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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 14:34

Sortie : 20 décembre 2010

Label : Avant Roots

 

On connaît avant tout le Catalan Pablo Bolivar pour ses travaux en matière de techno minimal organique. Seulement deux albums au compteur mais on sait qu’on tient là un futur maître en la matière. Déjà, son dernier album nous avait réconcilié avec les atmosphères lentes et insidieuses (chronique de Recall ici). Et là, le bougre nous gratifie d’un nouvel album totalement acquis à la cause de l’ambient avec Motion : The Ambient Works, sortant sur son propre label, Avant Roots.

 

Ce n’est pas vraiment une surprise quand on connaît la discographie du Barcelonais. En effet, il aime y insérer de longues nappes contemplatives dans ses créations techno. En bon fan de Monolake, il sait de quoi il en retourne. Tout est prétexte à l’immersion en évitant le vide, chaque piste s’occupe d’emplir pleinement vos conduits auditifs pour lentement et sereinement vous emmener dans un univers ouaté. Ne soyons pas non plus dithyrambique, ce Motion est certes un album d’ambient de bon niveau mais il n’est en rien impressionnant. Il n’en demeure pas moins que Pablo Bolivar étonne une fois de plus en démontrant l’étendu de ses talents. Passé les trois premières pistes plutôt classiques mais fortement respectables, l’album prend progressivement son envol.

Une dynamique hivernale, propice à la contemplation diurne prend alors l’ascendant et il ne reste plus qu’à se laisser envelopper par Recuerdos De Otra Edad. Les images peuvent alors se mouvoir et la pochette fait sens à l’écoute de North Bay. On s’imagine aisément dans un paysage brumeux et enneigé, totalement absorbé. A la stabilité succède le mouvement, comme si lentement nos pas s’enfonçaient dans une poudreuse compacte. Les artifices utilisés par Pablo Bolivar sont nombreux mais retenons avant tout l’influence de Basic Channel dans le timbre sonore, les reverbs donnent ainsi une dimension impalpable à ces parenthèses ambient. En reprenant sobrement, tout en y insufflant un léger aspect progressif, Escape From Galaxy Five (Chapter One), Bolivar maintient définitivement l’attention. Et rien de mieux pour finir que d’hésiter sur les sonorités tremblantes d’Another Earth.

 

Pablo Bolivar confirme son talent en bifurquant. Au lieu de nous attraper une nouvelle fois avec un album techno, il préfère nous étonner en prenant la tangente. Motion : The Ambient Works, sans être parfait, est un album d’ambient des plus respectables.

 

http://www.israbox.com/uploads/posts/2010-12/1292980380_pablo-bolivar-motion.jpg

par B2B

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 21:16

Sortie : février 2011

Label : Project: Mooncircle

Genre : Abstract hip hop

Note : 7

 

Le titre After 4AM sur la compilation The Moon Come Closer (chroniqué ici) avait éveillé notre attention. Project: Mooncircle a fait naturellement de nouveau appel à lui sur Finest Ego / Russian Beatmakers (chroniqué ) avec The Roots. Le label sort maintenant le premier long format de Long Arm, où l'on retrouve son goût du jazz, des samples enfummés et sa créativité. Le producteur russe, faute de platine et après avoir appris le piano, a débuté sur un vieil enregistreur de vinyles, influançant à long terme son travail. Son album se veut "une réflexion sur le monde, où les sentiments humains et les pouvoirs naturels sont liés ensemble".

 

C'est avec un certain plaisir que l'on retrouve les titres After 4AM et The Roots dans un environnement qui leur convient mieux. Mais The Branches est surtout l'occasion de découvrir un univers complexe où les samples parfois ronronnants cachent en fait une grande créativité. Long Arm feint de la jouer simplement pour créer des milieux évolués. Des morceaux de quatre, cinq, voire six minutes, d'abstract hip-hop, parfois teintés d'un soupçon agréable de trip-hop, pourrait paraître long, mais c'est sans compter sur les ruses de leur auteur pour nous entraîner plus loin qu'on ne l'aurait cru au départ. Ses beats au long cours, sur fond de jazz cool cachent en fait bien plus que leur apparence. Chaque titre offre différents passages, cachant des richesses insoupçonnées. Double Bass In Love coule par exemple aisément, laissant chaque instrument prendre à son tours ses marques, variant la mélodie. De même sur When Children Sleep, où l'on se laisse séduire ne voyant pas toujours les différentes pistes explorées. Quelques extraits plus courts viennent aussi troubler cette régularité d'apparence, à laquelle Key Door vient donner un premier coup de fouet.

