Sortie : 15 Octobre 2012
Label : InFiné
Genre : Electronica-IDM, techno
Note : 6/10
Ce n’est pas une surprise que de retrouver Rone sur un second album lumineux, tant son premier exercice, Spanish Breakfast, laissait entrevoir un univers gorgé d’une IDM rêveuse. Mais le parisien avait le bon goût, à l’époque, de parsemer son LP d’explosions technos savamment dosées et prompts à émouvoir les plus récalcitrants d’entre nous. Depuis, Erwan Castex, de son vrai nom, s’est exilé à Berlin afin de tester à sa guise ses interminables nuits. Il en est ressorti tellement lessivé qu’il a décidé de botter en touche. S’en est désormais fini de la techno, place uniquement à une IDM-électronica sur un Tohu Bohu aussi inégal et anachronique que fugacement attachant.
Le mec n’a jamais caché son amour pour le Warp des 90’s et l’ossature de Tohu Bohu s’en ressent fortement. Trop fortement ? Sans doute. Car une fois passée l’ignoble pochette à l’esthétique autant douteuse que kitsch, l’album déploie son optimisme étouffe-chrétien avec une candeur à peine dissimulée. Rone s’est fait plaisir et cela se ressent à chaque beat, chaque nappe. Le problème c’est que son Tohu Bohu sonne résolument daté et aseptisé, limite électronica à papa.
Coucou le dowtempo deep de Plaid sur un Bye Bye Macadam ascensionnel et tremblant. Coucou l’impact progressif de Bola sur un Fugu Kiss misant sur son trop plein émotionnel. Coucou encore la grandiloquence de The Flashbulb et les spectres vocaux de Boards Of Canada sur un Beast glitché et progressif. Malheureusement, Rone n’atteint jamais le niveau de ses illustres prédécesseurs et semble se contenir en permanence. C’est regrettable car Tohu Bohu est loin d’être un album raté tant il est capable de propulser l’auditeur dans des songes vaporeux le temps de quelques instants éphémères mais intenses. Pour peu que vous vous mettiez à écouter l’album au casque dans un environnement extérieur, vous serez alors pris dans un tourbillon émotionnel imparable. Alors oui, cette électronica est éculée avec ses gimmicks trop prévisibles, mais son pouvoir d’attraction sait demeurer intact.
C’est quand Rone s’émancipe d’une IDM warpienne qu’il s’en sort le mieux, notamment sur un Icare (où il est accompagné de Gaspar Claus) cinématographique, tout en puissance contenue. Malheureusement, Rone s’échappe trop peu de ses références et son unique morceau techno, Parade, bien que radieusement imparable, n’est rien d’autre qu’un calque de l’univers trancey de Gui Boratto.
Parions que Tohu Bohu rencontrera un franc succès critique auprès de journalistes facilement impressionnables et néophytes en matière d’électronica. Malheureusement Tohu Bohu n’aura nullement réussi à nous transcender. En ne nous lâchant jamais la main, Rone finit par nous balader sur un sentier trop balisé. Il faudra apprendre à se contenter de fugaces apparitions, en se limitant à quelques écoutes sporadiques de tracks pris isolements, car c’est sur le temps court que Tohu Bohu sait révéler ses attraits et uniquement là.
par B2B