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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 10:57

Sortie : 12 septembre 2011

Label : Kompakt

Genre : Techno

Note : 5,5/10

 

Gui Boratto n’a pas vraiment volé son statut actuel. Tête de gondole du label Kompakt, ses disques se vendent comme des petits pains. Après tout, ce n’est pas totalement démérité même si son précédent LP, Take My Breath Away, n’était pas à la hauteur d’un premier album ensorcelant. Lorsque Chromophobia est sorti en 2007, c’est par la finesse d’une techno solaire que Gui Boratto nous a captivé. A l’époque (et même encore maintenant), le single Beautiful Life nous transportait dans une odyssée techno-pop aérienne infinie. Quelques compils et une longue tournée plus tard, débarque le nouvel opus du Brésilien, III.

 

Il est désormais acquis qu’il existe un son "Gui Boratto" reconnaissable dès les premières mesures. La basse est profonde, le trip aérien, l’esprit trancey et les mélodies pop naïves. On pourrait aisément rapprocher ses productions de celles d’un Paul Kalkbrenner, à la différence que Boratto tente d’y insuffler plus de puissance. III répond parfaitement au cahier des charges que le Brésilien semble s’être désormais imposé. Autant on prend du plaisir à replonger dans cet univers, autant on en saisit rapidement les limites.

III n’est pas un album techno foncièrement mauvais, il est même plutôt plaisant dans son ensemble. Malheureusement, les ficelles sont bien trop grosses. On connaît la chanson et la redondance devient rapidement le pire ennemi de Gui Boratto. Chaque morceau ne surprend pas sans pour autant être rédhibitoire. On nage entre deux eaux. Le souci vient aussi d’une étrange exploitation des thèmes et mélodies. Entre les morceaux qui s’étirent (Galuchat) alors que 3 minutes auraient suffit, ceux qui dégagent un impressionnant potentiel mais souffre d’une mauvaise gestion des montées (Stems From Hell) et ceux qui sont parfaitement anecdotiques et font figure de modestes bouche-trous (Trap, Destination : Education), on est bien enmerdé.

Mais le principal problème de III est de miser sur un mixage catastrophique. Pourquoi diable avoir voulu autant compresser le son ? Le rendu ne correspond aucunement à la musique aérienne du Brésilien. Tout sonne plat. Rien ne dépasse. On frôle l’ennui. C’est fichtrement couillon étant donné le fait que certains morceaux auraient ainsi pu sortir du lot et nous propulser dans les étoiles. On sent que Striker possède une énergie rock à la Vitalic mais les montées sont effacées, on saisit le potentiel mélodique de The Third mais rien ne se passe au final et la beauté mélancolique de This Is Not The End est elle aussi annihilée. Quelle déception !

 

Gui Boratto a préféré rester dans ses pantoufles en livrant un album prévisible. Après tout, ce n’est pas un reproche si seulement III n’était pas totalement parasité par une volonté d’aseptisation sonore. Il y avait matière à livrer un album bien plus prenant, un objet puisant sa force dans sa trajectoire aérienne. Mais III préfère frôler l’ennui. Dommage.

 

http://minimalistica.org/wp-content/uploads/2011/09/Gui-Boratto-III.jpg

  par B2B

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 16:36

Sortie : septembre 2011

Label : Laybell

Genre : jeu de samples siphonné

Note : 7/10

 

Extra Pekoe est le producteur de Two Left Ears, groupe français qui a sorti l'excellent Lazy Trace (chroniqué ici) et participé avec brio à notre seconde compilation, Beat Abstraction (toujours en téléchargement libre ici). Pour s'essayer en solo, Mathieu Adamski sort un premier maxi, six titres qui ressemblent à un grand collage de samples qu'il bidouille pour un résultat assez expérimental.

