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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:42

Sortie : janvier 2011

Label : autoproduit

Genre : Ambient

Note : 8/10

 

L'insondable personnage qui se cache derrière le doux nom d'Ourson, se nomme Luke Hazard, et s'établit dans les forêts de Harpers Ferry, Virginie de l'ouest. Connu sous les noms de Plantre ou Meadows & Labyrinths, il compose depuis plus d'une décennie. C'est à lui que l'on doit le label Earstroke Records, sur lequel on croise Skytree, Wisp, Milieu ou Dorian Concept. En tant qu'Ourson, il sort trois albums Eth, Oth ainsi qu'une collaboration avec Heptangular. En réalité, Warming Plant est son premier disque, composé en 2004, relégué, oublié, puis remasterisé et sorti en janvier dernier.

 

New York City, 24 décembre 2004, un homme seul dans un petit studio compose au moyen d'un unique synthétiseur et d'un enregistreur de cassettes. Il crée en se fiant au hasard de l'improvisation, et enfouit derrière ses nappes des sentiments profonds d'inconnu et de nostalgie. C'est à ses parents que Luke Hazard destine son premier disque. Son pseudonyme, Ourson, vient de l'image qu'il avait de son père étant enfant, celle d'un énorme grizzli.

Warming Plant est un disque d'ambient pur. De ces albums vertigineux par tant de vide. On y pénètre comme dans un lieu dépouillé de tout repère, plus insondable que le cosmos, et dans lequel palpitent des mélodies lointaines, telles de faibles torches diffusant un message perdu dans des torrents de brume. Il est parfois effrayant de se trouver seul face à de tels abysses. Mais lorsque que l'on y plonge délibérément, la beauté qui s'en dégage est écrasante. De façon immensément humble et pis que minimaliste, la musique de l'Ourson prend irrémédiablement à la gorge. Les drones prennent l'entière possession de votre boîte crânienne, pulsant au même rythme que le sang battant les tempes, et les mélodies flottantes, à force d'ondoyer comme des filets de gaze, finissent par serrer brutalement le coeur. On peut penser aux oeuvres de 36, même si Luke Hazard me paraît creuser plus profond encore dans le minimalisme pur et introspectif. Et n'oublions que ce disque fut composé il y a maintenant sept ans... Réalisé à l'origine en une seule piste, Warming Plant a été découpé en quatre morceaux, et un titre fut rajouté. Tous durent entre 7 et 14 minutes. Les décrire individuellement m'est impossible, mais 237, Woven Pad & Mark et Surrounded By Leaves ressortent de façon foudroyante de beauté triste et d'infinie pureté.

 

Warming Plant est un titre des mieux choisis. Son écoute mène de l'ahurissement à la quiétude, du malaise à l'apaisement. Entre temps, on jurerai avoir vu de la lumière. Beaucoup cependant ne trouveront dans ce disque qu'un ennui absolu. Qu'ils ne s'y s'arrêtent donc pas. Les oeuvres qui révèlent une histoire font qu'on les aborde différemment. Peut-être nous touchent-elle plus facilement. Celle de l'Ourson est téléchargeable ici. Il n'est jamais trop tard pour s'y réchauffer.  

 

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par Manolito

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 11:18

Sortie : février 2011

Label : Heavy Mental (Russian Netlabel)

Genre : IDM, Copycat de AFX

Note : 7/10

 

Les errances nocturnes sur le net à googliser n'importe quoi sont parfois productives. Il arrive qu'on tombe sur des netlabels obscurs comme Heavy Mental, qui sévissait jusqu'ici dans une confidentialité relative en fonction de là où on se trouve par rapport à l'Oural. Alors voilà, Casket Lowrance est un jeune Russe qui aime bien les artworks de mauvais goût. Artem Stepanov de son nom véritable, officie également sous l'avatar Math Geek. Certains de ses compatriotes et de ses fans l'ont affublé d'un titre plus qu'honorifique : "Siberian Aphex Twin". Et quand on voit l'ouverture de son myspace, aucun doute ne subsiste sur l'influence jusque là simplement supposée. Au premier abord, je dirais même qu'il y a là un côté copycat assumé qui me déplaît un peu. Alors poussons un peu plus loin l'écoute et la réflexion pour tenter d'y voir plus clair.

