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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
  • : Au confluent des musiques électroniques, du rap et des autres styles, ce blog, ouvert et curieux. Chroniques de l'actualité des sorties IDM, électronica, ambient, techno, house, dubstep, rap et bien d'autres encore...
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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 10:54

Sortie : février 2011

Label : Mello Muic Group

Genre : Rap instrumental

Note : 5

 

A l'écoute de la musique d'Apollo Brown, on peut presque deviner qu'il vient de Detroit tant ses instrus rap sont imprégnés de soul. Il nous propose avec Clouds une collection de 27 titres courts, généralement autour de deux minutes, aux mélodies souvent puisées dans une soul accrocheuse et dont les rythmiques sont de celles qui font hocher la tête de manière répétitive.

 

Pas vraiment besoin de piocher le bon et le moins bon, Apollo Brown sait sélectionner ses samples pour imprimer une certaine nostalgie touchante (Never In A Million Years ou Heirloom) qui fait mouche à chaque reprise. Il sait puiser dans les violons des ambiances évocatrices (The Eleventh Hour ou Know The Time) qu'il accompagne harmonieusement de légères modulations. Si l'évolution des titres est limitée, la construction vient de l'enchaînement des extraits qui raconte peu à peu une histoire. Pris dans le récit, nous ne sommes pas surpris par l'arrivée furtive d'un MC sur Shoot The Heart. Et c'est presque à regret que s'achève certains morceaux comme Push ou One Chance qui pourraient tourner en boucle plus longtemps sans lasser.

Le producteur de Detroit se paye un petit hommage à DJ Shadow sur Human Existence où tout le monde reconnaîtra un extrait de Stem/Long Stem/Transmission 2 du Californien. Les rythmiques, sur des tempos plutôt apaisés, varient souvent pour se faire même parfois très discrètes (Seed Of Memory). Les rares déviations plus électroniques (Shadows Of Grief ou Balance) ne détonnent pas avec le reste, car le grain est similaire et la mélancolie reste intacte. L'Américain chasse l'ennuie par la multitude, évitant les platitudes et saupoudrant sa sélection de moments forts comme ce Choices émouvant ou le massif Drinking Life.

 

Il est au final assez difficile de déterminer ce qui fait la réussite de cet album. Les productions d'Apollo Brown sont efficaces et porteuses d'un message de paix. Le talent des bons beatmakers vient souvent du fait de dénicher les bons échantillons, même si les arrangements sont restreints, et tout ceci passe si bien...

 

http://bandcamp.com/files/13/40/1340259027-1.jpg

par Tahiti Raph

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 18:39

Sortie : janvier 2011

Label : Harthouse Manheim

Genre : Techno datée

Note : 2,5/10

 

Hans Bouffmyhre est Ecossais. Il paraît que ça arrive à des gens très bien. Il a fait parler de lui tout d'abord en 2006 avec sa soirée Sleaze, où il a réussi à convier des pointures comme Chloé, Four Tet, Len Faki ou  Radio Slave. Surprenant et plein de culot, ce très jeune homme va ensuite se mettre à lâcher quantité industrielle de maxis sur des labels à la crédibilité relative. Comble de l'originalité dans ce genre de musiques, l'Ecossais décide ensuite de créer son propre label : Sleaze Records. Pléthore de ses tracks ont été playlistées par des maîtres comme Richie Hawtin, Troy Pierce ou Chris Liebing. Le gamin en veut et souhaite prouver au gentil monde de la techno qu'il n'est pas seulement "un coup d'un soir". Harthouse Manheim (qui a déjà sorti des pièces intéressantes de Miro Pajic, Joel Mull ou le désormais trop gai Gui Boratto) lui ouvre donc en grand ses portes pour réaliser son premier long format, baptisé Goodbye Anxiety

 

