Huit ans. Il aura fallu huit ans à Rock En Seine pour enfin s’imposer comme étant LE festival rock français. L’édition 2010 aura été celle de la réussite tant au niveau de l’affluence avec 35.000 personnes par jour pour un festival sold-out, que de la musique avec une quantité de bons concerts.
Vendredi 27 août
Il est à peine 16h et le site du parc de St Cloud est déjà bien garni. Les Américains de Band Of Horses ouvrent le bal avec leur rock conçu pour faire pleurer les fans de Dawson. La voix du chanteur y joue pour beaucoup et le temps de quelques singles on arrive à y croire. Pour le reste, il faut se rendre à l’évidence : Band Of Horses est un groupe chiant.
Rapide passage à Kele. Le chanteur de Bloc Party s’époumone au son d’une électro tapageuse trop fade pour mériter plus de 5 min de mon attention. De toute façon, la foule se masse devant Foals. Une fois de plus, je ne retrouve pas ce qui faisait la force du groupe en live il y a quelques années, une approche davantage instrumentale et ludique. Les Foals d’aujourd’hui ne sont rien d’autre qu’un énième groupe de pop-rock formaté où chaque titre semble être la redite du précédent. Quelques gouttes de pluie arriveront cependant à égayer ce concert bien trop convenu.
J’évite Skunk Ananzie pour mieux me préparer à recevoir le hip-hop enfumé de Cypress Hill. Les basses surpuissantes n’y feront rien, les angelinos se font vieux et semblent accuser le coup. On est loin du récent concert de La Cigale. Cypress se contente d’enchaîner maladroitement les singles. On sent que le groupe est là pour toucher son cachet. Alors oui, le show est là, une large partie du public reprend les tubes en cœur, mais ça ne suffira pas à combler mes attentes.
De toute façon, la concurrence va être écrasée quelques minutes plus tard par des Black Rebel Motorcycle Club impressionnants de maîtrise. Un rock sombre et crasseux, un lightshow sublime, une heure sans répit pour un concert absolument remarquable. La nuit étant tombé, il est temps de passer à l’électro… pour le grand malheur de mes oreilles. Entre un Deadmau5 affligeant de médiocrité et un Underworld consternant de nullité, on a l’impression que l’électro s’est arrêté en 1992. Triste fin de soirée...
Samedi 28 août
Passage devant Stereophonics. Soyons lucide, c’est sympathique le temps de quelques morceaux, ça ravive les souvenirs de jeunesse, mais c’est tellement aseptisé qu’il faut mieux fuir pour ne pas s’endormir. Le temps d’un flipper et Two Door Cinema Club attaque, la voix du chanteur et les compos niaises du groupes me forcent à rester au bar. Ce n’est pas grave, l’enchaînement de bons concerts se prépare. Alors que la foule attend Jonsi, le chanteur de Sigur Ros, on nous annonce que le matériel du groupe n’est pas là et que l’on devra se contenter d’un concert acoustique. Quelle frustration ! Je persiste quelques minutes devant la scène mais préfère m’éclipser tant les morceaux manquent d’envergure.
De toute façon, la bande à Josh Homme débarquent sur la grande scène, tourne le bouton du volume à fond et balance immédiatement un stoner à faire trembler les immeubles d’en face. Queens Of The Stone Age délivre un concert carré et puissant devant une foule complètement acquise à leur cause. Une fois de plus, la lumière est venue d’un bon concert de rock couillu. Mais il est temps de migrer vers LCD Soundsystem. Le père Murphy est toujours aussi bougon et la musique du groupe se prête difficilement aux espaces ouverts, il n’en demeure pas moins que ça groove sec et que les corps se déhanchent allègrement sur les tubes électro-rock du groupe.
Nouvelle migration collective afin de prendre sa dose de messages politiques délivrés par des Massive Attack toujours autant en phase avec leur époque. Malgré un début de concert un poil trop poussif et l’impression de voir le même live depuis 6 ans, la deuxième partie du show va réveiller définitivement mes oreilles. Massive Attack reste un putain de groupe live, une machine imparable te transportant très loin. Après ça, il est inconcevable d’assister au bal populaire donné par les 2manydj’s.
Dimanche 29 août
Ce qui est agréable à Rock En Seine, c’est que son public est adulte et sait se gérer. Nous en sommes au troisième jour des festivités et on croise quasiment aucun déchet pré-pubère. La foule est respectueuse, sait apprécier les concerts tout en donnant de la voix. Année après année, le public se bonifie.
Les Black Angels propagent un rock psyché toujours aussi drogué mais à 16h, pas facile de rentrer dedans. Autant se rendre à Eels. E. et sa barbe déboulent nonchalamment sur scène pour délivrer un concert pour le moins surprenant. Ce sera très oldies rock et fichtrement entraînant, le public ne s’y trompe pas et tape du pied pendant 45 minutes. Beirut enchaîne sur la grande scène mais le garçon, toujours aussi timide, semble avoir du mal à faire face à un aussi gros public. De toute façon, Beirut ne peut s’apprécier que dans une petite salle. Les ritournelles mélancoliques ont ici du mal à me toucher, dommage.
Un rapide passage à Wave Machines, je tape faiblement du pied pendant quelques minutes devant ce pop-rock inoffensif mais pas désagréable, avant de me rendre religieusement à Roxy Music. Bien que n’étant pas un grand fan du groupe, j’ai envie de voir à quoi ressemble aujourd’hui Bryan Ferry. Le son est dégueulasse, le concert un peu chiant, les cuivres trop présents, les solos sans intérêts et pourtant, paradoxalement, force est de reconnaître que ça sonne bien. Bryan Ferry joue le jeu devant un public calme qui semble être venu prendre sa dose de légende.
Mais il est temps de se rendre à la grande messe délivrée par Arcade Fire. Les Canadiens déboulent sur un Ready To Start enflammant directement les 30.000 personnes massées devant la grande scène. Les 30 premières minutes du concert sont fabuleuses d’énergie communicative, le public chante à s’en déchirer les cordes vocales. S’en suit un long passage à vide avant que la pluie ne vienne s’immiscer. Alors que la sauce reprend, que le public commence à exulter, ce sont désormais des trombes d’eau qui nous tombent sur la tronche. Le concert s’arrête et le public rejoint la sortie. Le groupe revient finalement pour un Wake Up d’anthologie repris en cœur par un public n’ayant plus rien à perdre. Quelle clôture de festival !
L’édition 2010 de Rock En Seine aura été un succès sur toute la ligne : un public présent et dans le coup, aucune annulation, un site parfaitement adapté. Malgré un temps d’automne, ces 3 jours auront bouclé en beauté l’été.
par B2B