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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 13:23

Sortie : 26 avril 2011

Label : Ghostly International

Genre : Electronica naïve

Note : 5/10

 

Ghostly International est un label regorgeant d’artistes fadasses (avec en tête de gondole l’insipide Gold Panda émoustillant les hipsters via son électronica de pacotille). Pourtant, la maison cache quelques artistes autrement plus fréquentables tel que l'excellent The Sight Below ou encore Matthew Dear. Intéressons nous à Ben Benjamin aka Ben Mullins, à la tête de Midwest Product et PostPrior.

For Long Drives And Temporary Diversions n’est pas un nouvel album de l’Américain puisque les 10 morceaux ont été composé en 2000. Il a donc fallu 10 ans au bonhomme pour daigner sortir cet album. De là à prévoir un album inintéressant, il n’y a qu’un pas que je vais éviter de franchir. En effet, j’ai d’abord écouté l’album sans connaître sa date de gestation. C’est donc totalement vierge que je me suis aventuré dans cette sympathique ballade électronica. Si vous êtes coutumier des atmosphères estivales, des ambiances un brin naïve, d’une électronica délaissant la technicité pour se concentrer uniquement sur les émotions alors cet album est pour vous.

Sans non plus atteindre des sommets, il faut reconnaître que For Long Drives And Temporary Diversions offre une agréable parenthèse. Tranquillement, le petit Ben nous emmène dans son monde un peu couillon. Il nous raconte alors des histoires à partir d’un rien, quelques notes de guitares, avant qu’une batterie ne vienne structurer l’ensemble et qu’une fine utilisation de l’électronique se charge de donner de l’ampleur aux morceaux. C’est facile mais c’est justement cette absence de prétention qui permet de croire en cette vision du monde offerte par Ben Benjamin. On écoute alors l’album distraitement, en acceptant le principe et en trouvant l’ensemble pas désagréable. Il suffit parfois d’un petit rien, d’une seule note, pour être transporté avec douceur.

Il est évident que cet album ne fera pas date mais après tout, on s’en fout. For Long Drives And Temporary Diversions ne procure rien de plus qu’un menu plaisir éphémère et c’est déjà pas mal.

 

http://pixhost.info/avaxhome/2f/4e/001b4e2f_medium.jpeg

par B2B

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 08:59

Sortie : mai 2011

Label : Anticon / Alien Transistor

Genre : pop / rap 

Note : 6

 

Un album à deux facettes pour un groupe double. 13&God est la pop lumineuse, expérimentale et parfois électronisante des Allemands de The Notwist. 13&God est le rap complexe, expérimental et souvent percutant des Américains de Themselves. Six ans après leur première collaboration, Markus et Micha Acher, Martin Gretschmann issus de la première formation et Doseone, Jel avec le renfort du duo Subtle pour la seconde se sont retrouvés pour trois sessions de travail, une à Oakland aux Etats-Unis et deux dans le studio des Notwist à Weilheim.

 

Si le sujet de la vie face à la mort les réunit, la forme peut être très diverse. Chanson sur un ton léger avec une guitare acoustique brillante (It's Own Sun) ou rap sombre et venimeux (Death Major), Own Your Ghost sait offrir des points de vue différents. Mais sur Armored Scarves ou Janu Are, ce sont les deux univers qui se percutent. Les textes nerveux du MC côtoient le chant enchanteur, les samples et bidouillages se mêlent aux mélodies pop gracieuses, la kora brisée croise le son d'une Game boy. Les deux mondes se percutent pour créer un résultat original et propre ni à Themselves, ni à The Notwist, mais bien au mélange des deux. 

La force de cette rencontre est au niveau du résultat. Si l'on excepte un Oldage un peu faiblard, les deux visages de 13&God peuvent être également séduisants. Sur Et Tu, le rap ébréché et machiavélique est enrichi d'un refrain chanté mystique qui mène à une partie instrumentale habitée et entraînante. Des blips parsèment ce titre riche et puissant. Sure As Debt est un autre exemple de ce que le groupe peut faire en matière de rap finement produit, où la voix est soutenue par un accompagnement gorgé de sons et d'idées avec une progression prenante. L'autre face du masque est plus douce. Beat On Us est une ballade où la guitare soutient un chant en suspension qui se perd ensuite derrière les claviers de plus en plus présents. Le fantomatique l'emportant souvent en fin de morceau. 