Puissante, lourde, sombre et hermétique, la techno de l'Ecossais ne peut être pleinement qualifiée de minimale. Pourtant, malgré une utilisation intéressante et intelligente des synthétiseurs et une insertion d'éléments parasitaires assommants qui contribuent à rendre l'ensemble un peu plus irradié, sa musique n'évite pas les travers kilométriques de cette dernière. On pourrait d'ailleurs se demander si les producteurs de techno ne souffriraient pas d'un quelconque complexe d'infériorité vis à vis des musiques moins axées sur le dancefloor. Je m'explique. Cet album est cohérent, ça il n'y rien à dire. Mais pourquoi donc réaliser des albums si ce n'est que pour retenir deux ou trois tracks qui auront leurs huit (probablement anonymes) minutes de gloire en club ? Même les DJ les plus chevronnés tombent souvent dans ce piège. Un album de techno réussi doit savoir s'émanciper des schémas prévisibles et surexploités. Alors oui, le puissant Voltage, l'oppressant Dirty Faces, l'ascensionnel Release Me et le subtilement dark As You Were Sir ont plus que le potentiel pour renverser un club exigeant. Les nostalgiques de l'old school aimeront aussi probablement Second Generation. Les autres se demanderont pourquoi un si jeune homme ne s'émancipe pas des gloires passées. Parce que voilà, l'écoute entière de cet album (que ce soit en club ou à la maison) a de quoi rendre hypocondriaque, puis neurasthénique. Tout cela est si plombant et prévisible, même caché derrière des velléités faussement cérébrales et underground. On reconnaît là un petit Ecossais qui devrait laisser sa musique bronzer à l'ombre d'un Villalobos ou d'un Luciano s'il ne veut pas que ses sets rassemblent uniquement des amateurs d'opiacés en pleine descente. Pourtant Dieu sait que je ne suis pas un féru des textures solaires et des ambiances tropicales. 

 

Bien que cohérent dans ce qu'il a probablement voulu faire, Hans Bouffmyhre demeure avant tout un DJ et un maximaker. Qu'il en reste donc là, son avenir est assuré. L'album techno est un exercice difficile où un sillon artistique clair doit émerger. Même si il n'est pas comparable au four de Marco Carola (ici), cet album est à oublier très rapidement.

 

http://www.deeptechhouse.com/images/postimgs/de0703da6156dbb1526f7cfd6883f4f408ffd2aa.jpg

par Ed Loxapac

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 00:57

Sortie : février 2011

Label : Abstrakt Reflections

Genre : IDM, Glitch

Note : 8/10

 

Nous avions déjà eu l'occasion de parler du jeune et passionnant netlabel Abstrakt Reflections à l'occasion de sa première sortie : Mourn de Apparent Symmetry (ici). Dirigée par Pablo Benjamin, cette maison compte dans ses rangs des artistes aussi prolifiques que talentueux, comme LPF12, Miktek et très bientôt le Canadien francophone VNDL. Le nouveau venu qui attire notre attention aujourd'hui est Ukrainien. Il se fait appeler r.roo (prononcez Rugaroo) et est connu par certains curieux sous l'avatar de Sound Wave Pressure. L'album qu'il distribue aujourd'hui, baptisé sobrement Into A Cloud, évoque les humeurs aléatoires et donc forcément capricieuses du ciel, en cachant à peine un message pas complètement subliminal. Peu importe, car comme l'Ukrainien le dit si bien, First comes the Music. Then the Words appear.

