Sortie : 17 mai 2010
Label : Bpitch Control
Genre : House, techno
Note : 3,5/10
Mais qui est vraiment Ellen Allien ? Une DJ ? Une productrice ? Une femme d’affaire ? Une styliste ? Le souci avec l’Allemande, c’est qu’elle est un peu tout ça à la fois et qu’à force de se disperser, elle a fini pas s’éloigner de la base : la création musicale.
Soyons clair, Ellen Allien est sans doute une des artistes techno les plus surestimée de l’époque. Hormis ses deux premiers albums, Stadkind et l’excellent Berlinette, elle n’a jamais vraiment convaincu. Pire, elle semble même régresser depuis. Et que dire de ses DJ set trop souvent convenus et plats ? Quoi qu’il en soit, il y a bien une chose qu’on ne peut lui reprocher, c’est son impact sur les nuits berlinoises. Par le biais de son écurie Bpitch Control, elle a toujours su révéler au public de talentueux bourlingueurs techno tels que Paul Kalkbrenner, Kiki ou encore Modeselektor.
On aurait aimé vous dire que Dust, ce nouvel album, signe le renouveau d’Ellen mais il n’en est rien. On reste une fois de plus circonspect à l’écoute de cet exercice bancal, manquant d’audace et de relief. Pourtant, il est indéniable que ce disque est sans doute le plus personnel d’Ellen et on sent bien qu’elle a voulu se faire plaisir en livrant sa vision de la musique électronique.
Quand Ellen Allien choisit la voix de la techno, elle arrive à y insuffler une part de féminité conférant à ses tracks une atmosphère douce-amère plaisante. Que ce soit sur le lancinant Our Outopie ou sur l’hypnotique Should We Go Home, porté par des sonorités de gouttes de mercure tombant sur le dancefloor, on s’imagine aisément déambuler dans les artères froides de Berlin.
Mais lorsqu’Ellen choisit la voix de l’électronica, on est un peu géné. My Tree ou Dream sont d’une faiblesse désarmante. On est à des années lumières de ce que l’on est en droit d’attendre en 2010. Ca sonne cheap, ça manque de profondeur, ça s’oublie directement.
Et il y a cette incursion intrigante de la guitare pour des ouvertures pop plus ou moins bienvenues. Autant Sun The Rain se révèle une ballade naïve plaisante, autant You n’a aucun intérêt. On souligne un problème récurrent chez Ellen Allien. Mais pourquoi se sent-elle obligée de poser sa voix sur autant de morceaux ? Quand on a un timbre de voix aussi ridicule qu’une Charlotte Gainsbourg, il faut mieux s’économiser et se taire.
Avec Dust, Ellen Allien signe un album inoffensif et bien trop léger. Quand on possède un tel statut, il faut s’attendre à ce que le public soit un minimum exigeant. Sans être un ratage complet, ce disque n’arrive jamais à prendre son envol et semble seulement passer distraitement entre nos oreilles. C’est tout de même étrange qu’une telle productrice, toujours à l’affut des nouvelles tendances, reste autant bloquée sur ses acquis.
par B2B