Il n'y a que sur Dummy que le Russe se lâche un peu plus avec des plans vrillés où un violon langoureux semble complètement déboussolé. D'étranges voix viennent s'intercaler alors que tout se dérègle de plus en plus. L'art de la surprise est aussi cultivé sur The Branches (également proposé en version instrumentale) quand, après une longue intro langoureuse, surgit le flow bidouillé de Teknical Development, rappeur anglophone dont le texte se pose à merveille sur un son enjoué. Enfin, avec The Waterfall Inside Me, un piano enrobant est remué par une batterie un peu plus énergique, puis les cordes frottées d'une contrebasse viennent participer à l'apaisement général.

 

Un peu à part d'autres producteurs russes évoqués sur Chroniques, tels que DZA ou Demokracy (qui vient de sortir un premier single), Long Arm trace sa propre route, séduisante et inspirée.

 

http://www.projectmooncircle.com/files/pmc073_cover_480px_1.jpg

par Tahiti Raph

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 22:33

Sortie : février 2011

Label : Shitkatapult

Genre : Techno esthétique

Note : 8

 

Producteur et vidéaste, Frank Bretschneider a le sens de l'esthétique. Il expérimente depuis 1994 en matière de musique électronique et a sorti des disques sur différents labels, tels que Mille Plateaux, 12k, Korm Plastics ou sur la maison qu'il a cofondé, Raster-Noton. La dernière création de l'Allemand a été enregistré live dans son studio et forme un ensemble continue de sept plages publié par Shitkatapult. Ecouter Komet revient à se laisser partir dans le cosmos.

 

Brillante idée que celle de Frank Bretschneider de concevoir un album comme un live, d'emmener l'auditeur dans un voyage (presque) sans rupture dans lequel les pistes s'enchaînent naturellement pour ne finalement offrir qu'une longue partition aux multiples facettes. Sa techno souple et poisseuse vient directement embrigader le cerveau dans une litanie envoûtante. La répétition ne fait que vous entraîner plus loin dans sa folie. Les sons pétillent, la spatialisation émerveille. Les décors se succèdent, toile minutieuse où rien n'est laissé au hasard. Cet univers numérique prend un versant liquide au début de Flutter Flitter avant d'envoyer des crissements vicieux qui viennent vriller la logique implacable du kick. Il ne faut pas attendre de répit, au contraire, le ton est de plus en plus dense. Grésillements et basses sont souvent les seuls repères. Une respiration cache souvent une reprise encore plus frontale, comme sur Twisted In The Wind qui en devient presque oppressant. L'oxygène en vient à manquer. L'Allemand laisse alors un vrai blanc avant les deux derniers titres. La sobriété et la puissance reviennent de suite sur Subharchorded Waves, massif et réservé. Les vrombissements sont ténus, les charlé singlants et l'emprise totale.

 

Frank Bretschneider signe une magnifique pièce aussi intelligente que musicale. Un entier fait de nombreux tout qui demande à être longuement étudié pour en percer toutes les entrées. Sa techno fine en est d'autant plus accrocheuse qu'elle ne suspend ses arabesques qu'une seule fois sur la durée du disque.

