Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
  • : Au confluent des musiques électroniques, du rap et des autres styles, ce blog, ouvert et curieux. Chroniques de l'actualité des sorties IDM, électronica, ambient, techno, house, dubstep, rap et bien d'autres encore...
  • Contact

Recherche

Archives

Catégories

10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 16:12

Sortie : août 2010

Label : Hibernate Recordings

Genre : Electro-acoustique, Neo Classical

Note : 9/10

 

Nous avions déjà parlé de Field Rotation l'année dernière. Je fus tout d'abord admiratif face à son Regenzeit II, où ses talents indéniables de pianiste et de violoniste éclaboussaient avec une immense classe la compilation Imaginary Friends (ici) réalisé par Nova chez Ultimae. La révélation eut lieu lors de l'écoute de son sublime chef d'oeuvre électro-acoustique Licht Und Schatten (ici), paru également l'année dernière chez Fluid Audio. C'est donc avec une excitation et un plaisir non dissimulé que je contactais récemment Christoph Berg, originaire de Kiel en Allemagne, pour qu'il me fasse parvenir sa nouvelle réalisation : Why Things Are Different, parue sur Hibernate Recordings, essentiellement axée sur l'ambient, le drone et le noise.

 

Certes, la musique change mais le constat demeure le même. Christoph Berg est un compositeur virtuose de musiques modernes. Si le drone n'est assurément pas la sphère la plus accessible de la musique, Field Rotation parvient à lui donner une dimension poétique désarmante. Les conditions idéales d'écoutes se trouvent en pleine nature, étendu et contemplant les mouvements du ciel, avec pour seule compagnie le vent caressant les oreilles, le reflux d'une eau de mer fraîche qui effleure les orteils et un matériel d'écoute digne de ce nom. Les yeux fermés, s'immergeant dans les échos et les field recordings, ce sentiment de divine plénitude est à peine bouleversé par les quelques trames inquiétantes contenues sur Never Build A Bridge Into Nothingness. Sur le magnifique et troublant When The Clouds Clear, on est envahi par une vision céleste où des nuages dont la couleur oscille entre le pourpre et le lait, libèrent tout à coup les hélices d'une nouvelle création aéronautique. Les lentes ondulations de Sleepless nous transportent vers une béatification immédiate, vers des contrées magnétiques et in-sondées, où tensions délicates et volutes luxuriantes sont seules souveraines.

 

En seulement trois titres, Field Rotation dresse un décor idéal pour ceux qui voudrait placer un premier pied vers les compositions électro-acoustiques tendant vers le drone. Si une version digitale est probablement disponible quelque part, je ne peux que vous conseiller d'acquérir cette oeuvre dans sa version physique en 3'', limitée à 100 exemplaires. En plus d'être un musicien de haute volée, Christoph Berg se montre charmant et accessible, ce qui ne gâche rien et est plutôt rare. Les Chroniques électroniques resteront à l'affût de ses prochaines sorties et tenteront de vous faire partager plus souvent nos commentaires envers les productions du passionnant label Hibernate Recordings.

 

hb18.png

par Ed Loxapac

Partager cet article
Repost0
7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 18:51

Sortie : juillet 2010

Label : Tympanik Audio

 

Originaire d’Alaska et connu également sous l’alias Pandora’s Black Book, Lucidstatic est l’un des artistes les plus prolifiques de chez Tympanik Audio. Après son premier album, Gravedigger, en 2008, il a participé à nombre de remixs et de collaborations, sur des labels tels que CRL Studios ou Crazy Language. Cet été, il a présenté son deuxième (très) long format, un double album qui met à l’honneur la contribution de différents producteurs, aussi nombreux que disparates.

