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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 19:09

Sortie : septembre 2011

Label : New Deal Records

Genre : rap instrumental / rap

Note : 6

 

Doctor Flake trace depuis 2003 sa route en toute indépendance, développant un rap instrumental posé et introspectif. Le Français a développé peu à peu son réseau et partage de plus en plus son univers intimiste avec d'autres artistes. Son quatrième album reste dans cet esprit, avec toutefois une touche un peu plus sombre qu'à son habitude.

 

Le son du producteur est assez facilement identifiable. Des nappes légères et discrètes, un beat indolent, une douce mélancolie et un rapport au temps distancié. Cette formule perdure tout au longs des dix titres. Les quatre en solo sont dignes de la qualité à laquelle il nous a habitué par le passé. Dès le Lost On The Beach d'ouverture, on retrouve des mélodies séduisantes, une guitare attirante et des voiles sonores qui vont et viennent sobrement. Swell Line ou le contemplatif Walk On The White Side sont d'autres passages instrumentaux agréables à l'écoute, mais qui passeront peut-être un peu inaperçus au milieu du reste.

Du côté des collaborations, Nawelle Saidi pose sa voix à la Beth Gibbons sur un flot de saturation qui berce tranquillement la nuque. La rencontre de la souplesse face à la dureté. On remarque aussi le spoken word effrayant de Black Sifichi sur le bien sombre et minimaliste Aorta. Miscellaneous de Fumuj fait une apparition propre sur le rap de Followers, tandis que Vale Poher réussit mieux sa tentative en français que celle en anglais qui clôt le disque de manière un peu facile. Des interventions diverses qui se fondent dans le monde du docteur.

 

Le Français garde sa formule éprouvée n'apportant que de rares touches de nouveautés avec les invités. Ceux qui connaissent déjà ses précédentes oeuvres peuvent s'en passer, les autres ont ainsi l'occasion de le découvrir.

 

http://f.bandcamp.com/z/37/83/3783155514-1.jpg

par Tahiti Raph

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 22:55

Sortie : septembre 2011

Label : Hymen Records

Genre : Dubstep viril

Note : 8/10

 

Est-il encore possible que les lecteurs de nos lignes ne sachent pas qui est Hecq ? Baptisé Ben Lukas Boysen par ses glorieux géniteurs, il est probablement l'artiste électronique le plus talentueux et le plus génial depuis la retraite anticipée d'un certain Aphex Twin. Des albums tels que Scatterheart ou Night Falls doivent aujourd'hui encore figurer dans toute discothèque électronique intelligente qui se respecte. Il demeure fidéle à Hymen depuis ses débuts, même si sa proximité avec le dirigeant d'Ad Noiseam l'a logiquement poussé à y sortir ses premiers essais dubstep. On se souvient forcément de Sura, qui attribua couilles et pilosité fournie à un genre qui en manque cruellement. Ce monsieur sait diversifier ses activités, j'ai entendu dire que lui aussi (encore un) était architecte de formation. Sa probable passion pour les édifices l'a logiquement conduit à s'intéresser au sound design. Il a donc bâti les enrobages sonores de pléthore de publicités et de courts métrages. La récente intégration de Sura à la B.O du nouveau Assassin's Creed va probablement le propulser vers d'autres sphères. On entendra bientôt dans certains cercles (qu'il n'est pas nécessaire de désigner ici) des conversations comme celle-ci : "Tu connais Hecq mec ? C'est dubstep et c'est nouveau". On préférera nier d'un hochement de la tête et sourire, à la manière des derniers aigris, solitaires et magnifiques.

 