 

http://www.xlr8r.com/files/kometart_010611.jpg

par Tahiti Raph

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 12:24

Sortie : 17 décembre 2010

Label : Kompakt

Genre : House, electro-pop

Note : 5,5/10

 

Etrangement, Jürgen Paape n’a jamais sorti d’album. Plus étrange encore, il n’a jamais fait de live. Pire encore, il n’a jamais donné de DJ set. Mieux encore, quasiment personne ne sait à quoi il ressemble. C’est tout de même balaise de la part du co-fondateur d’un des plus gros label tech-house de ces 15 dernières années : Kompakt. Autant ses compères, Michael Mayer en tête, suivi de Wolfgang Voigt, ont su s’attirer les lumières des médias, autant le petit Jürgen n’en a cure. Pourtant, tel un métronome, il sort régulièrement des maxis. Et pour la première fois, l’ensemble de ses travaux se retrouve compilé au sein de Kompilation. Autant rester dans la sobriété.

 

La musique de Jürgen Paape n’a jamais été révolutionnaire mais on peut lui accorder au moins une chose, dans le domaine de l’électro-pop, le bougre maîtrise la recette. On retrouve ainsi trois excellents morceaux dans ce registre : l’évanescent Mit Dir (2002), le très 80’s et imparable We Love (2006) et surtout l’intemporel So Weit Wie Noch Nie (2002), sorte d’électro-pop ultime ouvrant entre autre le toujours pertinent DJ Kicks d’Erlend Oye. Rien que ces trois pistes valent le détour, ne serait-ce que pour prendre le pouls d’une pop qui quand elle se met à flirter avec la langue de Goethe arrive dans un élan insoupçonné à nous prendre doucement par la main pour ne plus nous lâcher.

Le reste de la compilation, totalement acquis à la cause tech-house, s’avère bien plus inégal. On y retrouve le fantastiquement barré Ofterschwang (2009), tech-house d’une fanfare bourrée, cinglant hommage aux 50’s et le spleen de Rheintreue (2010) avec ses violons déchirants. Pour la suite, c’est un peu plus embarrassant. On navigue entres pistes kitsch, à la limite du has-been comme avec le trop linéaire Take That (2007) ou les paroles ridicules de Silikron (1997) et morceaux tech-house respectables mais plus convenus tels le bondissant Fruity Loops #2 (2007) et le 100% teuton Nord (2007).

 

Les fans de Kompakt piocheront allègrement dans cette Kompilation permettant de retrouver non sans plaisir Jürgen Paape. Les autres, le temps de quelques instants intemporels, sauront puiser avec parcimonie dans cet étalage pas toujours très frais.

 

http://cdn.pitchfork.com/media/jurgenpaape.jpg

par B2B

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 14:51

Sortie : novembre 2010

Label : Suction Records

Genre : IDM, Synth, Techno

Note : 7,5/10

 

On dit que durant sa tendre enfance, Gregory de Rocher a passé un bon moment à l'hosto. Ce qui aurait décuplé son imagination et aurait généré inconsciemment son futur projet Lowfish. Voilà pour le petit côté légende. Avec son pote Jason Amm (Solvent), ils créent leur propre label, Suction Records, en 1997 pour pouvoir jouir d'une liberté totale. Ils en profitent pour y sortir leurs réalisations personelles. Trop peu nombreux sont ceux qui se souviennent du maxi qui associait D'arcangelo et Solvent en 1999... Voilà pour le petit côté historique.

 

Memories Are Uncertain Friends réunie des titres composés entre 1995 et 1999. On n'aurait pas affirmé le contraire à la vue de cet artwork si... vintage. Les aigris adeptes de l'inexorable fuite en avant questionneront l'intérêt de la sortie d'une talle galette aujourd'hui, les éternels amoureux de la Roland TR-808 et de l'avènement du hardware jetteront quant à eux sur ce disque le regard affectif et réaliste du technicien ou du documentaliste. Car Memories Are Uncertain Friends se doit d'être uniquement envisagé pour ce qu'il est : une prise de recul sur les dix années glorieuses qui ont amené l'explosion des musiques électroniques intelligentes. Il n'est donc pas exclu que certains y trouvent des réminiscences "early Warp". Mais il y a plus surprenant. Prenons par exemple le morceau Memory Hole vous voulez bien ? A l'écoute de ce dernier, comment peut-on s'étonner que Miss Kittin et son camarade The Hacker loue les splendides qualités de Lowfish ? Ce morceau atteste de leur goût mutuel et pourtant incongrue de l'alliance entre Giorgio Moroder et Skinny Puppy. C'est ça Memories Are Uncertain Friends, une époque ou les prémices de l'indus et de la techno baptissaient des ponts sans qui la techno dite "Warehouse" n'aurait jamais existé. Certes, certains titres comme Remnant, 2813 MKII ou Drum Machine 5 ont moins bien vieilli que les excellents The Egg, The Soft Truth, Drum Machine 6 ou l'indispensable Quadra de fermeture, qui assoient, eux, définitivement l'aspect intemporel de l'ensemble.