 

13&God offre une nouvelle perle dont la beauté attire vers l'obscur, la simplicité conduit au complexe. Un double discours pas forcément facile à appréhender mais qui se révèlera fascinant pour ceux qui, séduit par la douceur, basculeront dans la noirceur.

 

http://www.alientransistor.de/bilder/sonstige_bilder/N%2026%2013&god_cover.jpg

par Tahiti Raph

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 10:43

Sortie : 23 mai

Label : Black Strobe Records

Genre : Techno

Note : 6/10

 

Lorsque débute Someone Gave Me Religion d’Arnaud Rebotini sur The First Thirteen Minutes Of Love, on est surpris. Voilà que notre barbu se met à promouvoir l’amour. Louche. D’autant plus qu’il sacrifie la rythmique sur l’autel du voyage spatial. Mais avec Arnaud, tout n’est jamais aussi simple. Ces 13 minutes sont une odyssée sexuelle en combinaison de nylon. L’ambiance vire au trip ambient rétro-futuriste et petit à petit on reconnait la patte du producteur.

Finalement, ce premier titre n’était pas une déclaration d’intention mais simplement une étrange proposition d’ouverture. Dès Another Time, Another Place, on retrouve cette filiation aux sonorités 80’s entre l’EBM de Front 242 et la new-wave de New Order. Mais Rebotini n’est pas dupe, il sait aussi regarder vers le futur et le morceau se pare d’un enrobage techno imparable.

Malheureusement, alors qu’on pensait enfin tenir le bon bout, Someone Gave Me Religion va rapidement s’enliser dans les travers d’une electroclash qu’on aimerait révolu. Le Personal Dictator bodybuildé entache grassement l’ensemble, tout comme ce Extreme Condition Demand Extreme Response qui officie dans le bourrinage primaire. Dans ces moments là, Rebotini tombe dans les travers de la techno à la sauce Citizen Records. Après tout, c’est logique, étant donné les accointances du mec avec le label de Vitalic. Et puis il faut bien avouer qu’il n’a jamais non plus fait dans la dentelle. Déjà, à l’époque de Black Strobe, avec son pote Ivan Smagghe, on décelait cette volonté de mettre en avant les montées à base de testostérone. Mais ici, ça ne prend pas, ça ne prend plus et on finit par faire la grimace.

C’est d’autant plus couillon que sporadiquement, on frôle l’extase. La techno atmosphérique d’Echoes joue le jeu des basses rondes et des fines montées. C’est lorsqu’il est se fait plus timide que Rebotini convainc le plus. Dans ces moments là, on se dit d’ailleurs que l’on tient un producteur techno français hors-pair (son dernier album, Music Components, étant très réussi), capable de terrasser n’importe quelle scène. De toute façon, il n’a jamais été aussi bon qu’en live, arrivant à insuffler une ambiance sombre à des sets pourtant lumineux.

Album de techno synthétique ambivalent, capable de moments de grâce et coupable d’un mauvais goût prononcé, Someone Gave Me Religion n’entache en rien la carrière d’Arnaud Rebotini puisqu’il est à son image. Cet ours en a toujours fait qu’à sa tête et de toute façon, il s’en tape des courants actuels. Tout ce qui l’intéresse, c’est de poursuivre, tête baissée, son chemin. Et rien que pour ça, ce mec mérite le respect.

 

http://ed2ktorrent.free.fr/upload/Albums/Arnaud%20Rebotini%20-%20Someone%20Gave%20Me%20Religion%20(2011).jpg

par B2B

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:20

Sortie : avril 2011
Label : Opit Records

Genre : Post-dubstep, électronica, jazz

Note : 6/10


Circle Traps est la réunion de Will Ward et de deux membres du groupe de jazz contemporain Portico Quartet, Jack Wyllie et Duncan Bellamy. Signé sur Opit Records, le label de Subeena, le trio signe un premier EP éponyme, mêlant garage, électronica et délires psychés.

