Sortie : Février 2012
Label : Permanent Vacation
Genre : House, electronica
Note : 5,5/10
Barcelone a beau être une ville fascinante avec ses nuits dédiées à une musique électronique débridée, il n’en demeure pas moins qu’elle engendre très peu d’artistes électroniques de qualité. Comme si la déflagration des Sonar et autres Primavera se posait comme un frein à toute création artistique digne de ce nom. Etrange paradoxe pour cette ville pourtant affranchie des modes et préférant devenir son propre modèle plutôt que d’aller puiser des idées dans les autres capitales culturelles de l’Europe.
Mais le sujet n’est pas là. Ce qui nous intéresse ici est l’explosion récente de John Talabot. Avec fIN, son premier album, le catalan déboule avec fracas sur l’échiquier électronique et remet ainsi Barcelone au centre des enjeux. Fin est encensé à tout va par la presse, on crie au génie à peu près partout… sans vraiment savoir pourquoi d’ailleurs, d’autant plus que de mon côté il est clair que l’album est loin d’être brillant.
John Talabot puise son inspiration principalement dans les 80’s synthétiques et élégiaques et donne à sa musique des accents de house groovy et d’électronica luxuriante. Le problème est que l’album ne fonctionne que le temps d’une mi-temps, la deuxième. En effet, la première partie est d’une inconsistance folle. Du groove lascif mais routinier de Depak Ine, aux modulations stériles d’El Oeste, en passant par l’électro-pop typiquement catalane de Journeys (avec Ekhi des sinistres Delorean), on ne peut s’empêcher de trouver cela inintéressant, plat et naïf. John Talabot tombe dans l’écueil de l’album fourre-tout tant il en rajoute des tonnes alors que ses compositions auraient mérité bien plus de retenu.
Mais voilà, le John nous prend à revers avec une deuxième partie bien plus captivante. S’en est fini des élucubrations méditerranéennes à deux balles, il est désormais temps de s’émanciper géographiquement. Ainsi, Last Land et Estiu lorgnent intelligemment du coté de la scène électronica californienne de ces trois dernières années (R.I.P.) avec pour le premier une fragile escapade diurne et pour le second une vision nocturne titubante. De même, le groove se fait prenant avec l’enveloppant When The Past Was Present. Talabot se permet le luxe de garder le meilleur pour la fin avec la moiteur de la house chicagoanne de So Will Be Now... (avec Pional) qui risque fort d’en laisser plus d’un sur le carreau tant le morceau n’en finit plus de s’imposer par la force d’un minimalisme contagieux. Ouf, l’honneur est sauf.
fIN est un album brinquebalant ayant du mal à se stabiliser. On a l’impression que John Talabot a voulu trop en dire en 50 minutes. Le résultat est loin d’être à la hauteur mais il est clair que le barcelonais a du potentiel. A suivre.
par B2B