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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 23:40

Sortie : 14 septembre 2010

Label : Tympanik Audio

Genre : Ambient, Glitch, IDM froide et évocatrice

Note : 8/10    

Dirk Geiger nous vient de Rottenburg, en Allemagne. Il fonde dans sa jeunesse le groupe Kraftmaschine, toujours en activité, et monte son propre label, Raumklang Music, en 2002. Il sort sur celui-ci un premier album Dondukov 15, il y a de ça deux ans. Aujourd’hui c’est Tympanik Audio, ponte en matière d’électronique avant-gardiste, qui lui ouvre ses portes, pour un deuxième album au nom plus qu’évocateur d’Autumn Fields.

 

Ambient, glitch et field recordings sont les maîtres mots de ce glorieux pèlerinage. Autumn Fields vous drape à la manière un brouillard crépitant et nuageux, et laisse entrevoir des visions de champs ruisselants, de végétation noire et de ciel délavé par l’ondée. Notre homme use d’enregistrements capturés en extérieur comme de parties intégrantes à sa musique. Il n’y a de meilleure preuve que ce Gewitterregen d’ouverture, durant lequel tombent l’orage et les gouttes de piano. Minimaliste et éloquente de  tristesse, rythmée par les grondements du tonnerre, cette pièce prend instantanément à la gorge, et vous laisse vous interroger sur la profondeur de ce dans quoi vous venez de plonger. La suite est brodée de rythmiques épurées, de souffles venteux et de drones déroutants, que le glitch, omniprésent, érafle avec ce qu’il faut de froideur. La dimension émotionnelle de Autumn Fields a tout de l’abyme. Chaque titre respire la détresse apaisée, distillant autant de mélancolie fauve qu’un automne diluvien. Le disque se voit parfois habité d’un esprit plus urbain, meublant le calme du bruit de machines et d’inconnus parcourant des rues austères. Une fois n’est pas coutume, cafardeux et plombant sont ici des éloges.

 

Le divin Winter Senses s’impose comme un sommet vertigineux de l’album. Trésor d’IDM minutieuse et délicate, ses arpèges semblent s’élever vers des cimes vierges de regard humain. Mais que dire du prodigieux Autumn Life… si ce n’est que le ressac synthétique, les lointaines clameurs d’enfants, et la beauté ingénue de la mélodie en font un bijou d’ambient qui s’étend sur plus de 9 minutes, grenues et éthérées. De même, Overhead Projection, Itch Glitch ou le plus expérimental Noise Format (spectaculaire vidéo ici), nous maintiennent la tête immergée dans un bouillon flou que l’on ne souhaite plus quitter. Pourtant le disque tire sur sa fin, et le magistral coup de rideau est tiré par Svart1 et par Access To Arasaka, qui prêtent leurs relectures respectives à Night In Haskovo et Overhead Projection. Deep et bruissant, pour le premier, Robert Lioy dresse sur le second de lentes et sublimes montagnes sonores. On finit béat.

 

Voici un album qui tranche avec les sorties habituelles de Tympanik. Davantage orienté vers l’IDM infectée et dévastatrice, le label de Chicago ne s’est pas mépris en signant cet Allemand. Autumn Fields est un puits sans fond d’émotion pure. IDM, ambient et glitch on rarement connu si belle union.

 

                                   autumn_fields_cover.jpg

par Manolito

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 21:32

Sortie : octobre 2010

Label : Brainfeeder

Genre : Glitch-hop

Note : 4

 

En se mettant à la musique, Teebs n'a pas vraiment arrêté la peinture. Son parcours fait de ruptures l'a mené au bon moment dans la maison de Flying Lotus, Brainfeeder. Un bon endroit où se trouver actuellement, le label ayant le vent en poupe avec cette scène californienne qui donne dans un rap instrumental futuriste. Du bout du pinceau, l'Américain s'inspire de ce mouvement pour créer ses propres toiles sonores. Ardour est le résultat de deux ans de travail.