 

Alors voilà, le matériel utilisé et la démarche se veulent semblables. Il faut néanmoins saluer sa capacité à fusionner les différentes périodes artistiques de son maître, plus précisément entre ... I Care Because You Do et Drukqs. Mais Casket Lowrance n'est pas seulement un fan du Sir Richard. Il veut aussi probablement être remarqué par Rephlex Records et les artistes qui gravitent autour. Le pire dans tout ça, c'est qu'il le fait excessivement bien. On peut légitimement l'accuser de ne strictement rien inventer, mais reconnaissons malgré tout qu'on a jamais vu (à ma connaissance) de fan pas tout à fait plagiaire, capable d'un tel rendu (hormis les innombrables avatars d'AFX). Il y a d'ailleurs là de quoi créer un buzz similaire à celui qu'avait connu Altered:Carbon après la diffusion d'un leak estampillé bien avant l'heure comme le nouvel album d'Autechre. Relevons également ce même goût pour les gimmicks semblables à des blagues de geek. Cherchons donc une quelconque singularité ici. Il y a quelque chose de ludique et d'anarchique dans sa manière de créer. Je m'explique. Tout au long des 20 titres, des passages assez noisy et plutôt expérimentaux apparaissent à la fin des titres pour finalement n'introduire ou conclure quoi que ce soit. Et malgré ce constat que certains jugeront peut-être étranges, ça rend vachement bien. Parce qu'encore une fois, on peut tout reprocher à ce mec là sauf d'être mauvais. Parmi les 20 titres (l'écoute entière peut s'avérer physique), les enchaînements Something In Your Head/Wychcraft Logic et Hippiq/Plenty River Melly sont pour moi assez jubilatoires et se révèlent comme les plus originaux.

 

Pour faire court, Casket Lowrance est un garçon de grand talent, surtout techniquement, mais qui a besoin de se détacher plus qu'un peu de sa référence pour pleinement retenir une attention qu'il mérite sûrement. Cet album est disponible gratuitement et légalement en cliquant ici. Voilà qui devrait en convaincre plus d'un de parfois traîner sur les pages de Heavy Mental. 

Info de dernière minute avant publication : le gars a remis le couvert et vient de lâcher 20 autres titres toujours chez Heavy Mental, réunis encore encore une fois autour d'un artwork pourri et sous le nom Inklings. Ce type est fou. 

 

http://www.heavymental.ru/netlabel/hm14/cover.jpg

par Ed Loxapac 

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 10:34

Sortie : Janvier 2011

Label : Fauxpas Musik

Genre : Ambient dubstep

Note : 7,5/10

 

Le dubstep ambient demeure cet univers mouvant, propice à l’introspection. Il y a dans cette musique, une volonté de prendre l’auditeur par la main pour le conduire dans une déambulation nocturne urbaine. Comme si la bassline devenait cette rue infinie parcourue par des échos métalliques, comme si le moindre son devenait prétexte à l’interprétation. S’écouter un bon disque de dubstep ambient, comme c’est le cas avec cet album de Desolate, revient à faire un voyage personnel dont les aboutissants ne sont qu’une observation biaisée de notre quotidien.

 

Le Berlinois Sven Weisemann se cache derrière Desolate. Ce projet reste entouré d’une aura mystérieuse rappelant étrangement Burial. The Invisible Insurrection (sublime titre) pourrait très bien être la face B d’Untrue du maître Burial tant les similitudes y sont prégnantes : même ambiance urbaine, même traitement de la voix, même rythmique. Pourtant, Desolate arrive à ne pas tomber dans la redite simpliste, si tant est qu’il est facile de recopier l'Anglais.

Ce premier LP de Weisemann sous l’entité de Desolate est une cinglante réussite, un album qui ne vous lâche pas durant son écoute. On a beau vivre une énième parabole sur l’errance nocturne, Desolate y introduit la notion d’éphémère par l’entremise de sons traversant l’enveloppe sonore d’un morceau pour ne plus jamais réapparaître. On croit avoir entendu un fantôme, on n’en saura pas plus. Ici, tout vous échappe malgré la structure traditionnelle des morceaux. Derrière l’emballage se cache les vrais raisons de la réussite, dans cette volonté de maintenir l’attention en exploitant finement les interstices.

