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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 19:05

Sortie : février 2011

Label : Columbia

Genre : Synthpop dépressive

Note : 7/10

 

La vie de Mohini Geisweiller se situe à mi-chemin entre les romans de Lolita Pille et Martine à la Secte. Jeune et beau mannequin, elle tombe un soir de beuverie dans les filets d'un certain Adrien, beau parleur un peu mytho, qui l'entraînera dans l'aventure Sex In Dallas. Sex In Dallas, c'est ce trio de clubbers parisiens qui a connu les grandes heures du Rex, et qui a migré vers l'Angleterre et l'Allemagne, pour inonder les clubs mythiques sous ce qui n'est rien de plus qu'une énième tentative d'électroclash. Parce que voilà, la hype s'était emparé du truc, et encore aujourd'hui, dire que Sex In Dallas a toujours fait de la merde est aussi risqué qu'émettre des réserves à propos du régime de Nicolae Ceausescu en Roumanie dans les années 80. Car je suis quand même un peu courageux, j'ose dire ce jour planqué derrière mon ordinateur, qu'on se souvient aujourd'hui plus de leurs frasques sous toxiques que de leurs Everybody Deserves To Be Fucked ou Berlin Rocks. Mais voilà, Mohini en a marre de se retrouver sans culotte au petit matin dans les rues de Berlin avec la mâchoire encore un peu tendue. Elle quitte le groupe et souhaite revenir à quelque chose de plus... posé. L'été dernier, Les Inrocks, Teknikart, Têtu et plein d'autres magazines culturels crédibles saluent le retour de Mohini avec son EP Milk Teeth. Gros retour de hype, Danakil réalise son clip et un album est annoncé pour l'hiver suivant. Nous y voilà.

 

Si Milk Teeth était sorti en été, la musique de Mohini s'apprécie d'autant plus en hiver. Et encore plus si on tente de se sevrer de l'héro, un week-end gris et neurasthénique dans un 12m² sous le ciel de Charleroi ou de Manchester. A Nevers ça marche aussi, mais pour trouver du subutex un dimanche après-midi, c'est un rien plus complexe. Mohini a elle bien compris qu'un vieux synthé Casio coûte moins cher qu'une psychothérapie. Surtout quand on le trimbale dans son sac depuis l'adolescence. Même si sa synthpop est nouée de névroses, elle contient des vestiges de son (mauvais ?) goût pour les nappes de Giorgio Moroder et l'italo disco en général. Si on ajoute à cela une absence totale de voix et un matériel que nul n'ose plus utiliser, on est en droit de se poser cette troublante question. Comment Event Horizon peu-il être un bon album ? Car il l'est, assurément. Tout d'abord parce que le songwriting de Mohini est tout à fait pertinent, encore plus quand elle susurre en français. Qu'il y a quelque chose de particulièrement touchant et contrasté dans ce que raconte cette beauté froide et fragile, arborant aujourd'hui un teint frais comme la rosée, aussi rassuré que rassurant. Et parce que sa pop synthétique et minimaliste ne sonne pourtant jamais cheap, si ce n'est sur l'incompréhensiblement et unanimement salué Paris 2013. Et parce que voilà, artistiquement il y a quelque chose. On pourrait penser que la presse et le tout Paris aimerait finalement qu'elle aille encore plus mal, que ses pas si vieux démons la rattrapent (No Recollection Of This Happening et Tête d'Or) et qu'on la surprenne partageant les même rails que Nicolas Rey dans les chiottes du Flore après sa potentielle remise du Prix Constantin. La hype a déjà failli bousiller cette jeune beauté. Bien sûr les titres que contenait le EP Milk Teeth ont quelque chose de plus "tubesques" et de plus immédiats que les nouveaux arrivants. Ce sont pourtant les plus personnels. Les qualités de cet album sont en fait aussi ses défauts. Mais on reviendra souvent vers ses fables électro-pop qui n'excèdent presque jamais les 3min30, aussi désenchantées que ce que représente celle qui les chantent, définitivement et malheureusement bien installées dans leur époque. Si Toward, Systole/Diastol, Random, Plus Rien, April et Tempe ont nettement ma préférence, chacun fera ici son marché pour accompagner au mieux sa descente.

