Sortie : avril 2010
Label : Alpha Pup Records
Genre : Electronica ouverte
Note : 7
Dix ans que le producteur de Los Angeles explore la musique électronique de sa grâce et de sa classe sur un certain nombre de labels. Il a choisi le non moins classe Alpha Pup pour son nouvel album qui réalise un magnifique brouillage de pistes entre IDM, électronica et abstract hip-hop. Il arrive à évoquer en même temps la grande époque de Ninja Tune, la maîtrise d'un Amon Tobin et la modernité d'un Flying Lotus que nous ne nous lassons pas de citer en exemple. Finies les comparaisons car Take offre avant tout son propre univers, original et riche en émotions.
Ecouter cet artiste demande d'abandonner certains de ses repères. L'auditeur n'évolue pas en territoire connu, mais dans les méandres des sentiments évoqués par l'Américain au gré des mélodies savamment construites. Il flotte dans un univers liquide où les couches de sons se mêlent entre elles pour former une matière nouvelle. Sur des beats improbables (Horizontal Configuration) ou plus classique (Crystallia), il nous emmène dans un monde imaginaire et futuriste. Rien n'est heurté. Tout glisse. Son avenir semble se dérouler dans une cité sous-marine alors que lui, selon le titre du disque, ne voit que des montagnes. Ces morceaux atteignent en effet des sommets avec leur rondeur à l'extrême, comme sur ce Don't Look Now qui groove tranquillement.
Vous serez rapidement maintenu dans l'espace sonore déployé par Take. Il manie les sons avec une grande habileté pour vous porter vers un apaisement proche de l'hypnose. Il vous entoure d'étoiles pour illuminer votre esprit. Chaque ballade proposée ne s'étire pas au delà des 3'30, provoquant à la fois frustration de la rapidité du voyage et abondance. L'ambiance est toutefois assez uniforme pour ne pas rompre le songe entre les plages. Avec Begin End Begin le ton se durcit toutefois un peu, avec une partie basse-batterie un peu plus nerveuse qui, loin de créer une rupture, offre une évolution du paysage qui se confirme par la suite. Après une certaine légèreté, le producteur se fait plus sombre. Il conserve tout son esprit, chaque ingrédient restant distillé avec parcimonie. De mystérieuses voix continuent de s'insinuer au lointain. Puis surgit un brin de tension sur Paper Garden. Et le récit continue...
Le nombre des années réussit très bien à Take qui nous livre un album irréprochable. Un vrai poème sonore, prenant jusqu'à la fin.
par Tahiti Raph