 

Des personnages comme Mothboy, ESA, Angel of Violence, Shullduggery, Pig Fat, Receiver, Mangadrive, Manufactura, Nereus et bien d’autres, interviennent sur Symbiont Underground, soit en apportant un remix, soit en en contribuant directement à l’écriture du morceau. On a ainsi affaire à une monstrueuse collection de titres, soigneusement travaillés et compilés, dans un esprit profondément industriel, proche du breakcore. L’IDM indus que concoctent Lucidstatic et ses petits copains, dévoile des aspects assez old-school, résidant notamment dans les cavalcades électriques des synthétiseurs. Les genres se succèdent, offrant des touches d'ambient, d'électro ou de techno. Tout au long de ces 23 pistes, le beat traverse de douloureuses mutations, pulvérisé de toute part par des breaks tranchants, tandis qu’un glitch rauque ronge la mélodie au sang. Il est clair que l’écoute successive des deux CD (presque 2 heures), représente une expérience aussi éreintante qu’ébouriffante, qui, dans mon cas, me colla des insomnies.

 

Par ailleurs, la quantité de featurings donne lieu à quelques titres chantés (même si « crachés » serait le mot juste). N’étant que très peu friande des voix accolées à des productions électroniques, les pistes qui s’accompagnent de chants trafiqués et effrayants sont loin d’emporter ma préférence. Mais si l’ingestion de Symbiont Underground requiert un estomac à toute épreuve, un certain nombre de morceaux s’élève au rang de tuerie sans nom. Après une introduction à vous briser les cervicales (le foudroyant et difficilement écoutable Noiz3Rush (vs. Nereus)), le disque 1 connaît une très relative accalmie. La turbine futuriste de Dissection (vs. Mono Pinguen) laisse la place au sublissime Untitled (feat Jerry B), IDM gracile qui effleure l’ambient. L’usage salvateur de cordes et d’un piano accorde à la musique de Lucidstatic une dimension onirique profonde, qui montre qu’elle est bien plus qu’un déluge de breakbeat. Symbiont Underground s’avère particulièrement retors à apprivoiser, mais les écoutes consciencieuses dévoilent des trésors d’échantillonnage érudit et de mélodies perverses. The Awakening (Mothmoy remix), N.E.P. (vs. Human Error), Invocation (vs. Pig Fat), A New Low (vs. Human Error) et A.L. (vs. Mono Pinguen) sont autant de bombes à fragmentation auxquelles il est délectable de s’exposer.

 

 Le sérieux et la froide constance que déploie Lucidstatic dans sa façon de créer et de sortir en quantité peuvent ébahir. Même s’il s’apparente à un album "de groupe", Symbiont Underground s’affirme comme une œuvre dense et cohérente, proche du recueil. A destiner tout de même à des auditeurs endurcis.

 

par Manolito

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 16:34

Sortie : août 2010

Label : Proximal Records

Genre : Glitch-hop, Electronica, Soul

Note : 8/10

 

Retranscrire en une compilation le panorama musical de Los Angeles et les palpitations  de sa nouvelle scène électronique. Tel est le pari ambitieux du label indépendant Proximal Records. Les cinq co-fondateurs sont allés à la recherche de ces beatmakers qui constituent cette jeune et fourmillante scène abstract hip-hop californienne, brassant sans scrupules hip-hop, IDM, soul et funk. Le recrutement se fit chez Brainfeeder, Stones Throw ou Alpha Pulp, mais aussi vers des producteurs bien moins connus, qui accordent sans conteste à cette compilation, un supplément d’âme.

 

A la fois évanescente et idéalement homogène, Proximity One: Narrative of a City s’apparente à un pur délice sonore. Il s’agit moins de la volonté de capturer une image figée de LA, qui semble animer les types de Proximal, que du souhait de livrer une série d’instantanés éphémères et un peu flous, rendant compte de la musique qui peut émerger d’une telle ville, de nature fondamentalement versatile. Proximity.. mobilise des artistes tels que Take, Dr. Strangeloop, Tokimonsta, Daedelus, Suzuki 8-Ball, Shlohmo, Dâm-Funk ou Teebs, et contient des titres de chacun des fondateurs du label. Le premier représentant du courant, Flying Lotus, est cependant absent.