 

On peut légitimement se demander si Les Inrocks et consorts auraient encensé autant cet album si il n'avait pas été devancé par tous les détails sordides des errements de l'ex poupée chiffon de Sex In Dallas. Mohini n'a plus peur, même si elle ne connaît personne et qu'il fait terriblement froid lorsqu'elle regagne son trou paumé du 77. Un seul regret ou risque plutôt, que ce triste et joli album ne sorte jamais du microcosme parisien dans lequel bien des gens aimeraient l'installer. Mais Mohini n'est sûrement pas une victime et connaît déjà trop bien les sectes. Elle ne devrait plus avaler les mantras et les pleurs cérémoniels infusés des gourous toujours sans cravates, mais aujourd'hui chaussés de Sneakers.

 

http://img.over-blog.com/500x500/2/43/67/20/doc22/mohini_geisweiller-event_horizon.jpg

par Ed Loxapac

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 10:37

Sortie : 12 mars 2011

Label : Abstrakt Reflections

Genre : IDM, Downtempo, Ambient

Note : 7/10

 

Après l'excellent album de r.oo (chroniqué ici), le netlabel argentin Abstrakt Reflections comble à nouveau les amateurs d'IDM ample et subtile en sortant le premier long format du Grec Mihalis A. aka Miktek. Cet originaire de Mytilene compte deux EP à son actif, ainsi qu'un superbe format court, Ambient Network, qui dépeignait l'univers astral, sombre et introspectif de son auteur. Mais Miktek prévient lui-même qu'Anisotropy explore des territoires sensiblement différents. Se faire une idée devrait être à la portée de tous, car à l'image des sorties d'Abstrakt Reflections, ce très bel album est livré gratuitement sur leur site.

 

Résolument porté sur l'ambient, les soundscapes oniriques et les grands espaces, Anisotropy apparaît comme une vaste fresque à la gloire de l'évasion de l'âme. Une chose est anisotrope si la vision que l'on a d'elle diffère selon son orientation. Observez-là de biais, et le rayonnement qu'elle dégage vous semblera ne plus exister. L'album de Miktek se doit d'être envisagé de front. Une dimension profondément organique marque son IDM downtempo. Les résonances mates et feutrées des multiples percussions créent des ambiances en clair-obscur, parfois ethniques, qui tranchent avec ses précédentes compositions. La démarche acoustique et les atmosphères languides pourraient même pousser au rapprochement avec le sublime No Land Called Home de Subheim. Alors que les denses volutes d'ambient ont peu à peu anesthésié vos contacts sensitifs avec l'extérieur, les cordes et leur poignant vibrato achèvent de transcender la charge émotionnelle latente. Les rythmiques aux consonances toujours concrètes, parfois puissantes, se parent à l'occasion d'un glitch piquant, et les textures semblent modulées avec une infinie délicatesse, distillant légères craquelures, échos poudreux et murs de vapeur.

Composé de quinze titres et long de presque une heure et demi, Anisotropy exige une imprégnation profonde et appliquée. Le seul regret viendra de la nuance entre la première et la seconde moitié. Cette dernière, ou plutôt les cinq morceaux finaux, apparaît moins passionnante à mon sens, que la phase liminaire, même si incontestablement la qualité demeure. Il faut dire qu'après des perles magnifiques comme Ping, son beat martelé mordant dans la chair de nappes de cordes, ou le sublime Collapse, qui voit le chant vibrant de Cellar Door épouser ses courbes, manifestement arabisantes, il n'est pas toujours évident de tenir la longueur. Il n'empêche que Never To Be Found, Anisotropy, Total Consciousness avec The Empath, Striped Aurora, When The Day Breaks et le très dark Apognosis sont fait de ce même bois, tous superbes et enivrants.

 

Mihalis A. rend une oeuvre singulière, méditative et écorchée. La légère irrégularité s'efface au vu de la densité d'Anisotropy, n'entamant en rien le talent criant du sieur Miktek. La sensibilité affleure et la beauté scintille d'elle-même. On émerge conquis.