 

Des titres plutôt courts, des rythmiques venues du rap autour d'échantillons répétés et bidouillés, voilà ce que Teebs a retenu de ce style dit glitch-hop. Mais il sait aussi s'en écarter en limitant les sonorités électroniques et en préférant les tons pastels et rêveurs aux architectures complexes et torturées. Ainsi Arthur's Birds laisse dégouliner ses samples sur la toile, Double Fifths fleure bon la comptine aux textures sépias et les cloches de Wind Loop déteignent tout en douceur. Tout en sonnant totalement d'actualité, Ardour a le charme désuet des toiles anciennes. Il rappelle tout en mélancolie une époque meilleure à laquelle votre grand-mère vous offrait des sucreries et la plage de vos vacances n'était pas entourée d'immeubles.

A première vue séduisant, cet album perd toutefois de la vitesse au fil des titres. Manque de renouvellement, structures des morceaux assez simples, tonalité monocorde, sons répétitifs, rythmiques systématiquement empruntées, l'Américain manque d'idées pour varier sa série de tableaux. Les paysages défilent et une certaine lassitude s'installe. L'enthousiasme du départ s'épuise peu à peu. Pris séparément, les morceaux ne sont pas mauvais, mais l'ensemble perd de sa force jusqu'à parfois sembler poussif, sur Felt Tip ou Why Like par exemple. Quelques passages sortent tout de même du lot, comme King Bathtub, ne suffisant toutefois pas à donner un nouveau souffle au disque. Choisir une sélection de six ou huit titres aurait sans doute été plus pertinent.

 

Premier loupé pour Brainfeeder, même si ce premier long format de Teebs annonce plutôt de belles choses. Le Californien devra varier ses efforts pour nous convaincre vraiment.

 

http://www.brainfeedersite.com/wp-content/uploads/2010/08/ARDOUR-COVER-500.jpg

par Tahiti Raph

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 23:06

Sortie : septembre 2010

Label : U-Cover

Genre : Glitch & Melancholy

Note : 8/10

 

Bartosz Dziadosz est-il humain ? Lui arrive-t-il de dormir ? Pleq poursuit encore son insatiable rythme de quatre albums (au moins) par an. Alors que nous avions rédigé une chronique à propos du très ambient et acousmatique Our Words Are Frozen (ici), le Polonais sort sur le trop rare U-Cover ce nouvel album au titre si évocateur : My Life Begins Today. Le label belge avait déjà abrité en son sein généreux le magnifique The Metamorphosis (ici) l'an dernier. Mais ce n'est pas tout, l'excellent label Impulsive Art annonce la sortie de Sound Of Rebirth pour la fin octobre, tandis qu'on parle de deux autres opus à venir : Absorbed Resonnance sur mAtter et Ballet Mechanic sur Basses Frequences. Je n'ai pas cité les collaborations avec son comparse Segue pour ne faire flipper personne. Au hasard d'une de nos quelques conversations nocturnes d'insomniaques patentés, Pleq m'apprenait qu'il travaillait actuellement sur un projet dubstep minimaliste. Je me dis qu'un jour je ne vais plus trouver mon compte dans sa musique, alors je guette comme un enfoiré le jour où il se perdra dans sa boulimie de travail. Ce n'est en tous cas pas sur My Life Begins Today que le sursis va tomber...

 

