Sortie : 8 mars 2010
Label : EMI
Genre : Electro-pop, électronica, indie-rock et putasseries en tous genres
Note : 3/10
Le battage médiatique est imparable, personne ne pourra échapper à Plastic Beach. Pourtant depuis le très dispensable Demon Days, les lumineux espoirs entr'aperçus sur le premier album de Gorillaz se sont évaporés. Cependant, le groupe est toujours apparu comme étant celui ayant su parfaitement concilier musique et univers visuel. L’alchimie entre Damon Albarn et Jamie Hewlett fonctionne à merveille et le clip de Stylo, nouveau single du groupe, est une cinglante réussite. Mais lorsque les yeux se ferment, que reste-t-il à part un malaise palpable ?
Les nombreux featurings de première classe n’arrivent jamais à cacher la pauvreté de l’ensemble. Alors oui, pour une fois, Gorillaz signe un album cohérent et homogène mais malheureusement nivelé par le bas. Pourtant la promesse d’un Eden semblait s’offrir à nous avec la sublime ouverture de l’album mais dès l’arrivée des nappes de synthés et du vocoder sur Welcome To The World Of The Plastic Beach on se rend compte que Gorillaz est resté bloqué à l’orée des 90’s. Plastic Beach se traîne, se répète et flirte souvent avec le ridicule. La participation de Little Dragon relève de l’escroquerie tant Empire Ants sombre dans une électronica aussi kitsch que cheap. Et pourquoi Mark E. Smith (leader des fantastiques The Fall) est-il venu s’enliser dans les sons insupportablement acides de Glitter Freeze ?
Inutile de fournir un plus long listing des déceptions, tout au plus peut-on se rendre compte que Damon semble ici avoir un mal fou à livrer un morceau solo convenable. C’est là que l’on prend conscience de l’importance passée de Dan The Automator et Danger Mouse à la production. Plastic Beach ne vibre jamais à nos oreilles, souffre d’un son trop lisse. Mais affirmer que tout est à jeter serait faire preuve de mauvaise foi. La participation de Mos Def et du Hypnotic Brass Ensemble propulsent Sweepstakes dans des contrées expérimentales bien plus salutaires pendant que le mariage entre hip-hop ludique et musique orientale sur White Flag se consomme avec une certaine euphorie.
Il n’en reste pas moins que Plastic Beach est un échec musical, un album qui ravira sans doute MTV et consorts mais qui n’arrivera pas à manipuler un public exigeant. L’entité Gorillaz aurait mieux fait de laisser les rênes de la production à un fin connaisseur plutôt que de sortir un album définitivement hors du coup. C’est finalement Plastic Beach, morceau désabusé marquant les retrouvailles entre les ex-Clash, Paul Simonon et Mick Jones, qui permet de prendre le pouls de l’ensemble en affirmant que c’est définitivement la fin d’une époque.