Il y a quelque part à la pointe du menton un point d'acupuncture que la corporation des gladiateurs du noble art connaît bien. L'uppercut est l'arme la plus adaptée pour approcher cette infime surface et jeter son adversaire au tapis en un instant, lui offrant une sorte de déflagration cérébrale qui lui conférera par la suite béatitude puis inconscience. Voilà ce que propose Hecq avec Avenger. En maître incontestable des cuts, il fait convulser le beat comme un boxeur sonné, ordonnant à l'auditeur de garder une certaine distance de sécurité pour ne pas se heurter à ses basses vicieuses et ondulées. Le combattant revêt son masque et prend des allures de héros, anonyme mais épique. Refusant de se réfugier sur ses seuls muscles saillants et affûtés, il use d'une technique implacable, presque irrespectueuse vis à vis de concurrents pourtant aguerris. Pour être plus concret, Hecq terrasse le dubstep en refusant d'incarner les poncifs. Définitivement épique, on peut même trouver une certaine mystique sur certains titres, semblables aux cérémoniels qui précèdent certains combats en Amérique du Sud. Tourne toi vers ton créateur avant de pourfendre ton ennemi ou de succomber sous ses coups. Voilà ce que semblent dire certaines voix et certains claviers profonds, entendables sur le costaud With Angels ou le plus atmosphérique Reprise. Ce n'est probablement pas des voix d'anges qui apparaissent sur l'interlude scarymooviesque Lynn And Nicolas Call. Même trafiquées, on peut supposer que ce sont celles de Nicolas Chevreux et d'Enduser. Voilà pour ma petite spéculation anecdotique, qui apportera au moins autant à l'oeuvre que les remixes qui ferment l'opus. Si je faisais une petite pause dans mes diatribes anti-remixes, je dirais que ceux de Architect, Trifonic ou Deadfader sortent un peu de l'ornière de la convention. L'érudit (ou l'aigri chiant et puriste) préfèrera les coups de butoirs agrémentés de réacteurs d'avions hurlant et de voix hybrides haranguant l'auditeur vers le ring d'un dancefloor définitivement musclé. Si Pulverized, Shutter et Nihilum, de par leurs vertus anihilantes, ont ma préférence, d'autres auront également du plaisir à retrouver Matta sur une Suture bien cousue.

 

Quand un maître de l'IDM et du sound design fait du dubstep, ça a tout de suite une autre gueule. Voilà qui ne me fera pas changer d'avis à propos de ce genre surestimé et plus que soluble sur la durée. Hecq est un génie et ça, ça ne souffre d'aucune contestation possible. Il est encore temps de se jeter sur toute sa discographie. C'est un investissement dans la pierre de taille. Sinon, quitte à écouter du dubstep, autant que ce soit du Hecq.

PS : Ceux qui souhaiteraient acquérir la version limitée se verront offerts un masque de catcheur. De quoi faire le beau sur le dancefloor...

 

http://www.israbox.com/uploads/posts/2011-09/1315577076_cover.jpg

par Ed Loxapac

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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 15:31

Sortie : juillet 2011

Label : Tympanik

Genre : Ambient, IDM, Industrial

Note : 8/10

 

On ne compte plus les artistes passionnants dans les sphères électroniques rugueuses qui viennent à la base de la scène metal. Alexander Dietz, est de ceux là, s'accordant une pause inspirée en parallèle de son groupe Heaven Shall Burns pour signer son premier album solo chez Tympanik Audio. Bénéficiant d'un artwork et d'un packaging exceptionnel, ce premier essai d' Erode a bénéficié d'un joli travail de communication et du salut de poids lourds de la scène. L'intervention de Mike Cadoo (Dryft, Bitcrush, Gridlock) à la production suscite encore plus l'intérêt. Play it Loud !

 

Comme l'évoque l'artwork, cet album est comparable à un container recelant des objets et des reliques amenés à traverser les époques et à se crasher en zone décharnée. Si les influences de Beefcake (pour l'ambient) et de Gridlock (pour l'aspect rythmique et le caractère émotionnel) sont incontestables, l'allemand presse ici un contenu définitivement bien installé dons son époque. En membre éminent de groupe à guitares, il laisse transpirer des effluves de post-rock et de shoegaze à sa musique. Il y a parfois ici des réminiscences qu'on peut avoir déjà croisé chez n5md. Le vrai talent d'Erode est de parvenir à unir un ambient profond, presque spatial, à un beatwork incisif et complexe. Certains pourront même y trouver peut-être une démarche cyberpunk. Dès les premières secondes de 10950, ce sentiment impressionnant de charge et de puissance a immédiatement quelque chose de captivant, même si on est plus vraiment étonné de trouver cette dimension chez Tympanik. Tel un canevas d'intrigues, de tensions et de contrastes, où les visions d'apocalypse et de luxuriance rentrent en collision avec subtilité et intelligence, Erode révèle un Horizon ambivalent, à des années lumières des clichés "darkside" émoussés jusqu'à la garde par toute une génération de beatmaker. Les excellents titres Wither et Annoy sont souillés de toute cette parcimonie de puissance et de toute cette variété dans les tribulations sonores explorées et suggérées. Brillant. Le reste de l'ensemble est difficilement critiquable, tant le voyage est homogène et fascinant. Le sublime Disengage aurait été parfait pour se retirer de cette odyssée en territoire sombre et spatial si il ne précédait pas deux remixes plus que dispensables. Je préfère ne rien dire à propos du détestable Brutal Romance et de son parfum vocal eurodance qui révèle ici plus qu'une légère faute de goût. Si cette grossière erreur n'était qu'ioslée, il n'y aurait que très peu de raisons de s'alarmer. Mais bien trop d'excellents albums se montrent actuellement entachés de remixes nauséabonds.

