Sortie : 12 septembre 2011
Label : Kompakt
Genre : Techno
Note : 5,5/10
Gui Boratto n’a pas vraiment volé son statut actuel. Tête de gondole du label Kompakt, ses disques se vendent comme des petits pains. Après tout, ce n’est pas totalement démérité même si son précédent LP, Take My Breath Away, n’était pas à la hauteur d’un premier album ensorcelant. Lorsque Chromophobia est sorti en 2007, c’est par la finesse d’une techno solaire que Gui Boratto nous a captivé. A l’époque (et même encore maintenant), le single Beautiful Life nous transportait dans une odyssée techno-pop aérienne infinie. Quelques compils et une longue tournée plus tard, débarque le nouvel opus du Brésilien, III.
Il est désormais acquis qu’il existe un son "Gui Boratto" reconnaissable dès les premières mesures. La basse est profonde, le trip aérien, l’esprit trancey et les mélodies pop naïves. On pourrait aisément rapprocher ses productions de celles d’un Paul Kalkbrenner, à la différence que Boratto tente d’y insuffler plus de puissance. III répond parfaitement au cahier des charges que le Brésilien semble s’être désormais imposé. Autant on prend du plaisir à replonger dans cet univers, autant on en saisit rapidement les limites.
III n’est pas un album techno foncièrement mauvais, il est même plutôt plaisant dans son ensemble. Malheureusement, les ficelles sont bien trop grosses. On connaît la chanson et la redondance devient rapidement le pire ennemi de Gui Boratto. Chaque morceau ne surprend pas sans pour autant être rédhibitoire. On nage entre deux eaux. Le souci vient aussi d’une étrange exploitation des thèmes et mélodies. Entre les morceaux qui s’étirent (Galuchat) alors que 3 minutes auraient suffit, ceux qui dégagent un impressionnant potentiel mais souffre d’une mauvaise gestion des montées (Stems From Hell) et ceux qui sont parfaitement anecdotiques et font figure de modestes bouche-trous (Trap, Destination : Education), on est bien enmerdé.
Mais le principal problème de III est de miser sur un mixage catastrophique. Pourquoi diable avoir voulu autant compresser le son ? Le rendu ne correspond aucunement à la musique aérienne du Brésilien. Tout sonne plat. Rien ne dépasse. On frôle l’ennui. C’est fichtrement couillon étant donné le fait que certains morceaux auraient ainsi pu sortir du lot et nous propulser dans les étoiles. On sent que Striker possède une énergie rock à la Vitalic mais les montées sont effacées, on saisit le potentiel mélodique de The Third mais rien ne se passe au final et la beauté mélancolique de This Is Not The End est elle aussi annihilée. Quelle déception !
Gui Boratto a préféré rester dans ses pantoufles en livrant un album prévisible. Après tout, ce n’est pas un reproche si seulement III n’était pas totalement parasité par une volonté d’aseptisation sonore. Il y avait matière à livrer un album bien plus prenant, un objet puisant sa force dans sa trajectoire aérienne. Mais III préfère frôler l’ennui. Dommage.
par B2B