Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
  • : Au confluent des musiques électroniques, du rap et des autres styles, ce blog, ouvert et curieux. Chroniques de l'actualité des sorties IDM, électronica, ambient, techno, house, dubstep, rap et bien d'autres encore...
  • Contact

Recherche

Archives

Catégories

19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 01:43

Sortie : août 2012

Label : Rural Colours

Genre : Ambient, Drone, Field Recordings

Note : 8,5/10

 

Wil Bolton n'a jamais été aussi inspiré que depuis qu'il a laissé de côté les rivages de l'electronica glitchy. Certains se souviennent de son projet Cheju et des releases publiées en compagnie de Mint (Murray Fisher) sur leur label Boltfish. Le superbe Time Lapse, sorti sur Hibernate il y a maintenant deux ans, avait donné le ton à ses nouvelles trajectoires drone/ambient. L'originaire de Liverpool trouve l'inspiration au gré des rencontres et des voyages. Des labels sérieux et exigents comme Time Released Sound, Rural Colours (filiale de Hibernate) ou Home Normal (à la fin de l'année) lui ont accordé confiance et balise. Sa vision nostalgique et pleine d'affection du déclin de l'industrie britannique dans les West Midlands avait fait son oeuvre sur le superbe Quarry Bank (ici). Tout comme le fruit de ses errances au milieu de lieux aussi enchanteurs que dévastés, sur Under A Name That Hides Her (ici). Le monde semble trop vaste pour qu'il ne s'attarde uniquement sur les territoires vallonnés et contrastés du Royaume-Uni. Voilà pourquoi il multiplie les rencontres dans des résidences d'artistes à l'étranger. Kollane (paru également cette année sur Time Released Sound) avait d'ailleurs vu le jour dans ce cadre, plus précisément en Estonie. Si le Amber Studies dont il est aujourd'hui question est allé prendre le pouls des ruelles et des parcs de Cracovie en Pologne, nos solides informations révèlent que le britannique revient tout juste de Corée du Sud, avec probablement ce qu'il faut sous le bras pour nous pondre encore un grand album.

 

C'est avant tout parce que chaque voyage est différent que la musique de Wil Bolton ne saurait se reposer sur elle-même. Pourtant, on peut ici encore noter l'impressionnante habileté qu'à sa musique à se fondre littéralement dans la zone qui l'inspire. Cette troublante impression qu'il a su se rendre invisible pour mieux absorber l'essence même de la rue, avec cet inaltérable souci du détail. Faisant de chaque tableau une véritable scène vivante, fourmillante de variations et de mouvements. J'ai une profonde admiration pour les artistes qui savent ne pas verser dans la sempiternelle austérité du drone. Wil Bolton, a cette trop rare faculté de s'émouvoir d'un rien, de souligner un soudain aboiement de chien, l'effervescence relative d'une terrasse, les fragments de divagation d'un autochtone bourré, un vélo sans pilote, ou un klaxon un peu trop pressant. Pour rappeler à l'auditeur que chaque coin de rue contient son lot de grâce résiduelle, de nature pas tout à fait morte. Assujetti des concepts de soudscaping propres à l'ambient, il transporte néanmoins l'auditeur vers une galerie étrangère de vignettes instantanées, avec tendresse et émotion.

Les sources des drones oscillent, entre guitares et claviers vintage, mais sont empreints de ce même trait gras, de cette profondeur chaleureuse propice à la contemplation erratique. On ne saurait dire, si c'est eux qui se noient dans le canevas de captures urbaines ou le contraire. Peu importe après tout, car face au charme humble mais enchanteur de la musique de Wil Bolton, on se surprend à ne plus réfléchir. A se laisser aller vers là où il souhaite nous emmener, sans jamais intellectualiser, ou tenter de décrypter telle ou telle nuance dans l'enregistrement ou l'aspect technique. D'être enfin, cet anonyme que personne ne sent ni voit venir, quand il semble plongé dans un mauvais roman de gare et qu'il scrute et écoute en réalité, le moindre centimètre d'authenticité d'une conversation commune ou du spectacle pas si pathétique d'un chat errant, qui se fait les dents sur un biberon presque vide.