 

re 

par Manolito

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 18:15

Sortie : mars 2011

Label : Error Broadccast

Genre : Errance électronique psyché

Note : 7

 

L'année sera psychédélique ! au moins pour certains. Nouvelle indice en ce sens, le premier long format de iL, producteur de l'Illinois qui ferait partie de l'avant garde de la scène du beat. Tout un programme. Mais vu comment la dernière "tape" diffusée par Error Broadcast l'an passé avait marqué les esprits (Five-Finger Discount de DZA, chroniqué ici), celle-ci est tout autant à prendre au sérieux. Auussi expérimentale soit elle.

 

L'Américain annonce vite la couleur, une multitude de courts samples croulant sous les filtres et les bidouillages en tous genres. Un brouillage de pistes intégral qui donne un côté psyché à ses collages venus de la soul, du jazz, avec parfois un côté rap lointain et des voix déformées qui transparaissent péniblement. Le tout formant un ensemble maléable entre ambient et musique concrète qui évolue en laissant une trainée visqueuse derrière lui. iL innove en ne laissant aucun repère, sa musique étant une matière clairment indéfinie. Cela ne vaut pas la peine de citer des titres dans cet ensemble de 17 extraits qui ne forme qu'une et même masse translucide homogène et maléable. Le producteur joue avec les formes, créé des virages là où il n'y en a pas, place des chants fantomatiques sur des mélodies nuageuses, se laissant toute liberté pour rebondir en douceur. Chaque sonorité est nébuleuse, semblant rebondir avec souplesse contre les tympans.

Chaque passage séduit par son enrobage sucré mais déroute par sa volubilité. Chaque pause est une incertitude. Chaque reprise un nouvel enchantement. Même lorsque l'Américain frôle un drôle de R'n'B mutant, ses transformations rendent le résultat charmeur. Le ton léger, rarement ponctué d'une batterie qui claque sobrement, donne une sensation de flottement de bout en bout. Quand s'achève ce songe enivrant, et bien que nous n'ayons pas tout suivi, il ne reste que le regret qu'il ne se prolonge. 

 

iL n'explose pas en vol avec cet AppoLLo1ne3hree. Au contraire, il ouvre de nouvelles voies vers des galaxies musicales prometteuses.

 

http://i1.soundcloud.com/artworks-000003340916-kg4xu8-crop.jpg?c1f0ed

par Tahiti Raph

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 01:46

Sortie : février 2011

Label : Africantape

Genre : Pop mutante

Note : 6,5/10

 

Avec son premier et brillant album éponyme, le trio de Brescia Aucan s'était attiré les éloges de ceux qui pensaient naïvement que le math-rock était bien plus qu'un sous genre mort né après l'avènement de Battles. Les comparaisons avec le quartet pas encore séparé du chevelu friendly Tyondai Braxton avaient donc fusé de toutes parts. Si les voix s'étaient montrées aussi absentes que les synthés discrets, le format court DNA allait frustrer ceux qui avaient promis un avenir radieux au trio italien, mais allait leur amener un nouveau public, admirateur de sonorités plus digitales. Dès l'annonce de la sortie de Black Rainbow, les sphères indés se sont exaltées comme de juvéniles pucelles face au fruit défendu. En pourfendeurs de la hype et en chantres du bon goût, il était grand temps que nous nous positionnions.

 

