Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
  • : Au confluent des musiques électroniques, du rap et des autres styles, ce blog, ouvert et curieux. Chroniques de l'actualité des sorties IDM, électronica, ambient, techno, house, dubstep, rap et bien d'autres encore...
  • Contact

Recherche

Archives

Catégories

5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 13:28

Sortie : novembre 2010

Label : Project: Mooncircle

Genre : Electronica

Note : 4

 

Originaire de Vladivostok en Russie, Pavel Dovgal a bougé en Ukraine avant de se lancer sérieusement dans la musique électronique en 2008 par des mélanges de rap avec d'autres instruments et différents sons. Il sort son premier album, Cassiopeia, avec la tête dans les étoiles et une idée assez large des routes stylistiques qu'il veut emprunter.

 

Le dub vaporeux d'intro est trompeur, car Pavel Dovgal fait plutôt dans l'électronica puisant tantôt dans l'influence de Flying Lotus (Girango), prenant une direction plus paisible presque ambient (Parade Planet) ou vaquant à quelques errances électroniques (Sacred Chants Of Shiva). Si la première voie est souvent celle qui lui réussit le mieux (les crépitements vibrants de Quant Magic), les autres sont un peu décevantes sur la longueur (Lyla Bird un peu mou). Avec des titres courts à l'évolution réduite, le Russe doit être percutant, ce qu'il n'est pas toujours. Ses mélodies et ses rythmiques, ajoutées à des samples de chants fantomatiques, créés un univers uniforme et séduisant, mais qui manque parfois un peu de folie. Il démontre pourtant sur Blue Phoenix qu'il est capable de sortir des sentiers battus pour un titre un peu à part, assemblage d'une harpe, d'une voix parlée en russe et d'une musique traditionnelle semblant émaner d'une tribu reculée. A d'autre moment, il donne l'impression de ne pas exploiter à fond son potentiel et tourne un peu en rond après avoir montré de bonnes intentions (Salzburg). Nous préférerons l'énergique LA sur lequel il fait méchamment vrombir ses basses.

 

Pavel Dovgal nous laisse donc un peu le cul entre deux chaises : séduit par son univers et sa qualité de production, mais un peu décroché par la linéarité de certains morceaux.

 

http://www.projectmooncircle.com/files/pd_cassiopeia_cover_preview_480x480px75dpi.jpg

par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 18:38

Sortie : novembre 2010

Label : Ninja Tune

Genre : Exercice de DJing

Note : 6

 

King Cannibal a grandi en écoutant Ninja Tune. King Cannibal s'est fait connaître sur Ninja Tune. Logique qu'il se retrouve aux manettes d'un mix qui boucle les célébrations du 20e anniversaire du label. La maison anglaise a débuté avec plusieurs compilations mixées assez audacieuses en termes de mélange des genres, telles que 70 Minutes Of Madness de Coldcut ou les sorties estampillées Solid Steel. Après avoir tenté de se tourner vers le futur avec un coffret trop fourni pour être complètement digeste (chroniqué ici), c'est vers le passé que se tournent les Ninja avec une sélection regroupant plus de 250 titres (listés ici) publiés lors de leurs deux décennies d'existence.

 

Inspiré de l'esprit des origines, King Cannibal a passé trois mois à choisir, découper et assembler cet ensemble impressionnant. Et malgré le côté exercice de style et la variété des composants, l'Anglais réussi à créer une sauce relevé et cohérente. Entre classiques du label, références quasi invisibles, empilages habiles, son mix donne à la fois une image fidèle de Ninja Tune et 73 minutes originales qui s'écoutent agréablement. Bien aidé des logiciels Ableton et Logic, il a pu insérer ses nombreuses sources venues notamment de sa collection perso et d'acapella et instrumentaux inédits.

Le DJ n'a pas vraiment le choix : il entre tout de suite dans le vif de sujet avec une sélection énergique. Déjà 20 morceaux ont défilé quand résonne le I'm The Terrorist de DJ Vadim avec Motion Man. Impossible d'avoir repéré jusque-là tous les titres de The Herbaliser, Prefuse 73, DJ Food, The Bug, Funki Porcini ou Kid Koala. A l'image du 70 Minutes Of Madness, chaque extrait s'imbrique aisément et les multiples références forment un ensemble nouveau homogène. Poirier, The Qemists ou Spank Rock réussissent même à ne pas gâcher la fête.