 

Ce doit être ça la synth-pop sombre parfaite exclue du mainstream (idéalement illustrée par CLK et Orange & Round), une fusion entre IDM des débuts et minimalisme pas hermétique. Prévenons malgré tout qu'il faut apprécier le dark et s'équiper d'un caisson de basse digne de ce nom pour en saisir tous les trésors. Un document éclairé, ni plus ni moins qui sonne peut-être l'heureux réveil de Suction Records. L'espoir est permis.

 

http://www.suctionrecords.com/lowfish/memories_are_uncertain_friends.jpg

par Ed Loxapac

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 16:34

Sortie : 21 décembre 2010

Label : Jumble / FuseLab

 

Après Electronica (évoqué ici), c'est au tour de Jumble de passer du podcast à l'activité de label. Pour marquer ce changement, il sort une compilation (en téléchargement gratuit ici) consacrée à des producteurs amateurs de glitch-hop, 24 artistes, dont des Russes déjà été publiés sur différentes compilations (Fly Russia chez Error Broadcast chroniqué ici et Finest Ego / Russian Beatmakers chez Project: Mooncircle chroniqué ) ou ont des EP ou des LP à leur crédit, qui s'en donnent à coeur joie dans une voie, d'après le label, experimental/future beats, appellation qui me va bien.

 

Le disque part très fort avec des titres énergiques de 813, de Demokracy revu par DZA et d'AEED puis prend un ton plus posé avec quelques nouveaux producteurs, moins expansifs mais tout à fait dans le ton. Deaf Clay signe notamment un Wood Wave contemplatif avec juste ce qu'il faut de glitch tandis que Yoggyone fait dans un style plus dépouillé, centré sur la rythmique mécanique. Les morceaux choisis, qui durent tous entre une et trois minutes, offrent une homogénéité rare dans une compilation. Il y a pourtant des variations, Osharus a un côté industriel marqué, Lockbox une facette mystique intrigante, Lomovolokno donne dans la nappe planante alors que Moa Pillar empile en nombre les couches sonores pour donner un sentiment de puissance.

Qu'est-ce qui fait alors la logique de ces morceaux ? Outre leur durée, c'est une forte domination de la machine avec des sons très synthétiques, l'omniprésence de nappes (légères ou névrosées) et des rythmiques complexes et semblant souvent bancales. Sur Space Interlude par exemple, Hypercube envoie des crépitements au milieu de sa caisse claire et de sa grosse caisse qui impriment un tempo qui se cherche. Pareil pour Thebrookz dont les lointaines voix sont en équilibre sur un beat funambule. La compilation tient la longueur en prenant des airs plus mystérieux avec les titres de Lokiboi et d'Illingsworth. Seul le plus pop Happy Sun de Monokle & Galun paraît plus faible, sans gâcher les expérimentations de la dernière partie du disque, dont un Nocow toujours aussi en forme.

 

Je ne me lasse pas de ces future beats qui symbolisent le bon mélange entre rap instrumental et musique électronique. Après les travaux de certains précurseurs, ce style prend désormais toute son ampleur grâce notammennt à ces producteurs russes qui ne cessent d'envahir nos enceintes.

 

http://fslab.net/wp-content/uploads/2010/12/jumb001_-_various_artists_-_re-jumble.jpg

par Tahiti Raph

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 11:34

Sortie : 21 janvier 2011

Label : Pampa Records

Genre : House

Note : 5,5/10

 

Lorsque sort Rest en 2000, le monde se fait surprendre par cet ovni. Isolée propulse la microhouse sous le feu des projecteurs et Beau Mot Plage devient l’hymne des petits matins blêmes.