On a tout lu à propos de ce nouvel album. Retour du vilain big beat ? Ersatz dubstep ? Il faut toujours étiqueter quelque part un groupe qui a délaissé les guitares pour l'électronique. Et si du fin fond de son Italie natale, le trio n'avait pas simplement voulu se jouer des paradoxes et faire danser les gens sur une musique finalement assez sombre. Ne cherchons pas à intellectualiser cette musique définitivement aussi spontanée que bien produite. Alors oui, les fautes de goût sont là et bien là. Surtout au niveau des titres chantés, même si braillés est encore un terme plus adapté. Comme sur l'odysée synthétique Sound Pressure Level, où le phrasé rapé criard ne s'imposait absolument pas. Quand on est Italien et qu'on tente de chanter en anglais, une certaine discipline en matière de prononciation et d'accentuation s'impose. Sur le déjà très indigeste Away!, où on croirait entendre Vitalic converti au dubstep, on comprend à peine ce qu'ils scandent. Au rayon de l'indigestion, Underwater Music s'avale comme un boulgour trop sec coupé au patchouli. Donc oui, les récentes interventions d'un membre unique du trio en DJ set, tendent à confirmer l'idée qu'ils ont tenté de faire du dubstep. C'est raté. Comme j'écrivais l'autre jour en commentaire à propos de je ne sais plus quel disque sur je ne sais plus quel webzine : si je pète dans un hautbois et que j'assois Jean Michel Jarre devant un clavecin baroque, ça fera pas du Haendl. Trêve de critiques plus ou moins faciles, Black Rainbow contient bien des petites perles qui justifient ce semblant de retour de hype. Tout d'abord avec ce Blurred d'ouverture, où les infra-basses interviennent en filtre à ce qui pourrait ressembler à une tentative trip-hop 2.0. Et dis comme ça, je sais que ça ne donne pas envie, mais c'est carrément réussi. Vient ensuite le sympathique et débridé Heartless, se révélant comme une réussite pop ascensionnelle (bien que toujours porteuse d'une prononciation anglaise discutable). Red Minoga poursuit les schémas de dubstep taillé dans le laser acidulé mais s'avère bien plus réussie. Tout comme Storm, qui fait parfois penser aux contours explorés par Nosaj Thing ou autres Free The Robots au sein de cette scène liquide et synthétique hip-hop désormais plus qu'émergente à Los Angeles. Citons enfin ce Black Rainbow de clôture, véritable célébration sombre et païenne qui tout comme l'ensemble de l'album invite à la danse même aux heures les plus chaotiques.

 

Coutumiers de la division, les Aucan vont encore susciter la question inquisitrice de l'évolution inattendue de certains groupes. Leur tentative d'ouverture au tout synthétique n'est pas exemptée de certains accrocs, bien au contraire. Le chant n'est peut-être pas à retenir pour l'avenir. Leur potentiel live évident devrait être mieux utilisé, et pourrait ainsi donner un rendu sur album plus puissant et forcément moins anecdotique. Il y a malgré tout ici certains morceaux qui redonnent à cette satané hype un semblant de lettres de noblesse. Voilà, je l'ai dit.

 

http://cdn2.greatsong.net/album/extra/aucan-black-rainbow-110473114.jpg

par Ed Loxapac

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 16:27

Sortie : décembre 2010

Label : Connexion Bizarre

Genre : Industriel, Noise

Note : 7,5/10

 

Outre le fait qu'il soit l'organisateur de la Fête de la musique électro-industrielle (18 juin 2011 au Point Éphémère) et qu'il compte parmi ses fréquentations des gens comme Empusae ou Flint Glass, Sylvgheist Maëlström a sorti un album en fin d'année dernière (diffusé par le webzine portugais pointu Connexion Bizarre) qui prend aujourd'hui une signification toute particulière. Musicien mais également peintre et architecte, le Français a également participé à des compilations remarquées et estampillées du sceau du label français cher à Flint Glass : Brume Records. Il décrit lui même son projet de la manière suivante : "Sylvgheist Maëlström, 'esprit fantomatique de la nature', est en effet la traduction sonore du mouvement incontrôlable de l'environnement reprenant ses droits sur la civilisation".

 

Un Lahar est une avalanche, de boue et de débris rocheux, d'origine volcanique. L'album tire son nom de la catastrophe qui sévit un jour de mai 1980 dans l'Etat de Washington, quand le volcan Saint-Helen se déchaîna et élimina toute trace de vie humaine autour de lui. Sylvgheist Maëlström est littéralement fasciné par les catastrophes naturelles et les troubles climatiques dévastateurs. Tant et tellement que chacun des titres de l'opus en portent un nom. Si on en croit sa biographie, le Français aurait de très bonnes (et personnelles) raisons de se pencher sur les conséquences de tels phénomènes. Sa musique, bien que très abrupte et "descriptive", ne rompt pas complètement avec les ornements naturels. Elle nous transporte vers des lieux dévastés, où règnent une odeur de mort et de chaires brûlées. Certains se croiront plantés au milieu d'usines désaffectées, où cohabitent des ogives pas encore complètement obsolètes, des vestiges de chaînes de travail, une rouille tendant vers le vert de gris et une friche étonnamment naturelle qui tente de reprendre ses droits. Une musique résolument industrielle donc, mais qui renvoie à une dimension picturale difficilement explicable. On peut aussi parfois la qualifier légitimement de minimaliste, tant elle est peu chargée en couches sonores. C'est d'ailleurs souvent ce qui fait le défaut de ce genre de musiques, plus particulièrement le rythmic noise : ce fameux excès de superposition des strates de sons. Ici les rythmiques s'embrasent de manière forcément hypnotiques et répétitives, renforçant un peu plus cette palpable apologie de l'alchimie du feu et de la rouille. L'oreille avertie constatera d'ailleurs que les textures donnent presque toujours l'impression d'être en fusion. Les nappes rendues par les synthétiseurs pourraient représenter quelque chose de moins destructeur, porteur d'un espoir encore vivace. Voilà qui illustre parfaitement ce que Sylmalm a tenté de réaliser et expliquer : "La possibilité de combattre l'inéluctabilité de l'anéantissement par la création. La création par l'antidote à la perte."

