Sortie : mai 2010
Label : Neo Sonnix Production
Derrière le projet Haxis se tapit le Français Sylvain Bigot, originaire de Tours, et entouré des bassiste et guitariste Alexandre Bernard et Patrick Loiseau. Après un maxi sorti en 2008, Haxis délivre un premier album sur le jeune label Neo Sonnix Production. Après une sortie digitale il y a presque un an, Glimmer émerge physiquement en mai dernier, et il n’est sûrement pas trop tard pour s’y attarder.
Au premier abord, le chroniqueur peut se trouver à cour de palabre face à cet objet délibérément inclassable. Réfractaire, Glimmer ne se laissera pas attribuer de vides étiquettes. Toujours est-il qu’il y a beaucoup à en dire. Haxis tisse comme toile de fond un univers tourmenté, où l’angoisse et la fièvre règnent en despotes, et soumet l’auditeur à des impressions de drame imminent. Sensations délivrées notamment par les nappes inquiétantes qui peuplent l’ensemble de l’album. Une dimension ambient s’avère ainsi très présente sur Glimmer, dont la part de noirceur n’est assurément pas pour me déplaire. Mais, chose hallucinante, Haxis se prend parfois à inoculer à ses pistes des seringues de techno acide, qui semblent vous faire remonter à l’époque illusoire où la transe jouissait d’une bonne réputation. Un quart du disque très exactement, soit trois titres sur douze, déploient donc des kicks précipités, bons à vous donner le tournis, et totalement indigestes. Après la première écoute de The City, Bad Girls et Voice (les pistes 3, 4 et 5), on a honnêtement peur de poursuivre l’album. Fort heureusement la suite verse dans de l’électro bien plus calme, dense et feutrée, qui prolonge l’aspect deep et troublant, même si des pointes de techno, plus subtiles, continuent de s’échapper.
Inspiré par le cinéma de David Lynch et John Carpenter, Haxis fait référence à ce dernier sur Director, et ces influences se ressentent dans les ambiances dramatiques, dépeintes avec emphase. La présence d’une basse et d’une guitare donne des allures de rock expérimental et futuriste à certains morceaux (From Earth, From Mars), et leur utilisation rappelle parfois le dernier et superbe album de Trentemoller (ici), notamment sur l’excellent Energie. Longue de 8 minutes, cette pièce de techno racée mêle des cordes mélancoliques et des nappes éthérées à de puissants kicks, et se dote d’une progression ébouriffante. A l’exception des trois indésirables (mais peut-on vraiment en faire abstraction ?), Glimmer à tout d’un album profond, mélodique et quelque peu hors du temps. Des titres comme Prelude, Director, Hymn, From Earth, From Mars s’avèrent eux, plus que convaincants.
Le sieur Haxis propose un album à cent lieues de l’électronique actuelle. Difficilement étiquetable, Glimmer décrit un milieu riche et ténébreux, et possède une identité prégnante qui, malgré d'étonnantes fautes de goûts, en font un objet rudement intéressant. Qui souhaite fuir le temps présent et se perdre dans les limbes peut se laisser sombrer.
par Manolito