 

La musique de r.roo prend tout son sens quand on accepte d'y voir la lumière perforer la brume (Transformed). Cousue de romantisme et d'équilibre instable, elle semble installée sur une fine pellicule de glace prête à céder à tout moment. Into A Cloud joue divinement bien avec l'ambivalence des sentiments, entre beauté immaculée et déchaînement fougueux. Les glitchy beats s'abattent sur l'asphalte gelée, tantôt comme des grêlons (dreams) ou telles les perles d'une pluie acide (to drops). La lueur du soleil est comparable ici au combat acharné du phoenix pour ne pas disparaître (to scatter), représentée par les compositions classiques modernes jouées au piano ou avec des violons et violoncelles plaintifs jamais dépourvus d'espoir. L'usage du glitch n'a ici rien d'un vulgaire gimmick galvaudé, il est l'instrument de la décompensation céleste. Même si l'humain est heureusement impuissant face à la force des éléments, l'Ukrainien conserve une certaine maîtrise de son sujet en ne rompant jamais complètement le fil conducteur poétique de ses mélodies, même sur les très bouleversés World et Dreams. Souvenons-nous de notre enfance, de cette fascination mêlée de peur vouée aux orages et aux éclairs. Nous nous rappellerons peut-être alors de cette vieille femme qui nous promettait la cécité si nous ne détournions pas le regard de la fenêtre. C'est ce spectacle désarmant qui nous est offert à l'écoute du morceau qui donne son nom à l'ensemble de l'oeuvre. Nos yeux peuvent désormais restés grand ouverts, car nous savons aujourd'hui que les pluies torrentielles réservent des lendemains d'allégresse pour la nature essoufflée. Si les tempêtes laissent parfois derrière elles des territoires tout entiers sinistrés, n'est-ce pas avant tout pour laisser l'incontrôlable reprendre ses droits ? Into A Cloud laisse également entendre que ce qui a disparu est amené forcément à renaître (sun). Les petits et grands enfants que nous sommes peuvent donc continuer à rire et à imaginer, car comme celui de l'Ukrainien, notre monde transformé en nuage disperse les rêves et les pensées en gouttes à l'aube d'un soleil d'automne. 

 

Into A Cloud est un sublime album d'IDM évocatrice et descriptive. Nombreux sont légitimement ceux qui, comme moi, regrette de ne pas pouvoir posséder cet album sous une enveloppe physique et donc organique. Profitons alors du fait que cette oeuvre sompteuse est distribuée gratuitement en mp3 (ici) ou en FLAC (ici) pour les puristes. De quoi rendre cette réussite absolue un peu plus recommandable, comme d'ailleurs tout l'ensemble de leur catalogue.

 

http://www.abstraktreflections.net/images/rroo_into_a_cloud.jpg

          par Ed Loxapac

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 21:26

Sortie : mars 2011

Label : Brainfeeder

Genre : Trip psychédélique rap

Note : 7

 

"Je construis juste ma musique d'un endroit différent spirituellement." Voilà comment Jeremiah Jae se situe par rapport au rap qu'il entend à la radio. Pont entre son Dxnce EP et son futur album, ce nouveau maxi du MC et producteur de Chicago viendra démontrer que chacun possède une énergie divine, comme le pense son auteur. Pour le style musical, à vous de l'imaginer...

 

Personne n'est près pour le voyage de Jeremiah Jae. Voyage spirituel plutôt que physique. C'est pourtant le physique qui peut en ressortir éprouvé. Pour bien débuter, il faut éprouver toutes les pistes. L'Américain colle donc ses samples, façon musique concrète, et empile les pistes, perturbant l'audition en empruntant une multitude de directions. Il emprunte d'ailleurs aux Beatles leur "number 9" (Revolution 9 sur l'album blanc) pour un clin d'oeil au genre.

Après laissé le temps de vous habituer à cette myriade de sons, vous tournez de l'oeil pour basculer dans un rap dézingué où le LL Cool J de I Need Love serait plutôt accro à l'acide (à ce sujet, voir la parodie de Necro, I Need Drugs). Il y a un parfum de hippie shooté à la musique indienne quand le MC bascule dans un rêve envoûtant et bienveillant.