 

Cet EP pourrait faire penser de loin à de l'électronica ou un genre de glitch hop à la pointe de la déstructuration, mais se serait réducteur. C'est assez loin de références stylistiques qu'Extra Pekoe cherche sa voie. D'enregistrements d'ambiance de bar, à des assemblages brinquebalants de samples en passant par quelques mélodies électroniques, il semble piocher de tous cotés pour créer des pistes à l'équilibre précaire tant l'empilement est dense et hors format. China Interstellar Program est le symbole de ces attelages atypiques de sonorités bancales et de boucles bricolées qui servent à construire une musique contemporaine surprenante. Il faut oublier ses modèles pour en intégrer un nouveau. Les titres semblent montés à l'envers, mais la mécanique fonctionne quand même. L'hybride créature produit un enchevêtrement sonore qui progresse malgré tout. La Belle Dilettante mélange ainsi voix, claquements, mélodie inversée, divers claquements, parasites, bleeps et de nombreux autres bouts de trucs pour aboutir à un résultat qui peut paraître tout autant le travail acharné et longuement réfléchi d'un étudiant en acoustique que la machine improbable sortie de l'esprit d'un garagiste passionné. Dans les deux cas, du temps a été passé les mains dans le moteur.

Les morceaux Praying Mantis On High Heels et Pretty Drunk, malgré l'impression générale de bordel qui persiste, ont une structure un peu moins atypique. Le langage électronique développé est plus facile à l'écoute tout en gardant les particularités d'entrelacement abondant de multiples sources. Ces deux passages donnent donc de l'assise au disque grâce à leur coté plus posé, même s'ils ne détonnent pas en comparaison aux autre titres. L'esprit est similaire, libre, complexe, soigneux et toujours à la recherche d'un petit espace libre pour caser une dernière pièce qui pourrait améliorer le refroidissement, le couple ou la reprise.

 

Ce maxi déconcertant demande quelques écoutes pour être vraiment pénétré tant son esprit est atypique, plus proche de la musique concrète que des genres électroniques actuels. Il se révèle ensuite, dense et passionnant.

 

http://f.bandcamp.com/z/11/54/1154257324-1.jpg

par Tahiti Raph

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 11:00

Sortie : mai 2011

Label : Hands Productions

Genre : Industriel

Note : 8/10

 

Celui qui veut obtenir des informations au sujet de Libido Formandi a intérêt à s'armer de patience et de pugnacité. C'est en partie pour ça que j'ai mis énormément de temps à m'autoriser à écrire une chronique au sujet de son album. Il paraît qu'il est Grec, qu'il s'appelle dans la vraie vie Manos Chrisovergis et qu'il a un autre projet individuel nommé Last Days Of S.E.X. Son premier long format est sorti chez Hands Productions, label allemand passionnant qui compte parmi ses officiers sérieux des gens comme Xabec, 13th Monkey, Empusae ou l'Espagnol Proyecto Mirage. Voilà une maison dont on n'a jamais parlé, injustement mais aussi parce qu'elle produit beaucoup de power noise et que c'est pas forcément notre tasse de thé.

 

Même si de nobles genres tels que le dark ambient ou le tribal rythmic noise apparaissent tout au long de Insignificancy Rising, ce dernier peut définitivement se réclamer d'une appellation industrielle pure. Les glorieuses élites qui nous dirigent ont pris l'habitude de choyer des "bureauniers" inutiles assis dans des bureaux vides et surnageant péniblement entre leurs agrafeuses et leurs touillettes, et de lentement mais sûrement désindustrialiser le pays. Autant dire que le Français moyen nage dans une culture plus proche de l'open space ou des anecdotes saisies aux abords de machines à café que celle de l'ouvrier d'usine, répétant inlassablement les même gestes avec pour seul bouclier son casque de chantier et ses chaussures de sécurité. Ce genre d'album peut donc se révéler à lui tel un document. Car oui, même si le Grec n'invente rien et qu'il a forcément été inspiré par des précurseurs comme Cabaret Voltaire ou Throbbing Gristle, il a pu profiter des évolutions technologiques qui aident à asseoir (difficilement) la musique électronique et industrielle dans le 21ème siècle. Même si les tubulures suintantes des machines tentent de se plaindre plus fort que les rugueuses sutures rythmiques, le son du Grec est armé d'un bagage rare dans ce genre de productions : l'émotion. Pour cela, il use de synthlines chatoyantes parfois à la limite, mais qui apportent un caractère lumineux et rassurant à un album qui comporte peu de concessions. Si indéniablement les titres Other et Vis sont ceux qui sont les plus marqués de cette force brute et insidieusement pénétrante, Determination est probablement le morceau qui décrit le mieux le propos sus-mentionné. On ne tarira pas non plus d'éloges au sujet de Anonymous Imaginary ou de Insecurity, qui ont l'intelligence de puiser leurs subtilités dans une réverbération ou dans une ambivalence dérangeante jamais trop complexe. Libido Formandi se paye en plus le luxe de s'adjoindre les services de deux de ses compatriotes pour les remixes. L'exceptionnelle contribution de Hydrone et plus encore celle de Subheim, qui avec sa relecture de Other mériterait bien des galons de meilleur remixeur de l'année dans le genre. Car même si cet opus peut se montrer sur la longueur aussi éreintant qu'une journée de labeur dans une structure où les souffleries partouzent avec des rotates jamais rassasiées, il dégage des visions picturales non négligeables. Observons lentement les néons s'allumer, dans les insubmersibles clapiers à ouvriers que comptent le Westphallus, des soldats de l'ombre inconsidérés se lèvent pour aller travailler.