La première pause arrive sur la neuvième plage, autour de 25 min, où King Cannibal laisse longuement tourner le Walk A Mile In My Shoes de Coldcut avec Robert Owens. La respiration dure dans une brume inquiétante, avant que les rythmes entraînants reprennent, sortis de quelques samples de voix. L'Anglais aux manettes saupoudre sa sélection de chant et de rap sans en faire trop, juste de quoi représenter ce versant du label et les signatures Big Dada. Il le fait notamment par le biais de quelques coups de boutoirs, et d'un durcissement de ton avec des détours ragga, dubstep et autres inspirations plus sombres. A la 14e plage, le virage rock est aussi habilement négocié avec le projet The Slew de Kid Koala ainsi que des morceaux de Cougar et The Heavy représentant la sous-division Counter.

L'apparition furtive de TTC est le signal pour un nouveau changement de direction accompagné de Get Crazy de Poirier avec la voix entêtante de Mr Slaughter. Le mix part ensuite en drum'n'bass, une avalanche des beats toutefois ponctuée de pauses poétiques. Le Snack de Mr Scruff semble être là pour seulement rappeler que King Cannibal a évité la compilation best of trop facile, raison pour laquelle un certain nombre des piliers maisons n'apparaissent que de manière anecdotique sur le disque. Ce qui n'empêche pas quelques fautes de goûts sur les deux dernières plages dont ces guitares électriques en conclusion !

 

En se penchant sur son passé, Ninja Tune rappelle toutes les bonnes choses produites par ses soins, mais met aussi en exergue la baisse de niveau évidente depuis quelques années. Cette compilation est en effet aussi réussie que cruelle...

 

http://www.djfood.org/djfood/wp-content/uploads/2010/09/ZENCD162P-cover-web--636x636.jpg par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 10:23

Sortie : juillet 2010

Label : Glacial Movements

Genre : Ambient

Note : 8/10

 

Dans Ocean Of Sound, David Toop synthétise finement la musique ambient en ajoutant quelques mots au titre "Ambient music, mondes imaginaires et voix de l’éther". Après lecture d’un tel ouvrage (que je ne peux que vous conseiller), on comprend mieux l’impact de la musique de Brian Eno sur nos songes. Trop peu d’artistes ambient arrivent à jouer subtilement avec le temps, dans l’optique de le stopper pour mieux saisir nos émotions. Bvdub fait partie de ces quelques artistes ayant compris que la musique peut aller bien plus loin que son optique initiale. Depuis quelques années, l’Américain, originaire de San Francisco, sort tranquillement ses productions rencontrant avant tout un succès d’estime (intéressante interview ici). L’an dernier, le maxi To Live avait atteint des sommets, flirtant de très près avec le sublime.

 

La sortie de The Art Of Dying Alone permet de retrouver Brock Van Wey sur la longueur d’un album. Et quand on dit longueur, on pèse nos mots. En effet, Bvdub n’hésite pas à dépasser les 20 minutes par morceau pour mieux étaler sa science de l’étirement sonore. The Art Of Dying Alone se compose de seulement six titres pour 70 minutes de rêveries ouatées et fantasmées.

Bvdub travaille le son de manière très personnelle, donnant l’impression que chaque nappe arrive telle une lente vague avant de disparaître sans même que l’on s’en rende compte. Le résultat est assez déroutant et pourra paraître chiant pour les oreilles non initiées. En effet, les rêves de Bvdub n’ont pas pour but de faire étalage d’une technique hors pair, ici tout est question de lenteur. Les vagues de To Finally Forget It All font ainsi lentement place à une écume persistante et emplissant progressivement la plage. Le coucher de soleil devient éternel à mesure que les nappes se superposent dans un déluge fascinant de volupté.

