Sortie : 14 février 2011
Label : Type
Genre : Dark ambient
Note : 7,5/10
Lorsque la nuit polaire s’étend, l’obscurité n’est pas votre unique partenaire, il faut aussi faire lit commun avec le silence. Dès lors, le moindre craquement de la banquise devient vertigineux. La perte de repères vous guette et votre seule arme reste l’introspection.
La musique de Deaf Center devient alors ce médicament propice à l’apaisement. Qui aurait pu prédire que le repos viendrait d’un album de drone-ambient acoustique ?
Owl Splinters est le troisième album, tous sortis chez Type, du duo norvégien formé par Erik Skodvin et Otto Totland. Les deux complices sont donc dûment formés aux nuits infinies. Owl Splinters est une œuvre remarquable reposant sur aucun artifice superfétatoire. Les fans de Ben Frost trouveront ici matière à poursuivre leurs errances.
La musique de Deaf Center se contente de peu et réussi pourtant à stimuler activement nos songes. Avec une économie de moyens, un piano souvent présent, des cordes sombres et une fine dose de field recordings, le duo arrive à créer de magnifiques pièces de violence contenue. Divided, ouvrant l’album, est une symbolique composition spectrale dont les chœurs semblent invoquer on ne sait quel démon. Chaque morceau se déploie lentement, prend le temps d’imposer sa montée drone implacablement immersive. Le sublime Close Forever Watching est un modèle du genre. Se focalisant uniquement sur une ascension drone ô combien minimaliste, il suffit que tombe une unique note de piano, grave, pour avoir l’impression de subir une sentence divine. C’est tout de même impressionnant de se rendre compte que, parfois, la musique sait se rendre imposante avec un rien. Mais là où la fascination prend le dessus c’est dans cette impression d’écouter un album sombre réussissant pourtant à vous plonger dans un état proche d’un délicieux coma. Pour cela, Deaf Center accompagne le plus souvent ses créations de quelques touches de piano. On retrouve ainsi deux courts morceaux dont le piano en sourdine est un vibrant appel à l’apaisement.
Owl Splinters se révèle être une sublime partition de drone-ambient immersive et introspective. Les 45 minutes de l’album accompagnent alors vos songes. Vous vous surprenez à contempler le vide, à attendre un signe. Et quand celui-ci surgit, vous êtes alors cloué sur place. Remarquable.
par B2B