 

Voilà qui devrait nous convaincre (et vous aussi) de plonger plus régulièrement dans les productions de Hands et d'ajouter un Grec de plus dans les artistes prometteurs et confirmés à surveiller. Définitivement recommandé.

 

http://preview.gomusicnow.com/5771259/cover.jpg

par Ed Loxapac

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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 18:28

Sortie : 2010-2011

Label : Stroboscopic Artefacts

Genre : Techno

Note : 8,5/10

 

S’il y a un jeune label techno à surveiller de très près cette année, c’est bien Stroboscopic Artefacts, fondé par l’Italien Luca Mortellaro, plus connu son son pseudo Lucy, dont l’excellent premier LP Wordplay For Working Bees fut chroniqué ici au début de l’année. Pour faire connaître ses artistes, Luca Mortellaro a lancé en 2010 l’idée d’une série d’EP de quatre titres intitulée Monad, dont il signe lui-même le dixième opus qui sort ces jours-ci. Retour sur ce décalogue musical d’un label qui n’a pas fini de faire parler de lui.

 

Stroboscopic Artefacts (SA) est de ces labels qui ont compris l’impératif de sortir la tête haute de la situation d’engorgement où stagne la techno minimale actuellement – la tête haute, c’est-à-dire sans tomber dans le piège du revival paresseux ou  ou du cross-over stérile. Minimale, la techno de SA l’est pourtant, au sens noble du terme : disons "épurée", soignée des mélodies de synthés bloqués dans les 80’s, des bleeps et des blops, des nappes kitsch, des vocaux soul pénibles et des gimmicks de sales gosses. Mesdames, messieurs, place au beat, d’où la techno n’aurait jamais dû tant s’écarter au risque de sa propre perte. Le son SA, et a fortiori celui de la série Monad, est un hommage au beatmaking, un travail de stylisation du souffle des basses exhalées par les kicks, de sound-design de leurs textures, et de l’auto-engendrement des rythmiques à partir d’elles-mêmes.

On pense plus d’une fois à Dettmann à l’écoute de ces Monads, ou plutôt… les EP les plus classiques s’engagent sur cette voie d’une techno puissante et aride qui vous prend par les tripes et les neurones, et qui semble une incitation par soi à la polytoxicomanie et à la danse autiste (citons les travaux de Chevel, Pfirter, Markus Suckut). D’autres artistes empruntent une voie plus tribale et/ou indus pour des morceaux encore plus spartiates et sombres, mais à l’efficacité redoublée (Donor, Perc dont l’excellent LP est chroniqué ici, ou Dadub). Mais surtout, il y a Lucy, son compagnon Xhin (dont le track Mutate est l’un des meilleurs, sinon le meilleur de la série) ainsi que les excellents Go Hiyama et Aoki Takamasa, qui allient kick dévastateur et fréquences de basses aliénantes, en y ajoutant une maîtrise non-négligeable du glitch parfaitement appliquée à la pure techno. C’est alors une nouvelle dimension de cette techno que nous laisse entrevoir le son global de SA, comme si le pan le plus sombre d’Ostgut Ton s’émancipait enfin de la linéarité teutonne qui caractérise aussi et non sans quelques dommages leurs productions. Avec la série Monad, cette linéarité vole en éclat pour laisser s’installer en lieu et place une dimension de vice palpable, une noirceur suffocante qui, loin de provoquer le rejet de l’auditeur, l’entraîne au contraire corps et âme en direction d’un nouveau style de dancefloor, peuplé de cyborgs hagards et de créatures à l’identité indéfinissable.