The Invisible Resurrection se complaît à jouer avec nos émotions. Pour cela, rien de plus simple que de distiller quelques fines notes de piano et des cordes déchirantes. Il suffit d’y ajouter des pulsations cardiaques, des relents dubby, et vous voilà prêt à vivre ce voyage aux forts aspects cinématographiques. L’ensemble forme alors un tout, chaque morceau répondant au précédent, poursuivant cette lente pérégrination pour aboutir à un édifice métallique solidement ancré au sol.

 

Desolate signe un magnifique album de dubstep ambient aux vertus thérapeutiques. L’écoute de The Invisible Resurrection vous place dans un état contemplatif anesthésiant lentement vos synapses. Vous en ressortez transi.

 

http://2.bp.blogspot.com/-5y241Cv2McI/TeD03gtVFtI/AAAAAAAAAB0/2UdvyrB8DTE/s1600/desolate.jpg

par B2B

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 19:37

Sortie : février 2011

Label : Ultimae

Genre : Psytrance, Electronica, Ambient

Note : 8/10

 

Les inconditionnels de bon goût du label Ultimae savent forcément qui est Aes Dana. Pour les autres, précisons qu'il fut tout d'abord chanteur au sein de groupes indus ou cold-wave. Ce sage renégat de l'underground crée ensuite à Lyon le divin label Ultimae. Mêlant avec génie l'ambient, l'électronica et la psy-trance, cette maison sort régulièrement des oeuvres de références telles Asura, Carbon Based Lifeforms, Circular ou Solar Fields. Mais parce que Vincent Villuis (de son vrai nom) est aussi un artiste hors du commun (également membre du duo H.U.V.A Network en compagnie de Solar Fields), penchons nous sur son magnifique troisième album qui sort ces jours-ci : Perimeters.

 

Que ceux qui avaient eu la bonne idée de s'immerger dans Leylines (album précédent chroniqué ici) soient béatifiés sur le champ ! Même si Perimeters est foncièrement différent de son illustre prédécesseur, il n'en est pas dénué du même caractère exceptionnel. Aes Dana est pratiquement le seul membre officiant au sein du label à retranscrire aussi bien les ambivalences entre clair et obscur. Il a aussi une capacité à brumiser le beat qui laisserait n'importe quel ingénieur du son pantois, aigri et jaloux. Que l'album s'ouvre sur une collaboration avec Field Rotation me remplie forcément d'allégresse. Je suis un fan absolu de ses travaux drone ou ambient, mais c'est avant tout sa participation sur la compilation Imaginary Friends (ici) qui m'avait laissé à terre. Par la suite, son splendide album électro-acoustique, classique et moderne Licht Und Schatten (ici) n'avait fait que confirmer son immense talent et la non moins importante admiration que je ne manque jamais de lui témoigner. Parenthèse close. Sur le voluptueux Anthrazit en question, des crins plaintifs mais pourtant plein d'espoir semblent valser avec les cieux. Cette nouvelle collaboration nous ferait presque espérer un format long complet réalisé par les deux compères. Si l'ensemble de l'album est absolument majestueux, quatre piliers intouchables se distinguent néanmoins de la masse brute. En plus de Anthrazit donc, citons plus particulièrement Perimeters, Resin et The Missing Words. A l'orée de la troisième minute du titre qui donne son nom à l'oeuvre, l'auditeur est submergé par des visions chimériques. C'est comme si les nuages et une vapeur acide opaque s'écartaient pour enfin révéler le visage de Dieu. Dans ce titre, les basses, les graves et les kicks résonnent comme une invitation à une célébration physique et mentale. On se surprend à danser seul, les yeux grand ouverts et le sourire crispé, écartant les bras et implorant le ciel pour que la pluie nous lave de toute la crasse de ce monde. En introduction à Resin, soulignons aussi le trop court mais subtilement expérimental et noisy Xylem. Nous voilà donc ensuite transportés vers Resin, où certains crissements mélodiques évoquent des failles temporelles dans les fluctuations de l'environnement. Bouleversements climatiques, érosion terrestre, consumérisme érigé en modèle de société... toutes ces visions entrent en collision et occasionnent des déflagrations visuelles et mentales comparables à des "flash forward". Ai-je déjà vécu cela ? Nous sommes nous déjà rencontrés ? Le mystère demeure entier. C'est à ce moment là de la chronique qu'il faut que je précise que j'ai arrêté la consommation massive de drogues il y a quelques années. Traumatisme résiduel ? The Missing Words est un titre qui prend son temps pour livrer ses secrets. Ceux où certaines philosophies mystiques révèlent que les faces opposées sont souvent intimement liées. Il est donc probablement et à mon sens, le titre qui témoigne des plus grandes ambivalences. Si In Between, Antimatter-Post et Currents sont tout aussi appréciables, je me permets juste une petite critique pas du tout objective vis à vis de Heaven Report. Même si ces débuts étaient plus que prometteurs, il y a là une pulsation peut-être trop binaire pour moi. L'associer à des voix vocodées n'a pas contribué aux chances de me convaincre.