 

Sans cela, Horizon est un album qui révèle ces trésors originaux au fil des immersions. Peu convaincu au départ, je constate qu'il s'impose progressivement au rang de splendide réussite. Il y a de fortes chances qu'il s'installe dans la durée parmi les plus belles réalisation du genre de l'année. Probablement plusieurs d'entre vous comme moi, souhaiteraient voir Erode collaborer avec un certain Access To Arasaka. Les écoutes de leurs albums respectifs témoignent d'une complémentarité évidente. Le rêve est donc permis. Mais par pitié, sans remixes.

 

http://tympanikaudio.com/wp/wp-content/uploads/horizon-cover-web.jpg

par Ed Loxapac

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 16:21

Sortie : Août 2011

Label : Leaving Records

Genre : Néo-classique, expérimental, électro-acoustique

Note : 7/10

 

Jusqu’à maintenant, on était habitué aux escapades électronica-psyché de Leaving Records. Matthewdavid, le big boss, a réussi à créer une véritable identité sonore autour de son label. Vous nous avez maintes et maintes fois entendu parler de cette fameuse scène de Los Angeles. Entre les sorties Brainfeeder et toute la clique végétant autour de Matthewdavid, il y a eu l’éclosion d’artistes potentiellement fascinant. Maintenant que le soufflé est en train de lentement retomber suite à l’arrivée des inévitables vautours, il est temps de se renouveler. Et justement, c’est par l’entremise de l’énigmatique Julia Holter que l’on va peut-être trouver matière à prolonger nos songes.

 

Julia Holter est une illustre inconnue issue de Los Angeles et Tragedy est son premier album. Bon, inutile de vous précipiter sur ce dernier, il est déjà épuisé. En même temps, le principe de Leaving Records c’est de vendre ses albums en petit quantité afin de susciter la convoitise. Le fait de ne vendre les albums qu’en format cassette ne peut que titiller les hipsters. Pas de bol pour eux, ce coup-ci l’album fut vendu uniquement en format vinyle, format de prédilection des hypeux de l’ancienne école. Mais bon, les velléités marketing, après tout, on s’en branle.

La musique de Julia Holter est un sombre bordel. Dès l’intro en forme de collage surréaliste, on comprend qu’on n’aura pas affaire à un énième album d’électronica lo-fi contemplatif, labellisé LA. Ce coup-ci, c’est l’ouverture vers tout un pan de l’électro-acoustique qui s’immisce dans nos conduits auditifs. Tragedy repose sur une utilisation permanente du field-recording mais uniquement dans le but de nous semer. Les sons s’enchaînent sans jamais faire sens, on ne comprend pas où veut en venir Julia et c’est justement cela qui est intéressant. Ainsi, Celebration, morceau phare de l’album, n’hésite pas à débuter par 4 minutes d’électro-acoustique hasardeuse avant de lâcher un beat tranquille et de faire lentement monter la pression. La voix aiguë de Julia, qui parle plus qu’elle ne chante, nous accompagne alors dans cette étrange déambulation.

Même si l’électro-acoustique demeure ainsi que l’idée de composition néo-classique, chaque morceau déploie de nouvelles idées. Try To Make Yourself A Work Of Art convoque la magie noire en faisant penser à Demdike Stare, The Falling Age lorgne du côté d’une dark-ambient fantômatique aux faux airs de BO de Badalamenti, Goddess Eyes utilise le vocoder pour une comptine titubante. Mieux vaut se laisser porter plutôt que de vouloir chercher une réponse. Il n’est pas question de juger de la qualité des compositions mais plutôt de se limiter au ressenti.