 

Nul besoin de lire dans le marc de café pour prédire de grandes choses pour le label Stroboscopic Artefacts. Cette série Monad, avec ses quarante morceaux dont seuls deux ou trois peuvent être jugés dispensables, se pose comme un acteur nouveau et déjà majeur d’une scène techno laissée le plus souvent à l’opportunisme, enfonçant en toute quiétude 95% de la concurrence en ce domaine. Seuls les meilleurs peuvent prétendre rivaliser encore en 2011. Le matos de SA étant de surcroît  en écoute gratuite sur les plateformes courantes (Soundcloud, Bandcamp, on vous laisse farfouiller), inutile de dire que le rater serait une erreur fondamentale, et une occasion manquée de découvrir l'avenir...

 

 

http://1.bp.blogspot.com/-RZea0O8GwJU/Tk6U2rbqv2I/AAAAAAAACE8/h6P1fZ-lp7E/s320/RP342982_Label_SAM010__1200px_.jpg

par Pingouin Anonyme

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 21:42

Sortie : septembre 2011

Label : Glass Hair

Genre : IDM

Note : 8/10

 

Composé de Boreta de The Glitch Mob et de Comma, le groupe Slidecamp travaille ensemble depuis cinq ans et ne sort pourtant que son premier album. Grand bien leur en a pris au vu du résultat, une IDM organique et aérienne. Pour assembler ces huit titres, le duo a enregistré un peu partout entre Los Angeles et Washington, en extérieur, dans une voiture, sur un quatre pistes ou lors d'expérimentations au synthétiseur. En résulte ce splendide "document nomade".

 

Les paysages se dessinent de suite. Les espaces sont immenses. Les couleurs vives et le relief harmonieux. Le voyage promet de se dérouler en douceur. Les nappes rondes caressent les tympans et s'étendent à perte de vue. Elles baignent la verdure des champs parsemés de coquelicots qui prennent gentiment le vent. Les percussions offrent toutefois quelques lignes de rupture. Elles forment les nuages qui défilent en accéléré, d'étranges parasites dans le décor et l'animation entre les étapes. Les coups rauques tranchent dans le vif et contre-balancent la légèreté ambiante, malgré quelques passages plus sombres.

L'ensemble est homogène grâce à un travail subtil de spatialisation et une recherche d'une rare finesse sur les textures et les volumes. Tout est minutieusement assemblé autour d'une puissante basse pour former des pièces sans prétention ni artifice. L'humeur y est rêveuse, ouverte sur le monde, avec le recul nécessaire pour apprécier les belles choses dans leurs moindres détails. Chaque plage est un un nouvel émerveillement. La tonalité profondément organique donne ce sentiment de nature, même si des feulements synthétiques, signes de l'homme dans ces terres inhabitées, viennent rugir sur ces plaines quasi intactes. Soudain tout se fige. Les images formées dans notre esprit passent en noir et blanc puis s'atténuent peu à peu.

 

Le voyage s'achève mais nous restons en apesanteur. Le programme a semblé trop court, manquant d'autres destinations pour prolonger ce magnifique défilé de décors majestueux et apaisants. Magique.

 

http://www.alphapuprecords.com/art/669158523238-300x300.jpg

par Tahiti Raph

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 10:09

Date : 24 septembre - 8 octobre 2011

Lieu : Paris et banlieue

 

Le festival Factory revient avec une programmation électronique toujours aussi pertinente et aventureuse. En 5 soirées, il y a largement de quoi divertir les esgourdes les plus intransigeantes.

Cette année, on pourra entre autres entendre : Front 242, Carl Craig, Biosphère, Arnaud Rebotini, Urban Tribe, Jon Hassell, Pascal Comelade, etc.

Chroniques électroniques sera présent et vous racontera tout cela en détail. 

 

http://www.francefestivals.com/images/img_festivals/ref_13/edito/princ_FIDF-AFF-GEN-B-LODO-IDF-RVB.jpg

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 13:43

Sortie : août 2011

Label : FXHE Records

Genre : Detroit techno

Note : 5/10

 

Malgré un LP et une vingtaine de maxis à son actif, il fallut attendre un mix pour Fabric en 2009, à la qualité pourtant discutable, afin qu’Omar-S passe de la confidentialité aux feux de la rampe. Basé à Detroit, et bien ancré dans la tradition électronique de sa ville, le son d’Omar-S tient à la fois de la techno et de la house américaine la plus classique, non sans efficacité musicale, capable tour à tour de nappes spatiales, de funk cybernétique et de déflagrations dancefloor. Il nous revient en plein mois d’août, pour un second long format, It can be done but only I can do it.