 

Mais ne vous y trompez pas. Perimeters fait déjà partie des "must have" absolus de 2011. Ce probable voyageur insatiable est parvenu à transformer en musique ses visions et ses propres révélations. En y intégrant poésie et philosophie, le nouvel album d'Aes Dana redéfinie la notion mathématique des périmètres. Le pré carré dans lequel sont installées les musiques électroniques n'est jamais apparu aussi restreint. Ceux qui adoreront légitimement ce disque et les autres productions du label sont vivement invités à se rendre non loin de Mulhouse le 12 mars. Un plateau exceptionnel d'artistes de la maison donneront à La Filature un show musical et visuel qui s'annonce déjà comme onirique et dantesque. Bien à vous.

 

http://classementdesblogueurs.fr/WordPress3/wp-content/uploads/2011/04/Aes_Dana-Perimeters-2011.jpg

 

 

par Ed Loxapac

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 17:39

Sortie : 6 février 2011

Label : autoproduit

Genre : Ambient Dubstep

Note : 6,5/10

 

L'artwork pouvait laisser présager quelques insondables réalisations d'ambient ou d'IDM, mais non.  Bridges In The Sky est le premier et très court album de Robert Nelson, producteur anglais qui brasse abstract hip-hop incisif, électronica et dubstep atmosphérique.

 

Ambiguous Dreams, l'alias peut laisser dubitatif. Trop explicite peut-être, l'ambiguïté perdant de sa force une fois revendiquée. Et à vrai dire, sa musique n'a pas grand chose d'énigmatique. Plutôt vifs, gazeux et amples, les sons d'Ambiguous Dreams convainquent dans leur façon de capter instantanément l'oreille, et de la maintenir lovée dans un tourbillon de sonorités crépitantes et foncièrement synthétiques. Entre les basses robustes et les plissures du beat, le glitch préserve d'un résultat trop lisse. De solides traces d'IDM parcourent cet album, à situer quelque part entre Himuro Yoshiteru, Sotu The Traveller et pas si loin de Flying Lotus. On pense particulièrement à Steven Ellison sur l'introductif Fighting With Shadows, concentré de glitch-hop rythmique et lumineux. Beaucoup plus downtempo, l'excellent The Clearing ondule avec mélancolie, tandis que le beat demeure froncé, tordu et courbe. Le summum de résonances métalliques s'atteint sur Comfort When You Cry - une petite bombe soit dit en passant. S'ensuit le délicat 2-step ambient de We Cherish Nothing, et on en a fini avec les (très) bons tracks. Sur six pistes, les quatre premières valent en effet leur pesant de Chocapic, mais la suite décline en qualité. Même si les murmures et les vrombissements paraissent rebattus, Hollie passe encore. Mais impossible de sauver le ...And Sleep de clôture du naufrage tragique de la kitscherie.

 

Dynamisant et bien produit, Bridges In The Sky n'est pas exempt que quelques fautes de goûts. Disons que les deux très bons tiers, et le joli artwork font pencher la balance positivement. Ce séduisant premier essai est disponible sans minimum de prix ici. Autant se faire soi-même une idée.

                                                  gh2464651719-1

par Manolito

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 14:16

Sortie : janvier 2011

Label : WEA

Genre : Rap

Note : 5

 

Pour fêter 20 ans de carrière, une vingtaine d'albums en plus des maxis et des projets parallèles (notamment Bike For Three, chroniqué ici), Buck 65 publie un nouveau long format annoncé depuis plusieurs mois par une série de EP. Le Canadien, MC et producteur qui puise son inspiration dans la talkin' blues - un blues parlé qui ne date pas d'hier -, se laisse cette fois-ci tenté par la chanson... avec plus ou moins de réussite et pas mal d'invités.