Le présent nous apprend que parfois, les désordres climatiques ne sont pas que de la volonté de Dame Nature. L'homme, a force de jouer les apprentis sorciers, pourrait bien être l'auteur de sa propre perte pour qu'ensuite, enfin, encore une fois, la nature reprenne ses droits. Si tous les titres ne sont pas aussi passionnants que la démarche artistique et que l'artiste en lui même, Katrina, Lahar - Mont Saint Helens, Lothar, Chicxulub, Toungouska et Kobe sont absolument renversants et originaux, lâchant souvent une frénésie rythmique qui renvoie encore une fois à quelque chose d'incontrôlable. Les obsédés du contrôle et les nouveaux venus dans ce genre de sons resteront donc probablement sur le bord de la route, témoins peut-être de l'exode de ceux qui fuient les déchaînements futurs. Les autres attendent désespérément que Fukushima apparaissent en bonus track.

Cover-copie-1.jpg

par Ed Loxapac

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 11:08

Sortie : 21 mars 2011

Label : Raster Noton

Genre : Expérimental

Note : Non noté

 

APPREHENSION :

Aucune idée de qui peut bien être Anne-James Chaton avant de lancer Evénements 09 sur ma platine. Le simple fait d’être labellisé Raster Noton aurait pourtant dû me mettre la puce à l’oreille. Le label prenant un malin plaisir à multiplier les sorties expérimentales (de qualité). Le tracklist de l’album aurait aussi dû réveiller mes synapses : Evénement n°20, jeudi 22 janvier 2009Evénement n°21 jeudi 19 février 2009 - … Et c’est parti pour une déclamation d’une suite de mots, de nombres, le tout se structurant autour d’un beat étrange répétant inlassablement le même mot.

Bon, ok, j’ai entre les mains une performance. Il me faut désormais les clés nécessaires pour l’appréhender. Quoi qu’il en soit, je poursuis l’expérience (pas désagréable) jusqu’à son terme, histoire de pleinement vivre la chose. J’aurai très bien pu m’arrêter là et livrer une chronique baclée stipulant que tout cela n’est qu’une vaine tentative d’expérimentation sonore foirée (on a déjà vu plus intéressant et plus fouillé dans le genre) mais pourtant, cela m’intrigue tant l’expérience s’est révélée hypnotique.

 

SOLUTION :

Anne-James Chaton est un artiste français, un performer, un "poète sonore" fricotant de près avec Alva Noto et le groupe The Ex. Ses évènements ne sont pas le fruit d’une expérience unique puisqu’il distille cela depuis une dizaine d’années au travers d’expositions diverses. Il nomme lui-même ses travaux comme étant de la "littérature pauvre". Cela consistant à collecter les multiples textes insignifiants nous entourant en permanence : reçus, tickets de métro,… Une fois ce matériau en main, Anne-James lit ces textes de manière quasi mécanique. Pour convertir le tout en musique, il y ajoute une sorte de refrain scandé. Pour cela, il puise une information brève capitale d’un jour J choisi (d’où les titres).

Le résultat est une expérience du sampling pour le moins unique. La performance, assez fascinante, devient rapidement hypnotique. En utilisant des refrains qui claquent, "Le printemps de Téhéran", "Taliban", il arrive à maintenir une tension permanente.

