Année : 2009
Label : Get Physical
Genre : House, électro-pop
Note : 7,5/10
Le passage à l'album est le moment le plus casse-gueule pour un DJ reconnu. Deux choix s'offrent à lui : compiler ses maxis et rajouter quelques morceaux binaires ou bien tenter la grande aventure, celle qui consiste à narrer une histoire, à emmener l'auditeur sur des chemins incongrus quitte à le perdre.
Damian Lazarus a pris le risque de la deuxième route, la sinueuse. Lazarus c'est avant tout ce DJ dément, le mec qui arrive à te faire voler très haut avec des morceaux minimal, deep-house improbables. Totalement étranger à la hype, ses sets vicieux sont des cathédrales techno imparables.
En 13 titres, Damian va en surprendre plus d'un. Déjà, oubliez le dancefloor, on n'est pas là pour se bouger les fesses malgré ce que le morceau d'ouverture éponyme laisserait à penser. Il suffit d'entendre les premières notes de piano du maxi Moment pour immédiatement comprendre que le moment n'est pas à la fête mais au spleen. 8 min de deep-house à pleurer grâce à la présence au chant du groupe suédois Taxi Taxi. La suite de l'album n'arrivera jamais à dépasser ce sublime état second, mais pourtant on se laisse envelopper par cette ambiance neurasthénique. Les pistes s'enchaînent en dépassant rarement le format pop réglementaire des 5 min, les voix semblent échappées d'Alice au pays des merveilles, les sons sont gras, lourds, plombants. La rythmique binaire s'efface même sur nombre de morceaux comme le très réussi Cold Lizards.
C'est finalement le dernier titre qui détient la clé dans son titre : After Rave Delight. Pour réellement apprécier cet excellent disque, il vous faut le caler sur la platine à 6 h du mat, quand vous êtes de retour chez vous. Vous verrez, les lapins d'Alice ne seront pas loin.