 

Le disque commence fort avec Superstars Don't Love et sa batterie rock qui permet à la fois au rappeur de varier son flow, de présenter son univers imagé et de faire une démonstration technique de son usage du sampleur. Un morceau à prendre avec un certain second degré cher au personnage. Il montre une facette plus sobre sur Gee Whiz où ses qualités de raconteur d'histoire transparaissent sur cette guitare folk remuée sur le refrain par une profusion de scractchs. Après Nick Thorburn (de The Unicorn), c'est Gord Downie (de The Tragically Hip) qui l'accompagne dans un rap americana profond (ils sont tous Canadiens pourtant). La route devient presque country avec l'arrivée de Jenn Grant qui vient placer une voix fragile sur trois titres qui annoncent une ambiance intime et délicate. Buck se met alors quelque peu en retrait et perd notre attention. Ce côté chanson est franchement moins accrocheur. Et quand il tombe dans la pop sur Stop avec Hannah Georgas, Tears Of Your Heart avec Olivia Ruiz (mais pourquoiiiii ?!?) ou Final Approach avec Marie-Pierre Arthur, il nous donne envie de partir en courant. Les chants aussi bien que les mélodies sonnent bien trop radio FM...

Quand il se retrouve seul avec un piano mélancolique sur She Said Yes, la corde sensible joue à son maximum et il nous rappelle qu'il est capable de bien plus harmonieux et personnel. Zombie Delight (malgré le vocoder sans intérêt) ou Lights Out sont également plus sombres et plus prenants. Enfin, sur le ludique BBC avec le déjanté John Southworth, le Canadien part dans un trip décalé dont il a le secret.

 

"Avec ce nouvel album, je jette un oeil par dessus mon épaule pour voir ces 20 années passées à chercher un quelque chose invisible. Je ne suis même pas sûr de ce que c'est. Arrivé aussi loin, je ne suis toujours pas près. Beaucoup de chemin a été parcouru et des progrès ont été faits, mais j'ai encore une longue route à faire", confie-t-il sur son site Internet. Avec un discours aussi humble, nous sommes prêts à le suivre encore dans ses expérimentations, même si certaines resteront sur le bord de la route...

 

http://www.media.wmg-is.com/media/portal/media/cms/images/rhino/cvrs/825646772766.320.jpg

par Tahiti Raph

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 10:54

Sortie : janvier 2011

Label : Lagunamuch Records

Genre : IDM, D&B, Cyberpunk

Note : 8/10

 

On ne parle que trop peu souvent de la discrète mais passionnante maison russe Lagunamuch. On lui doit pourtant la superbe et titanesque compilation Main Control Board (ici), sortie peu après la tragique disparition d'un de ceux qui l'avait imaginée : Alexander Matrosov (moitié d'Alexandroid). On y avait déjà croisé Abstract Avenue, side project du designer Arthur Berent, que certains connaissent peut-être au sein du trio Flexkiks.

 

Artefacts On The Moon, ou 44 minutes d'odyssée vers un espace (ou vers l'espèce) in-sondé et inquiétant. A la surface de la Lune, un groupe de chercheurs se lance à la recherche de nouveaux minerais et de nouvelles substances pour les analyser, les comprendre et améliorer leur science. Depuis que l'homme est homme, il n'a de cesse de vouloir explorer ce qu'il y a derrière. Derrière quoi ? Derrière tout. Parfois l'exploration fait plus figure de quête de pouvoir, de possession et de contrôle. Que soit lapidé de météorites l'inconscient qui se prend pour Dieu et veut maîtriser les éléments.

Si cette expédition débute de manière paisible et bucolique pendant les 18 premières minutes (elles peuvent paraître longues), soudain tout change et devient purement hors de contrôle. La foudre semble s'abattre sur ces explorateurs insouciants qui s'aperçoivent bien trop tard qu'ils ont déterré la boîte de Pandore. Parce que les châtiments et les péripéties qui vont suivre n'appartiennent qu'à la libre interprétation des curieux et aventureux auditeurs qui accepteront de s'y plonger, je ne livrerai pas ici ma vision guerrière et apocalyptique de ce qui attend ceux qui ont tenté de dompter l'indomptable. La simple écoute du passage de la 25e à la 27e minute suffit à me transmettre d'ambivalentes sensations, entre jubilation et terreur. Pur scénario pour celui qui voudrait se lancer dans la science fiction mêlée aux théories cyberpunk, Artefacts On The Moon est à envisager comme une expérience dangereuse mais passionnante. Pour ce qui est de la musique (faut bien en parler un peu quand même), là aussi l'ambivalence est de mise, oscillant entre ambient, électronica, d&b mutante et industriel martial.