 

Événements 09 n’est pas à proprement parlé un disque de musique électronique. Bien entendu, des machines sont derrières tout ça. Anne-James Chaton est simplement un performer se jouant de notre quotidien merdique pour aboutir à des non-évènements. Cet ovni n’a en soi aucun intérêt musical mais il a le mérite de susciter une étrange curiosité.

 

333.jpg

par B2B

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 22:09

Sortie : février 2011

Label : Brownswood

Genre : Rap brumeux

Note : 7

 

Gilles Peterson a plus d'un tour dans son sac. Il est par exemple capable de nous sortir un rappeur au flow proche de Roots Manuva et dont l'univers rappelle celui d'un Gonjasufi, en un peu moins barré quand même. Ce MC rafraîchissant s'appelle Ghostpoet et n'avait sorti qu'un maxi avant ce Peanut Butter Blues & Melancholy Jam qui conduit à des comparaisons plus flatteuses qu'encombrantes.

 

Ce débit, ce ton parfois presque chanté, c'est celui de l'Angleterre urbaine de Roots Manuva. Ce trip débridé avec des productions sous forte perfusion électronique fait penser au voyage astronomique de Gonjasufi. Des influences dont il s'émancipe plutôt qu'elles ne lui pèsent. Ghostpoet n'entre pas vraiment dans ces cases et cela lui va bien. Qu'il plane complètement sur des mélodies confortables (One Twos Run Run Run) ou plus abstraite (Us Against Whatever Ever) ou qu'il soit - rarement - un peu plus conscient (Survive It), le rappeur ne perd pas son fil conducteur imaginaire. Il semble souvent sur une autre planète ou bourré au micro, son texte ne s'en faisant que plus imagé. L'homme est tourmenté, il paraît même parfois fiévreux (Finished I Ain't), et sa langueur pèse sur sa musique, ralentie par son débit nonchalant.

Pourtant, quelques rares sursauts sont possibles comme sur I Just Don't Know où les claviers donnent une impression de rave vue de loin, image par image, dans un épais brouillard qui maintient en apesanteur. Avec Gaaasp persiste ce sentiment d'ivresse - complètement affirmé sur Cash And Carry Me Home - qui distord la perception. Le soin avec lequel sont élaborées les rythmiques permet de porter ces gimmicks utilement répétitifs pour appuyer ce sentiment général de perte de contrôle. La voix ne devient alors qu'un envoûtant guide dans ce flou environnant. Les sons, parfois au bord du dubstep (Garden Path) exceptionnellement rock (Liiines), accompagnent à point le poète sous influence.

 

Pur produit de la musique indépendante anglaise, Ghostpoet apporte une fumée nouvelle qui vous embrume subtilement et vous colle un drôle de sourire malgré le côté sombre du personnage. A consommer sans modération.

 

http://www.cmj.com/wp-content/uploads/2011/02/ghostpoet-300x300.jpg

par Tahiti Raph

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 11:12

Sortie : 14 mars 2011

Label : De Stijl Records

Genre : Electronica hype

Note : 3,5/10

 

Dans cette mouvance électronica lo-fi, il fallait bien un groupe à idolâtrer par les médias. Hype Williams est cette entité qui émoustille sites et blogs spécialisés. Ce duo londonien, formé par Roy Blunt et Inga Copeland, entretient malicieusement le mystère, n’apparaissant que furtivement et dévoilant sa musique selon ses propres critères de merchandising. Ne soyons pas dupes, en entretenant un semblant de parti pris underground, Hype Williams joue surtout avec les codes du milieu. Le groupe n’invente rien. Tout est trop roublard pour être sincère, que ce soit le nom du groupe renvoyant au réalisateur de clips hip-hop épileptiques, autant que la démarche hypocritement D.I.Y. Il n’en demeure pas moins que les deux premiers EP (Untitled et Find Out What Happens When People Stop Being Polite, And Start Gettin Reel) du groupe restent des Ovni intrigants. On est juste en droit de se demander pourquoi un tel groupe suscite une telle ébullition sur le net. Sans être indigeste, la musique d’Hype Williams n’est en rien révolutionnaire et encore moins impressionnante.

