Sortie : Septembre 2012
Label : Time To Express
Genre : Techno
Note : 8/10
Le Belge Peter Van Hoesen est un homme discret. Bien que créateur du rugueux Entropic City, figurant dans notre top albums techno 2010 (ici, et pour la chronique là), le mec reste dans l’ombre, préférant mixer régulièrement pour son public bruxellois. Les petits curieux pensent ainsi que Peter est un jeune DJ, issu de la dernière génération. Que nenni, puisque notre bonhomme a eu le temps d’humer l’air techno depuis les 80’s et d’en saisir les moindres circonvolutions. Autant dire qu’il maitrise son sujet. La sortie de Perceiver, son deuxième album seulement, est loin d’être un détail.
Perceiver est un album organique. Pour arriver à créer de tels monstres, Peter Van Hoesen s’appuie sur des riens. Ce sont ces vides qui lentement vont venir s’immiscer en vous, s’installer sur la longueur, afin que, lors d’une simple embardée, l’impensable se produise, vous donnant l’impression que le beat prend vie. Ces moments étranges se produisent plusieurs fois, finissant par déclencher une sorte d’attente et de crainte malsaines.
Pourtant, Perceiver est un album minimaliste et rêche, se fondant sur une ossature réduite à sa plus simple expression. L’élément central est la respiration, celle permettant à un son de pleinement s’épanouir dans l’espace, lui laissant le champ libre pour s’exprimer. Jamais Peter Van Hoesen ne tente d’imposer une techno puissante. Les échos se multiplient, les mélodies disparaissent, finissant par aboutir à une musique rampante et radical, mais jamais sombre et froide.
Se construisant comme une montée en puissance infinie, Perceiver s’ouvre sur des constructions simples en apparences mais contagieuses et lancinantes sur le long terme. La rythmique est alors douce, permettant à l’auditeur de lentement s’imprégner de cette ambiance austère. A mi-chemin, Attack On The Reality Principle déconstruit la matrice inaugurale, éclatant le son dans un déluge de bugs informatiques. La machine peut alors pleinement se déployer et prendre l’apparence d’une lente descente vers les tréfonds d’un club moite et tendu. Le cut vicelard d’Inspection In Solitude foudroie alors le danseur. Mais là où Peter Van Hoesen se révèle encore plus fourbe c’est dans le déploiement de morceaux tels que Decoder ou Attitude 39. Le Belge nous donne les clés dès l’ouverture puisque tous les éléments sont présents sur la ligne de départ. La question est : que va-t-il en faire ? A ce petit jeu, sachez seulement que vous serez réduit en miette par l’unique force du mental.
Perceiver est un album de techno pour adultes consentants. Entropic City avait permis de pénétrer dans l’univers de Peter Van Hoesen, un nouveau niveau vient d’être franchi avec ce LP radical et trouvant son essence dans les respirations, qui sont l’apanage des grands albums techno. A mi-chemin entre la rigueur des sorties Raster Noton et l’implacabilité de celles d’Ostgut Ton, Perceiver ne fait pas dans la dentelle. Clair, net et précis.
par B2B