Sortie : 3 Septembre 2012
Label : Border Community
Genre : Techno-IDM
Note : 4/10
L’Anglais Nathan Fake fut l’élément déclencheur, celui qui provoqua la lame de fond techno-trancey au début des 00’s. Son pote James Holden commençait à peine à diriger l’entité Border Community que tout une pseudo-scène trancey en profita alors pour exploser. En 2005, il fut alors impossible de passer une soirée techno sans finir les bras en l’air en écoutant The Sky Was Pink, monument électronica de Nathan Fake remixé avec génie par James Holden (rappel ici). Notre petit anglais sortit dans la foulée le fort sympathique et aérien Drowning In A Sea Of Love. S’en est suivit un silence radio de 3 ans et la sortie d’un Hard Islands volontiers plus techno mais un brin pantouflard. Nouveau silence radio de 3 ans avant le retour aujourd’hui de l’enfant prodige, toujours à la même adresse, pour un Steam Days qu’on jugera au mieux anecdotique, au pire insipide.
C’est emmerdant de retrouver un artiste et de se rendre compte qu’il n’a pas évolué, pire, qu’il a régressé. Que ce Steam Days sonne daté ! Je veux bien admettre le fait que Nathan Fake n’en a rien à foutre des nouveaux codes en vigueur, que pour lui la mode est une vaste connerie (sur le fond, difficile de le contredire) mais réussir à s’enliser avec autant de convictions dans une techno-IDM aussi naïve que faussement trancey est triste. Nathan Fake tombe dans l’écueil de la répétitivité, en oubliant que depuis le début des 00’s, le son a puissamment évolué, atteignant aujourd’hui des qualités en sound-design dépassant l’entendement (et faisant qu’il est devenu difficile d’apprécier correctement un album si on ne possède par un matos hi-fi coutant un bras). SonSteam Days sonne étonnamment cheap et rappelle les belles heures de l’IDM du début des 90’s. Mais ce temps-là est désormais révolu et n’a aujourd’hui qu’une valeur testamentaire (sauf rares cas). Ainsi, Nathan Fake aurait beaucoup écouté Autechre ces derniers temps, mais on a l’impression qu’il a découvert le groupe via Incunabula, sorti en 1993, et que le cheminement s’est arrêté aussi net.
Si Nathan Fake ne s’était planté que là, on aurait alors pu croire qu’il s’agissait d’un album hommage à l’early-IDM, mais Steam Days n’est que survol. On n’accroche à rien, à aucune mélodie. L’album traverse votre espace mental comme un courant d’air. La faute revenant en grande partie à un son trop rond, trop propre, trop aseptisé. Tout cela manque d’aspérités ! Ajoutons à ce triste étalage négatif que l’album manque d’émotions. Jamais joyeux, jamais angoissant, on ne navigue même pas entre deux eaux puisque c’est l’indifférence qui prend le dessus.
Etrangement, les morceaux les plus intéressants de l’album se révèlent être les plus évidents, les plus immédiats, presque les plus vulgaires. La répétition de quelques notes et l’ascension prévisible de Glow Hole ainsi que le martellement lumineux de Warble Epics démontrent que Nathan Fake a besoin d’un fil conducteur pour maintenir l’attention de l’auditeur.
C’est un triste constat qui s’impose face ce Steam Days de Nathan Fake. Lui qui aura suscité tant d’attentes n’est désormais plus que l’ombre de lui-même.
par B2B