Sortie : mai 2010
Label : Laybell
Genre : Abstract-électronica
Note : 7
L'année a déjà été riche en rap instrumental déviant et électronisant. Les sorties ont été foisonnantes et nous avons notamment laissé passer le premier long format des Français de Two Left Ears qui définissent leur style comme hiphoptronica. S'il faut bien trouver des mots pour décrire la musique, nous ne sommes pas toujours convaincus chez Chroniques électroniques par l'abus d'étiquettes... nous ne rajouterons donc pas d'autres références stylistiques à celui choisit par le groupe qui correspond pas si mal à leur bricolage de samples, d'instruments, d'empilages équilibristes de sons pour créer un univers foisonnant. Deux Mathieu à la programmation et à la basse ont fait appel à un batteur, Pirzo, et une mutlibidouilleuse-chanteuse, Asako Fujimoto, pour concocter ce Lazy Trace.
Entrez dans la grande brocante du son, sur un étal se démènent des rythmes alambiqués, à droite d'étranges sonorités vrillées cherchent à sortir de leurs boîtes, quelques voix lointaines proviennent d'une tente un peu plus loin. Certains vendeurs se lancent dans le grand déballage, d'autres ont moins de variété à proposer. Il règne un certain parfum de bizarre... les clients ressemblent à des mages un peu fous à la recherche de samples avides de liberté. Ce vide grenier digne d'Harry Potter ne manque jamais de piquant. Scott Herren (Prefuse 73) y aurait même une échoppe.
Il y a même quelques attractions pour attirer le chaland. Asako Fujimoto pousse, avec Birds Under Valium, une chansonnette sexy et débridée qui part d'un territoire connu pour emmener le passant vers le merveilleux des lieux. Puis vous remontez le temps. Le futur est un mélange de 19e siècle baroque et de magie mesurée. Le bois des machines électroniques craque sous les impulsions. Le tempo de la ballade varie sous un ciel qui passe de gentiment menaçant à chaleureusement réconfortant. Il faut parfois se frayer un chemin dans l'abondance. Il y a toujours quelque chose pour attirer votre oreille, un assemblage décalé, un discours retaillé, un fourmillement intrigant.
Two Left Ears force notre imaginaire avec ce disque dans lequel il est agréable de se perdre, de ne pas chercher de sens à la visite quand il n'y en a pas. Et d'y revenir à nouveau. Encore.
Un dernier marchand vous interpelle : - Vous voulez vous procurer cet album ? Votre prix sera le mien !
par Tahiti Raph