Voici venir le dernier trajet, dont l'esprit psychédélique fiévreux n'a plus rien de bienveillant. Tout s'enchaîne la peur au ventre, et cette soudaine répétition embaume votre esprit qui va subir un cinglant réveil sur le final. Final flamboyant qui martèle de ses cymbales votre cerveau déjà bien malmené. Tout tourne autour de vous jusqu'à l'atteinte d'une nausée provoquée par le martèlement d'une mélodie infinie d'une secte anthropophage. Et pourtant c'est infiniment apaisé que vous vous sentez.

 

Jeremiah Jae est cinglé. Sa musique s'en ressent. Ceux qui aiment la surprise, le rap, la drogue, la cuisine asiatique, les labyrinthes antiques, les petits matins blêmes, trouveront peut-être assez de ressources pour planer jusqu'à Rappayamatantra et en revenir plus perché encore.

 

http://ninjatune.net/files/images/jeremiah-jae/two/5021392660196.jpg

par Tahiti Raph

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 11:31

Sortie : 14 février 2011

Label : Type

Genre : Dark ambient

Note : 7,5/10

 

Lorsque la nuit polaire s’étend, l’obscurité n’est pas votre unique partenaire, il faut aussi faire lit commun avec le silence. Dès lors, le moindre craquement de la banquise devient vertigineux. La perte de repères vous guette et votre seule arme reste l’introspection.

La musique de Deaf Center devient alors ce médicament propice à l’apaisement. Qui aurait pu prédire que le repos viendrait d’un album de drone-ambient acoustique ?

 

Owl Splinters est le troisième album, tous sortis chez Type, du duo norvégien formé par Erik Skodvin et Otto Totland. Les deux complices sont donc dûment formés aux nuits infinies. Owl Splinters est une œuvre remarquable reposant sur aucun artifice superfétatoire. Les fans de Ben Frost trouveront ici matière à poursuivre leurs errances.

La musique de Deaf Center se contente de peu et réussi pourtant à stimuler activement nos songes. Avec une économie de moyens, un piano souvent présent, des cordes sombres et une fine dose de field recordings, le duo arrive à créer de magnifiques pièces de violence contenue. Divided, ouvrant l’album, est une symbolique composition spectrale dont les chœurs semblent invoquer on ne sait quel démon. Chaque morceau se déploie lentement, prend le temps d’imposer sa montée drone implacablement immersive. Le sublime Close Forever Watching est un modèle du genre. Se focalisant uniquement sur une ascension drone ô combien minimaliste, il suffit que tombe une unique note de piano, grave, pour avoir l’impression de subir une sentence divine. C’est tout de même impressionnant de se rendre compte que, parfois, la musique sait se rendre imposante avec un rien. Mais là où la fascination prend le dessus c’est dans cette impression d’écouter un album sombre réussissant pourtant à vous plonger dans un état proche d’un délicieux coma. Pour cela, Deaf Center accompagne le plus souvent ses créations de quelques touches de piano. On retrouve ainsi deux courts morceaux dont le piano en sourdine est un vibrant appel à l’apaisement.

 

Owl Splinters se révèle être une sublime partition de drone-ambient immersive et introspective. Les 45 minutes de l’album accompagnent alors vos songes. Vous vous surprenez à contempler le vide, à attendre un signe. Et quand celui-ci surgit, vous êtes alors cloué sur place. Remarquable.

 

http://s3.amazonaws.com/typerecords_site/covers/355/type080_cover_medium.jpg

par B2B

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 18:27

Sortie : février 2011

Label : Lumi Netlabel

Genre : IDM, Downtempo, Ambient

Note : 7,5/10

 

Le tout récent et prometteur label rhône-alpin Lumi Netlabel se dédie à l'IDM downtempo, à l'électronica et à l'ambient lumineux. Cette jeune maison ouvre aujourd'hui son catalogue d'une bien jolie manière, en sortant Emotional Prints, une compilation qui convie d'éminents compositeurs du genre. Field Rotation, Melorman, Pleq, Esoteric Sob, Candle Nine, Amorph, Naono, Ametsub, Szymon Kaliski, Afull, Triton et aAirial marquent, chacun de son empreinte, cette pérégrination azurée et méditative.

