Sortie : 21 décembre 2010
Label : Jumble / FuseLab
Après Electronica (évoqué ici), c'est au tour de Jumble de passer du podcast à l'activité de label. Pour marquer ce changement, il sort une compilation (en téléchargement gratuit ici) consacrée à des producteurs amateurs de glitch-hop, 24 artistes, dont des Russes déjà été publiés sur différentes compilations (Fly Russia chez Error Broadcast chroniqué ici et Finest Ego / Russian Beatmakers chez Project: Mooncircle chroniqué là) ou ont des EP ou des LP à leur crédit, qui s'en donnent à coeur joie dans une voie, d'après le label, experimental/future beats, appellation qui me va bien.
Le disque part très fort avec des titres énergiques de 813, de Demokracy revu par DZA et d'AEED puis prend un ton plus posé avec quelques nouveaux producteurs, moins expansifs mais tout à fait dans le ton. Deaf Clay signe notamment un Wood Wave contemplatif avec juste ce qu'il faut de glitch tandis que Yoggyone fait dans un style plus dépouillé, centré sur la rythmique mécanique. Les morceaux choisis, qui durent tous entre une et trois minutes, offrent une homogénéité rare dans une compilation. Il y a pourtant des variations, Osharus a un côté industriel marqué, Lockbox une facette mystique intrigante, Lomovolokno donne dans la nappe planante alors que Moa Pillar empile en nombre les couches sonores pour donner un sentiment de puissance.
Qu'est-ce qui fait alors la logique de ces morceaux ? Outre leur durée, c'est une forte domination de la machine avec des sons très synthétiques, l'omniprésence de nappes (légères ou névrosées) et des rythmiques complexes et semblant souvent bancales. Sur Space Interlude par exemple, Hypercube envoie des crépitements au milieu de sa caisse claire et de sa grosse caisse qui impriment un tempo qui se cherche. Pareil pour Thebrookz dont les lointaines voix sont en équilibre sur un beat funambule. La compilation tient la longueur en prenant des airs plus mystérieux avec les titres de Lokiboi et d'Illingsworth. Seul le plus pop Happy Sun de Monokle & Galun paraît plus faible, sans gâcher les expérimentations de la dernière partie du disque, dont un Nocow toujours aussi en forme.
Je ne me lasse pas de ces future beats qui symbolisent le bon mélange entre rap instrumental et musique électronique. Après les travaux de certains précurseurs, ce style prend désormais toute son ampleur grâce notammennt à ces producteurs russes qui ne cessent d'envahir nos enceintes.
par Tahiti Raph