La musique de Rajko Müller se reconnaît dès les premières notes avec cette capacité à rendre toute sonorité trébuchante et hésitante. Les corps n’ont plus qu’à se laisser glisser sur cette douce vague. Mais l’Allemand, possédant un fort pedigree français puisqu’ayant suivi une scolarité française dans un lycée algérien, a toujours préféré nous la jouer discret. Un second album en 2005, We Are Monster, et basta ! Depuis, une poignée de maxis hautement recommandables, dont un excellent The Fantastic Researches Of Yushin Maru (sorti sur Dial) a vu le jour.

On attendait donc ardemment Well Spent Youth, troisième album de notre bonhomme qui sort sur Pampa Records et patatra, c’est le désastre.

 

Rien à dire sur la forme. Well Spent Youth est un album profitant d’une production léchée au possible. On sent le travail d’orfèvre derrière chaque sonorité avec une prédominance pour des instrumentations acoustiques. On reconnaît aisément la pâte d’Isolée avec cette atmosphère chancelante, à la limite de la rupture. Les mélodies restent trébuchantes et rappellent les afters désincarnées où les restes des vapeurs d’alcools se diluent dans un BPM cotonneux. Dans l’idée, c’est plutôt captivant… dans l’idée seulement.

On a beau être dans le domaine d’une house parfaitement maîtrisée, il n’en demeure pas moins que l’on se fait chier. A vouloir livrer un album trop propre, Isolée s’est fait prendre à son propre jeu. L’atmosphère "bourrée" n’est qu’une apparence cachant la faille : l’absence totale d’émotion. C’est bien simple, rien ne dépasse des 11 titres. C’est tellement propre qu’on s’emmerde dès le deuxième morceau. Ok, Paloma Triste, ballade ouvrant l’album, se révèle finement mélancolique et Hold On parvient à nous réveiller car se révélant un poil plus vicieux. Mais à côté, pas grand-chose à sauver. Isolée s’enferme dans un format répétant inlassablement le même schéma : armature house, sonorités hésitantes et parasitage par des petits sons étranges (aspect aquatique pour One Box ou bien crépusculaire pour In Our Country). Mais tout cet enrobage est trompeur. Chaque morceau se fige dès la première minute pour ne plus vouloir bouger. C’est frustrant et indigne du potentiel d’Isolée. On aurait tellement aimé un album plus humain, supprimant la distance pour mieux s’installer dans la durée.

 

On finit par écouter ce Well Spent Youth comme on regarde un film de Raul Ruiz. On sent que c’est bien ficelé, que c’est intéressant mais on finit par profondément s’ennuyer. Isolée signe un troisième album décevant, le genre de disque qui se contentera de vous accompagner passivement, sans jamais vous surprendre.

 

http://www.lemellotron.com/wp-content/uploads/isolee-well_spent_youth-300x300.jpg

par B2B

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 08:29

Sortie : 24 décembre 2010

Label : Raumklang Music

Genre : IDM, Dark Ambient, Indus, Noise

Note : 8/10

 

Raumklang Music. Si le nom de ce label n'est pas encore sur toutes les lèvres des férus d'IDM et de musiques électroniques expérimentales, ce n'est qu'une question de temps. Après l'auguste premier album d'ar.Muta (chroniqué ici), Raumklang publie le 24 décembre dernier la compilation Snowflakes. Le boss de la maison allemande, Dirk Geiger (interview ici), est allé trouver du beau monde chez Ant-Zen, Tympanik, Hymen Records, etc. qu'il mêle à des artistes de chez lui. Tapage, Anklebiter, Keef Baker, LPF12, Access To Arasaka, Lucidstatic, Nanoptiq, Klangstabil, ar.Muta, etc. sont les acteurs de ce monument sonore, à la gloire du glitch, de l'expérimentation, des ténèbres et des flocons.