A l’approche de ce disque, on aurait pu craindre, pendant une seconde, une surenchère d’effets futuristes, bariolés ou un peu bling. Il n’en est rien. L’esprit de cette sélection réside dans un son au groove intense, piqueté de visibles influences de jazz, de soul et de funk. En ces ambiances solaires, les beats s’épanouissent et développent des allures bancales, boiteuses et langoureusement instables. Ce savant mélange donne lieu à phases très électronica, des effluves de pop (Chasms de [Post-fœtus]), d’ambient dubstep (Nine-Wing de Suzuki 8-Ball) ou de hip-hop caressant. 18 producteurs pour 20 titres, et quasiment aucun n’est à regretter – ah si le A Day at the Carnival de Dâm-Funk -, autant dire qu’en faire l’inventaire est impossible.

Mais la gifle infligée par la succession des morceaux de Daedelus et de Dr. Strangeloop demande à être décrite. Le premier conjugue dubstep à la dynamite et soul brûlante, sur l’irrésistible Off Angeles Edge. Un coup à se mettre à crier tout seul, sans déconner. De son côté, Strangeloop, le génial designer visuel de Brainfeeder, délivre simplement le joyau absolu de cette compilation (en écoute). IDM vicieuse et douce, Strange Utopia progresse vers la suprême désintégration, et confirme que ce mec peut concourir au titre du plus grand des malades. On recensera tout de même dans les  très belles réussites, Cigarette Lust de Tokimonsta, Trunk de Owen Wallis, Creep de Juj, Conversation with Yesterday de Take ou See Water de Denny Denny Breakfast.

 

Proximity One: Narrative of a City est un objet d’exception, qui se doit d’être justement apprécié. Rare sont les disques qui vous plongent dans une telle léthargie bienheureuse. Certain y trouveront peut-être quelques imperfections, pour ma part, j’en sors totalement acquise à la cause de Proximal. Pour n’y avoir jamais mis un orteil, Los Angeles ne m’a jamais paru si rayonnante. 

 

                             ProximityOne-e1278585056946.jpg

par Manolito

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 13:24

Sortie : 25 septembre 2010

Label : M_nus Records

Genre : Techno mental

Note : 6/10

 

Marc Houle est bien connu des consommateurs de techno mentale. Depuis la déflagration neuronale imposée par le maxi Bay Of Figs, on suit de près chaque sortie du canadien. Dernièrement, on a pu assister à son live lors de la We Love Sonique. Ce fut une relative déception de faire face à autant de linéarité mais il y a toujours cette envie d'y croire. Fidèle à l’écurie M_nus, sort ces jours-ci le troisième album du bonhomme : Drift.

 

Marc Houle insiste particulièrement sur l’influence du dernier hiver berlinois sur cet album. M’étant moi-même rendu en pèlerinage à Berlin l’hiver dernier, je garde un souvenir douloureux d’un -17° paralysant les muscles en moins de 5 minutes. Cet hiver fut d’une rudesse extrême, imposant le repli sur soi-même pendant quelques mois.

Le résultat ne se fait pas attendre : Drift est un album de tech-house sombre et anxiogène, parcouru de courants d’airs glacials, de basses lointaines et de légers sons indus. On reconnaît le travail du son cher à M_nus Records, ici tout est limpide. Et tout le problème est là. Drift est bien trop symptomatique de la techno mentale du label de Richie Hawtin. On est en terrain connu et balisé. Malgré des efforts louables, Marc Houle n’échappe pas à la prévisibilité. Drift est de la bonne came mais malheureusement c’est toujours la même came. Conséquence direct, l’effet est de moins en moins fort. Pour peu que l’on confronte l'album aux récentes productions d’Ostgut Ton, on finit par mieux saisir le problème. Là où Ostgut Ton sait être vicieux jusque dans les interstices, jusque dans ses silences impalpables, M_nus se fait trop intelligible.

Pourtant Marc Houle évite l’écueil de l’album fleuve et en recentrant son voyage polaire sur seulement 8 titres, il arrive à ne pas égarer l’auditeur. La mélodie chancelante de Sweet rappelle la douce mélancolie du dimanche matin pendant que Drift est un fantastique puits sans fond parcouru de gigantesques courants d’airs. Mais ce n’est pas suffisant pour définitivement capturer nos songes.

 

Loin d’être un mauvais album, Drift a cependant du mal à s’inscrire durablement dans nos esprits. C’est quand même con pour un album de tech-house mental. Il n’en reste pas moins que tout amateur de M_nus Records saura y trouver son compte le temps de quelques morceaux.

