Sortie : 24 mai 2010
Label : !K7
Genre : Mix electronica psyché
Note : 8/10
La mythique série DJ Kicks nous revient trois fois en trois mois suite à une courte pause. Après le mix house de Juan MacLean et avant la déflagration dubstep de Kode9, c’est au tour de l’estimable boss du label Border Community, James Holden, de venir faire étalage de sa science du mix et de ses connaissances musicales. On savait l’Anglais très ouvert, on s’attendait à un mix tech-house vicieux comme proposé sur At The Controls, et au final on se retrouve avec un voyage d’une complexité folle. Ce DJ Kicks est sans aucun doute le plus exigeant de la série mais c’est peut-être aussi le plus réussi (à ranger aux côtés d’Erlend Oye et Kruder & Dorfmeister).
Toute la force de ce DJ Kicks réside dans sa perpétuelle ascension, dans son refus de proposer une musique stagnante et dans sa volonté farouche de se cantonner à une électro-psyché. !K7 a laissé les mains libres à James Holden et ce dernier fait joujou comme s’il se prenait pour Albert Hofmann. Le résultat est sans pareil. Tout n’est que montées et quand vous pensez avoir atteint le sommet, vous vous retrouvez face à un nouveau rempart. C’est là que réside la complexité de l’édifice. En refusant de lâcher le beat sur la première moitié du mix, Holden entretient la frustration. De cette manière, il arrive à nous droguer l’esprit, à nous mettre en transe. Les premières tracks sont fortement influencées par les 70’s, que ce soit par Brian Eno, Tangerine Dream ou encore la Kosmische Musik.
Les 9 minutes de remix de James Holden de The Sun Smells Too Loud de Mogwai transforme le post-rock des Ecossais en catapulte tribale invoquant les E.T. de Rencontres du Troisième Type pendant que le motif répétitif du Open Melody de Lucky Dragons lorgne du côté de Philip Glass.
Passage obligé de tout mix DJ Kicks, le morceau inédit. A ce petit jeu, Holden s’en sort bien avec Triangle Folds, house-psyché tout en vagues permettant d’annoncer une fin de mix plus "dansante" (tout est relatif ici, l’approche étant davantage cérébrale) avec notamment les relents acid-techno de Legowelt avant un atterrissage en douceur.
Les 20 tracks de ce mix permettent de mieux saisir la voix psyché tracée par Border Community depuis quelques années. En puisant davantage dans l’électronica et le rock que dans la techno, Holden démontre avec finesse l’étendue de son background musical.
Ce DJ Kicks est en tout point remarquable de part son exigence et son parti pris psychédélique. James Holden mixe une fois de plus à la perfection et les enchaînements se font avec une rare fluidité permettant ainsi de définitivement capturer l’auditeur dans ce trip total. James Holden signe un mix érudit, se découvrant progressivement au fil des écoutes pour au final s’inscrire durablement dans les esprits.
par B2B