 

Découvrir cette compilation dans la nuit du 24, fenêtres donnant sur des champs enneigés, est un choc difficilement délébile. Mais si elle fait référence à la blancheur poudrée de l'hiver, Snowflakes n'a pourtant rien d'immaculé. Aux tourbillons neigeux se confondent des nuées de poussières radioactives, l'air crépite en permanence de grésillements propres à s'embraser, et les nappes compactes et parasitées évoquent de vides paysages spatiaux, balayés par les vents stellaires. Des soundscapes enivrants, des balafres rythmiques et une poésie crépusculaire flottent et hantent l'entière compilation. L'auditeur, tétanisé, devient le jouet d'éléments qui le dépassent. Pris au coeur d'un orage magnétique, il observe les décors se succéder, plus imprévisibles et violemment sublimes les uns que les autres.

L'oeuvre s'ouvre sur une onirique ascension. Dans des panaches de fumée, on croirait voir dans le Gilb de Klangstabil l'ombre d'une mince fusée quittant la Terre. Puis, vient la plus belle chose qu'il m'ait été donner d'écouter depuis un sacré moment. Les mots font cruellement défaut pour décrire Unfold de Tapage. Il y est question de rythmes courbes et froissés, comme Tijs Ham sait si bien les construire, et de beauté pure, transperçante, réveillant d'inconscientes fêlures. Forcément lorsque Lucidstatic se pointe, le voyage prend une dimension plus écorchée. Abrasive tornade qui maltraite les vertèbres, All At Once plonge dans l'indus trempé de noise. Mais, à l'image de son Symbiont Underground (ici), c'est dans l'injection de (très) brèves phases d'ambient que Lucidstatic révèle son génie. Le brouillard crypté s'épaissit avec Svart1 (Der Schnitter), les nappes noisy s'étendent à n'en plus finir, et on a les yeux qui piquent. La troublante intervention de A Bleeding Star, autrement connu sous le nom d'Alex Goth, ne sera pas celle qui nous ramènera à la surface. Pièce de dark ambient littéralement hantée, While Blazed... (le titre fait une quinzaine de mots) est tissée de drones mouvants, et d'une brume électrique insondable, qu'une incorruptible guitare acoustique guide vers les bas-fonds. Et la fin laisse sincèrement présager une attaque extra-terrestre. Plus loin, l'immense Telestar d'Access To Arasaka joue de la harpe avec nos tripes, scintillant de noirs échos numériques, tandis que Hotaru Bay prodigue enfin quelques gouttes de lumière, avec le délicat et très beau Firefly Reject. Citons enfin l'épique Make It Better d'Anklebiter, le bouleversant In A Place Were Fear Resides de LPF12, ainsi que le remix de Dirk Geiger du Sealed Envelope d'Autoclav1.1, ensorcelant titre de clôture, parcouru de chuchotis plus qu'effrayants.

 

Le catalog sampler 2010 de Raumklang Music est un objet envoutant, instable, sidéral et sidérant. Une odyssée entre hiver terrestre et hyper espace. Compter dorénavant avec Raumklang paraît indispensable, et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, cette fulgurante compilation est livrée gratuitement, ici. Foncez, bordel.

 

snowflakes-cover-net.jpg

par Manolito

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 19:41

Sortie : 30 décembre 2010

Label : Electronica

Genre : Electronica

Note : 6

 

C'est l'histoire d'une émission diffusée en Sibérie qui devient un blog, lance une série de podcasts aux influences électroniques variées puis devient finalement un label avec une première sortie dans les derniers jours de 2010. Cette histoire est celle d'Electronica qui nous propose un maxi huit titres du Russe Fiji en guise de lancement (en téléchargement gratuit).