 

Normalement les fans de Mount Kimbie qui n’avaient, jusqu’alors, trouvé de substitut, peuvent recommencer à respirer. Circle Traps est un truc vivifiant, froissé, doucement solaire et claudiquant. Le groupe mélange flûte, basse, batterie, sax, claviers et guitare, pour un rendu difficilement étiquetable, à situer entre le 2-step, l’électronica expérimentale et l’ambient. Circle Traps EP, sans être exceptionnel, condense une poignée de titres plaisants et suggestifs de printemps tièdes et bucoliques. Il faut dire que lorsqu’une galette commence par une petite bombe telle que Fjord, on est d’avance conditionné pour la suite. Les syncopes rythmiques du titre en question ne sont certes pas criantes d'originalité, mais les vagues mélodiques ont quelque chose de poussiéreux et d'enveloppant, les couches s'entourent d'une nuée de carillons rêveurs, et la mélancolie ingénue qui s'en dégage est irrésistible. Bo! Symbol adopte une tournure plus brouillée mais non moins réussie. Un saxophone libère un brouillard de froissements organiques, duquel dépassent des bruits de cymbales et de percussions floues. Un fond d'ambient et une mélodie paisible assurent le contraste, et voilent d'une patine le constant roulement psychédélique. Sur Mirrors And Monuments, les sub bass auréolent une volée de drum en contre temps, sur fond de grands espaces. Des paillettes de jazz parsèment l'EP dans son ensemble. Cornelia vient poser des lambeaux de voix sur le pire que mount-kimbiesque Perspex, Glass, tout en langueur et en sensualité percussive. Mine de rien, on est toujours aussi chéper. Puis c'est la patronne du label, Subeena, qui appose sa relecture à Bo! Symbol. Remix dispensable qui, bien que perpétuant l'aspect expérimental, s'axe visiblement vers la piste de danse.

 

Circle Traps signe quatre jolis titres, aux ambiances évanescentes et à la production impeccable. Le groupe n'a rien d'un trio d'arrivistes, souhaitons-leur donc que la grâce s'éternise.

 

29360

par Manolito

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 16:42

Sortie : mai 2011

Label : Ninja Tune

Genre : Breakbat, Abstract, Electronica, Acousmatique

Note : 5,5/10

 

Est-il encore utile de présenter Amon Tobin ? Il est depuis le milieu des années 1990 un des papes béatifiés de l'electronica. Celui qui se faisait appeler Cujo au tout début de sa carrière a depuis fait du chemin, en devenant ni plus ni moins que le super crack de l'écurie britannique en perpétuel déclin : Ninja Tune. Ces albums Bricolage, Supermodified ou Permutation siègent en bonne place dans la discothèque de tout amateur de musiques hybrides qui se respecte. En effet, non content d'avoir révolutionné l'usage du sampler, le Brésilien exilé en Angleterre a donné au breakbeat des lettres de noblesse inattendues, en y injectant de sévères doses de hip-hop et de jazz supportées par un arsenal technologique impressionnant. Si son chef d'oeuvre absolu Foley Room de 2007 venait clore un cycle qualitativement indiscutable, des langues pas complètement mauvaises se sont logiquement déliées pour réclamer l'émergence d'un nouvel élan artistique venu du cortex de Tobin. Ces réalisations de bandes originales de jeux vidéos m'ont tout autant laissé de marbre que son projet Two Fingers, en compagnie du rappeur Double Click. Inutile de dire donc qu'en ce glorieux mois de mai, je place bien plus que de nourris espoirs en Isam, annoncé comme un album tout aussi abouti qu'ambitieux.

 

