée au dubstep. Mais, malgré un dernier album qui s’orientait davantage vers la house, le Londonien a depuis toujours évolué de case en case. Soul Jazz qualifie d’ailleurs sa nouvelle fournée de "Future Bass ! Post-dubstep, post-house, post everything !" Tachons donc d’y voir plus clair. Cette sauterie du futur convie des ouailles de l’ordre de Ramadanman, Untold, LD, Black Chow (soit The Bug), Coki, Ginz ou V.I.V.E.K. Ce pan du dubstep que Soul Jazz identifie comme l’avenir de la bass music défend un point de vue plutôt solaire, rythmé, et fortement influencé de ce que certains dénomment le UK funky. Tempos souples et appuyés, averses de bleeps, voilà qui pourrait s’apparenter à du 2-step 2.0, cybernétique et décadent. En terme de cohérence, cette sélection ne s’embarrasse pas de fil directeur. On passe du garage incisif à des semblants d’électronica, de l’excellent au trop sucré. Mais la variété paraît malgré tout salvatrice, dans la mesure où la compilation ne s’étend que sur 13 morceaux (et non le double comme celle qui l’a précédée).
Les titres d’ouverture de Mala et Four Tet sont porteurs d’augures encourageants. Le co-fondateur de Digital Mystikz livre un track éraillé, tendu et particulièrement enfumé (Don't Let Me Go), tandis que le deuxième donne dans l’électronica psyché et progressive, 9 minutes carillonnantes et étoilées (Nothing To See). Si l'on était mesquins, on soufflerait qu’au final, sortir le maxi aurait suffit. Tant Mastermind de LD, Fly Girls de Untold et même le Bass Drum de Ramadanman sont des horreurs. La fin se rattrape cependant en qualité, le très bon Gone d’Harry Craze, le joyeux et percussif Grape Donut de Distal, ou Talking Shadows de V.I.V.E.K, apparaissent d’une efficacité bien plus fine.
Même si l’on prie à genoux le ciel pour que l’avenir du dubstep ne soit pas fait que de réjouissances de cet ordre, Future Bass concentre de belles pépites, et observer ce genre de compte rendu de la part d’une maison comme Soul Jazz, n’est jamais inintéressant. Libre à chacun d’en retenir ce qu’il veut.
par Manolito