Les compositeurs qui parviennent à nous remémorer des passages tristes de nos vies sont des gens dangereux. Parce qu'on pensait que ces moments n'appartenaient à personne d'autre qu'à nous même. Que nul ne devait savoir, et que jamais, ces tristes heures ne remonteraient à la surface. Appelons ça si vous le voulez bien le Narcissisme Malheureux. Avec la subtile mélancolie qui est la sienne, Pleq égraine des flocons gelés sur des plaies laissées ouvertes malgré le recul et le temps qui passe. A chaque titre, c'est une nouvelle page qui se tourne laissant néanmoins pointer une incontestable touche d'espoir. Le bonheur est assoupi dans le lit des amours déchus et de la tristesse. Pour illustrer un si sublime spleen sans tomber dans la dépression, le Polonais use de sa recette habituelle : glitch et mélancolie, mélodies brumeuses, compositions classiques modernes et un soupçon de musique concrète. Il est le seul à concevoir l'IDM ainsi, plaçant l'émotion loin devant la frénésie et la complexité rythmique. Sur le somptueux The Journey To Pessimism, c'est la voix fragile d'Aki Tomita qui recueille les larmes gelées laissées sur le chemin du déni amoureux. Le beat s'affirme en décochant des flèches en plein coeur sur I Didn't Have A Clue What I Was Doing. Qui n'a jamais eu l'idée de noyer son désespoir en marchant seul comme un con sous la pluie ? Raindrop sera le compagnon idéal de ceux qui n'ont pas encore cédé à la tentation. Si The Story Of Melancholy Man débute comme un morceau de dark ambient, c'est pour mieux souligner cette impression d'être placé en hibernation en guettant des jours meilleurs. N'importe quel mot serait trop faible pour décrire et illustrer les sensations que procurent Someone Like Comes Into Your Life et My Life Begins Today. La beauté n'est jamais aussi implacable et désarmante que lorsqu'elle se passe de commentaires.

 

Pleq est triste mais réchauffe les coeurs et les âmes de ceux qui ont partagé un jour de semblables déchirures. S'il ne trouve pas le bonheur en passant des nuits entières à composer sur son ordinateur, il éveille en nous des sensations bien plus pures que les produits laitiers. Merci à lui. Après le sublime album d'Amorph sorti le mois dernier (ici), U-Cover est décidément inspiré l'automne venu. Pire que recommandé.

 

http://www.u-cover.com/u-cover/images/ucdr076big.jpg

par Ed Loxapac

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 16:16

Sortie : 27 septembre 2010

Label : Jarring Effects

Genre : Dub électronique

Note : 7/10

 

Leur premier album sortait il y a dix ans. Kaly Live Dub, groupe éminent de la scène dub française, tire le "live" de son nom de ses démentielles performances en concert. Le crew sort quatre LP durant la décennie, notamment sur Dub Dragon, et s’affiche dans des collaborations avec leurs voisins High Tone (qui se conclue par l’album Kaltone) ou avec l’éclectique trompettiste Eric Truffaz. Même si le mariage semblait évident, les Kalymen ne s’associent avec Jarring Effects que maintenant, pour ce cinquième et double album Lightin’ The Shadows. Alors que le label lyonnais, représentant tout puissant du dub hexagonal, fait face à de sérieux problèmes financiers le menaçant de mettre la clef sous la porte, - et même s’il ne renflouera jamais les caisses - ce disque sonne comme un poing vers le ciel.

 

L’album se scinde en deux sections, The Shadows, puis The Light, structure qui rappelle fortement le dernier Outback d’High Tone (chroniqué ici). Au long de sa discographie, KLD a conservé une certaine fidélité au genre, ne déviant que rarement de leur idée de l’expérimentation, du dub électronique et du métissage qui le compose. En en explorant distinctement les deux facettes, les Lyonnais parviennent à livrer un objet particulièrement abouti. The Shadows sonde le versant menaçant, rêche et éraillé du dub tel qu'ils savent le concevoir. Se fendant en des distorsions aussi enfumées qu’encrassées, le couple basse-batterie a des allures de machine de guerre. Des textures grasses, des grondements de dubstep et de rauques triturages numériques n’en finissent pas d’enrichir la palette. Bien plus proche ici d’un Brain Damage que d’un Zenzile, le groupe donne un aperçu de la dimension noisy, saturée et hypnotique de leur son, et le fait avec maîtrise. Le Zoll d’ouverture, Moog-Lee, Wu et surtout l’exceptionnel Lightin’ The Shadow contaminent et soumettent immédiatement l’oreille. Le flow leste et élastique de K-The-I ??? enflamme le très bon Conflicts, apposant une empreinte de hip-hop bienvenue.