 

Je dis souvent dans mes humbles chroniques que le mode shuffle c'est "le Mal". Les gens de Lagunamuch ne me contrediraient sans doute pas. Pour contrecarrer cette manoeuvre impie, l'oeuvre est uniquement disponible dans sa version bloc non coupée. Et pour ajouter à la bonne nouvelle, c'est gratuit et légal en cliquant ici. Mais oserez-vous y plonger ?

 

http://images.junostatic.com/full/CS1695753-02A-BIG.jpg

par Ed Loxapac 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 10:21

Sortie : janvier 2011

Label : Sandwell District

Genre : Techno

Note : 8/10

 

Comme souvent, le propre des labels de haut-vol est de vivre caché, à l’écart du moindre regard inquisiteur. Les légendes peuvent prospérer pendant que les mythes perdurent. En niant toute démarche mercantile, certains artistes arrivent à créer pour mieux nous surprendre. C’est le propre de Sandwell District, obscur label anglais à la démarche radicalement D.I.Y. et qui distille sporadiquement sa deep-techno organique depuis 2002.

 

Le passage au LP s’est fait dans la discrétion la plus totale. En éliminant toute trace personnelle, toute tentative de récupération individualiste, par le biais de la suppression des artistes pour ne laisser que le nom du label comme appel d’offre, Sandwell District fait davantage figure d’activiste. Feed-Forward passera entre peu de mains tant l’édition vinyle est limitée. Il y a la volonté de laisser une empreinte durable par des chemins de traverses. Les seules infos piochées sont un compte tumblr et l’action de Regis et Function derrière cet édifice monstrueux.

Feed-Forward est une machine redoutable, un des meilleurs albums de techno entendu depuis des lustres. C’est comme si Sandwell District avait avalé le travail organique d’Ostgut Ton (Marcel Dettmann en tête) et le façonnage sonore de Basic Channel pour nous livrer un album techno d’une puissance impressionnante.

Feed-Forward ne peut s’écouter qu’au casque, yeux fermés. Immédiatement le décor prend forme dans votre esprit. Il est 2h du mat’, vous êtes dans une usine désaffectée, glaciale, seul face à vous-même. Les frissons parcourant votre corps ne sont rien de plus que des courants d’airs chargés d’électricité statique. Les sons rampent le long de votre jambe, vous paralysant. Pour peu que vous vous focalisiez sur un son, un seul, souvent bref, et vous voilà happé dans un univers hypnotique. Pendant ce temps, le morceau se déploie, s’élargit et son emprise devient alors totale tout en étant d’une sidérante subtilité.

Pas de couleur ici, seulement le gris. Un gris brumeux démontrant que la beauté peut surgir du brouillard, de manière impalpable et indomptable. Pourtant, malgré son côté frontale, à la limite du totalitaire, Sandwell District arrive à insuffler de fines bouffées d’air à son mutant, par le biais d’amples nappes évolutives. On finit par se sentir à son avantage dans cet univers délétère.

Impossible de figer un morceau tant l’ensemble forme un tout. Chaque nouvelle écoute révèle des pistes encore non explorées et c’est quand on pense avoir saisi l’ampleur de l’édifice que celui-ci s’écroule devant vous pour mieux être reconstruit.

 

Feed-Forward est une pépite, un album de deep-techno pétri dans les interstices urbains, un no man’s land futuriste. Sandwell District vient de diffuser son poison mortel. Précipitez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde.

 

http://static.boomkat.com/images/401582/333.jpg

par B2B

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 21:18

Sortie : 1 février 2010

Label : Alrealon 

Genre : Dub, Noise, Industrial, Abstract hip-hop

 

L'artiste se nomme FluiD aka Christophe G. aka The Post-Human Cyborg: subduxtion, et l'album prend le nom de Envisioning Abstraction : The Duality of Fluid. Voilà qui donne le ton. Activiste sonore et guérillero de l'expérimentation, FluiD est un compositeur de Chicago, auteur de plusieurs formats courts et de nébuleuses collaborations. Il sort un premier album rocailleux, encrassé et jubilatoire sur le label suisse Alrealon. Volontairement, la question de l'artwork ne sera pas soulevée.