Comment rester objectif face à une telle déception infligée par un artiste qu'on adule depuis tant d'années ? Faut-il sombrer dans l'aigritude la plus hermétique et céder à la sempiternelle conclusion "C'était mieux avant" ? Faut-il enfin déclarer la fin de la trop lente agonie de Ninja Tune ? Parce que Seigneur, que cet album est chiant ! Certes, Amon Tobin est un génie incontestable et incontesté. Il n'a pas son pareil pour affiner, sublimer les textures et customiser les sources naturelles sonores. Les seuls titres qui vont d'ailleurs retenir mon attention sont sans doute les plus techniques : Journeyman, Goto 10 et Bedtime Stories, où il est plus question de démonstration que de musique proprement dite. Alors oui, la maîtrise technique et technologique est là. Mais sans visuel associé et dépourvu de toute dimension live, Isam ressemble plus à une crise d'onanisme compulsive finalement assez classique pour un bidouilleur (même génial) de laptop et de platines se rêvant en musicien véritable. Jouer à l'apprenti sorcier comporte des risques, pas vraiment mesurés ici. Injecter à tout cela un semblant de dubstep convenu et pas véritablement assumé ajoute forcément à la déception. Si encore, car il en est plus que capable, il était allé au bout du processus en ponçant le dubstep jusqu'à en pisser sur son cadavre pétrifié, la démarche aurait été noble, salutaire et subversive. Mais non. Définitivement non. Même si le son en lui-même et la production révèle à l'oreille avertie un travail de titan, Amon Tobin a oublié qu'un disque est avant tout un objet d'écoute, aussi conceptuel soit-il. Que l'on ne vienne pas m'accuser de ne pas avoir compris une pseudo-démarche expérimentale. Je suis né en enfer, ce disque est juste chiant et je rentre à ma maison. La sortie officielle de l'album était au départ prévue pour la semaine prochaine mais le leakgae et la mesure de la déception potentielle ont probablement convaincu Ninja Tune d'avancer la sortie digitale.

 

Isam est un album raté, destiné à un public de hipster qui voit de l'art contemporain dans les monochromes de Whiteman. Pour être plus sérieux et moins animé par la colère, il faut reconnaître que ce qui laisse plus que circonspect sur disque pourrait bien décoller les pupilles et les anévrismes en live. Encore faut-il que tout cela ne vire pas à la branlette collégiale au Palais de Tokyo. Bien en vous.

 

http://www.adnsound.com/wp-content/uploads/AmonTobin-Isam.jpg

par Ed Loxapac 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 10:02

Sortie : 16 mai 2011

Label : Spectral Sound (Ghostly International)

Genre : Techno, house

Note : 5/10

 

Stone Breaker est le type même de disque emmerdant. J’ai beau multiplier les écoutes, je n’arrive pas à m’ôter l’idée du crane que ce disque est sympathique… ni plus, ni moins. Tu parles d’un constat ! Ce n’est pas avec ce genre de sentence que je vais pouvoir écrire une chronique sur ce foutu album. Non, parce que soyons clair, sur le papier, Stone Breaker a tout pour convaincre. Son géniteur, l’Anglais Mark E, a voulu livrer sa vision de la house, c'est-à-dire que le temps s’est arrêté en 1995 et depuis, c’est le vide. Après tout, l’intention est louable si tant est que l’attitude ne se transforme pas en passéisme vain.

Mark E a été biberonné aux raves de Madchester et ça s’entend à chaque beat. Le travail sur la texture sonore permet ainsi de faire un bond de 20 ans en arrière sans avoir l’impression de s’être fait prendre au piège. On est donc immédiatement dans l’ambiance et la rythmique se fait décontractée avec les premiers morceaux house, influence Chicago. Ca coule tout seul, on écoute passivement, on se fait presque un peu chier par moment mais bon, un album house, le plus souvent, c’est ennuyeux parce que s’engluant dans une répétitivité sans conviction avant que ne surgisse la lumière. Et là, elle arrive avec Belvide Beat. La mâchoire se crispe devant la rythmique plus frontale et il suffit d’une bonne vieille montée acid-techno pour être happé par la machine. Mais l’album retombe ensuite dans son optique rétro et on écoute alors distraitement la fin.

Le problème c’est que l’ensemble est loin d’être mauvais. Quand on y revient, on pense même percevoir une nouvelle ouverture mais cela ne tient pas longtemps. Alors quel est le problème avec ce Stone Breaker ? Il semblerait que Mark E est voulu revivre sa période 90’s en pensant qu’il suffisait de caler une nappe sur un beat 4x4 (au hasard, Oranges et Black Moon). Mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir sortir un album digne de ce nom. Stone Breaker ne fait que singer, sans conviction, la house de Chicago dans ses largeurs et la techno de Detroit dans ses interstices.

Alors même si on est en plein revival house et même si la techno de Detroit commence à faire un retour remarqué ces derniers temps, la copie rendue par Mark E se révèle simplement "convenable". Un album sympathique, ni plus, ni moins.