 

http://img705.imageshack.us/img705/3800/minus98cover600.jpg

 

par B2B

Partager cet article
Repost0
3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 10:31

Sortie : 30 août 2010

Label : Ostgut Ton

Genre : Techno expérimental

Note : 8/10

 

L'art minimaliste est un mouvement américain d'art contemporain né dans les années 60. D'emblée, sa posture anti-pop-art s'est imposée.

Ce parallèle avec l'art est peut-être la clé permettant de mieux cerner l'album de l'Allemand Rene Pawlowitz, aka Shed (mais aussi Wax ou Equalized). The Traveller est déroutant par son parti pris résolument minimaliste, non pas au sens musical du terme (on est loin d'une techno minimaliste classique) mais davantage au sens premier. Les 14 pièces proposées peuvent de prime abord ressembler à une ébauche d'album et il est facile de passer complètement à côté. Mais pour peu qu'on s'en donne les moyens, The Traveller se révèle être un album de plus en plus passionnant, si ce n'est prépondérant. On apprend lentement à remplir ses blancs ou à laisser ses silences s'étaler pour mieux moduler sa lente emprise sur notre cerveau.

The Traveller est une base et non une fin. Shed n'est pas dupe en signant sur le label référence Ostgut Ton. Il y a quelque chose de berghainien derrière son travail. On y retrouve cet esprit industriel, ce mélange des genres, ce refus de la mélodie, cette noirceur confortable. Ostgut Ton est le label techno synthétisant au mieux 2010.

Résultat, Shed économise ses moyens pour mieux nous obliger à écouter avec attention. The Bot est un lego en construction, un dub prenant lentement forme. L'exercice est déroutant mais fascinant. Atmo - Action est un vibrant dubstep égaré pendant que My R-Class est un hommage mental à la techno de Detroit. Hello Bleep! est une relecture du mythique Plastique de Plastikman, Shed y garde ce même esprit 90's, ce savant dosage entre rythmiques épileptiques et nappes ambients old-school.

The Traveller est un album court, les pistes excédant rarement les 4 minutes, mais se refermant lentement sur vous. Son austérité première ne doit pas vous rebuter car The Traveller se découvre avec le temps. Shed livre ici un travail fascinant, une approche expérimentale de la techno d'aujourd'hui, mais qui risque malheureusement de passer inaperçu et c'est fort dommage.

 

http://2.bp.blogspot.com/_iY28eFWQM_Q/TEBJg5f4PBI/AAAAAAAAAnc/tmegenu1j3c/s1600/Shed.jpg

par B2B

Partager cet article
Repost0
2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 18:03

Sortie : août 2010

Label : Musicforheads

 

Le producteur Simon Williamson, plus connu sous le nom de Ghost, est une figure estimée de la scène hip-hop électronique anglaise. Le bonhomme a commencé à sortir des maxis en 2003, il s’est rapproché de la famille Ninja Tune, et a étoffé peu à peu sa discographie. Sur son premier album, Seldom Seen Often Heard, différents MC’s posaient leur rap sur la plupart des morceaux, tandis que Ghost s’attribuait la construction des beats. En 2009 est sorti Freedom Of Thought, son excellent et plus que recommandé deuxième LP, qui trace une filiation directe avec le grand DJ Shadow. C’est au tour du troisième, Postcards From The Edge, de voir le jour aujourd’hui, un disque qui tranche fortement avec ses prédécesseurs.

 

Williamson a apparemment subi de plein fouet la vague cosmique et "wonky" actuelle - celle qui déclenche des rayons aveuglants de synthés et qui fait boiter les beats. Sur Postcards From The Edge, le bougre apparaît ainsi bien plus proche de Shlohmo que de Shadow. On ressent également de notables influences dubstep, qui contrastent avec le hip-hop instrumental un peu old-school et teinté d’électronica auquel il nous avait habitué. Quelle déception que ce criard Neon City, que le redondant Postcard From The Edge ou le trop grime No more Remix.

