Sortie : septembre 2010
Label : Galapagos4
Genre : Rap
Note : 7
Après l'énorme coup de poing dans l'estomac reçu l'an passé avec leur second album So Be It (chroniqué ici), c'est avec plaisir que nous voyons arriver un troisième chapitre à l'aventure menée par le MC Qwel et le producteur Maker, débutée en 2004. Les deux Chicagoans sont à nouveau réunis par Galapagos4 pour ce The Owl dont les textes, le flow et les instrus se marient toujours à merveille.
Les productions de Maker, absolument toutes irréprochables, semblent exactement taillées pour la voix, le débit et le récit de Qwel. Leurs esprits semblent fonctionner de la même manière, et le premier savoir parfaitement quel son choisir pour accompagner au mieux le second. Le MC, avec l'impressionnante quantité de textes qu'il a à poser, semble systématiquement lutter contre une certaine nonchalance pour accélérer la cadence. Il se dégage ainsi une urgence dans sa voix qui accroche l'auditeur et ne le relâche que pour les refrains. Pour accompagner ces récits, les atmosphères sont chaleureuses et riches : samples de chant soul sur The Game, guitare funky sur The Down Dumbing, claviers groovy, violons, basses rondelettes, etc. Maker ne se ménage pas, envoie des scratchs bien sentis, joue avec les instruments pour faire varier l'intensité au cours des titres, le tout avec une grande finesse ! Si la tonalité générale est plutôt énergique, le duo se permet un passage plus intime sur El Camino et Gin River avec des textes plus personnels. Les interludes et quelques intro, ainsi que le remix très aéré de Silvermoutain, apportent de courtes respirations à cet album très dense .
La référence est facile, mais leur rap sent le blues urbain, celui qui a bien frotté ses sneakers sur le bitume, loin des confortables moquettes des hôtels new-yorkais. La tension dans la voix de Qwel est comme un cri et l'intensité des titres une réponse à l'envie de prouver tout leur talent. Chaque morceau apparaît comme une évidence, un exemple de leur vécu loin des clichés et du bling-bling qu'offre trop souvent le rap grand public. Avec des titres comme Gambling Man ou Letting Life Pass, les deux Américains offrent ainsi des chroniques réalistes et poignantes dans lesquels leur complicité est encore parfaite.
Rarement un duo rappeur-beatmaker aura aussi bien fonctionné. Même s'il s'agit d'une autre époque, l'harmonie entre les deux hommes rappelle celle de Guru et DJ Premier avec Gangstarr. Qwel & Maker signent une nouvelle bombe qui démontre tout le talent que le rap indépendant américain peut receler.
par Tahiti Raph