Sortie : octobre 2011
Label : Force Inc. Music Works / Mille Plateaux
Genre : Glitch, Ambient, Minimal, Dub Techno
Note : 7,5/10
Après un long silence, le label Force Inc. Music Works refait parler de lui, après avoir été placé sous l'aile du label allemand sous-estimé : Mille Plateaux. Et pour cette relative renaissance, c'est à un certain Marow qu'est confiée cette nouvelle sortie. On ne sait pratiquement rien de lui, si ce n'est qu'il est le fondateur avec Olaf Tonstein du netlabel berlinois Klitorik, où les deux compères distribuent seulement leurs propres réalisations.
Même si la teneur du son est ici résolument minimale, reconnaissons que le travail et le traitement de la texture est l'oeuvre d'un orfèvre. Les beats, semblent tailler dans un liquide fluide et limpide qui viendrait faire imploser la roche ou la glace. Ces derniers jaillissent comme les anévrismes claquent. Les glitchs ont quelque chose de Pleqien dans leur pureté. Il y a en plus de ça des phénomènes de réverbération et d'écho du son qui agissent sur les synapses comme un onguent hypnotique. Irideszenz en est le plus digne exemple, avec ce chassé croisé de pianos qui tentent de se faire un chemin au coeur d'un palais de glace. Ou comme sur Schweif, petite fable célébrant l'errance en territoire gelé, greffée de petites électrodes aspirantes. Citons également E.coli, Efeu, Ast ou Eis, comme comptines cristallines et carillonnantes plus que bien inspirées. La première large partie de l'album peut même être qualifiée d'envoûtante. Tout cela est très très beau. C'est après que ça se gâte un peu.
On avait bien senti jusqu'alors ces tentatives d'orientations tech-house, qui sans forcément inviter à la danse, essayaient de renverser la rythmique morcelée. Il y a malheureusement dans des titres comme Substrativ et Und des réflexes et un conditionnement 4/4 trop pavloviens pour être complètement honnêtes. Nul doute que ceci trouvera preneur chez les férus de dodelinement house, observateurs des braises qui éclatent au coin du feu. Tout ceci est tellement en dessous du reste, en plus d'être dans une rupture difficilement compréhensible. Les remixes de clôture relèveront certes le niveau, mais laisseront un léger goût d'inachevé et de frustrant pour les adhérents des trajectoires initiales.
Petite déception donc en cette fin d'album, mais qui n'éffacera heureusement pas les bien jolies perles qu'on ramasse sur ce chemin enneigé. A écouter tout de même à haut volume et avec un matériel de qualité pour éviter de se sentir face à une musique d'ascenseur. Nous allons suivre de très près les futurs travaux de ce mystérieux Marow, et le reste des sorties de Mille Plateaux par la même occasion.
par Ed Loxapac