Date : 30 mars 2010
Lieu : Magic mirrors (La Défense)
L'an passé, la série Inspiration Information nous avait offert une magnifique collaboration entre le jazzman éthiopien Mulatu Astatke et les Anglais électro-jazz de The Heliocentrics (chroniqué ici). Le festival Chorus a eu la bonne idée de les programmer pour permettre de prolonger cette rencontre sur scène. Le chapiteau de bois à l'ancienne du Magic Mirrors, antre chaleureuse au milieu de cette bien inamicale esplanade de La Défense, offre un décor parfait à ce concert.
Le groupe fait son entrée et chauffe tranquillement la salle avant que le maître arrive. La formation est large avec un clavier, un batteur, un bassiste sosie d'Alain Chamfort, un guitariste inspiré, un multi-instrumentiste discret et surtout deux "cuivres" (en fait saxophone ténor, flûte traversière, clarinette basse et trompette) qui impulseront de l'énergie dans un ensemble parfois un peu ronflant. Tout le monde prend place et la lente mélopée de leur jazz s'élève peu à peu. Mulatu Astatke arrive rapidement et prend place au devant de la scène aux commandes de son vibraphone dont il joue toujours avec mesure. Pas vraiment chef d'orchestre ni soliste, l'Ethiopien s'insère à l'ensemble pour faire monter l'atmosphère fiévreuse diffusée par l'ensemble. Se dégage alors un sentiment partagé : les spectateurs retrouvent à la fois le son et les airs qui les avaient séduits sur disque, mais sans le petit plus attendu en concert... pas vraiment de nouveauté, mis à part l'extension en longueur des titres, ni de supplément d'émotion.
La star dans sa tunique bleue et moutarde est particulièrement en retrait malgré quelques passages agréables au vibraphone. Astatke est particulièrement effacé quand il passe aux congas où ses frappes se perdent au milieu du reste. Et quand il se retrouve à jouer seul de ses percussions, nous avons la drôle d'impression qu'il était mieux loti perdu dans la masse... Le Jazzman a pour lui d'avoir composé ces morceaux qui se retrouvent tout de même avec plaisir.
Heureusement pour le public, il est bien entouré. Ce sont surtout les deux cuivres précédemment évoqués qui vont faire le spectacle avec un jeu qui donne de la puissance et tranche dans l'ensemble hypnotique concocté par les Heliocentrics. Leurs solos permettent aussi d'apprécier leur habileté et de donner un coup de fouet à la salle. Plus rares, les interventions du guitariste et du joueur de mini Moog sont tout aussi appréciables. Quand le premier donne une pointe de rock bienvenue, le second apporte lui une touche électro expérimentale toute aussi relevée. Ces interventions offrent des relances salvatrices.
Le départ du Magic mirrors se fait donc avec un goût mitigé, entre satisfaction d'avoir assisté à une prestation de qualité d'un groupe qui n'assure qu'un peu plus du service minimum sur scène. En s'attendant à quelque chose de grand, c'est un peu décevant... et pourtant le niveau était là.
par Tahiti Raph