L’album évoluant, Ghost se fait un peu plus rassurant, et réaffirme sa maîtrise à ceux qui l’auraient oubliée. Il dérive ainsi vers un abstract hip-hop mousseux et lunaire, dont les beats se frottent à de nombreuses de sonorités électroniques. Vous l’aurez compris, les synthétiseurs occupent une place prépondérante dans ce nouvel essai, et se font tantôt gentiment astraux, tantôts franchement vulgaires. Les trois morceaux qui observent la présence d’un rappeur n’ont rien de très concluants, et si la plupart des titres se ressentent comme plutôt bien foutus et agréables, Postcards From The Edge s’écoute sans surprises et sans attention aiguë.

 

Difficile de ne pas se trouver sincèrement désenchanté face à cet opus bien plus impersonnel que les précédents. Les fans de Guido, Baths ou Shlohmo pourraient cependant y trouver leur compte. Aux autres, on conseillera surtout de se rabattre sur le brillant Freedom Of Thought.

 

par Manolito

Partager cet article
Repost0
2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 15:34

Sortie : août 2010

Label : n5md

Genre : Rock éthéré revisité

Note : 6

 

Nous connaissions les albums remixés, voici maintenant les discographies revisitées. Le concept nous vient des Etats-Unis, où Mike Cadoo a accepté de confier à une brochette d'artiste les cinq albums de son projet Bitcrush pour donner vie à de nouvelles versions. Le côté cathartique n'a pas disparu... il fait d'ailleurs le lien entre les époques et les producteurs qui ont surtout, selon l'auteur original, suivi l'esprit du dernier disque en date, Of Embers.

 

De 2004 à 2010, l'Américain a composé des morceaux mélangeant les influences rock, post-rock ou plus planantes utilisant selon les envies instruments et machines. A l'heure de les réinterpréter, les remixeurs ne se sont pas trop éloignés des paysages de départ. Entre post-rock (An Island A Penninsula (Swan(s) Lake mix par Vanessa Van Basten)), ambient (Every Sunday par Winterlight), dub (Bitcrush In Dub par Stripmall Architecture) ou abstract hip-hop (Untilted par Worm Is Green), l'univers froid et adapté aux grands espaces de Mike Cadoo est respecté, malgré ces styles divers qui n'ont jamais semblé aussi proches. Les fans de Sigur Ros ne seront pas déçus, avec cette même absence de frontière entre électronique et organique que chez les Islandais. A la différence tout de même que les titres sont plutôt instrumentaux, seules quelques voix faisant des apparitions fantomatiques par moment, sur Every Sunday ou Waiting For Something par exemple.

Chaque producteur prend tout son temps pour planer au-dessus de contrées sauvages, où la nature est prise au piège par les glaces. Le survol des lacs, à distance des montagnes, laisse un sentiment de liberté absolue. Les nappes caressent les tympans et aucun instrument ne semble vouloir déranger l'auditeur qui peut se laisser bercer, imaginant son propre voyage. Colder, revu par Funkarma, est plus sombre, comme si un danger surgissait dans ce rêve qui semblait solitaire. Là encore, les sonorités synthétiques côtoient sans difficulté des cordes fragiles dans une veine plus électronica. La relecture de Waiting For Something par Jatun annonce quant à elle un regain de puissance avec des guitares saturées enveloppantes. Mais c'est le The Days We Spent Within de Near The Parenthesis, également post-rock, qui apportera la meilleure balance entre l'énergie des lourds accords et la douceur du glockenspiel. Il est aisé de se laisser porter entre ces fines variations qui sont de nouvelles couleurs à un même environnement, comme des saisons qui se succèdent en quelques minutes, changeant notre rapport au temps.

 

Ces remixs offrent une belle occasion en cet été de s'échapper en fermant les yeux pour ceux qui sont restés à la ville et de donner une bande-son tranquille pour ceux qui sont en vacances... C'est également et surtout une bonne manière de prolonger l'expérience Bitcrush.