 

Dub industriel, rock oppressant, hip-hop et noise, l'Américain malaxe le tout, l'étire et le saccage consciencieusement. Des moments d'apaisement aèrent cet ensemble tendu, et permettent aux atmosphères angoissantes de pénétrer proprement l'auditeur. Terrifiantes et criblées d'interférences, les nappes planent telles des nuages insalubres, et la batterie a l'imperturbabilité d'une marche militaire. Si Scorn en est l'influence majeure, vous pouvez également imaginer Ez3kiel et Lucidstatic autour d'un fût houblonné, puis visitant, complètement déchirés, des usines désaffectées. Malgré la variété des inspirations et l'aspect célébration orgiaque de fin du monde, FluiD est loin de se perdre en bordel inutile. De l'alchimie entre les basses visqueuses, la guitare noisy et les triturations industrielles, ressort un flux rythmique collant, régulier et entêtant. On traîne dans des caves poisseuses de rouille, le manque de lumière exagère les ombres, et les vibrations répétées décrochent par secousses la poussière des bas-fonds.

Des voix interviennent parcimonieusement. Le flow oscillant entre rap vengeur et vociférations métal de Black Saturn électrise le déjà brûlant Iron Communique, et un sample de chant arabe hulule sur Disrupting The Ghost. Sublimation In The Zero Hour illustre à la perfection la charge de tension prégnante à tout l'album. Au long de cette montée irrépressible, guidée par un synthé annonciateur, les nappes se tapissent sournoisement. Puis claquent des basses colossales, et on nage en plein dub sombre et sale. Et lorsque sur des bourdonnements psychés, la guitare achève sa course par un fond de noise aigu, la fin a des goûts de post-rock d'apocalypse. On ressort lavé. Notons également Dread Futures, seul vrai morceau dub, et une pépite comme on n'en fait plus, le cataclysmique AIC, et le final Parallel States.

 

Une bonne bouffée d'air vicié que cet album. Derrière le climat dérangé de Duality, la maîtrise technique et la cohérence dont FluiD fait preuve sautent aux yeux. Le dub industriel peut compter sur du sang neuf, vigoureux et névrosé.

 

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par Manolito

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 18:40

Sortie : janvier 2011

Label : Nowadays Records

Genre : Rap

Note : 6

 

En mars 2010 sortait l'album Fantastic Planet, sur lequel les producteurs de La Fine Equipe démontraient tout leur talent de beatmaker pour accompagner le MC Mattic. Nos collègues de Radio Campus Paris (pour l'émission Fine Cuts tous les mardis de 23h à minuit) - que nous ne connaissons pas personnellement - n'ont pas attendu un an pour sortir les "lost tracks" de ce disque (en téléchargement gratuit sur Bandcamp). 13 titres qui méritaient de ne pas rester dans les cartons.

 

Les quatre membres de La Fine Equipe (Gib, oOgo, Blanka, Chomsk') défendent un style d'instrumentaux léchés, sous perfusion de soul tranquille, avec un sens du sample à toute épreuve sans hésiter à saupoudrer le tout de quelques extraits de films bien sentis. A l'écoute de The Boom par exemple, il faut apprécier l'équilibre subtil entre les éléments et ce break dynamique sur le refrain. Mattic trouve aisément sa place avec un flow qui relève juste la sauce sans trop forcer le trait. Sur le sombre Wolfes, il se fond dans le parfum de mystère concocté par les producteurs français. Ceux qui ont une inclinaison plus jazz trouveront leur bonheur avec Like This où le MC alterne voix parlée et rappée.

Les titres s'enchaînent rapidement dans un classicisme appréciable, jusqu'à Orchestry sur lequel le texte de Mattic est bidouillé pour créer le bon décalage au bon moment. Pour la variété de voix, ASM font deux apparitions dans leur style habituel qui convient bien à l'électronique de Fantasmic. Si le sous-titre de l'album, The Dark Side, évoque le fait que ces morceaux sont des chutes de Fantastic Planet, il représente également bien l'ambiance générale de ce LP, qui se clôture sur Trials Of The Lonely et son piano mélancolique.

 

Une bonne petite galette rap pour ce début d'année qui confirme que La Fine Equipe a plus d'une bonne production dans sa caisse de vinyles.

 

http://bandcamp.com/files/13/51/1351399367-1.jpg

par Tahiti Raph

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