Sortie : juin 2011
Label : Laybell
Genre : Electronica
Note : 6
Mis à part avec Bibio, le folktronica est un genre dont les sorties sont aussi rares que discrètes. C'est donc avec curiosité que nous écoutons Luminocolor, duo de Lillois (accompagné d'un vidéaste) qui se revendique de ce style. Après un premier album en 2008 et des concerts réguliers depuis, les producteurs attachés autant aux instruments folk qu'à leur laptop sortent un maxi de remixs et de collaborations chez Laybell qui nous avait fait découvrir les excellents Two Left Ears. Six titres variés et cohérents.
Le titre de ce disque est un peu trompeur, car il ne contient en fait qu'une collaboration, qui plus est un "mash up" du Wild Child de We Are Enfant Terrible avec leur Arpomoines. Malgré ce malentendu initial, ce titre ce révèle un petit bijou électronique avec le mélange d'une guitare folk apaisante accompagnée de la voix séduisante et désabusée de Clo Floret qui se transforme au fur et à mesure en sucrerie électro intime. La combinaison des deux groupes lillois offre un petit oasis mélancolique dans un univers plutôt ludique et animé.
Le maxi commence en fait par un autre timbre féminin, celui de Windy Hill Mill, dont le remix de son Octopus et lui aussi marqué par une guitare, entraînante cette fois-ci. Le chant est complètement englouti dans une foule d'effets d'où émergent le refrain heureux et un empilement de sons donnant un côté pop enchanteur. Pour nous sortir de la rêverie, rien de mieux que l'imposante guitare électrique qui ouvre la relecture du Zaa Zaa de Shiko Shiko. L'électronica prend alors des atours post-rock, même si une étrange voix s'insère par moment. Le coup de fouet est efficace, mais c'est tout de même avec satisfaction que le titre suivant est centré sur un son de glockenspiel... En revisitant 18ème de Two Left Ears, Luminocolor garde l'esprit à la Prefuse 73 du groupe, un mix de breaks fracassants et un collage à la fois riche et spacieux, tout en impulsant leur esprit ludique. Un esprit toujours présent sur leur version de Hauts les Coeurs de Dylan Municipal qui, tout en rappelant Dop pour le chant et Chapelier Fou pour l'habile croisement du rock et de l'électronica, donne encore une nouvelle facette à ce disque tout en restant dans le même ton.
Pour faire le tour complet de cet EP, n'oublions pas le Bontempi Potage de Gregaldur, revu dans un mode plus foltronica. Cette jolie ballade est traversée par des choeurs lointains, une clarinette et un saxophone qui fredonnent gaiement alors que la batterie tente de tout faire péter.
Luminocolor nous invite dans son univers, bricolage électronique foisonnant de rock, de pop ou de folk, dont le soin apporté à la production est notable. Malgré le nombre trop important de références citées ci-avant, les Lillois tracent leur propre sillon, plutôt rare, et qui ne demande qu'à être confirmé avec un album rien qu'à eux, l'exercice du remix étant parfois trompeur.
par Tahiti Raph