 

Tragedy est un ovni musical. On fait face à un objet hybride. S’agit-il réellement de musique ? Pas sûr. L’essentiel est de se concentrer sur soi, sur sa capacité à interagir avec les sons. Julia Holter a indéniablement quelque chose à raconter, il nous reste plus qu’à apprendre son langage. Cette nouvelle signature californienne nous ouvre à nouveau les portes de la perception.

 

http://cc3.upanh.com/27.429.34696442.h280/juliaholtertragedylr015web2011bnp.jpg

par B2B

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 16:34

Sortie : septembre 2011

Label : Ohm Resistance

Genre : Power dubstep

Note : 8/10

 

Si vous aussi, vous en avez marre du dubstep pour troisième âge ou clubbers mainstream, suivez le Pingouin, car voici une des plus grosses déflagrations dubstep jamais entendues ! La guerre qui se joue ici entre le russe Melamin et l’américain Wicked Sway est tout sauf froide, et ce Metamorphosis sorti sur l’excellent label Ohm Resistance condense toute la violence d’un genre musical pourtant en voie de faire faillite, ou de lancer une OPA hostile sur le sucre Candy.

 

Après deux EP remarqués en 2010 et 2011 (Neuro Dub et Cheaper to die), voici le premier LP de ce duo réuni pour l’occasion par Kurt Gluck, le boss de Ohm Resistance. Loin donc des Shackleton et autres artisans de dubstep demi-écrémé, mais également beaucoup plus violent que les excellents Vex’d, Matta ou Niveau Zero, ce Metamorphosis replace toute la puissance du bass-vomiting au cœur du propos. Car ce n’est pas de simples wobbles dont il s’agit, mais d’un véritable grand-huit de basses dont les montées, descentes, vrilles et loopings retournent le crâne et l’estomac  à très grande vitesse. La prod’ aux petits oignons rend de plus parfaitement audible chacun des assauts sonores que l’auditeur aura à subir.

L’introductif Bullet, en featuring avec Mark Instinct, nous plonge directement dans ces déluges de basses à couper au couteau, sur un substrat symphonique qui, une fois n’est pas coutume, réussit à être crédible. Les morceaux suivants, Dance with me et Double line ralentissent un peu les bpm, mais pour mieux asseoir des rythmiques écrasantes au matraquage groovy. Les titres 49904 et Contrast proposent des constructions plus sombres, installant des ambiances dark pour mieux les marquer de ces scansions vertigineuses qui parviennent à déployer des wall of sound à vous en allonger à terre en signe de soumission.

Tandis que Checkpoint continue à massacrer conscieusement vos enceintes et votre intégrité auditive, c’est au morceau éponyme que revient la tâche de transformer vos tympans en conduits à goudron, dans une atmosphère proche de la scène anglaise originelle, mais dopée à d’importantes doses d’amphétamines. Ultime assaut, ce City of Angels, à l’atmosphère cinématographique, passe au mixeur les vocaux faussement poppy de AnnGrey, pour un dernier tour de ce manège infernal.

 

Melamin & Wicked Sway parviennent à réaliser ce qui n’arrive que deux ou trois fois par ans : un putain de LP dubstep, rugueux, violent, intransigeant, sans compromission. On imagine une interview avec eux, le duo ne lâchant pour seule réponse aux questions du pauvre journaliste venu se jeter dans la gueule du loup : « just fuck ». What else !?

 

http://www.chartsinfrance.net/images/4/IUS/886788046757.jpg

par Pingouin Anonyme

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 22:55

Sortie : août 2011

Label : Alphapup

Genre : Glitch-Hop

Note : 5/10

 

L'année dernière, le projet de Chris Alfaro se révélait comme une des meilleures surprise de 2010. Membre éminent de ce qu'il convient aujourd'hui d'appeler "la scène abstraite californienne", Free The Robots a fait le bonheur de ceux qui ont eu la chance de le voir s'exécuter en live, comme lors des désormais reconnues soirées Low End Theory. Influencé aussi bien par le jazz que par des racines plus psychédéliques, Ctrl Alt Delete (chroniqué ici) a donc posé des bases qui laissent augurer de très belles promesses. Ce Ep arrive donc à point pour se faire une idée sur les capacités de l'américain à oeuvrer dans la durée.