On sent une tristesse permanente dans les travaux de l’Américain, une tristesse échappant à l’emprise du temps, comme si chaque morceau n’était qu’un prétexte à la contemplation mélancolique. Lorsqu’un piano distribue quelques fines notes sur Nothing From No One, on pense irrémédiablement au romantisme de Debussy (que Toop cite d’ailleurs souvent en tant que précurseur de l’ambient) et la façon d’étirer indéfiniment le temps fait penser aux travaux de l’immense Keith Fullerton Whitman. Cependant, The Art Of Dying Alone pâtit indirectement de ses qualités. Les six titres ont tendances à trop se ressembler et parfois, le disque se fait redondant par manque de remise à plat.

 

The Art Of Dying Alone demeure un album d’ambient capable de provoquer des rêves insondables. Rien que pour cela, on ne peut que s’incliner. Bvdub demeure un artiste rare et précieux dont la musique est bien plus qu’une simple échappatoire.

"Les auditeurs flottent dans cet océan ; les musiciens sont devenus des voyageurs virtuels, les créateurs du théâtre sonique, les émetteurs de tous les signaux reçus de l’autre côté de l’éther." (D. Toop)

 

http://www.tokafi.com/static/2010/07/Bvdub%20Art%20of%20Dying%20Alone.JPG

par B2B

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 09:25

Sortie : 25 octobre 2010

Label : !K7

Genre : mix electronica foutraque

Note : 7,5/10

 

L’exercice du mix reste un art mineur dans la musique. Seule la musique électronique arrive à transcender sporadiquement cette tentative d’éclatement sonore. Une des rares séries à s’en sortir avec les honneurs reste celle menée par le label !K7 par le biais des compilations DJ Kicks. L’idée est de laisser l’artiste contrôler totalement son mix, sans aucune contrainte si ce n’est celle d’y ajouter un morceau inédit. Récemment, James Holden s’en est sorti avec les honneurs avec un mix psyché hallucinant. Apparat semble avoir compris la leçon et son DJ Kicks prend la voie tracée par le boss de Border Community.

 

Trop souvent, le mix électro se limite à une parabole : lente montée suivit d’une descente progressive. Apparat préfère jouer les montagnes russes dans un tracé évitant toute linéarité. Ce DJ Kicks est un joyeux bordel euphorisant où les fines respirations se disputent avec de grandes envolées planantes. Il n’est aucunement question de techno mais plutôt d’une gigantesque partouze mêlant avant tout l’électronica et le dubstep. Le résultat est un mix foutraque indomptable mais follement captivant.

Dès les quatre premiers morceaux la messe est dite et la parabole consommée, on se mange une énorme montée et la cavalerie est lâchée avec le Rushed de 69 avant une redescente aérienne marquée par l’Interlude d’Apparat. On saisit d’emblée la volonté de l’Allemand de ne jamais prendre le chemin que l’on soupçonnait. Même s’il n’évite pas les clichés comme le fait de mixer le Miniluv de Martyn, sans doute un des artistes les plus playlistés depuis 2 ans. Même si parfois les enchaînements sont trop violents comme lorsque déboule sans prévenir Pantha Du Prince, on ne peut que s’incliner devant tant d’aisance et d’ouverture musicale. Il réussit ainsi le pari fou d’enchaîner avec maîtrise deux titres improbables, le Failing de Scorn (remixé ici par les inmixables Autechre) avec le I Need A Life de Born Ruffians (remixé par Four Tet). Et quand Apparat joue avec nos émotions, on frôle l’extase comme lorsque le sémillant dubstep du Tempest de Ramadanman se mêle au sublime crève-cœur d’Harrodown Hill de Thom Yorke.

 

Ce DJ Kicks d’Apparat est un mix parfait, ne souffrant d’aucune faute de goût. Et quitte à enfoncer définitivement le clou, Sayulita, le morceau inédit proposé par l'Allemand réussit à synthétiser à lui seul l’ampleur de ce mix qui risque de hanter longtemps vos oreilles.

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/3/2/0/0730003727023.jpg

par B2B

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 16:13

Sortie : juillet 2010

Label : DMZ

 

Derrière Digital Mystikz, se cachent Mala et Coki. Co-fondateurs du label DMZ, qu’ils gèrent avec Loefah, le légendaire duo s’est implanté comme pionniers et fervents représentants de la scène dubstep londonienne, et ce depuis les balbutiements du genre. Les soirées DMZ notamment, attestent très vite de leur crédibilité. A deux, Mark Lawrence et Dean Harris sortent une quantité de maxis depuis 2004, sur DMZ comme sur Soul Jazz ou Tectonic. Return II Space est leur premier album, enfin plutôt celui de Mala, car lui seul se dissimule derrière la production.