Forcément lorsque lumière se fait, ça pique un peu les yeux. Mais le registre reggae dub creusé par The Light n’est pas de la soupe. Ce second disque observe la participation de Joe Pilgrim et du jeune toaster prodige Biga. La cadence se laisse étirer, les échos et les reverbs épaississent l’air au point de le rendre onduleux, et les skanks font mollement osciller de la tête. On notera particulièrement Wackies, dub lourd qui donne de tenaces envies illicites.

 

Les Kalymen se surpassent avec ce cinquième opus. J’irai même jusqu'à dire qu’au même exercice, ils défoncent High Tone. Une prochaine tournée permettra d'en apprécier pleinement l'impact, notamment le 28 octobre au Nouveau casino pour les Parisiens. Même si la face inquiétante et froide qu’est The Shadows est de loin la plus convaincante, ce double disque n’apparaît point bancal. Jarring Effects est (presque) mort. Vive Jarring Effects.

 

                                 kaly-live-dub.jpeg

par Manolito

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 16:47

Sortie : octobre 2010

Label : Project: Mooncircle

Genre : Abstractronique

Note : 5

 

Robot Koch est du genre producteur hyperactif. Depuis l'an passé et son premier album, il a sortie en 2010 l'album de Jahcoozi sur BPitch Control, publié un nouveau maxi sur Project:Mooncircle et pondu quelques remixs. Certains auraient besoin de souffler, lui sort un deuxième long format, Songs For Trees And Cyborg, avec l'aide de quelques collègues aux machines ou au micro. Le résultat est un méchant mélange de dubstep et de rap abstrait qui vire parfois à l'IDM.

 

Si son univers est généralement dense et brutal, l'Allemand sait parfois y glisser une goutte de douceur. Break The Silence impose ses basses envahissantes et son paysage chaotique, Brujeria offre un brin de douceur avec la voix de Graciela Maria. Toute la dualité de ce disque est représentée par ces deux extraits. D'un côté un dubstep ravageur qui écrase tout sur son passage avec d'imposantes sonorités synthétiques (l'un peu trop rentre-dedans Powestrip 66), de l'autre des morceaux plus sensibles avec de rares chants qui s'insèrent discrètement (Summer Snow). Le tout restant toutefois assez sombre ou mélancolique. Ces incursions chantées ne sont pas toujours réussies, notamment sur ce Haunted Landscapes où le timbre de 1000 Names sonne bien faiblement.

Hormis ce passage un peu léger, Songs For Trees And Cyborg étonne par sa densité. Samples et sonorités électroniques offrent une grande variété d'ambiance au long de 14 titres qui se révèlent avec le temps. Ces variations électroniques prennent souvent des teintes rap instrumental, notamment sur ce Cloud City en compagnie de Boxcutter où la batterie claque pour entraîner un lent mouvement de tête. C'est ainsi bercé que l'on vogue d'une mélodie à l'autre, d'un certain dépouillement (Late Introduction) à plus d'intensité et d'inventivité (Night On Mars). Sur Patience, l'Allemand sait aussi se faire plus doux avec des nappes aériennes, frôlant l'ambient, conservant un grain bien à lui. Une alternance contrôlée et bien menée.

 

Loin de la mayonnaise tournée de Jahcoozi, Robot Koch se pose en producteur inspiré dont les influences rap le préservent du mauvais goût. Un sillon à creuser... sans le chant.

 

http://www.projectmooncircle.com/files/pmc067-068_cover_480.jpg

par Tahiti Raph

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 10:30

Sortie : 11 octobre 2010

Label : Dial Records

Genre : Deep-house

Note : 9/10

 

Il y a des labels qui ne cessent de nous faire comprendre pourquoi on aime autant la musique électronique. Dial Records fait partie de cette poignée de nourricières n’en finissant pas de nous plonger dans les méandres d’une deep-house sublimée. Depuis quelques années, chaque sortie du label hambourgeois est davantage la garantie d’une house flirtant avec la pureté que d’une house de puriste. Rien que cette année, entre le soulful Chicago de Efdemin et la sublime compil' Dial 2010, on ne peut que s’incliner. Avant le prochain LP d’Isolée, c’est au tour de l’Américain John Roberts de nous gratifier de son premier album, Glass Eights.