 

http://img.abrakaba.com/004599C7-7/MARK-E-STONE-BREAKER.jpg

par B2B

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 13:15

Sortie : avril 2010
Label : Ad Noiseam

Genre : Breakcore, Drum'n'bass, Dubstep, Hardcore

Note : 7/10

 

On peut se demander quel genre de type est Mike Hayward dans la vraie vie. Car sur disque, le mancunien éructe une colère à faire pâlir une meute de rottweilers. The Teknoist est un DJ et producteur orienté hard electronics. Gabber, hardcore, drum’n’bass, l’homme affectionne ce qui tape dur et fait mal. Ad Noiseam avait publié son premier album en 2008, …Like A Hurricane Made Of Zombies. La maison berlinoise remet donc le couvert avec un Trainwreck Magnetism dans lequel The Teknoist fait la part belle aux relectures et collaborations.

 

La moitié de ce farouche brûlot est faite de remixs que le Britannique prodigue à des personnages tels que Mu-Ziq, Hecq & ExillionKing Cannibal et d’autres. S’ajoutent ses compositions personnelles et des morceaux écris avec Homeboy et MacheeN Boi. Si une veine hargneuse court le long de la majorité des productions, le rendu s’avère diversifié, truffé de sursauts et de trous d’air, et immoralement trépidant. The Teknoist dresse des paysages fracturés de part en part, dans lesquels la boue et la cendre, se mêlant à une lie métallique, maculent de leurs éclaboussures un décor déjà anarchique. Drum'n'bass ardente, breakcore atteint de frénésie compulsive, tout devient prétexte à l'ultra-violence. Tant qu'il faut bien choisir son heure et son état pour s'engager dans Trainwreck Magnetism, sous peine de finir harassé et trop violemment maltraité. Quoiqu'il en soit l'écoute d'une traite est fatale.

L'ouverture sur l'incroyable relecture du Siege Of Antioch de Mu-Ziq plonge dans une béatitude un poil doloriste. Rien que les noms que Mike Hayward attribue à ses remixs valent le détour. Ici The Teknoist's I've Got 2 I's In My Name Remix lacère et torpille l'oeuvre originale de Mike Paradinas, dont les nappes aériennes semblent l'unique résidu. La cavalcade mélodique est irrésistible. Le rythme s'emballe méchamment sur Dead Unicorn, qui pourrait presque évoquer du Niveau Zero (les réminiscences métal sans doute). Quant au The Teknoist's Dreilide Thrace Redux du Sphere's Of Fury de Hecq & Exillion, il impose à l'original, déjà puissant, un traitement au breakcore sur-dosé. The Teknoist a cependant la clairvoyance d'instaurer de courts cessez-le-feu, des pistes étonnamment calmes qui permettent une seconde de répit salutaire. C'est le cas du joli Tears And Fruits Cocktail, aux basses amples et pulsées et aux sonorités acides. Tout ceci n'est bien sûr que du bluff et on peut être sûr que le carnage reprendra de plus belle l'instant d'après. Le vicieusement mélodique et terrifiant Prototype For A Ninja Necromaniak achèvera de couper court à nos illusions. Néanmoins je me trouve plus réservée lorsque notre homme passe du côté carrément meurtrier de la force, et qu'il part dans du speedcore ou d'autres systèmes de tabassage unilatéral. Son remix de Drumcorps m'a ainsi plus effrayée qu'autre chose. Si, pour d'autres raisons (l'incongruité des chants ragga) sa version de Aragami Style de King Cannibal ne m'a point convaincue, son Kitsunegari au breakbeat savant, s'avère aussi riche que subtilement assassin.

 

Difficile de ne pas être un brin mitigée, face à un opus si radical et quelque peu irrégulier. Difficile aussi de ne pas reconnaître le talent du Teknoist, son absence de compromis et l'excellence de certains des titres. Le mieux reste de juger par soi-même, à condition cependant d'être familier à ce genre de violence et, dans tous les cas, de se cramponner à ses tripes.

 

TheTeknoist TrainwreckMagnetism 2

par Manolito

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 10:33

Sortie : 16 mai 2011

Label : Gizeh

Genre : Electronica dépressive

Note : 6,5/10

 

With Our Heads In The Clouds And Our Hearts In The Fields commence comme une petite mort. Des larmes d’encre perlent lentement le long de votre visage. Vous allez errer dans les limbes pendant 40 minutes, sans savoir si ce cheminement vous apportera la quiétude nécessaire à votre repos éternel. Alors que les doux susurrements de Chantal Acda vous apaisent, qu’un piano lointain tente de vous réconforter, surgit alors cet orgue spectrale vous rappelant que la tranquillité n’est pas l’apanage des âmes errantes.  Même si jamais ce troisième album de Sleepingdog ne pourra atteindre à nouveau cet état de grâce prodigué par un Untitled Ballad Of You And Me d’ouverture somptueux, vous savez que vous allez voyager entre deux eaux.