 

Le monde dans lequel Lumi nous attire respire l'air pur et piquant, et se teinte d'un infini romantisme. Des nappes veloutées gonflent l'espace, les textures frémissent au gré d'un fictif souffle de vent, et les délicats glitchy beats semblent vous courir sur la peau. Onirique, aérienne et génératrice de nobles paysages, la sélection des Lyonnais offre une très belle échappée à qui pourrirait sous un trop plein de bitume. La dimension finement atmosphérique pourrait sembler un brin trop sage, si elle n'était assortie d'un lustre de mélancolie, dégageant toutes les émotions craquelées que chacun de ses fragments pourraient contenir. Le piano et les cordes, récurrents au long de la compilation, s'imposent comme les principaux coupables à cette nostalgie tamisée.

Ce qui me rend si sensible à la mélodie du Still de Melorman m'est inconnu. Mais la gracilité innocente et éprouvée de ses première notes a quelque chose d'intimement bouleversant. The Day Before Yesterday de Field Rotation, et sa très belle instrumentation, renvoient au contraire à des visions singulièrement paisibles et presque pastorales. Dans leur prolongement, le morceau délivré par aAirial, From N to P, m'apparaît comme l'un des plus beaux titres de sa composition. Une longue introduction planante et vibrante d'échos ouvrant sur une dernière minute indescriptible de puissance. Candle Nine également rend une copie troublante de maîtrise. La lente montée de Outpost, le piano allègre, la démultiplication scintillante de la mélodie, et sa douce redescente en font un titre phare de Emotional Prints. L'excellence se poursuit ainsi jusqu'à la fin, distillant quiétude en clair-obscur et spleen lumineux. Citons pour finir l'aiguisé Reflexion d'Amorph, l'émouvant Hypocrisy d'Esoteric Sob, le Entering the Crack of Dawn d'un Pleq égal à lui-même, et surtout le sublime, progressif et vrillé Elastic Squid de Triton.

 

Le label comme la compilation portent bien leur nom. Lumi Netlabel trace un premier trait d'une grâce éclatante, qu'il est plus que recommandé de se procurer, gratuitement, ici. Souhaitons à Lumi de nous offrir encore de nombreuses et futures escapades, à l'aune des nuages.

 

Front.jpg

par Manolito

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 13:13

Sortie : mars 2011

Label : Ninja Tune

Genre : Abstract hip hop

Note : 3

 

Luke Vibert possède au moins deux visages musicaux assez différents. Un techno avec notamment des publications chez Planet Mu (Rythm, chroniqué ici) sous son propre nom, un plus rap instrumental sous pseudo Wagon Christ dont la carrière a commencé sur le label mythique Mo' Wax avant de se prolonger chez Ninja Tune avec deux albums en 2001 et 2004. Si Toomorrow ne sort qu'aujourd'hui, l'enregistrement date d'il y a quelques années... et cela s'entend.

 

Entre électronica ludique (Toomorrow, Accordian McShane), hommage aux breakbeats du début du hip hop (Manalyze this !) puis au rap du début des années 1990 (Ain't This Heavy, He's My Brother), l'Anglais varie les ambiances et montre une grande aisance dans le choix des samples auxquels sont souvent accolés des voix généralement bidouillées. Il faut aussi lui reconnaître sa bonne gestion du temps avec des titres qui évoluent en douceur afin de maintenir l'attention dans la longueur. Le problème est que tout ceci sonne bien daté... on se croirait souvent revenu à l'époque de Mo' Wax, par exemple avec ce Respectrum aux cuivres trop répétitifs et qui pour le coup tourne vite en rond. Bienvenue en 1996, à l'époque où le trip-hop était encore un genre musical !