 

Même si il est difficile de se faire une avis clair avec si peu de matière, il convient tout de même de constater que la musique de Free The Robots connaît la même stagnation que le genre hybride dans lequel il officie. Ce nouveau genre, qualifié de hip-hop de geeks par certains observateurs, avait à l'époque suscité un engouement à la hauteur des limites qu'il étale aujourd'hui. Dommage, mais malgré tout classique. Mais revenons malgré tout à l'objet du jour, au lieu de spéculer sur ce qui se tramerait en coulisses. Si le choix des drums est toujours du meilleur goût, l'ensemble vient parfois se parer de turbines ronflantes aisées et néfastes (The Free) ou d'excès 8-bits définitivement obsolètes même à l'ère du vintage revival (The Mind's Eye). Alors heureusement que Prototype B vient quelque peu renouer avec l'émulation d'hier, surtout dans sa capacité à superposer des strates improbables pourtant diablement complémentaires. Il faut parfois avoir le courage et l'intelligence de demeurer downtempo. Beau titre. Tout comme sur la funèbre, burlesque et pourtant entraînante Dance Of The Deadbeat. Voilà ce qu'on est en droit d'attendre de Free The Robots. Même si tout cela ne contient rien de vraiment nouveau. On a même parfois l'impression d'écouter du bon, mais trop vieux son Ninja Tune. Rattlesnake contient aussi de bonnes choses, mais les percussions plus naturelles sont desservies par leurs accords avec des écorchures digitales bien trop convenues pour être vraiment honnêtes. Dommage.

 

Il faut dire que ce genre de formats courts a souvent pour vocation de simplement mesurer les réactions avant la sortie d'un long format plus abouti. Espérons le, car ces titres bien trop courts laissent entrevoir une déception potentielle bien plus large. Free The Robots semble vouloir prendre le risque de ne rien renouveler en espérant faire aussi bien. Pas très couillu, mais à l'image du genre et de son fer de lance : un certain Flying Lotus. Attendons donc la sortie d'un vrai album pour crier à l'arnaque ou pour faire un de nos trop rares mea culpa.

 

http://www.parisdjs.com/images/alpha_pup/Free_The_Robots-The_Minds_Eye_Ep_b.jpg

par Ed Loxapac

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 20:38

Sortie : septembre 2011

Label : Morr Music

Genre : folk-électronica

Note : 7/10

 

A Reykjavik, en descendant la rue Skolavorðustíg, le visiteur mélomane ne peut éviter un arrêt à 12 Tónar. Outre les classiques Sigur Ros, Gus Gus, Björk et autres FM Belfast, vous pourrez découvrir dans ce magasin sur deux niveaux bien d'autres musiciens islandais. Deux petits espaces salons ont été aménagés, avec des lecteurs CD portable sur lesquels vous pouvez écouter ce que bon vous semble, avec le café offert pour plus de confort. Place alors aux compositions classiques et hautement cinématographiques de Jóhann Jóhannsson, aux instrumentaux planants de Skuli Sverrisson ou à la pop fragile de Rökkurró. Parfaites illustrations de ce territoire désertique et enchanteur.

 

C'est toutefois la voix d'une autre elfe échappée de l'île qui nous parvient aujourd'hui. Membre de Seabear, Sóley la multi-instrumentiste s'est lancée en solo l'an passé avec le maxi Theater Island, et propose cette fois ci un long format qui mélange de petites pièces électronica sur lesquelles elle pose son chant qui rappelle à certains Joanna Newsom.

 

A l'approche des montagnes, le vent souffle dans des replis rocheux. Les trolls supris par le jour, perchés immobiles sur leurs crètes, veillent sur l'horizon. On raconte que les peuples de ces monts hostiles peuvent vous apporter bonheur et richesse tout autant que malheur et maladie. Hantés par ces légendes et élevés au milieu de plaines infinies, les artistes islandais sont influencés par la douceur des champs, le rythme apaisé du pays et la splendeur de la nature. Et il y a ce spleen, cette mélancolie extériorisée comme une posture. Sóley n'échappe pas à cet esprit. Le piano en apesanteur, les guitares discrètes, les accords mineurs et cette voix qui pleure le sourire aux lèvres sont à l'image de sa terre d'origine.