 

Attaché à ne pas en démordre au syndrome maxi, intrinsèque au dubstep, Mala réalise Return II Space en six pistes, divisées en trois vinyles inédits. Si l’on peut rapprocher Digital Mystikz de producteurs comme Benga ou Skream, il est infiniment agréable de voir que Mala lui, ne s’est pas vendu, et que la qualité de ses releases perdure. Return II Space apparaît comme un disque de très bonne facture, et qui démontre une solide filiation avec des productions qui sortaient il y a 4 ou 5 ans. Avant la débauche, en gros. On retrouve cette façon de concentrer assez peu d’éléments, comme pour accentuer l’essentiel : la sub-bass, un beat puissant et une mélodie souvent fractionnée et entêtante. L’aspect répétitif et hypnotique s’avère capital, et parfaitement maîtrisé. Pour ce qui est de l’effet enivrant que provoque la répétition, lorsqu’elle est subtile, Return II Space n’a rien à envier à des productions de techno ou de house. Tandis que le claquement indolent des beats frappe juste et fait hocher du crâne, les synt-tones, les delays et autres échos dressent un décor incroyablement vaste, et plus je me dis que cet album défonce. Le rendu en live doit être cataclysmique.

Unexpected a des air faussement naïfs, Pop Pop Epic, au contraire, sonne comme une marche belliqueuse, répétant inlassablement "souljah". Avec son évolution oppressante et sa fin jouissive, le monstrueux Mountain Dread March risque d’en heurter plus d’un, malgré un certain hermétisme. Enfin la dernière séquence de deux cumule calme planant et stress sur-vrillé avec le très beau Livin’ Different et le Return II Space de clôture. Seul Eyez m’aura paru un brin agaçant.

 

Si l’intégrité avait un sens en musique électronique – et elle en a forcément un - Mala ferait figure de sage incorruptible. Le son estampillé Digital Mystikz a toujours eu un grain unique en son genre, et de réelles influences jamaïcaines, auquel Return II Space fait honneur. Le format court (à peine plus de 30 minutes) est même profitable, à la vue de la densité des morceaux. Alors de grâce, fuyez Magnetic Man et jetez vous là-dessus.

 

mala.sleeve.art_.2222.jpg

par Manolito

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 01:01

Sortie : septembre 2010

Label : Warp

Genre : Liquid hip hop

Note : 6

 

2010, année du Lotus. Avant même son troisième album, Cosmogramma (chroniqué ici) , le producteur californien avait déjà marqué cette année de son empreinte. Les sorties influencées par la scène dont il est la tête de pont se sont multipliées au fil des mois et son label Brainfeeder s'est imposé (notamment avec l'album de Lorn chroniqué ici) au point d'en faire un acteur incontournable de la musique électronique de ce début de XXIe siècle. Il se démarque par une patte particulière et grâce à une productivité impressionnante. A peine quelque mois après un long format déjà bien bavard, il revient avec sept nouveaux titres.

 

Pas question de changer une formule qui gagne. Ce nouveau maxi reste dans l'esprit de ses travaux précédents : de l'électronique lointainement inspiré des instrumentaux rap, mais s'en éloignant de plus en plus pour donner vie à son univers extensible. Par des titres courts et percutants, il continue d'explorer les contours de ce monde de numérique qu'il agrandit sans cesse. A l'image des robots du clip de Kill Your Co-Workers qui exécutent violemment des humains (voir le clip ici), Flying Lotus repousse les limites de son champ d'exploration en supprimant les règles posées par ses prédécesseurs. Avec cette rythmique drum'n bass et ces sons 8-bit, il ouvre de nouvelles possibilités à sa musique. Les autres titres de cet EP nous avait pourtant fait croire qu'il allait se contenter d'en rester aux frontières qu'il s'était posé par le passé. Mais le producteur n'a pas fini de vouloir décrire le futur de sa propre musique.