 

Les huit titres développent alors ce lent travelling aérien proche du Gus Van Sant d’Elephant. La mélancolie contemplative prend l’ascendant et vous vous prenez à observer de haut votre état comateux. Adam Wiltzie (du groupe Stars Of The Lid) met en place une connivence avec les douces vocalises de la Belge Acda par le biais d’un fin accompagnement sonore. Les nappes fantomatiques ne prennent jamais le pas sur les notes de piano en sourdine ou sur les accords de guitare impalpables. Sleepingdog déploie son spleen sans jamais se pourfendre dans une esthétique mortuaire abscons mais en misant du début à la fin sur une obscure clarté aux vertus expiatoires. On pense alors aux premiers albums électronica des Islandais de Mùm ou au rock neurasthénique des mormons Low (dont je recommande fortement le dernier album, C’Mon).

 

A force de déployer son aura, With Our Heads In The Clouds And Our Hearts In The Fields tombe dans l’écoute contemplative et se substitue à une lecture critique. Les émotions prennent le pas sur la technique. Mais est-ce un mal ? Parfois, ce sont des riens qui figent l’imagination et vous place dans un état profondément réceptif. Alors oui, ce troisième album de Sleepingdog n’est pas un chef d’œuvre, oui, le duo ne fait que recycler les travaux des autres, mais on sent pointer pourtant une troublante sincérité. Votre errance dans les limbes s’achève alors, vous vous éveillez mélancolique, dans un état semi-dépressif. Il ne vous reste plus qu’à réapprendre à sourire.

 

http://media.kompakt.fm/01/assets/releases/fitted/gzh31-with_our_heads_in_the_clouds_and_our_hearts_in_the_fields.jpg

par B2B

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 21:48

Sortie : avril 2011

Label : Fake Four Inc

Genre : rap instrumental

Note : 6

 

Tout juste après nous avoir pris aux tripes avec l'album du rappeur Kay The Aquanaut (chroniqué ici), Fake Four Inc en remet une couche avec un disque instrumental cette fois-ci. Résident de Portland, Big Pauper a déjà pas mal bourlingué, malgré ses seulement 26 ans, en tant que producteur ou DJ, notamment sous le nom Panzah Zandahz ou à la tête du label Token Recluse (qui a sorti l'excellent album de Brad Hamers (Post No Dreams, chroniqué ici) avec qui il forme Two Ton Sloth). Son rap instrumental aux influences multiples démontre à la fois une maîtrise du sample et une belle maturité.

 

Beyond My Means n'est pas un album qui s'appréhende en une seule écoute. Il révèle plusieurs niveaux de lectures qui demandent de l'attention. Sa richesse nécessite à la fois de se laisser porter par son côté cinématographique - pas étonnant pour un artiste qui fait aussi de la vidéo et qui considère cet album comme de la musique VHS -, d'être accroché par les scratchs et les samples de voix et de savourer aussi les passages plus posés (Portland To Paros). Si la comparaison avec Amon Tobin période Supermodified (évidente sur le Blue Dawn d'ouverture ou le Firebombing My Little Dresden de clôture, qui partagent d'ailleurs un sample en commun histoire de boucler la boucle) donne une touche électronica, c'est surtout dans un univers propre aux albums de DJ, façon  DJ Food ou les délires de DJ Shadow en compagnie de Cut Chemist, qu'évolue Big Pauper. The Stale Breath of 1000 Lucrative Club Bangers donne ce ton avec un beat ravageur, envahi de samples de voix rappées ou extraites de films. L'influence rap est alors puissante et l'enchaînement de certains titres ou passage donne à la fois l'impression d'être dans un mix tout en renforçant le côté narratif. Après une séquence bien énergique, le producteur calme le jeu avec Big Sick, concluant avec ce quatrième morceau une phase introductive qui donne un bon aperçu de ce qui va suivre.