 

John Roberts, originaire de Cleveland, signe ici un album d’une classe affolante, un exercice deep-house touchant de très près la perfection. Il n’y a pas une seule seconde à jeter dans les 59 minutes de cet objet cristallin. Si seulement John Roberts s’était limité à une house jazzy, ce serait déjà parfait, mais le bonhomme va bien plus loin en proposant une vibrante parenthèse émotionnelle. Les deux atouts de Glass Eights caressent incessamment les oreilles.

Le jazz est le premier amour de John Roberts et ça s’entend chaque seconde. Ce n’est pas une surprise que d’apprendre que le mec a passé quelques années à Chicago. L’influence jazz de la ville transpire à chaque note. Le côté live de Glass Eights permet ainsi d’échapper à la lancinante et légère prédominance du piano et de la contrebasse (parmi une ribambelle d’instruments live) qui enveloppe avec quiétude l’auditeur comme sur Navy Blue ou l’éponyme Glass Eights. Chaque piste chaloupe suavement et la répétition inhérente au genre est vite surmontée. John Roberts dépasse l’approche minimaliste de la house pour aboutir à une musique tout en rondeurs. Aucun effort à fournir, on est directement sous l’emprise de Glass Eights.

Mais c’est en se tournant vers le côté émotionnel de la house que John Roberts enterre définitivement la concurrence. Chez lui, même un simple interlude, Telephone, se transforme en crève-cœur insondable. Car au lieu de se contenter d’enchaîner platement les pistes, il préfère nous conter des histoires comme avec le magnifique Pruned, tout en réserve. Et c’est en misant sur un grain appuyé, comme une photographie rétro au charme surannée, que John Roberts arrive à cette ambiance intemporelle.

 

Inutile de résister et de faire la fine bouche, Glass Eights est, sans aucun doute possible, un des meilleurs album house de l’année. Rarement un album de ce style n’aura su autant figer le temps pour proposer une vibrante ballade jazzy. John Roberts signe ici un chef d’œuvre dont il sera difficile de se lasser.

 

http://images.booksamillion.com/covers/music/8/80/319/482/880319482823_1556384.jpg

 

par B2B

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 17:18

Sortie : 20 septembre 2010

Label : U Know Me Records

Genre : Abstract hip-hop

Note : 6/10

 

Le label U Know Me correspond au petit frère de l’écurie hip-hop polonaise JuNouMi Records, réputée pour publier exclusivement sous forme de vinyles. Cette jeune maison fête son avènement avec le premier album de Teielte. Cet autochtone sort Homeworkz, sans rapport aucun, semble-t-il, avec le duo casqué.

 

U know Me commence pas mal. S’il est loin de n’avoir que des qualités, Homeworkz demeure une bonne surprise. Résolument abstract hip-hop et bourré d’influences dubstep, il opte pour une veine downtempo, synthétique mais tumultueuse. Les beats que façonne le Polonais ont de complexe qu’ils semblent déborder de maintes substances électroniques, et naître d’une superposition adroite des strates. Fermes et pêchues, les basses savent frapper là où ça fait mal, et les cliquetis se déchaînent, évoquant une armée d’insectes, métalliques et grouillants. L’art du contretemps, du beat éclopé et de la basse bourdonnante paraissent maîtrisés par Teielte. Gumbas, presque électronica, le shlohmo-esque Shempolain, ou Darkvoices et son wobble troublant (vidéo ici), sont de facture plus que convaincante. Mais l’éclair de génie du beatmaker réside dans le bien nommé 3 steps, dont le beat mutant se transforme durant 7 minutes. Cordes stressantes et sifflement de lasso dans l’air, voilà un climat dark qu’il aurait été pertinent de diffuser davantage. Mais décevante est trop faible pour qualifier la fin de Homeworkz. Les synthés immondes de Landog Never et de Harpghan, ainsi que l’insipide Limpid de fermeture crispent l’oreille avec douleur. Et c’est bien dommage.

