Sortie : 26 avril 2010
Label : Boxer Recordings
Matzak est un pharmacien implanté à Clermont-Ferrand. On a déjà fait plus funky sur le papier mais pourtant, Nicolas Matuszczak se révèle être un personnage attachant. De formation classique, biberonné au piano, il a toujours privilégié une approche mélodique de sa musique électronique, davantage centré sur la techno. Oeuvrant seul dans l’ombre de son studio, il a patiemment attendu son heure jusqu’à ce que Boxer Recordings le remarque en 2006. S’en suit un premier album agréable et prometteur, Life Beginnings. Quelques maxis plus tard, revoilà le Clermontois avec son nouvel opus : Bring Me The Moon.
Matzak semble avoir voulu étaler sur cet album son large spectre d’influence. On se retrouve avec une galette hybride, tantôt plaisante, tantôt convenue. Ne tergiversons pas plus longtemps, ce Bring Me The Moon est un album agréable mais prévisible et étrangement daté. Sans remettre en cause le travail de Matzak, force est de constater qu’il semblerait que ce dernier soit resté bloqué en 2002, lorsque Ninja Tune régnait sur la planète électro et qu’Agoria commençait à nous abreuver de tracks techno fédératrices. On est donc surpris par le relatif anachronisme de l’ensemble sans pour autant être déçu. Finalement, pour peu qu’on veuille bien prendre ce Bring Me The Moon comme un hommage au début des années 2000, il n’y a plus qu’à se laisser bercer.
Matzak nous promène donc en terrain connu. On The Sofa et l’éponyme Bring Me To The Moon versent allègrement dans une électronica à la Ninja Tune, une sorte d’abstract hip-hop-soul qui n’oublie pas le groove. Avec Unpredictable Sunday, ce sont les démons d’une techno toute en apesanteur et extasiée qui sont convoqués, avant qu’un final crève cœur avec son avalanche de cordes ne viennent nous porter le coup de grâce. Malheureusement, sur Not Safe For Work (feat. Forensic) Matzak s’égare dans un hip-hop-house bancal pendant que In The Jazz Garden paraît bien insipide.
Difficile de faire l’éloge de ce Bring Me The Moon tant les contours sont ici balisés. Il n’en reste pas moins que cet album de Matzak demeure un objet agréable, jamais offensif, toujours contrôlé. Malgré l’hétérogénéité de l’ensemble, on ne sent jamais pris au piège. C’est là tout le paradoxe de ce Bring Me The Moon : ça s’écoute avec plaisir mais le manque d’audaces en fait un album rapidement périssable.
par B2B