Cet univers minimaliste, parfait pour admirer l'immensité, se dégage dès les premières notes de We Sink. Des morceaux de bois s'entrechoquent pour marquer le rythme, le piano se coule dans l'espace, et le chant entame sa complainte. De discrets effets se glissent en finesse dans les instrumentations empruntées. Les sons se doublent, la voix se répond, venant sublimer le subtil écrin organique. Ce folk n'est pas commun. Ces ballades touchent au coeur par leur profondeur si vous vous laissez piéger par ce chant adolescent qui rappelle d'autres timbres de la même provenance. L'accompagnement lo-fi recherche la finesse et la douceur. Les claviers et la guitare électrique flottent sur And Leave et sa batterie étouffée, en mode intimiste, alors que Dance est lumineux, ouvert sur les autres.

Les mélodies au piano donnent de la profondeur, se mêlant à la voix timide. Kill The Clown est ainsi une ballade merveilleuse, rappelant les mondes de Tim Burton, où les cordes vocales se fondent à celles de l'instrument. Des aigus scintillent et le conte se prolonge. La première partie de The Sun Is Going Down accentuent sur les delays, renforçant la présence fantomatique des êtres magiques qui peuplent cet album. Puis le second volet revient à un folk plus classique, toujours aussi mélancolique, avec une Sóley complètement habitée.

 

L'Islandaise se fait la parfaite ambassadrice de son pays d'origine avec ses morceaux touchants et chargés d'une mélancolie propre à l'humeur de ses compatriotes. Un son qui semble émerger d'une maison de poupée tout en collant parfaitement avec les grandes étendues de cette île sauvage.

 

http://www.morrmusic.com/upload/cache/ac94d0a3f45b2bf8ffbc24fd373a50ab.png

par Tahiti Raph

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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 17:04

Sortie : juillet 2011

Label : Tympanik Audio

Genre : IDM industrielle et technoïde

Note : 8,5/10

 

Le duo Ex_Tension représente, avec Normotone (interview et chronique ici et ), une frange toute particulière de l'électro-indus française, celle made in Strasbourg et propulsée sur le label chicagoan Tympanik. Vincent Gendrot aka Vxt et Pierre-Yves Hohmann aka Py composent ensemble depuis 1997. Après un premier EP, Needles, Ex_Tension réalise Desert en 2005, EP autoproduit qui se voit aujourd'hui complété et remasterisé. Entre temps le duo est loin d'avoir chômé. Outre de multiples apparitions sur des compiles du genre, deux albums, Legacy et Freedom sont respectivement sortis sur M-Tronic et Signifier – mais n'ont à tort trouvé aucun échos dans nos pages. Six ans après, Desert s'enrichit de 2 titres inédits et d'un remix à cinq mains, composé par Access To Arasaka, Totakeke, Geomatic, Zentrert Ins Antlitz et Sonic Area.

 

Assister à un live d'Ex_Tension est une expérience qui présente des similitudes avec la sensation de se faire ravaler le faciès par les palles d'un hélicoptère - il suffit d'ailleurs d'écouter Journey pour le sentir venir, l'hélico. A l'occasion de l'exceptionnelle Fête de la Musique Electro-Industrielle, en juin dernier à Paris, le duo avait livré une performance démente, sans répit, suintant la sueur et la corrosion, et avait entrainé le public dans des danses hallucinées. Sur disque, cette même tension moite et hypnotique est à l'oeuvre. Desert trempe dans un bain technoïde et tribal, d'où émergent des flaques d'ambient noir, et des raclements et éructations de turbines en surchauffe. Le plus frappant chez Ex_Tension réside dans le caractère hypnotique, presque hallucinatoire des rythmiques. Les boucles cavalent à des vitesses folles. Les montées n'en finissent plus. Il vient certainement le moment de préciser que Desert, long d'1h12, est composé d'un titre éponyme, de 32 minutes, de trois tracks « normaux », et du fameux remix, de 23 minutes. L'infinitude et la dimension haletante décrites plus haut en sont peut-être davantage explicables. Cet album recèle des capacités d'absorption irrépressibles. N'essayez pas d'aller d'un point à un autre, au moyen de transports on ne peut plus communs, avec du Ex_Tension dans le casque. C'est un coup à se retrouver perdu, angoissé, presque incapable de lire un plan de métro. Desert mène dans des souffleries au bord de l'implosion. Les sonorités ont perdu toute consonance humaine pour psalmodier la gloire des machines et du monde digital, que seules d'éparses nappes lyriques nuancent et illuminent parfois.