 

S’il est facile de recevoir un héritage, il l’est moins de parvenir à le faire fructifier. Omar-S connaît par cœur toutes les ficelles de la techno de Detroit, mais peine sérieusement à les réinventer, pour se contenter de les agencer sans grand talent. On se promène donc entre techno et deep-tech, le long de titres à la facture classique, où tout paraît déjà entendu, des synthés aux boîtes à rythmes en passant par les structures musicales déployées. Des tracks comme Supported solely, Ganymede ou You wish développent un rétro-futurisme spatial et aérien assez paresseux. Les onze minutes de Over you too lassent par une construction quasi-inexistante, quand le morceau éponyme perd son auditeur à force d’inertie. De façon générale, tous les titres sont calibrés à l’ancienne : intro, développement, mini-montée, mini-break, redéveloppement, brève conclusion. C’est cet espèce de traditionalisme qui fatigue, à force : un peu de génie ou de folie seraient les bienvenus.

Et puis il y a les ratés. Le plus gros a le malheur de se situer en troisième position sur la tracklist. Intitulé Look hear watch, Omar-S y pose une techno loungy totalement inintéressante sur le fond d’un sample de baise d’une vulgarité rarement entendue (vous aussi, venez essayer les gargouillis de deepthroat en HD…). On en vient à espérer que le mec gicle le plus vite possible afin d’en finir avec ce putain de morceau. Certes, il y a bien deux ou trois titres à sauver, comme le sympathique Here’s your trance now dance, mais  qui était déjà disponible sur un précédent EP, ou Skynet 2 B et son esthétique soulful langoureuse, qui parvient à retenir l’attention. Dommage, on se contentera de s’en tenir à son premier LP Just ask the lonely, dont l’efficacité directe compensait ce cramponnement maladif à des structures synthétiques qui, en tant que telles, n’intéressent plus grand monde.

 

Pas vraiment prenant, pas vraiment dansant, pas vraiment intelligent, difficile de rentrer dans ce disque à la trame passéiste. Detroit est toujours belle, mais on n’en a ici qu’une carte postale kitsch et franchement cliché, à l’image de l’artwork du disque. It can be done but only I can do it, nous dit-il ? Bof, pas sûr…

 

http://redeyerecords.co.uk/imagery/50881-1.jpg

par Pingouin Anonyme

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 10:45

Sortie : août 2011

Label : Ecoshock Recordings

Genre : Techno filtrée, Electronica

Note : 6/10

 

Harmi Palda roule sa bosse depuis le milieu des années 1990 dans les sphères électroniques. Après des travaux signés chez Boltfish ou Toytronic, il réalise son premier long format en 2009, chez l'aujourd'hui quasiment inactif Rednetic. Ad Infinitum est un chef d'oeuvre injustement méconnu d'electronica onirique, mêlant sentiments de mystères et de révélations, entourés d'une opaque fumée. Des titres comme Cells ou Step Above The Surface visitent encore deux ans plus tard ma platine au moins une fois par semaine. Les talents de composition de Infinite Scale ainsi que son immense background musical inondent la moindre note, le moindre effet de soundscaping. Alors inutile de dire qu'une obsession dévorante s'empara de moi dès l'annonce de cette nouvelle sortie : Ekko Location, première release du mystérieux label Ecoshock Recordings.

 