Que dire de plus ? On n'a pas envie non plus de descendre ce disque car de nombreux passages sont plutôt réussis comme ce Oh, I'm Tired, le rafraîchissant Harmoney ou le mystérieux Wake Up. De pllus, et comme d'habitude chez Ninja, la production est de qualité et les quelques touches d'humour appréciables, mais cela ne suffit pas. Le tout manque franchement de nouveauté et on en arrive à se demander comment des morceaux comme Lazer Dick peuvent sortir aujourd'hui...

 

Les nostalgiques de l'époque se régaleront car Vibert était une des fines lames du hip hop abstrait, mais pour ceux qui ont continué à écouter de la musique depuis 2004, cet album fera office de vieillerie. Vu que ce n'est pas le prochain Daedelus (Bespoke le 11 avril) qui va nous enthousiasmer, nos espoirs se portent désormais sur Amon Tobin, dont le prochain album baptisé ISAM est attendu pour le 23 mai... 

 

http://ninjatune.net/files/images/wagon-christ/two/ZEN163-PCKSHOT.jpg

par Tahiti Raph

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 00:45

Sortie : février 2011

Label : Hymen Records

Genre : IDM old-school assumée

Note : 7,5/10

 

Jérôme Chassagnard est, ainsi que son comparse Régis Baillet, membre de l'illustre duo Ab Ovo. Depuis Mouvements, paru chez Ant-Zen en 2007, et leur collaboration avec Mekaprods, les deux Français ont choisi de laisser libre court temporairement à leurs pérégrinations personnelles. L'année dernière, pendant que Chassagnard livrait son atypique et passionnant side project The Prayer Tree (ici), Baillet publiait le superbe Samdhya en tant que Diaphane (ici). On peut donc dire que la créativité et la magie de chacun n'est en aucun cas dépendante de celle de l'autre. C'est forcément avec une très forte excitation que mes oreilles se posent sur The Time From Underneath, paru chez Hymen il y a juste quelques jours.

 

Avant de plonger dans les mondes imaginaires et futuristes dépeints par le Français, un bain rituel et initiatique s'avère nécessaire. Il faut d'abord commencer par (re)lire 1984 de Orwell, Ubik de Philip K. Dick, (re)visionner Bienvenue à Gattaca et Blade Runner puis suivre le lapin blanc. Là, dans une pièce morne et sinistre où des gouttes d'un liquide frelaté et non identifié suintent de murs aux teintes verdâtres Scorsesiennes, des vestales vêtues de vinyle badigeonnent d'une sorte de mazout conducteur le corps du candidat. La connexion et le convecteur temporel font leur travail. Nous voilà débarqués dans une mégalopole en plein chaos, où la fracture sociale forme désormais un canyon et où la dose d'air pur se vend sous le manteau. Les corps et les esprits des natifs semblent lobotomisés, toujours un peu plus enfoncés dans la quête d'un virtuel salvateur. Ceux qui résistent au diktat survivent dans des tabernacles souterrains, attendant le grand soir comme l'insomniaque guette l'aurore. La nourriture, la religion, la psychanalyse, les plaisirs de bouche et le cul sont bannis. Tout le monde est contraint d'absorber la pilule unique, celle qui trace La voie à une population ayant perdu tous repère et que les rebelles des bas-fonds ont baptisé la camisole de l'émotion. La lubie du moment est la spéculation aéro-spatiale. C'est dire si on vie une époque pleine de passion. Voici la trame de ce film sci-fi dont l'auditeur est contraint à être le héros parmi les rebus de cette néo-société. L'atmosphère est à la fois haletante et hypnotique. On a souvent l'impression d'être une bête traquée, fuyant aux bras d'une amazone digitale nommée Veta les assauts des agents Wesson, officiers de la répression d'un vice représenté par la sensation et la pensée. Parce que notre héros n'est finalement qu'un pauvre geek pas très glamour et qu'il est terrassé par cette vision d'un futur qu'il a depuis toujours idéalisé, à partir de Space Boat est illustrée sa fuite et celle de sa nouvelle dulcinée à bord d'un vaisseau spatial vers des astres lointains, où la nature et l'espoir possèdent encore quelques droits.