Ses instrumentaux sont bien construits, suffisamment évolutifs pour ne jamais lasser, variés dans les sons et dans les ambiances, la patine ou le grain faisant le lien. Le reste de l'album est en effet le déroulé de ces principes directeurs qui laissent place à la créativité et même à l'humour. Interlude largement scratchée (The Simple Life (Sequel)) ou titres tranquillement séducteurs (Bread & Puppet) peuvent alors se succéder avec réussite.

 

Très bonne pioche que cet album qui réconcilie turntablists et producteurs d'électronica, pour les amateurs du Ninja Tune du passé sans toutefois sonner trop daté. 

 

http://s3.amazonaws.com/releases.circleintosquare.com/327/images/bigpauper_cover_web_fakefour.jpg

par Tahiti Raph

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 11:37

Sortie : 10 mai 2011

Label : XL Recordings

Genre : Hip-hop

Note : 7/10

 

"I’m a fuckin’ walkin’ paradox", telle est la première phrase de Tyler, The Creator dans son single Yonkers et tel est le constat que l’on peut établir aujourd’hui du collectif hip-hop Odd Future. Il y a un an, ces gamins de Los Angeles foutaient un énorme coup de pied au cul au rap. Ces mômes venaient de recycler à coups de burins l’esthétique hip-hop. Le nihilisme était leur credo, le no-future leur cheval de bataille et la gratuité leur propagande. La mixtape Radical fut moins une révélation que la mise en place d’un programme anarchiste (chronique ici). Un leader s’est alors imposé en la personne de Tyler, The Creator. Passé un premier album, Bastard, aussi brutal qu’une seringue grattée sur le bitume avant un fix, la hype s’est chargée du reste et par effet ricoché, c’est toute une presse lyophilisée qui s’est accaparée le crew. Les velléités mercantiles ont fait une sournoise apparition et le groupe a vite compris qu’il pouvait tenir le marché par les couilles. Ces gamins sont malins, ils savent comment entretenir leur aura : il suffit de continuer à foutre la merde pour entretenir le mythe.

 

Tyler signe donc avec XL pour un deuxième album, Goblin, attendu comme la consécration. Pour la première fois de la courte histoire d’OFWGKTA, un album est payant. L’attente est donc à double tranchant, l’erreur n’est pas permise à Tyler. Lui, dont le flow lent et plein d’assurance vaut surtout pour sa tonalité grave à faire trembler des murs capitonnés. Lui, dont les apparitions télévisées sont ce que le rap a connu de plus enthousiasmant depuis des lustres.

La peur de se retrouver face à un album docile était grande et puis dès les première mesures, on comprend que Tyler a eu carte blanche. Le Goblin ouvrant l’album est aussi glauque qu’une pute crackée dans un souterrain de downtown L.A., Yonkers poursuit cette entreprise de démolition par l’insoumission (le clip est d’une noirceur abyssale) avant que Radicals n’annonce l’armageddon. Le paroxysme oppressif est atteint en seulement trois morceaux. Le flow sombre de Tyler sert des paroles aussi glaçantes que proche du non-sens pour un son hip-hop minimaliste au possible. Les parents peuvent continuer de flipper à raison. Goblin rappelle que le hip-hop peut redevenir cette musique subversive visant une révolution par la maitrise des cerveaux.

Sans que la machine ne s’enraye on se rend alors compte que l’album s’étale sur près de 80 minutes. Quelques morceaux auraient pu passer à la trappe (ce foutu instru AU79 totalement inutile) et d’autres auraient mérité d’être raccourci. Mais Tyler a voulu faire participer ses potes avec en première ligne, un Hodgy Beats de plus en plus impressionnant à l’image de ce Sandwitches angoissant et permettant de confirmer la complémentarité entre les deux MC. Il suffit pour s’en convaincre de mater leur prestation live au Jimmy Fallon Show.

 

Goblin est un album de hip-hop dangereux. Pourvu que Tyler et sa bande d’Odd Future continuent de jouer ainsi avec le système. Tyler, The Creator a un potentiel incroyable. Si vous voulez comprendre à quoi correspond le no futur de 2011, écoutez Tyler et sa clique. S’ils continuent ainsi, en évitant les pièges de la matrice, nos lendemains risquent d’être bien crades.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/7a/Goblincover.jpg

par B2B

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