 

http://n5md.com/releases/178.jpg

par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0
29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 17:38

Sortie : mai 2010

Label : Neo Sonnix Production

 

Derrière le projet Haxis se tapit le Français Sylvain Bigot, originaire de Tours, et entouré des bassiste et guitariste Alexandre Bernard et Patrick Loiseau. Après un maxi sorti en 2008, Haxis délivre un premier album sur le jeune label Neo Sonnix Production. Après une sortie digitale il y a presque un an, Glimmer émerge physiquement en mai dernier, et il n’est sûrement pas trop tard pour s’y attarder.

 

Au premier abord, le chroniqueur peut se trouver à cour de palabre face à cet objet délibérément inclassable. Réfractaire, Glimmer ne se laissera pas attribuer de vides étiquettes. Toujours est-il qu’il y a beaucoup à en dire. Haxis tisse comme toile de fond un univers tourmenté, où l’angoisse et la fièvre règnent en despotes, et soumet l’auditeur à des impressions de drame imminent. Sensations délivrées notamment par les nappes inquiétantes qui peuplent l’ensemble de l’album. Une dimension ambient s’avère ainsi très présente sur Glimmer, dont la part de noirceur n’est assurément pas pour me déplaire. Mais, chose hallucinante, Haxis se prend parfois à inoculer à ses pistes des seringues de techno acide, qui semblent vous faire remonter à l’époque illusoire où la transe jouissait d’une bonne réputation. Un quart du disque très exactement, soit trois titres sur douze, déploient donc des kicks précipités, bons à vous donner le tournis, et totalement indigestes. Après la première écoute de The City, Bad Girls et Voice (les pistes 3, 4 et 5), on a honnêtement peur de poursuivre l’album. Fort heureusement la suite verse dans de l’électro bien plus calme, dense et feutrée, qui prolonge l’aspect deep et troublant, même si des pointes de techno, plus subtiles, continuent de s’échapper.

 

Inspiré par le cinéma de David Lynch et John Carpenter, Haxis fait référence à ce dernier sur Director, et ces influences se ressentent dans les ambiances dramatiques, dépeintes avec emphase. La présence d’une basse et d’une guitare donne des allures de rock expérimental et futuriste à certains morceaux (From Earth, From Mars), et leur utilisation rappelle parfois le dernier et superbe album de Trentemoller (ici), notamment sur l’excellent Energie. Longue de 8 minutes, cette pièce de techno racée mêle des cordes mélancoliques et des nappes éthérées à de puissants kicks, et se dote d’une progression ébouriffante. A l’exception des trois indésirables (mais peut-on vraiment en faire abstraction ?), Glimmer à tout d’un album profond, mélodique et quelque peu hors du temps.  Des titres comme Prelude, Director, Hymn, From Earth, From Mars s’avèrent eux, plus que convaincants.

 

Le sieur Haxis propose un album à cent lieues de l’électronique actuelle. Difficilement étiquetable, Glimmer décrit un milieu riche et ténébreux, et possède une identité prégnante qui, malgré d'étonnantes fautes de goûts, en font un objet rudement intéressant. Qui souhaite fuir le temps présent et se perdre dans les limbes peut se laisser sombrer.

 

par Manolito

Partager cet article
Repost0
29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 12:53

Sortie : 8 août 2010

Label : n5md

Genre : IDM

Note : 8/10

 

Richard Bailey, ou Proem, a su se faire discret depuis le début des années 2000. Il n'en est pas moins un des concepteurs d'IDM les plus talentueux de sa génération. Chacune de ses sorties est attendue avec excitation et appréhension positive. Il a sévi sur des crémeries prestigieuses, Merck et n5md principalement. On retiendra plus particulièrement Socially Inept et A Permanent Solution, même si son très dark ambient Till There's No Breath (ici) de l'an dernier nous glace encore le sang aujourd'hui.

