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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 13:18

Date : 12 avril 2010

Lieu : le 104 (Paris)

 

En pénétrant dans le superbe complexe culturel du 104 rue d'Aubervilliers, on est aisément stupéfait par la beauté du lieu. Un tel site en plein coeur du populaire XIXe arrondissement relève du pari risqué. Malgré l'indéniable esthétisme de l'architecture, on ne peut s'empêcher de constater une grande froideur et une criante sous-exploitation. Le récent remaniement au sein de la direction n'a pas encore ramené la populace arty tant prisée par la Mairie de Paris. Les problèmes d'organisation ne sont pas résolus non plus. L'idée de proposer une soirée gratuite dotée d'un tel plateau est à saluer, mais pourquoi donc n'allouer à celle-ci qu'une salle pouvant accueillir un peu plus de 200 personnes assises. Virer les strapontins ne fut qu'une peau de chagrin. Beaucoup de gens ne pourront pénétrer dans la salle que pour la prestation du dispensable Kode 9.

 

Fermons la parenthèse et revenons à ce pourquoi nous sommes là. Assister aux prestations de deux jeunes et beaux garçons dans le vent : le vrillé, génial et communicatif Tim Exile et le bellâtre Jon Hopkins, nouveau chantre d'une electronica accessible mais de qualité.

Ancien comparse de Mike Paradinas au sein du label Planet Mu, Tim Exile (Shaw de son vrai nom) a récemment rejoint Warp, écurie pointue mais ouverte de Sheffield qui a révélé en une époque bénie des dieux Chris Clark, Aphex Twin, Boards Of Canada ou encore Autechre.

Il déboule sur la scène tout de rouge vêtu avec visiblement une réelle joie d'être là. Les interactions avec le public sont nombreuses, Shaw ne se privant jamais d'une private joke en réglant ses machines. Le public apportera, à plusieurs reprises et avec une justesse relative, sa contribution vocale à la banque de sons déjà pléthorique de Sir Exile.

Passé maître en matière de sampling, le Britannique est aussi un des artistes qui utilisent le mieux les machines Native instruments. Bidouilleur hors pair, il ouvre les hostilités en triturant un track IDM, à la limite de la drum'n bass et du breakcore. Par bonheur, il s'abstiendra d'étaler son mauvais goût assumé pour un immonde gabber. Venu accompagné d'un saxophoniste hirsute, il se lancera dans des expérimentations presque improvisées aux résultats relatifs mais dont l'indéniable spontanéité efface tous les maigres accrocs. Tim démontre aussi tout au long du set qu'il est un beatmaker hip-hop talentueux et dans l'air du temps (il signe ses productions affublé du simple pseudonyme Exile). Une seule question demeure. pourquoi s'évertue-t-il encore à chanter tel un crooner potache ? Comme sur Family Galaxy, épicentre pour certains de son récent Listening Tree, l'Anglais pousse la chansonnette et efface ainsi tout son implacable sens du rythme. Dommage, mais le bougre se fait plaisir et c'est tout ce qui compte. Capable du meilleur et parfois du douteux, Tim Exile aura ce soir là réalisé une prestation de bonne facture et quittera la scène sous les acclamations d'un public pas forcément venu pour lui.

http://www.musicfromthepit.com/wp-content/gallery/027TimExile/Tim%20Exile%20Live%2003.jpg

Seulement quelques minutes plus tard, Jon Hopkins pénètre dans la place. La gent féminine (et masculine) salue rapidement la beauté froide et torturée de celui qui signa l'année dernière le magnifique Insides. J'avais personnellement trouvé sa courte prestation au Pukkelpop intéressante mais un brin scolaire. Son set va révéler un jeune homme au sommet de son art. Les textures sont polaires, les mélodies imprégnées d'une mélancolie et d'un romantisme rare. Le beat, scindé par le glitch et des oscillations analogiques maîtrisées, agit comme un véritable élément de contraste. Le caméraman chargé du visuel l'a bien compris, on est presque en pleine éclipse solaire.

Drapé dans la pénombre, l'Anglais enveloppe tout l'auditoire avec lui, bien aidé par l'excellente acoustique de la salle. Il déploie ses hymnes, Vessel et Insides en avant, et fait évoluer leurs mélodies à la manière d'un pur sang incontrôlable et cabré dès qu'il s'agit de maintenir les rennes.

Les mélodies sont en tension permanente, dotées d'une colère toujours contenue. On notera quelques réminiscences cold wave bien senties, à la Joy Division ou New Order. Certains titres évoluent même vers une techno racée, habités d'une énergie rock trempée de sueur.

Que dire d'autre si ce n'est que ce live fut exceptionnel. Ce qu'il y a de bien avec Jon Hopkins, c'est qu'il fait aimer l'electronica aux gens qui n'aiment pas ça à la base et peut ainsi, ouvrir des portes aux néophytes avides de compositions plus complexes et plus techniques.

Le seul reproche qu'on pourra faire à l'éphèbe est d'avoir aider Coldplay à réaliser certains morceaux. Et encore, c'est de la méchanceté facile. Massive Attack, Brian Eno ou encore Thom Yorke avaient il y a un bon moment déjà, salué l'immense potentiel du jeune Britannique.

http://farm3.static.flickr.com/2449/3993826037_a3f497080e.jpg

Ivres de bonheur, nous quitterons les lieux face à une file impressionnante de visiteurs légitimement frustrés de n'avoir pu assister à cette somptueuse soirée au demeurant. Le 104 est un lieu magique et mérite bien mieux que ce qu'il démontre encore aujourd'hui.

Ceux qui ont assisté à la soirée constateront que nous avons inséré des photos qui n'ont pas été prises hier. Celle de Tim Exile fut prise à Bruxelles en avril 2009 et celle de Jon Hopkins au Pluto Festival. Nous tenons à remercier avec vigueur Kmeron de nous avoir laisser les utiliser. Big up l'ami.

 

par Ed Loxapac

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commentaires

M
<br /> 1 pic du concert : http://twitpic.com/1enpzi<br /> <br /> <br />
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