Il faudrait presque être culotté pour prétendre à la description de Desert, chef d'oeuvre vicieux long d'une demi-heure. Parlons cependant d'une introduction grêlée et inquiétante, mue par une respiration mécanique, et de l'arrivée martiale des drums, tambours épiques sonnant une macabre promesse de fin des temps, sur fond de gargouilles qu'ont égorge. Jusqu'à la moitié, Desert mute en course sublime, mur sonore idéal à l'expression d'une apocalypse en territoire précolombien. Les sonorités tribales se dressent, des nappes claires embrasent le ciel et l'intensité est portée à son comble. Je n'irai pas plus loin. Des trois titres intermédiaires, ma préférence va à Tension 6. Encore une fois Ex_Tension use de ces beats cycliques et circulaires, cinglant la mélodie de coups de serpe. Contrastant avec le pouls métallique du rythme, s'apparentant à un râle, la trame onirique de ce morceau-ci est à tomber raide de beauté et de divine ambivalence. Quant au remix de Desert, according to les cinq pré-cités, disons que, sans avoir la fantastique progression et la cohérence de l'original, il en résulte quelque chose d'assez passionnant malgré tout. Evoquons simplement l'ouverture d'Access To Arasaka (dont une interview paraitra très prochainement), qui opte pour un fond mélodique translucide et délicat, fait de doux carillons détonnant avec la complexité du part-terre rythmique.

 

Desert est un disque époustouflant, métallique et noir comme la crasse. Le pouvoir qu'il a sur l'auditeur impose le plus grand respect et les fusions de drums sauvages et de lueurs miroitantes ont de quoi rendre fou. Les chanceux strasbourgeois pourront assister samedi prochain, à la release party des albums d'Ex_Tension et de Normotone. Comme pour Desert, ceux qui y passeront s'en souviendront.

 

                                2-2011-02-26-preview-e t-desert-front

par Manolito

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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 10:57

Sortie : 12 septembre 2011

Label : Kompakt

Genre : Techno

Note : 5,5/10

 

Gui Boratto n’a pas vraiment volé son statut actuel. Tête de gondole du label Kompakt, ses disques se vendent comme des petits pains. Après tout, ce n’est pas totalement démérité même si son précédent LP, Take My Breath Away, n’était pas à la hauteur d’un premier album ensorcelant. Lorsque Chromophobia est sorti en 2007, c’est par la finesse d’une techno solaire que Gui Boratto nous a captivé. A l’époque (et même encore maintenant), le single Beautiful Life nous transportait dans une odyssée techno-pop aérienne infinie. Quelques compils et une longue tournée plus tard, débarque le nouvel opus du Brésilien, III.

 

Il est désormais acquis qu’il existe un son "Gui Boratto" reconnaissable dès les premières mesures. La basse est profonde, le trip aérien, l’esprit trancey et les mélodies pop naïves. On pourrait aisément rapprocher ses productions de celles d’un Paul Kalkbrenner, à la différence que Boratto tente d’y insuffler plus de puissance. III répond parfaitement au cahier des charges que le Brésilien semble s’être désormais imposé. Autant on prend du plaisir à replonger dans cet univers, autant on en saisit rapidement les limites.

III n’est pas un album techno foncièrement mauvais, il est même plutôt plaisant dans son ensemble. Malheureusement, les ficelles sont bien trop grosses. On connaît la chanson et la redondance devient rapidement le pire ennemi de Gui Boratto. Chaque morceau ne surprend pas sans pour autant être rédhibitoire. On nage entre deux eaux. Le souci vient aussi d’une étrange exploitation des thèmes et mélodies. Entre les morceaux qui s’étirent (Galuchat) alors que 3 minutes auraient suffit, ceux qui dégagent un impressionnant potentiel mais souffre d’une mauvaise gestion des montées (Stems From Hell) et ceux qui sont parfaitement anecdotiques et font figure de modestes bouche-trous (Trap, Destination : Education), on est bien enmerdé.