L'usage de la réverbération trouvera ici toute sa plénitude, à l'abri des clichés du genre. Chaque écho, chaque variation de volume ou de fréquence, révélant à chaque fois dans leurs interstices, leurs lots de surprises et de simples trésors. Si les trois premiers titres savaient transmettre autant avec si peu, les sublimes 23 minutes de Plac Szczepanski ouvrent les voies de la cohabitation des guitares et des claviers. De cette richesse sonore enveloppante jaillit la quintessence du genre. Ébloui comme un enfant scrutant l'environnement sur le rebord de son lit, l'abandon n'est pas loin. Qu'il est bon de céder à ces visions friables et nébuleuses dans pareil écrin...

 

Wil Bolton signe ici probablement sa réalisation la plus aboutie, la plus chaleureuse dans ses témoignages pas si abstraits. Après le chef d'oeuvre All The Other Hearts I Knew d'Hakobune (chroniqué bientôt sur notre futur nouveau site), Rural Colours publie ici une énième indispensable réussite. Une pré-écoute sur le bandcamp (ici) pour tenter de convaincre les derniers sceptiques vaut peut être encore mieux, qu'une nouvelle recommandation perdue dans le camaïeu.

 

http://f0.bcbits.com/z/14/23/1423840361-1.jpg

par Ed Loxapac

Partager cet article
Repost0

commentaires

T
Perso j'achète tout en physique. Je n'arrive pas à avoir le même attrait pour un album téléchargé.<br /> <br /> Surtout que certains labels mettent le paquet sur le packaging!! Malheureusement souvent cela fait grimper les prix et il faut pouvoir se le permettre.<br /> <br /> Quoiqu'il en soit, j'ai dû recevoir une soixantaine d'albums depuis le début de l'année dont plus de la moitié découvert sur votre blog...
Répondre
B
Pour en revenir à la relation inverse entre le nombre de commentaires et la note attribuée à l'album en question, c'est pas vraiment étonnant. Quand la hype a kiffé le dernier Justice (et il est à<br /> chier on est d'accord), elle va taper sur google "Justice audio video disco chronique" et va atterrir directement...ici et venir crasher son flow. Après si je peux me permettre, autant la majorité<br /> des chroniques sont parfaitement écrites, autant parfois quand il s'agit de trash talk j'ai un peu plus de mal. Prenons le dernier Klub des loosers (ok j'ai bien aimé), après avoir lu la chronique<br /> j'ai pas bien senti ou il était dit que l'album était mauvais. De plus il obtient la note moyenne de 5/10. Légèrement illogique à mon sens donc.<br /> <br /> M'enfin bon, cela n'engage que moi et ne représente qu'une partie infime de l'ensemble du site donc.
Répondre
B
Certaines chroniques ont en effet débouchées sur un achat mais bon je ne cache pas que je télécharge toujours pour la raison direct que tu évoques.<br /> Question HS : pas de live report pour la soirée avec Ben Frost et Roly Porter a la gaité lyrique ?
Répondre
B
Je flood un peu et en profite pour dire que la "compilation" Five Pieces dispo sur le bandcamp de rural colours est en free dl (uniquement en 192k) et propose un drone/ambiant/field recording d'une<br /> grande qualité.
Répondre
C
<br /> <br /> Sans être un véritable netlabel, Rural Colours file à chaque fois (si je ne m'abuse) les releases en mp3 une fois que la version physique est sold out.<br /> <br /> <br /> Y a pas de soucis, à propos d'un flood éventuel, ou pour ce qui relève des commentaires irréguliers. La course aux commentaires n'a jamais été notre truc. C'est pas un saint graal. On connait les<br /> stats, on sait donc quelles chroniques sont plus ou moins lues. Le truc qui m'avait pété les couilles, c'est cette pluie torrentielle de comms lorsque on assassine plus ou moins légitimement<br /> (quelle horreur la légitimité quand même) un album mainstream bien pourri. Alors que ce que nous jugeons comme des trésors ne bénéficient d'aucun retour. C'est pas bien grave. C'est en tous cas<br /> très important pour moi de savoir que certaines chroniques conduisent à quelques achats. C'est même mon humble objectif, mis à part de recevoir gratuitement tout ce que vous devez payer (rire<br /> sarcastique). Les labels peinent à vendre leurs stocks alors que les "fans" pullulent sur les réseaux sociaux. J'imagine donc bien, que parmi nos plus de 1000 lecteurs chaque jour, la plupart<br /> télécharge comme des porcs (pour une question de moyens j'espère) quand une infime partie décide de payer pour la musique qu'elle aime.<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de Hakobune, on aura l'occasion d'en reparler très rapidement, en de multiples endroits...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci à vous.<br /> <br /> <br /> Ed Loxapac<br /> <br /> <br /> <br />
T
* tes recommandations
Répondre