 

Teielte semble capable du meilleur comme du pire. Le constat est mitigé, mais certaines faces son hip-hop abstrait et composite méritent largement un éclairage. Bien assez prometteur pour progresser, espérons que la suite lui portera chance.

 

par Manolito

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 16:26

Sortie : 30 septembre 2010

Label : Boltfish

Genre : Electronica organique

Note : 7,5/10

 

Skytree c'est Evan Snyder, multi-instrumentiste médiocre selon ses propres mots utilisant Ableton depuis la fin de l'adolescence. Originaire du Minnesota, il semble avoir toujours été sensible à son environnement direct. Il a signé des titres pour des maisons majeures comme Tympanik ou la regrettée Benbecula, un EP pour Earstroke et un LP sur Herb recordings. Hyphae sort dans deux jours, le toujours enivrant label Boltfish se fait un plaisir d'en livrer la primeur.

 

L'hyphae (hyphe en français) est la longue structure filamenteuse d'un champignon. C'est aussi le principal mode de croissance végétative de ces derniers (merci Wikipédia). On peut pourtant faire des liens bien réels avec cette appellation saugrenue. En effet, la musique de Skytree, proche du folktronica, nous transporte à différents endroits du monde, témoignant des lentes mutations de dame nature (Stomata Spirit ou le lumineux ambient/piano de North Shore Cecropia). C'est d'ailleurs en plein coeur de celle-ci qu'il est allé capturer somme de field recordings et de sonorités élémentaires. Joliment psychédélique, son electronica fortement organique se joue des textures, basculant avec une désarmante simplicité de l'acoustique au synthétique. Des oeuvres plus courtes figurent, installant parfaitement la transition entre deux lieus sans pour autant faire figure de simples interludes (Indigo Valley, Clark Reservoir, Hearth). Même quand il saisit une flûte de pan (comme sur le dernier cité), un djembé (Ice Age Trail), une cyhthare (Chequamegon) ou une flûte irlandaise (Clark Reservoir), instruments qui aurait pu très mal se greffer, on ne sombre pas dans une convenue démarche baba-cool revival. Pour ce qui est de la rythmique des beats, il remet une copie tout à fait honorable et maîtrisée. Le très joli Morel, où les hululements de chasseurs nocturnes vivent en harmonie avec de plus petits oiseaux férus de nectar, en est le parfait exemple. On regrettera simplement que les deux remixs ajoutés en conclusion n'apportent pas grand chose à l'ensemble de l'oeuvre.

 

Voilà un bien joli disque qui devrait ravir les inspirés adorateurs des productions estampillées Boltfish. Evan Snyder a tout l'air du brave type, fervent défenseur de la nature et des synthés vintage, qui dédie son premier album à sa mère et à son frère disparus lors de sa conception.

 

http://www.skytree-music.com/images/Hyphae800.jpg

par Ed Loxapac

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 14:56

Sortie : septembre 2010

Label : Project: Mooncircle

Genre : Abstract hip hop

Note : 7

 

Nous parlons régulièrement des nombreuses sorties rap du label Project: Mooncircle, mais celui-ci présente aussi d'autres facettes musicales. Avant de vous parler de Robot Koch dont le nouvel album électronique sort début octobre, nous souhaitons revenir sur une compilation de rap instrumental abstrait réunissant des beatmakers japonais. Dans l'esprit de J Dilla ou d'autres producteurs plus modernes, ce disque disponible uniquement en format numérique permet de découvrir quelques compositeurs doués.