On est presque surpris d'être autant absorbé par un album d'IDM mêlée d'ambient finalement assez classique, ou même old-school dans sa conception downtempo et de par le matériel utilisé. C'est là que réside le vrai tour de force de Chassagnard : réaliser une oeuvre dépourvue de velléités  techniques pour stimuler l'imaginaire à coup de nappes hypnotiques et de pulsations lumineuses. Futuriste oui... mais comme au bon vieux temps. La phrase énoncée en français au début du Until Heaven Comes de clôture amènera peut-être les curieux à comprendre d'où tout cela est tiré, et donc peut-être de démolir légitimement la manière dont j'ai vécu ce voyage temporel très synthétique. Un seul mini regret vient à mon esprit d'éternel aigri : même si j'ai un profond et indéfectible respect pour Salt et ses artworks, je me dis qu'un certain shift. aurait pu produire quelque chose de plus adapté et plus équivoque. Je me permets aussi d'utiliser les mots d'un autre pour conclure et pour échapper à une chronique "track by track". Ces derniers étant forcément plus évocateurs et plus stimulants pour l'auditeur potentiel que les miens.

"Grands phares du Ciel, les pulsars vont guider notre navigation musicale. Ecoutons ces horloges cosmiques égréner leurs secondes. Nous avons rendez-vous avec les gardiennes du temps (les bombasses en vinyle). Ouvrons la fenêtre et attendons l'heure juste."

 

http://images.junostatic.com/full/CS1710373-02A-BIG.jpg

par Ed Loxapac

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 08:21

Sortie : 28 février 2011

Label : No.19 Music

Genre : Deep-house, disco

Note : 7/10

 

Dans l’exercice du mix, deux pistes s’offrent à l’auditeur : le mix osant le saut dans le vide via une sélection improbable (au hasard, les récents DJ Kicks de James Holden ou d’Apparat) ou alors celui permettant de prendre le pouls d’une scène.

 

Soul Clap fait partie de cette deuxième catégorie. En plein renouveau disco-house, via notamment les labels Wolf + Lamb et Crosstown Rebels, le duo de Boston qui va vivre son heure de gloire cette année se décide enfin à proposer une sélection via ce Social Experiment 002 (en attendant la sortie prochaine d’un DJ Kicks). Cette scène en plein essor est loin d’être dégueulasse, elle possède une identité forte se formant autour de quelques DJ dont l’excellent Seth Troxler.

Cnyce & Elyte de Soul Clap n’ont jusqu’à maintenant sorti aucun album, tout au plus une poignée de maxis pour le moins recommandable. C’est de toute façon derrière les platines que le duo excelle tant il possède cette démarche de diggers à la recherche perpétuelle de cette pépite disco-funk-soul-electro ultime permettant de galvaniser les foules.

Avec Social Experiment 002, ce n’est pas moins de 13 titres inédits qui jalonnent le mix (pour une sélection de 23 morceaux). Le but est simple et la démarche hédoniste, la seule volonté étant de faire danser. L’exercice se révèle lumineux et sexué grâce à des lignes de basses souples, des sons de batteries clairs et une optique disco-soul permanente. Alors qu’on aurait pu tomber dans l’étalage de morceaux prévisibles, on se retrouve avec une sélection de qualité. Les amoureux de nu-disco, de soul rétro-futuriste et de rythmiques qui chaloupent seront servis.

Soul Clap ne tombe pas dans l’hommage rétro vain, au contraire, son mix house regarde autant vers le passé que vers le futur, tout en exploitant finement les gimmicks que l’on peut retrouver dans la musique de club. Il en ressort une sélection homogène faisant la part belle à toute la scène disco-house actuelle, de James Teej à No Regular Play en passant par Tanner Ross et bien sur Seth Troxler. Mais Soul Clap se réserve le meilleur avec un Fried Chicken au cut funky contagieux.

