Sortie : 9 août 2010
Label : Tempa
Pionnier de la scène qui l’a couronné roi, Olivier Jones, dit Skream, a presque attribué au dubstep ses propres codes. Et joué le rôle de véritable messie. Le jeune anglais, aujourd’hui ultra connu, œuvre depuis 2003, date à laquelle sort le mythique EP The Judgement, avec Benga. Le son de Skream se distingue par une certaine sobriété, ses beats et ses boucles ne s’embarrassant pas de fioritures. Mais, nourris à la jungle et aux ambiances dark, l’efficacité de ses tracks n’en est que dédoublée. Ses excellents Skreamizm, 5 EPs sortis entre 2006 et 2008, regorgent de petites bombes, et son premier album Skream! reste une référence – quelque peu affective, certes. Alors oui, dire que Outside The Box, qui sort 4 ans après Skream!, était attendu, relève de l’euphémisme criant. L’angoisse de le voir se rétamer aussi. Mais contrairement au premier essai de (hum) Rusko (ici), on voulait y croire. On n’aurait pas dû.
Sur Outside The box, Skream désire réconcilier underground et mainstream, et voir coexister les genres qu’il affectionne dans une belle orgie, hédoniste et désinvolte. Rien que l’objectif avait lieu de faire trembler. Il sert ainsi du dubstep sauce électro cheap, de la jungle synthétique, et même un semblant d’ambient, sur l’introductif Perforated, qui s’avère gâché par des arpèges de synthés bien dégueux. Mais le plus amusant restent les voix autotunés, féminines et masculines, qui accompagnent comme si de rien Where You Should Be, How Real, I Love The Way. Rectification, en fait, le plus drôle c’est quand même le featuring avec La Roux (normal, le petit Skream avait remixé auparavant le In For The Kill de La Rousse, pour le buzz, comprendrez-vous). Cela donne Finally, pseudo pop électronique torturée, que je n’ai jamais réussi à écouter en entier. Bon, on demeure tout de même loin des putasseries à la Rusko, mais même les morceaux qui se veulent mélodiques et calmes tombent soit dans le mièvre (A Song For Lenny), soit dans l’aseptisé chiant (Metamorphosis). Les synthlines bon marché, les sonorités salement rétro et les voix crasseuses sont autant d’éléments qui tirent ce deuxième album vers le fond. Difficile également de faire moins couillu, seul Wibbler révèle une intention de secouer un peu les boîtes crâniennes, un wobble acide, pas désagréable mais qui sonne trop… daté. A sauver du naufrage restent le jazzy Fields Of Emotions, qui rappelle le sublime Summer Dreams, CPU, à la rigueur, ou pourquoi pas le grimmy et minimaliste 8 Bit Baby, avec le rappeur Murs.
Une belle déception, ce Outside The Box. Désillusion un peu amère que de voir tous ces colons du dubstep tomber les uns après les autres. Surtout celui-ci. Dommage Skreamy, on t’aimait bien pourtant. Sa collaboration avec Benga et Artwork en un "supergroupe" du nom de Magnetic Man, donnera lieu d’en reparler, un album étant prévu sous peu. Reste à savoir si l’on espère encore quoique ce soit.
par Manolito