 

Les 12 titres réunis ici offrent un exemple de la créativité du Japon sans toutefois rechercher la cohérence. Les morceaux se suivent sans vraiment se ressembler, certains tirant plus vers l'électronique, Cheat Code de RLP, d'autres sonnant plus classiquement rap instrumental, Samurai Assassin de BudaMunk. Certains artistes arrivent toutefois à proposer un bon équilibre entre les deux univers comme ce On The Runn de Sato qui mélange finement le découpage de samples avec l'ajout de sonorités synthétiques. Si les personnalités des participants sont différentes, un esprit rêveur et une certaine poésie se dégage de l'ensemble. Les titres, assez courts, multiplient les touches introspectives, sombres ou plus légères. Les mélodies nous portent, parfois un peu facilement, Before Red de Ferrari, mais toujours en évitant la simplicité. Les beats faisant à chaque fois l'objet d'attention particulière, révélant souvent des détails discrets. Ce souci du travail bien fait pousse à se laisser entraîner sur des claviers enchanteurs alors que les rythmiques claquent gentiment (Jap Angele de DJ Olive Oil).

Avec Chrome, Eccy offre une saveur IDM en plus et donne un coup de poing à la langueur qui régnait jusque là. Himuro Yoshiteru creuse ce sillon avec encore plus de réussite avec une pluie inquiétante de bleeps... autant de pistes qui attisent notre curiosité.

 

Trop peu importée en France, la scène japonaise est riche de nombreux trésors musicaux qui mériteraient plus de reconnaissance. Finest Ego permet d'en découvrir quelques uns...

par Tahiti Raph

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 17:20

Sortie : juin 2010

Label : Suonofantasma

Genre : IDM, Ambient 

Note : 7/10

 

L'Italien Dragoide exerce dans la musique électronique depuis 2004. Il publie quatre albums d’IDM sur le netlabel Suonofanstasma, plus ou moins aboutis mais très prometteurs. Tous sont d’ailleurs disponibles sans frais sur son site. Espérons que le dernier en date, Prisma, révélera ce transalpin à un plus grand nombre.

 

Dragoide a abandonné l’usage de synthétiseurs vintages pour approfondir l’aspect soyeux et délicatement glitché de sa musique. Prisma s’apparente à une parfaite combinaison d’ambient et d’IDM romantique. Des nappes laineuses ondulent en permanence, et subissent des froissements électroniques qui heurtent subtilement le lustre de l’ensemble. Les beats se rapprochent à plusieurs reprises de l’abstract hip-hop, rappelant Sotu The Traveller et son premier album Left (chroniqué ici), mais la profonde mélancolie évoque plutôt Pleq. Le monde mental de Dragoide semble à la fois flou et tremblant, triste et très beau, ainsi qu'empli d’émotions vertigineuses. Le beat de Proximacentauri, et sa mélodie astrale, ont quelque chose de déchirant, et Laelaps, autre bijou du disque, déploie des basses aussi progressives que jubilatoires. Même s’il est loin de révolutionner le genre, Dragoide signe un objet distingué et émouvant, à la production d’ailleurs impeccable. Aucun titre n’est à jeter, et chacun délivre un petit quelque chose d’agréable, que ce soit une introduction faite de bruits extérieurs et de bribes de voix, ou un beat particulièrement rond et velouté. Prisma paraît avancer en se chargeant d’un désenchantement croissant. A l’introductif Into The Prisma répond plus loin Outside The Prisma, pièce autrement plus torturée, plus calme également. Quant au morceau de fermeture - le sublime Whiteseason -, il préfère oublier toute notion électronique pour ne laisser la place qu’à un piano bouleversant et enfantin.

 

Prisma représente bien plus qu’un album rêvé pour dimanche après-midi brumeux. Une sorte de montgolfière immatérielle, spleentétique et vagabonde. Ne vous embêter pas à chercher quoi que ce soit, comme les autres, ce dernier jet de Dragoide est téléchargeable gratuitement ici même. On se retrouve de l’autre côté.

 

                                 prisma_cover.jpg

par Manolito

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