Mais le principal problème de III est de miser sur un mixage catastrophique. Pourquoi diable avoir voulu autant compresser le son ? Le rendu ne correspond aucunement à la musique aérienne du Brésilien. Tout sonne plat. Rien ne dépasse. On frôle l’ennui. C’est fichtrement couillon étant donné le fait que certains morceaux auraient ainsi pu sortir du lot et nous propulser dans les étoiles. On sent que Striker possède une énergie rock à la Vitalic mais les montées sont effacées, on saisit le potentiel mélodique de The Third mais rien ne se passe au final et la beauté mélancolique de This Is Not The End est elle aussi annihilée. Quelle déception !

 

Gui Boratto a préféré rester dans ses pantoufles en livrant un album prévisible. Après tout, ce n’est pas un reproche si seulement III n’était pas totalement parasité par une volonté d’aseptisation sonore. Il y avait matière à livrer un album bien plus prenant, un objet puisant sa force dans sa trajectoire aérienne. Mais III préfère frôler l’ennui. Dommage.

 

http://minimalistica.org/wp-content/uploads/2011/09/Gui-Boratto-III.jpg

  par B2B

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 16:36

Sortie : septembre 2011

Label : Laybell

Genre : jeu de samples siphonné

Note : 7/10

 

Extra Pekoe est le producteur de Two Left Ears, groupe français qui a sorti l'excellent Lazy Trace (chroniqué ici) et participé avec brio à notre seconde compilation, Beat Abstraction (toujours en téléchargement libre ici). Pour s'essayer en solo, Mathieu Adamski sort un premier maxi, six titres qui ressemblent à un grand collage de samples qu'il bidouille pour un résultat assez expérimental.

 

Cet EP pourrait faire penser de loin à de l'électronica ou un genre de glitch hop à la pointe de la déstructuration, mais se serait réducteur. C'est assez loin de références stylistiques qu'Extra Pekoe cherche sa voie. D'enregistrements d'ambiance de bar, à des assemblages brinquebalants de samples en passant par quelques mélodies électroniques, il semble piocher de tous cotés pour créer des pistes à l'équilibre précaire tant l'empilement est dense et hors format. China Interstellar Program est le symbole de ces attelages atypiques de sonorités bancales et de boucles bricolées qui servent à construire une musique contemporaine surprenante. Il faut oublier ses modèles pour en intégrer un nouveau. Les titres semblent montés à l'envers, mais la mécanique fonctionne quand même. L'hybride créature produit un enchevêtrement sonore qui progresse malgré tout. La Belle Dilettante mélange ainsi voix, claquements, mélodie inversée, divers claquements, parasites, bleeps et de nombreux autres bouts de trucs pour aboutir à un résultat qui peut paraître tout autant le travail acharné et longuement réfléchi d'un étudiant en acoustique que la machine improbable sortie de l'esprit d'un garagiste passionné. Dans les deux cas, du temps a été passé les mains dans le moteur.

Les morceaux Praying Mantis On High Heels et Pretty Drunk, malgré l'impression générale de bordel qui persiste, ont une structure un peu moins atypique. Le langage électronique développé est plus facile à l'écoute tout en gardant les particularités d'entrelacement abondant de multiples sources. Ces deux passages donnent donc de l'assise au disque grâce à leur coté plus posé, même s'ils ne détonnent pas en comparaison aux autre titres. L'esprit est similaire, libre, complexe, soigneux et toujours à la recherche d'un petit espace libre pour caser une dernière pièce qui pourrait améliorer le refroidissement, le couple ou la reprise.

 

Ce maxi déconcertant demande quelques écoutes pour être vraiment pénétré tant son esprit est atypique, plus proche de la musique concrète que des genres électroniques actuels. Il se révèle ensuite, dense et passionnant.

 

http://f.bandcamp.com/z/11/54/1154257324-1.jpg

par Tahiti Raph

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