Contrairement à ce que disent de nombreuses chroniques présentes sur le net, ce nouvel essai est radicalement différent de son illustre prédécesseur, et cela même si les enluminures majestueuses de textures et ces sensations d'effleurage de surface organique sont encore bien présentes. La première partie de l'album est un hommage vibrant à la techno de Detroit, filtrée et emplie d'effets du meilleur goût, estampillée du saut onirique du nouveau résident britannique. Même si je prends de plus en plus à coeur ma fonction de chroniqueur plein de mesure, je ne peux prendre assez de recul face à mes fantasmes de simple auditeur. Je ne m'attendais pas à ça. Pire, je ne l'encaisse pas. Même si Out Of The Blue et Mobile Lives sont pétris d'immenses qualités, et qu'ils raviront plus que probablement un auditoire de curieux défricheurs. L'utilisation d'un matériel très analogique est remarquable. Mais où sont passées les visions chimériques que Palda était capable de transmettre en quelques nappes orchestrales ? Et cette sainte cohabitation des cordes et des crins, des volutes de piano associées à des rythmiques vengeresses ? Ces nobles sensations n'apparaîtront qu'à l'orée de Somewhere Inside, très joli titre nébuleux exécutant une transition aussi salvatrice qu'incompréhensible. Le splendide Witness renouera avec les immenses qualités et les sacro-saintes cohabitations orchestrales attendues, tout comme le somptueux When Power Runs Dry ou le désarmant Learjets And Tricycles de fin. Mais pourquoi les faire apparaître à ce moment là ? Comment expliquer ce scindement en deux blocs si peu complémentaires ? Bon nombre de sites plus que crédibles ont compris, et même aimé. Pas moi.

 

La leçon est sûrement là. Dans le fait que les auditeurs exigeants de musiques exigeantes doivent accepter des artistes ce qu'ils ont juste à donner dans l'instant. Mais parce que la passion ne connaît pas de mesure, je ne suis pas encore prêt à m'y résoudre. Il est encore temps de se procurer Ad Infinitum dans sa version physique et de s'y plonger jusqu'à prétendre à la béatitude. Ne perdez pas de temps, et attendez tout comme votre humble serviteur une suite à la hauteur d'attentes bien légitimes.

 

http://www.israbox.com/uploads/posts/2011-08/1314537539_500is11.jpg

par Ed Loxapac

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 09:29

Sortie : 12 septembre 2011

Label : Dial

Genre : Deep-house, house expérimentale

Note : 8/10

 

Roman Flügel a beau multiplier les projets et les pseudos, il a toujours su rester intègre. Pourtant, il aurait pu tomber dans l’écueil de la facilité suite au succès de l’hymne Rocker, tube taillé pour les stades, d’Alter Ego (duo avec son pote Jörn Elling Wuttke) en 2004. Mais Roman sait très bien d’où il vient et où il va. Il mène sa carrière avec toute la rigueur teutonne qui coule dans ses veines. Les compromis c’est pour les ignorants. Il préfère multiplier les pseudos pour mieux se dissimuler derrière ses discrètes mais admirables productions. Il joue avec les codes du milieu et rejette la facilité en promulguant l’éclatement des formes musicales. Récemment, la maison Dial s’est emparé de Roman et ce dernier daigne enfin sortir de son ombre en assumant enfin son nom. Fatty Folders sonne ainsi comme le premier véritable album de Roman Flügel.

 

Alors que l’esthétique deep-house fortement reconnaissable de Dial s’impose dès l’ouverture via un How To Spread Lies (déjà sorti en 2010) classieux en diable avec son léger grain, il suffit du deuxième morceau pour comprendre que non, Dial ne nous refera pas le coup du disque deep-house flirtant avec l’excellence. Un mal pour un bien ? Difficile d’émettre une réponse franche.

Fatty Folders ne s’appréhende pas avec la même aisance que les précédentes productions du label d’Hambourg. Roman Flügel est un esthète, il aurait pu aisément livrer un superbe album de deep-house mais il a préféré jouer la carte de l’abstraction par le biais d’une improvisation calculée. Son album pousse à l’écoute attentive, à la dissection. Il faut accepter de s’y perdre, de s’y abandonner. Mais cette proposition est loin d’être aisée tant chaque morceau joue sur un étrange paradoxe. Il y a bien une ossature, le plus souvent rythmique et s’accompagnant d’un son redondant, mais celle-ci n’est qu’un prétexte à l’enchaînement amélodique de sonorités faussement aléatoires. Ainsi, la répétitivité est annihilée par l’expérimentation. Roman pioche à tout va dans une multitude d’instrumentations (l’ambiance caribéenne de Bahia Blues Bootcamp), tout en s’amusant avec toute une esthétique rétro (l’électro hip-hop 80’s de Deo fricotant avec Afrika Bambaataa). Le pari est d’autant plus risqué que chaque morceau ne ressemble en rien au précédent et que chaque nouvelle écoute pousse à rejeter un morceau tout en en adoptant un nouveau.