 

Enough Conflict est un album se situant entre ombre et lumière, où des sentiments ambivalents se mêlent et s'entrecroisent pour probablement mettre en exergue les démons et les chimères cérébrales de son auteur. Les trames ambient lugubres et obsédantes n'ont pas été abandonnées, elles sont ici agrémentées de glitchy beats et de rythmiques complexes, d'où se dégagent les superbement sombres Deep Sleeping Birds et guns.knives.lemon. Le paroxysme de la bipolarité est sans doute atteint sur le brillamment vrillé She Never Cries, où après avoir plongé dans des eaux frelatées et radio-actives, le beat s'électrise, syncope et mute pour laisser progressivement la place à des synthétiseurs solaires et salvateurs. Probablement l'oeuvre la plus dense et la plus profonde de l'opus. Il n'y a donc pas que dans l'obscurité que Proem touche au sublime. Le temps d'un Kalimba Jam lumineux et luxuriant , Bailey laisse même la rythmique en jachère pour lâcher des drones et des field recordings de toute beauté. Rien de mieux pour lancer le superbe Enough Conflict, où la texture digitale rencontre des percussions aux sonorités presque naturelles. C'est quand il explore des chemins plus paisibles, tendant vers l'électronica, qu'il convainc un peu moins. Fall Forward et Seafaring Velvet Waltz sont certes très beaux mais parfois un peu trop sirupeux pour être pleinement retenus au grand oral. Avec sa batterie martiale glorieusement mise en avant, ses rythmes cristallins, ses voix susurrées au second plan, Skulls m'apparaît beaucoup plus intéressant. Tout comme des travaux intemporels comme Back To Fail, jiittirrrrriii, A Short Before You Go ou le Untitled de fermeture, qui font de Enough Conflict un album magnifique et varié.

 

Proem prouve une nouvelle fois qu'on ne signe pas chez n5md sans riches émotions à transmettre. Non content de réaliser ici son plus beau disque depuis longtemps, il se place parmi ceux qui figureront à coup sûr, au panthéon 2010 des albums d'IDM les plus réussis.

 

042e7f63d5e8.jpg

par Ed Loxapac

Partager cet article
Repost0
27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 11:13

Sortie : août 2010

Label : Circle Into Square

Genre : Rap

Note : 5

 

L'année 2010 a été particulière pour Sole. Après deux ans d'exil en Espagne, il est retourné vivre aux Etats-Unis et a quitté le label qu'il avait créé 11 ans plus tôt, Anticon, pour revenir à un travail plus solitaire et "fait à la maison". A la suite de cette surprise pour cet artiste majeur du label, le MC et producteur a sorti un premier album solo, Nuclear Winter Vol. 1, qui ressemblait plus à une mixtape un peu bordélique, qui interloquait aussi par son message anarchiste très critique vis-à-vis des politiques US. Dorénavant posé à Denver "avec sa femme et son chien", comme il l'écrit sur son site, il diffuse gratuitement (via Circle Into Square) des remixs issus de concours sur Internet de ce premier disque. 14 titres étrangement plus cohérents que les originaux.

 

Sole avait dérouté, notamment en posant sur l'instru de Technology de Timbaland sur lequel apparaissait toujours la voix de Justin Timberlake. La relecture d'Edison, en compagnie de Ceschi Ramos (dont le très bon disque est chroniqué ici), apporte une première réponse aux dubitatifs et remet en lumière les textes coup de poing du MC barbu. Les productions sont plus cohérentes, évitant l'impression de gros fouillis que donnait Nuclear Winter Vol. 1. L'ensemble est donc de bon niveau, notamment le riche en basse Push It revu par Bit Tuner ou My President revisité par Fraud Fisk avec sa guitare folk séduisante.

Les remixeurs ont vraiment travaillé leurs sons pour qu'ils correspondent au personnage et à l'atmosphère qui règne dans ses textes. Ainsi Everyday I'm Hustling et Bigger Picture à la tonalité assez sombre qui plantent bien le décor post-nucléaire.

Quelques passages sont plus inégaux avec des titres vraiment réussis, Swagger Like Us d'Ulle Kamelle et son refrain catchy, et d'autres plus faibles, comme cette version de Juicy par White Mountain dont les nappes sont assez insipides. Et pour ceux qui se poseraient encore des questions, le MC y répond sur l'outro dans laquelle il met les choses au clair sur sa vision de la politique...

 

Ce disque n'est pas encore au niveau de ses publications passées, mais il fait déjà espérer des lendemains meilleurs pour l'avenir de Sole.

 

http://s3.amazonaws.com/releases.circleintosquare.com/274/images/cover_market-large.jpg

par Tahiti Raph

Partager cet article
Repost0