 

One Nation est le premier album officiel du groupe et on retrouve cet esprit lo-fi déroutant lui conférant une certaine intemporalité. Les morceaux vous glissent entre les oreilles telle une apparition fantomatique. L’album est loin d’être déplaisant si tant est qu’on mette de côté l’aspect technique. Il est uniquement question d’ambiance. On comprend néanmoins que le groupe cherche à nous placer dans un état proche de la neurasthénie. Entre les reverbs et les multiples filtres, One Nation devient un objet impalpable. Chaque morceau verse dans un psychédélisme dadaïste. Entre l’ouverture sci-fi d’Ital, l’impression d’être en plein film de cul déviant de William, Shotgun Sprayer et le trip anthropophage de Jah, on est en permanence dérouté sans être non plus secoué. C’est bien là le problème. Alors qu’un Matthewdavid (ici) ou un Jeremiah Jae (ici), dont on retrouve cette même phraséologie musicale visant à redéfinir les notions d’espace et de temps, vont pousser le trip jusqu’à ses limites, en le confrontant à l’expérience du collage psychédélique et en s’interdisant toute barrière, Hype Williams ne fait qu’effleurer le principe. Ainsi, le double morceau Dragon Stout / Homegrown, se révèle trop lisse alors qu’il y avait matière à prendre des chemins de traverses bien plus opiacés. De même, les 8 minutes de lévitation de MITSUBISHI sont une ode trop polie à la petite pilule du bonheur.

 

Sans être déplaisant, One Nation se contente de simplement survoler l’esthétique électronica lo-fi actuelle et n’est voué qu’à être un objet superficiel. Mais les sirènes de la hype vont cependant s’empresser d’en faire les chefs de files injustifiés d’une scène pourtant intéressante. Hype Williams récoltera les éloges pendant que les autres se contenteront des miettes. Monde de merde.

 

http://crocnique.files.wordpress.com/2011/03/one-nation.jpg?w=320&h=320

 

par B2B

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 18:58

Sortie : février 2011

Label : Ant-Zen

Genre : Dark Ambient

Note : 8/10

 

Dire qu'Empusae est une figure des musiques underground relève de l'euphémisme. Le Belge Nicolas Van Meirhaeghe aka Sal-Ocin a marqué de ses noirs concentrés d'ambient, d'indus et de rythmic noise des labels comme Hands Productions, Divine Comedy ou Brume Records. Il est la moitié du passionnant projet Tzolk'in et membre de nombreuses formations telles que This Morn' Omina ou In Slaughter Natives, pour ne citer qu'elles. Le Japonais Shinkiro aka Kotodama, et de son vrai nom Manabu Hiramoto, est l'auteur de plusieurs albums de dark ambient, dont certains virent le jour chez le label français Athanor. La rencontre d'Empusae et de Shinkiro s'appelle Organic.Aural.Ornaments, publiée par le ponte en matière de musiques industrielles avant-gardistes, Ant-Zen.

 

L'oeuvre se divise en six Ornament(s), et retrace une progression irrépressible vers des bas-fonds vierges de repères. Cette immersion requiert d'accepter l'idée d'être poursuivi en permanence par des chimères ectoplasmiques, menaçant lorsqu'elles vous auront atteint de vous abandonner suffocant sur le bord de la route vers les limbes. Les drones deviennent des mirages impalpables, qui vous enveloppent puis vous fuient, et le sol caillouteux sur lequel vous évoluez semble vouloir se dérober à chaque pas. Tissé de dark ambient, de fluides bruitistes, et de résonances hautement organiques, cette album se fait l'image d'une angoisse transcendante, d'un état où l'isolation parfaite semble le seul recours à la tyrannie médiocre de la surface. Si l'ambient, dans sa forme la plus ténébreuse, est la torche ondoyante qui guide ce périple, mélodies et rythmiques ne se trouvent point escamotées. Plus l'on s'enfonce, plus les échos de troubles rituels se font entendre. Les rythmiques tribales et le roulement syncopé des drums entraînent une nette montée de la saturation de l'air. Emporté dans des spirales hypnotiques et opiacées, tout bon sens ayant depuis longtemps déguerpi, on cède à la tentation de la chute, oubliant quelles terrifiantes cavernes nous accueilleront plus bas.