S'il reste toujours bref, c'est pour mieux nous laisser sur notre faim. Pour mieux nous lancer aussi, même s'il nous laisse tomber assez vite, redonnant l'instant d'après un nouveau coup de fouet. Les morceaux se succèdent dans un même esprit avec de simples variations qui font mouche à chaque fois. Clay nous fait décoller, Time Vampires nous envoûte puis l'on se demande quel va être son prochain tour. Flying Lotus est comme un magicien qui nous ensorcelle à chaque fois même si l'on a l'impression de connaître le truc. Pourtant, il arrive à nous faire perdre nos repères comme sur Jurassic Notion/M Theory où l'on ne sait plus très bien où l'on se trouve. Il s'est joué de nous et on a encore envi de jouer, de se laisser enivrer par ses sonorités simples qu'il manipule avec une grande habileté. Si certains se sont perdus dans sa technicité, ils se retrouveront dans la mélodie plus enchanteuse de Camera Day.

 

Difficile de savoir combien de temps l'Américain tiendra dans son style, mais il est une nouvelle fois convainquant avec ce maxi qui prolonge brillamment ses expérimentations électroniques. Chroniques électroniques le citera donc encore un moment en référence...

 

http://media.warp.net/images/WAP308Packshot_480.jpg

par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 18:45

Sortie : novembre 2010

Label : Project: Mooncircle

Genre : Abstract hip hop

Note : 6

 

Régulièrement, le label Project: Mooncircle sort des compilations afin de faire une revue d'effectifs et de montrer la diversité des sons qui cohabitent dans son giron. Pour cette nouvelle livraison, la vision de la Russe Jinna Morocha, qui rêvait d'aller sur la lune, a servi de fil conducteur aux 27 artistes conviés, dont huit figurent en "bonus" dans la version numérique.

 

Le voyage sera long, mais confortable. Il commence sur des airs de jazz avec l'excellent After 4 AM de Long Arm, ce sillon est creusé un temps avant de s'ouvrir vers d'autres horizons, gardant toujours une influence rap à l'esprit, mais puisant surtout dans un groove électronique apaisé. Dela sort une guitare jazzy et une batterie entraînante, Dexter fait dans l'électronica envoûtée, tandis que Robot Koch et Flako cherchent l'inspiration du côté du glitch-hop.

Ce début confortable, même si parfois un peu tendre, est propre à l'esthétique du label : des productions léchées qui s'imposent avec une certaine évidence. C'est le cas pour les deux représentants japonais déjà évoqués sur Chroniques électroniques, Himuro Yoshiteru et Daisuke Tanabe (présents sur Finest Ego - Japanese Beatmaker Compilation, chroniqué ici), qui sans sortir du lot proposent des instrumentaux rêveurs bien menés. Trop facile ? Juj et Myown viennent contredire cette idée avec des morceaux inventifs et ludiques. Ces deux artistes élargissent le spectre des possibles, tout comme le glitch-hop de Killing Skills ou celui de Gards From Kc. Celle qui a initié ce disque est invitée à partager une piste avec Comfort Fit (un producteur russe repéré sur le label Error Broadcast avec son maxi Private Primate chroniqué ici) pour un obscur trip downtempo.

Pour ceux qui seraient lassés des instrumentaux, John Robinson et Andy Kayes se lancent dans deux rap aux productions électroniques sombres qui collent bien au reste du disque. En revanche, Underwater, chanté par Graciela Maria, passe un peu moins bien... la seule fausse note !

 

Le futur s'annonce donc radieux pour Project: Mooncircle qui nous offre une compilation d'une rare richesse et d'une cohérence dans la diversité maîtrisée.

 

http://www.projectmooncircle.com/files/pmc069_cover_480px.jpg

par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 12:49

Sortie : 16 août 2010

Label : M_nus Records

Genre : Techno minimal

Note : 3/10 (pour l'idée de la compil, non pour les morceaux)

 

Plastikman (aka Richie Hawtin) est le maître absolu pour tout fan de techno. Touche à tout aussi brillant dans le domaine de la techno pur que dans celui de l’électronica torturée et l’ambient sombre, depuis le début des années 1990 il a explosé les carcans pour mieux redéfinir les contours de la musique électronique. Impossible de renier l’héritage de Plastikman car, même aujourd’hui, son récent live ressemble davantage à une gigantesque messe qu’à une simple tournée best-of.

