15 janvier 2010
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/2010
17:50
Sortie : 9 février 2010
Label : Rough Trade
Seuls de jaloux aigris s'évertuent encore à contester l'immense talent de Pantha Du Prince en le renvoyant à une fausse image de dandy mélancolique. Ses deux premiers albums, Diamond Daze et This Bliss, sont pourtant des monuments de musique techno, injustement sous-catégorisés "minimale". Oui Hendrik Weber s'est pris les années 1980 en pleine gueule et a su en tirer le meilleur. Bon nombre s'y sont essayés pour finalement s'y casser les dents. Son récent et brillant EP, The Splendour (chroniqué ici), annonçait bien plus qu'un disque majeur : une oeuvre dense, dépassant aisément les clivages de la techno.
L'Hambourgeois semble habité d'un sens inné de l'esthétisme et du romantisme, éclaboussant sa musique d'une beauté immaculée. Jamais on avait constaté un tel travail de la texture en matière de techno dite dansante. L'électronica ou les compositions électro-acoustiques sont elles, coutumières de cet affinage d'orfèvre. Les textures de Black Noise oscillent entre étincelance cristalline et froideur métallique ou antarctique. On rencontre tout au long de l'opus des sonorités issues de percussions africaines digitalisées ou non. Il y a donc une dimension tribale plus qu'inspirée lorsque le kick évoque la house. Les superpositions sont limpides et s'unissent comme si leur complémentarité n'était qu'une cruelle et implacable évidence pour les simples mortels que nous sommes. On retrouve le bien nommé et exceptionnel The Splendour ainsi que Behind the Stars, tous deux présents sur des formats courts conçus et publiés récemment.
Behind the Stars apparaît cette fois-ci dans une version raccourcie et s'élève comme le morceau le plus dancefloor et le plus vicieux de l'album, capable de faire chavirer n'importe quel club habité par une acre odeur d'opiacés. Encore une fois, c'est une pure réussite.
Sur les merveilleux Abglanz ou Bohemian Forest, on est submergé par des visions surréalistes de vestales nues sur un lit à baldaquin, ondulant lascivement leurs courbes sous les rythmes de basses divinement ronflantes. Tout comme les corps de ces amazones faussement sauvages, les territoires semblent vierges et luxuriants.
Encore une fois l'héritage des années 1980 a sa place, plus particulièrement sur le très bon Sattelite Sniper. On retrouve également des cliquetis samplés ainsi que des nappes propres aux productions ambient ou électronica, comme sur l'enchanteur Welt Am Draht ou sur la sublime clôture qu'est Es Schneit.
On questionnera seulement l'intérêt et l'apport de la voix de son pote Panda Bear (Animal Collective) sur Stick To My Side. Respectueux de l'histoire, Pantha Du Prince aura sûrement voulu rappeler à chacun que certaines bases de la house glorieuse naquirent à Detroit et à Chicago, empreintes de soul afro-américaine. Une piqûre de rappel qui ne s'imposait pas forcément, mais qui s'inscrit malgré tout facilement dans la mémoire. Néanmoins, ne vous y trompez pas, il a fallu que je cherche très longtemps pour trouver ne serait-ce qu'une ébauche de critique face à cet album sublime, touché par la grâce céleste.
Pantha Du Prince signe encore un album qui va relayer bien des DJ producteurs au rangs d'apprentis. Bien loin des "compositions" techno kilométriques qui envahissent les bacs depuis bien trop longtemps, Black Noise, n'enflammera pas que vos jambes. Le versant émotionnel et la subjectivité sont ici bien plus qu'à l'honneur. Les mélodies et le rythme, la tête et les jambes, cohabitent ici dans un écrin de musiques intelligentes. Black Noise, ou un opus qui se place déjà comme un des albums les plus bouleversants de 2010.
Label : Rough Trade
Seuls de jaloux aigris s'évertuent encore à contester l'immense talent de Pantha Du Prince en le renvoyant à une fausse image de dandy mélancolique. Ses deux premiers albums, Diamond Daze et This Bliss, sont pourtant des monuments de musique techno, injustement sous-catégorisés "minimale". Oui Hendrik Weber s'est pris les années 1980 en pleine gueule et a su en tirer le meilleur. Bon nombre s'y sont essayés pour finalement s'y casser les dents. Son récent et brillant EP, The Splendour (chroniqué ici), annonçait bien plus qu'un disque majeur : une oeuvre dense, dépassant aisément les clivages de la techno.
L'Hambourgeois semble habité d'un sens inné de l'esthétisme et du romantisme, éclaboussant sa musique d'une beauté immaculée. Jamais on avait constaté un tel travail de la texture en matière de techno dite dansante. L'électronica ou les compositions électro-acoustiques sont elles, coutumières de cet affinage d'orfèvre. Les textures de Black Noise oscillent entre étincelance cristalline et froideur métallique ou antarctique. On rencontre tout au long de l'opus des sonorités issues de percussions africaines digitalisées ou non. Il y a donc une dimension tribale plus qu'inspirée lorsque le kick évoque la house. Les superpositions sont limpides et s'unissent comme si leur complémentarité n'était qu'une cruelle et implacable évidence pour les simples mortels que nous sommes. On retrouve le bien nommé et exceptionnel The Splendour ainsi que Behind the Stars, tous deux présents sur des formats courts conçus et publiés récemment.
Behind the Stars apparaît cette fois-ci dans une version raccourcie et s'élève comme le morceau le plus dancefloor et le plus vicieux de l'album, capable de faire chavirer n'importe quel club habité par une acre odeur d'opiacés. Encore une fois, c'est une pure réussite.
Sur les merveilleux Abglanz ou Bohemian Forest, on est submergé par des visions surréalistes de vestales nues sur un lit à baldaquin, ondulant lascivement leurs courbes sous les rythmes de basses divinement ronflantes. Tout comme les corps de ces amazones faussement sauvages, les territoires semblent vierges et luxuriants.
Encore une fois l'héritage des années 1980 a sa place, plus particulièrement sur le très bon Sattelite Sniper. On retrouve également des cliquetis samplés ainsi que des nappes propres aux productions ambient ou électronica, comme sur l'enchanteur Welt Am Draht ou sur la sublime clôture qu'est Es Schneit.
On questionnera seulement l'intérêt et l'apport de la voix de son pote Panda Bear (Animal Collective) sur Stick To My Side. Respectueux de l'histoire, Pantha Du Prince aura sûrement voulu rappeler à chacun que certaines bases de la house glorieuse naquirent à Detroit et à Chicago, empreintes de soul afro-américaine. Une piqûre de rappel qui ne s'imposait pas forcément, mais qui s'inscrit malgré tout facilement dans la mémoire. Néanmoins, ne vous y trompez pas, il a fallu que je cherche très longtemps pour trouver ne serait-ce qu'une ébauche de critique face à cet album sublime, touché par la grâce céleste.
Pantha Du Prince signe encore un album qui va relayer bien des DJ producteurs au rangs d'apprentis. Bien loin des "compositions" techno kilométriques qui envahissent les bacs depuis bien trop longtemps, Black Noise, n'enflammera pas que vos jambes. Le versant émotionnel et la subjectivité sont ici bien plus qu'à l'honneur. Les mélodies et le rythme, la tête et les jambes, cohabitent ici dans un écrin de musiques intelligentes. Black Noise, ou un opus qui se place déjà comme un des albums les plus bouleversants de 2010.
par Ed Loxapac