Le dark ambient glaçant des First et Second Ornament(s) constitue une traumatisante mise en bouche. Electriques et stridents, des insectes bioniques sifflent à nos oreilles, tandis que des nappes spectrales brouillent toute pensée claire et criblent l'espace de brumeuses interférences (First). Sous les heurts d'un gong synthétique, la tension montera de plusieurs crans (Second). Mais au sein des abstraits et divins soundscapes, perce une insoupçonnée mélancolie. Le sublime Third Ornament ne pourra qu'en attester, lorsque derrière son entêtante rythmique, se libère, pur et paralysant, le vénérable chant des spectres. Une caresse de notes translucides ouvre le quatrième. Des cordes déchirent le coeur, et sous le rythme martial et funeste, en pauvre naïf béat, on continue de sombrer. Fifth Ornament signera la sentence céleste. Tel le galop effréné du char d'Hadès, cette cinquième parure est la course épique de celui qui comprend qu'il est désormais vain de tenter d'y réchapper. Comme tout souffle de vie, les mélodies ont déserté le final Sixth (Styx?). Ne plane plus qu'une puissante odeur de souffre, qui ne s'éteindra qu'à l'ultime exhalation du dernier des organismes.

 

A nous pauvre mortels, Empusae et Shinkiro offrent plus qu'un voyage initiatique, une descente dans des ténèbres inatteignables. Derrière le superbe artwork en filigrane de Salt se cache un objet dangereux, que seul les plus téméraires oseront pénétrer. Advienne que pourra, joyeux cauchemars.

 

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par Manolito

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 10:45

Sortie : 28 février 2011

Label : Leaving Records

Genre : Electronica psyché californienne

Note : 7/10

 

Le Belge François Boulanger, aka Ssaliva, aurait-il passé ses étés à Los Angeles ? A l’écoute de Thought Has Wings, l’impression est tenace. Son électronica lo-fi psyché respire l’air californien et possède ce côté intangible propre au climat local. Et comme pour mieux nous conforter dans cette idée, l’album sort chez Leaving Records, label de Matthewdavid (chronique de son excellent EP ici), installé à la Cité des Anges. Leaving Records étant, ultime confirmation, distribué par Alpha Pup.

 

En plein revival électronica lo-fi, l’album de Ssaliva possède cette touche intemporelle puisant son inspiration davantage du côté du ciel que vers le bitume. Histoire de pousser l’abstraction à son paroxysme, Thought Has Wings est édité en cassette audio en édition limité à 200 exemplaires. Le délire fétichiste pourrait paraître un poil vain mais une fois l’album en route, vous comprenez immédiatement le délire.

Thought Has Wings est une ode au endless summer version LSD. La pochette est une invitation à la prise d’hallucinogène et la musique un écrin pour profiter de son trip. Tout est lumineux, ondulant et apaisant. Pendant 25 minutes, vous êtes bercé par des sonorités aquatiques, des voix tentant de trouver leurs places dans une matière impalpable. Les compositions de Ssaliva semblent être passées par des centaines de filtres avant d’avoir subi un lent essorage. L’ambiance surannée vous place alors dans un état contemplatif, figeant durablement votre sourire. Tout en volutes 70’s, en rythmiques chaloupées, Thought Has Wings est un antidote d’une rare douceur.

A l’écoute de Where I Winter, on s’imagine aisément sur la freeway 10 de LA, au volant d’une décapotable vieillotte en train de faire route vers les plages infinies de la ville. Le temps de garer votre caisse sur Pacific Av. et d’enclencher Laker et vous voilà à Venice, assis sur le sable à contempler ce coucher de soleil infini. Il ne vous reste plus qu’à vous diriger vers Echo Park pour une déambulation urbaine au son de Crayloa. Entre temps, les couleurs n’auront cessé de se moduler devant vous.

 

Thought Has Wings est une parenthèse électronica lo-fi des plus recommandable. Il ne vous reste plus qu’à vivre ce trop court trip, fenêtre ouverte, soleil de face, et soyez en sûr, vous aurez vous aussi des visions élégiaques.

 

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par B2B

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