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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 19:13

Sortie : octobre 2011

Label : Proximal Records

Genre : Glitch-hop, Broken beat, IDM

Note : 8/10

 

Carl Madison Burgin dit Sahy Uhns est le co-fondateur du label de LA, Proximal Records. La première sortie dont ce label nous avait gratifié, Proximity One: Narrative Of  A City (chroniqué ici) était une compilation d'une rare qualité, visant à transcrire le panorama sonore de la cité des anges. Après une poignée de mixtapes, le label sort enfin un album, le premier dudit Sahy Uhns. Le terrain de jeu n'est plus la ville, mais la Californie tout entière, et son désert en particulier. 

 

Inspiré par la culture hip-hop, Sahy Uhns ne pourrait être qu'un nouveau beatmaker issu du terreau si fertile qu'est la côte Ouest. Mais son glitch-hop échappe aux schémas wonky et colorés pour tendre vers une matière concassée, souvent plus proche de l'IDM que d'un abstract hip-hop liquide. C'est en sillonnant le Nord de la Californie, à la recherche de ruines, de battisses tombées en désuétudes, que Sahy Uhns a nourri son futur album. Les superbes photographies de son amie Yael Shina, qui retracent ces périples, accompagnent la version physique de An Intolerant Disdain Of Underlings et projettent des reflets de murs craquelés, de tôle poussiéreuse nimbés d'un soleil incandescent. Ce sont des bouillonnements qui jaillissent des beats de Sahy Uhns, sous forme d'une matière mousseuse, délicate et anarchique qui s'enrichit de field-recordings et d'échos opalescents. Son travail de sound-design accorde aux sons une multiplicité de spectres. Entre les nuages crépitants, les pépiements analogiques et le – relatif - chaos rythmique, les édifices sonores de An Intolerant Disdain... prennent une consistance et une profondeur étonnante.

A situer entre Shlohmo pour la perspective trans-genre, Dorian Concept pour l'aspect fourmillant et Clark dans les contrastes entre violence et finesse, le travail du beat est certainement ce qu'il y a de plus marquant dans cet album. La toute puissance de l'enchainement 13.73 ± 0.12 Billion et I'mage attestera de mes propos. Le premier libère comme un fluide une ligne de basses que le beat vient froisser, ondulant sur lui-même. Alors que les nuées d'un xylophone se livrent à leur jeu de lucioles, les basses se creusent jusqu'à esquisser la courbe en cisailles d'un rythme dubstep. Le sublissime I'mage quant à lui, pièce maîtresse de l'album, verse dans un broken beat aux arômes aphexiens de prime abord, puis conjugue ces vrilles à des envolées acides de guitare acoustique. L'effervescence des beats ne serait rien sans les filtres mélodiques aux nuances orangés qui baignent le disque entier, ces synth-tones moirées diffusant des sentiments de mélancolies diffuse et d'euphorie désillusionnée. Sahy Uhns voulait capturer la divergence entre la beauté des arides espaces désertiques et le désenchantement des dépouilles d'une urbanisation désossée. On peut oser dire qu'il y parvient. Il ne faut pas se laisser duper par la légèreté bullaire de l'introductif - et très bon - Montebello Postpartum, la suite réserve des émanations darkoïdes, des shoots d'ambient parasités, des interludes pluvieux et des trucs géniaux comme ce Earnings Bridge qui, en plein pétrissage du beat, délivre sur la fin un adorable fond mélodique digne d'un thème de Joe Hisaishi.

 

An Intolerant Disdain Of Underlings n'est pas forcément évident à appréhender au début, les enchevêtrements et le manque en apparence de logique pouvant désorienter un poil. C'est pourtant une bombe en puissance qui se cache derrière des allures vrillées mais délicates, solaires mais irradiées. Chaudement conseillé. 

 

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par Manolito

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commentaires

B
Wahou, j'ai écouté I'mage, au début, j'me dis "Ouais, plutôt banal, sympa quand même..." et là, les instru' claires arrivent, et Paf, Submergé. J'ai été vraiment surpris, très bonne surprise, merci<br /> pour la chronique, j'suis content de cette découverte, très originale.
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M
Un mix entre Shlohmo et Clark a l'air sans aucun doute alléchant, je vais écouter ca... merci du conseil ;)
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R
Clark et Joe Hisaishi, me voilà pris par les sentiments... et en plus c'est sur Bandcamp, y a plus qu'à.
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