Et pourtant, le pseudo Plastikman s’est effacé depuis de nombreuses années et la sortie de Closer en 2003. Le créateur a laissé la place au producteur Richie Hawtin qui écume les clubs de la planète. On se rend alors compte que la carrière de Plastikman tient en 7 albums se concentrant en à peine 10 ans de carrière. Alors qu’un gigantesque coffret (14 CD + DVD) est prévu pour la fin de l’année, Kompilation fait aujourd’hui figure d’hors d’œuvre, comme un vulgaire best-of jeté en pâture aux consommateurs négligés.

 

Toute la force des albums de Plastikman repose dans l’immersion, dans la proposition d’un trip insondable où la techno se veut autant organique que synthétique. De l’acidité de Sheet One à l’introspection de Consumed, chaque album possède sa propre identité. Vouloir compiler 10 ans de carrière en seulement 8 titres relève davantage du plan marketing foireux que d’une véritable mise en valeur du patrimoine électronique laissé par Plastikman.

Le problème ne vient donc pas des morceaux en eux-mêmes. En effet, que ce soit avec la machine acide de Plasticine, le bol de Rice Crispies vous explosant les neurones de Spastik, l’extasié et précurseur Marbles, l’insidieux Contain ou encore le sombre Ask Yourself, chaque morceau se révèle profondément intemporel et contemporain. Plastikman travaille chaque son, le module, le compresse, le dilate, pour mieux le transfigurer et ainsi pénétrer notre cerveau. C’est autant vicieux qu’imparable. C’est tout simplement la définition de la techno mentale chère à Richie Hawtin et M_nus.

Non, le problème ne vient pas de là mais de cette tentative foireuse de tout mélanger au risque de se révéler trop réducteur. Ainsi, Kompilation se limite à l'aspect purement techno de Plastikman en tentant de résumer maladroitement 10 ans d'innovations électroniques. La techno de Plastikman n’est pas faite pour être rapidement assimilable, elle demande du temps, de la concentration, une volonté de pénétrer dans un vaste continent et non dans une tentative de survol grossier (on s’est d’ailleurs retrouvé face au même souci lors de sa dernière tournée où il s’est avéré bien plus pertinent sur un live de 2 h comme au Time Warp que sur une version raccourci d’1h comme à la Villette Sonique).

 

On sait bien que la techno de Plastikman n’est porteuse d’aucun message mais là, on sent le coup publicitaire et c’est emmerdant. Les néophytes et les connaisseurs devront donc attendre patiemment le coffret à venir qui permettra de vraiment se replonger dans l’univers du maître.

 

http://www.tcbmedia.eu/images/news/20100721-Plastikman_annonce_sa_Kompilation-1279709539.jpeg

par B2B

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 12:15

Sortie : 13 juillet 2010

Label : Perlon

Genre : House

Note : 7,5/10

 

Wareika est le projet house de trois Allemands, Florian Schimacher, Henrik Raave et Jakob Seidensticker. Nos trois compères officient tranquillement dans l’ombre, se contentant de sortir confidentiellement leurs productions pourtant hautement qualitatives. Tout amateur d’Henrik Schwarz et de house-jazzy racée se doit de posséder leur dernière création : Harmonie Park.

 

Il s’agit du deuxième long format du groupe sortant cette année après l’estimable Formation. Mais là où Formation était un album au sens classique du terme, Harmonie Park préfère jouer la carte du live en proposant une admirable pièce de 63 minutes se divisant en 9 scènes s’emboîtant limpidement.

Harmonie Park a tout de l’épopée jazzy propre à transcender une house de puriste. Ce n’est pas une surprise de retrouver cette release sur l’excellent label Perlon, toujours à l’affut des créations électroniques pour esthètes. En flirtant ouvertement avec l’improvisation, Harmonie Park se révèle immédiatement captivant. Les instrumentations acoustiques se mêlent subtilement aux séquences électroniques.