 

Ce Social Experiment 002 est une très bonne porte d’entrée vers toute cette scène disco-house actuelle. Soul Clap n’invente rien, son mix ne restera pas dans les annales et n’est rien d’autre qu’une énième playlist mais quand c’est distillé avec autant de panache, on est tout de même conquis.

 

http://cdn.pitchfork.com/media/soulclap_.jpg

par B2B

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 23:01

Sortie : janvier 2011

Label : 33 Recordings

Genre : IDM, Abstract Hip-hop

Note : 7/10

 

La fertilité de scène électronique expérimentale grecque n'est plus à prouver. Des artistes comme Subheim, Mobthrow, Xsoz ou Miktek, et des labels tels que Impulsive Art ou le défunt Spectaliquid constituent un terreau des plus féconds. Le second album de Poordream aka John Valasis ne dément pas les faits. Ce compositeur et ingénieur du son posait déjà un titre à l'immense édifice que représente la compilation Emerging Organisms vol. 3 de Tympanik Audio (ici). Puis il sort l'année dernière un premier opus, constitué de nombreux remixs, sur le label sus-cité Spectraliquid. Aujourd'hui, 33 Recordings publie son deuxième jet, Living Now, un album live enregistré au Votanikos Kipos d'Athènes.

 

Celui-ci comporte deux remixs de la part de Valasis ainsi qu'une relecture. On allouera aux besoins du live le fait que ceux-ci se trouvent au début du disque. La musique de Poordream peut paraître aussi limpide que Living Now semble inétiquetable. Au confluent de l'IDM, du breakbeat, de l'électronica et de l'abstract hip-hop, cet album emporte dans un périple abstrait, vrillé, chatoyant, bien que souvent sombre. Regorgeant d'inspirations cinématographiques, il se pare de dialogues froids et sérieux, pouvant évoquer des productions davantage axées sur le rap instrumental. Mais le tranchant des beats et le titanesque travail des textures confirment que l'univers pénétré plie bien l'échine sous une hégémonie des machines. Les échos, les field recordings et les sonorités concrètes tissent un décor mouvant, éclaboussant tantôt d'ondes lumineuses, tantôt de vapeurs noirâtres, planant un instant, menaçantes, pour se voir piétinées par une giboulée de breakbeat. J'aurais donné cher pour assister à ce concert. Mais le plus fascinant reste le talent mélodique dont fait preuve Valasis. Aussi dense soit sa musique, les mélodies hypnotiques se dégagent tel des néons que l'on ne saurait quitter des yeux. Après une simple écoute, Immense Present est de ces morceaux qu'on se jurerait connaître depuis toujours.

Au sein de Living Now, un truc énorme se détache de tout le reste. Short Circuit In My Brain, ou une rythmique concassée, se muant en sublime cavalcade électronica, grêlée de légères touches de jazz. On y verrait presque un petit quelque chose d'aphexien période Vordhosbn. Mais que cette merveille dure moins de 3 minutes et demi relève du scandale. Et ce même si elle sert de parfaite rampe de lancement au magnifique Immaterial Monarch. Afin d'émettre une pointe de critique, on questionnera humblement la pertinence du chant posé sur Everything Is Good (Poordream remix), titre sans cela excellent, ainsi que les synthés aveuglants de Immaterial Monarch (Grandma Version). Des imperfections qui se pardonnent, au vu du caractère jubilatoire et inqualifiable de ce qui devait être une intense expérience sonore et visuelle.

 

On se consolera en l'écoutant très fort au casque. Living Now a beau être disponible gratuitement ici, ceux qui se donneront la peine de l'acquérir se verront recevoir un sacré paquet handmade (ici). Le tout est de ne pas passer à côté.

 

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par Manolito

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