 

Abstract hip-hop léger, électronica en douceur, voire même ambient, Fiji donne l'impression d'être moins torturé que ses compatriotes qui ont fait parler d'eux ces derniers mois. Les nappes rondes et moelleuses font l'objet d'un emballage évolutif au fil des morceaux. Si Copy Paste Feelings et Hour Of Glances And Kisses, qui ouvrent le disque, sont dénués de rythme et assez méditatifs, la suite sera ponctuée d'une batterie downtempo qui ne brusquera pas l'auditeur. Le tempo donne un goût plutôt rap instrumental (Faked Imaginary Freedom) tandis que l'utilisation des claviers fait plutôt pencher la barre du côté de l'électronica (Ocean In My Head). Deux styles qui seront parcourus sans tomber dans le déjà vu. On 17th Floor a lui un léger goût de jazz. 

Le Russe travaille par fines touches. Il fait glisser ses sons délicatement dans les conduits auditifs. Une certaine chaleur se dégage ainsi de ses titres dont l'atmosphère paisible contamine l'esprit. Même quand les claps s'emballent avec la participation de Long Arm (qui sort un premier long format sur Project: Mooncircle en février) sur Grey-Purple, un certain calme fragile prédomine. Le plus complexe et envoûtant Night White Of White Flies mêle un violon en bout de course avec une guitare acoustique mélodieuse, un passage plus organique assez prenant.

 

Pour une première publication, Electronica l'a joué prudent avec un EP délicat et prometteur. Il faudra donc encore cette année surveiller les producteurs russes...

 

http://electronicalabel.ru/wp-content/uploads/2010/12/e24_fiji_-_grey-purple_ep.jpg

par Tahiti Raph

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 17:07

Sortie : décembre 2010

Label : autoproduit

Genre : Abstract hipost-rock

Note : 6

 

Le MC Sole nous avait découvrir le Skyrider band, en énergique backing band rock qui convenait tout à fait avec l'esprit du rappeur. Avant un nouvel album ensemble, ces musiciens du Colorado prolongent leur échappée solo surprenante, avec un essai fidèle à leur volonté d'innover à la fois dans les techniques de production numérique tout autant que dans le style. Skyrider nous entraîne sur leur quatrième LP depuis 2007 dans une odyssée rock où les sons électroniques sont souvent en appui, un peu à la manière de 65daysofstatic. Abstract hip-hop-rock, post-rock tirant vers l'électro, pas facile de coller une étiquette à cette collection de 22 titres pour 75 minutes chargées en émotion... accrochez vous à votre slip !

 

Les guitares sont brutales, donnent le ton, la rage, l'énergie. Les rythmiques synthétiques donnent un sentiment futuriste, une touche moderne au milieu de ce gros son sévèrement amplifié. L'ouverture est majestueuse. Une marche royale sur laquelle les claviers ronronnent puissamment et les distorsions hurlent à la mort. Il faudra vaincre ou mourir sous ces oriflammes ténébreux. Aux Send 1b et 1c (à chaque morceau correspond une lettre de l'alphabet) confirme ce sentiment de puissance et le mélange des styles. Tous les sons ne sont pas des plus heureux, mais l'ensemble dégage une force mobilisatrice. 1d et ses nappes grandiloquentes sonne, lui, comme un des pics de cette première volée de titres où les machines dominent les guitares.

Les Américains, après avoir tenté de tout emporter avec puissance, décident de communiquer plus en douceur. Sur 1o, le groupe prend des airs inquiétants, des violons venant renforcer le côté cinématographique. Un passage moins rock comme sur le morceau suivant, 1p, où un clavier décharné accompagne le beat rugueux. Il y a aussi un passage presque dub sur 1u, et de nombreux moments rap instrumentaux qui n'attendent que leur MC fétiche. 1v entraîne quant à lui l'auditeur dans une voie plus mélancolique. Cette dispersion sur la durée n'est pas toujours aussi réussie et l'album peut alors sembler un peu s'éterniser...

 

Tout en appréciant l'audace des Skyrider, nous ne pouvons pas laisser passer les quelques loupés de leur mix électro-rock-rap instrumental. Toutefois, si tout n'est pas parfait, l'ambiance générale et une bonne partie des titres valent le détour.

 

http://c1.ac-postto.myspacecdn.com/postto01/1/82ef3aa238f5425abc3131281bc5cba5/l.jpg

par Tahiti Raph

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