Dès la Scène 1, on se laisse porter par cette alchimie parfaite entre le piano apaisant et le tempo de plus en plus ralenti et lancinant. Une fois rentrée dans l’univers du groupe, on est happé dans cette atmosphère répétitive mais jamais rébarbative. Petit à petit, le jazz s’efface pour laisser les machines parler. Les Scènes 3 et 4 n’hésitent pas à provoquer l’hypnose, le son se fait plus lourd, plus insidieux et lorsque une guitare fait son apparition lors de la Scène 5, on ferme les yeux de plaisir.

Wareika évite avec brio de tomber dans une house lounge sentant la naphtaline. Ici, tout est classe et intelligemment maîtrisé. Le beat répétitif n’hésite pas à s’entrecouper de fines respirations et lorsque arrive les 12 minutes portée par les cuivres de la Scène 7, le groove est alors imparable. On sent que Wareika est un groupe pétri d’influences diverses allant de Theo Parrish à Fela Kuti ou encore Steve Reich. La Scène 8 supprime ainsi le beat pour s’ouvrir à la création contemporaine et nous plonger en pleine jungle birmane avant un final free-jazz improbable.

 

Harmonie Park est un album d’une classe absolue démontrant que la fusion entre house, jazz et musique répétitive peut parfois aboutir au meilleur. Wareika est un groupe à suivre de très près.

 

http://static.boomkat.com/images/349684/333.jpg

par B2B

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 12:06

Sortie : 4 octobre 2010

Label : Rump Recordings

Genre : Ambient, Dub, Electronica

Note : 8/10

 

Anders Remmer (aka Dub Tractor), Jesper Skaaning (aka Acustic) et Thomas Knak (aka Opiate) collaborent depuis plus de 15 ans. Figure emblématique de la scène électronique danoise, le groupe évolue au travers de divers projets, du nom de D.A.W.N puis de Future 3. En 2002 ils se présentent sous l'alias System pour sortir un album éponyme sur le label allemand Scape, diluant IDM froide et relents de dub à la teutonne. Alors que chacun se consacrait à ses réalisations solo, System réapparaît 8 ans plus tard, pour un deuxième LP sobrement intitulé B.

 

S’il continue de creuser le sillon développé par leur premier essai, B repousse indéniablement les limites encore plus loin. La manière qu’ont ces Danois de traiter le dub paraît particulièrement intéressante. Sorte de compromis entre le minimalisme allemand et la frénésie d’outre-Manche, son incorporation subtile à de l’électronica et à des ambiances inquiétantes fonctionne fatalement. Si B semble s’inspirer bien plus du dubstep que son prédécesseur, que les astres se rassurent, il n’en résulte qu’un certain esprit, jaillissant à l’occasion d’une basse grondante ou d’un beat poisseux et syncopé. L’ensemble en lui-même apparaît comme un flot harmonieux, un bloc constant et ciselé qui se prête mal à la catégorisation. Les atmosphères respirent un ambient ténébreux, libérant des échos troubles et des brumes sonores qui planent à la manière d’un ciel bas et lourd. Entre sculpture burinée du beat et vagues mélodiques saisissantes, B est un disque dans lequel il est bon de pénétrer seul, et d’attendre, le cerveau recroquevillé, que les lentes tornades sonores vous submergent.

Dans les sensations qu’ils suscitent, les titres comportent des aspects délicieusement variés. Des parfums de Rhythm & Sound exhalent des rythmiques collantes de Stanley ou du dubesque Stars. Sur All, WB ou le magnifique Meadow And Stuff, la part belle est faite à un ambient aquatique, bruissant et pulsé, tandis que Would’nt, certainement la plage la plus touchante du disque, marie avec douceur électronica songeuse et 2-step ample et bordé d’échos.

 

A la frontière entre IDM, dub et ambient, ce glorieux deuxième jet ouvre sur un univers sonore à la fois riche, marbré et introspectif. Après les décennies que ce trio a passé à travailler ensemble, ils prouvent avec classe que leur capacité à innover et à captiver demeure sans faille. Gloire à eux. 

 

rumpcd013.jpg

par Manolito

Partager cet article
Repost0