Il est parfois difficile de jongler avec un album aussi hétérogène. Indubitablement, une distance s’installe entre l’auditeur et Fatty Folders mais, en même temps, le pouvoir de fascination opère pleinement. Roman sait aussi ramener l’auditeur à lui via des gimmicks volontiers plus actuels et il est clair que chacun va réussir à y trouver son bonheur. Mais ce qui demeure avant tout c’est cette intemporalité émanant de l’ensemble. Difficile de dater Fatty Folders. Fait-on face à un objet rétro ou à une house futuriste ? L’expérimentation fonctionne à plein régime.

 

Fatty Folders n’est pas une surprise totale de la part de Dial. Le label et Roman Flügel refusent les schémas préconçus et préfèrent prendre des risques dans un univers house trop souvent aseptisé. Fatty Folders est un pari audacieux dont on jugera l’impact avec le temps.

 

http://minimalistica.org/wp-content/uploads/2011/09/Roman-Fl%C3%BCgel-Fatty-Folders1.jpg

par B2B

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 16:23

Sortie : août 2011

Label : Friends Of Friends

Genre : Glitch-hop, Ambient, soulful Electronica

Note : 7,5/10

 

Henry Laufer, 20 ans, Californien, s'était fait remarquer grâce à un premier et très bon album, dont le nom sonnait comme celui d'un burger (ici). D'emblée estampillé beatmaker au futur prometteur, Shlohmo a réalisé une poignée d'EP, majoritairement sortis sur Friends Of Friends : Camping (ici), Sippy Cup puis Places. Ce dernier, annonciateur de Bad Vibes, laissait présager un sérieux revirement. Celui qui se distinguait par son glitch-hop illuminé et ses textures soyeuses semble s'être pris de bonnes désillusions dans la gueule. Et en a tiré une sacrée maturité.

 

Intituler son album Bad Vibes n'est jamais anodin. Les déceptions et les épreuves que Shlohmo a – dans l'hypothèse – traversé confèrent à son deuxième essai une profondeur et une justesse insoupçonnée. Il semblerait qu'à l'heure du second album, la déprime soit créatrice de meilleurs crus que le bonheur crétin (voir le dernier Bibio, chroniqué ici). Associant un travail rythmique bancal et presque mousseux à la construction de délicats édifices frôlant la tristesse avec pudeur, Bad Vibes sonne comme la rencontre d'un Mount Kimbie rendu taciturne par un automne prématuré et de Baths en cellule de dégrisement. Entre électronica vaporeuse et dubstep dit "post", les lambeaux d'histoires de Shlohmo mêlent des bribes de folk, des choeurs fiévreux et soulful, des sonorités à la limite du lo-fi et des pulsations concrètes. S'il y a quelque chose que Shlohmo n'a pas abandonné, c'est bien l'utilisation de field-recordings, diffusant des sensations végétales, des crépitements et des bruits d'eau. A la première écoute cependant, l'ensemble a beau être caressant, il n'apparaît pas comme éclaboussé d'originalité. Ce n'est qu'en poursuivant l'immersion que l'on touche à la finesse des compositions et que l'on se rend à l'évidence : Bad Vibes n'est pas un album qui lasse. Pas un chef-d'oeuvre non plus, mais un recueil d'instants au charme boiteux, voguants entre la rêverie et le chuchotement désespéré. En 13 pistes, à aucun moment, Shlohmo ne se fourvoie. Il n'y a pas en Bad Vibes d'aspérité regrettable, de faute de goût qui nuancerait ce constat. Une saillie notable demeure, l'incroyable avant-dernier titre, qui s'avère de loin le plus expérimental. Trapped In A Burning House, portant son nom à ravir, verse dans un drone terrible, mouvant, hanté et criblé d'interférences. Du reste, on retiendra plus particulièrement le final puissant et presque post-rock de Your Stupid Face, le sublime et bouleversant Get Out et le délicat Seriously. Mais Bad Vibes n'est pas de ces albums que l'on découpe. C'est de bout en bout qu'il s'apprécie.

 

Entre glitch-hop, ambient, soul et électronica, Shlohmo livre un disque de fin d'été, dont la mélancolie perdurera pourtant bien au-delà.

 

Bad Vibes-Shlohmo 480 par Manolito

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