Sortie : 14 février 2011
Label : Dirty
Genre : House, disco, pop
Note : 7/10
Eternel défricheur de sons, Cédric Marszewski, mieux connu sous le nom de Pilooski, nourrit nos oreilles depuis 10 ans en furetant la pépite space-disco ultime. Pendant ce temps, le producteur Benjamin Morando, mieux connu sous le nom de Pentile, délivre la bonne parole par le biais du DIRTY Sound System et sa nu-disco au fort potentiel érotique. Nos deux acolytes ne sont donc pas des manchots, mieux, ils savent pertinemment comment satisfaire intelligemment les auditeurs. En s’associant au sein du duo Discodeine, les espérances sont grandes.
Cet album était hautement attendu et fichtre, le duo ne s’est pas foutu de notre gueule. Discodeine est une excellente galette ! Le mariage entre disco, house et pop est consommée en supprimant avec aisance l’hommage plombant et la régression festive. Discodeine évite tous les écueils, ne se fourvoie jamais dans l’étalage de connaissance, dans la complaisance ostentatoire. Ici, tout est prétexte à une bacchanale vrillée où l’exploitation des gimmicks de la musique de club n’est qu’un appât.
Rien que dans le choix des invités, on saisit l’ampleur du travail de fond. L’excellent Matias Aguayo vient chuchoter sur la disco-house perturbée de Singular, l’indé Baxter Dury chantonne sur la pop désabusée de D-A pendant que Jarvis Cocker s’époumone sur la disco-pop sémillante de Synchronize. Mais là où tant de groupes se contentent de featurings purement publicitaire, Discodeine fabrique judicieusement ses morceaux pour laisser transparaître l’âme de l’invité. Il ne s’agit plus de magie mais d’alchimie. La prise de pouvoir sur nos pensées est immédiate tant le mensonge semble s’effacer.
Discodeine excelle davantage dans l’oxymore. Le duo possède un don pour mêler les ambiances afin d’aboutir à une lecture subversive de ses morceaux. L’atmosphère lourde d’Antiphonie fait lentement place à une house luminescente et, dans un élan insoupçonné, les deux univers arrivent à cohabiter. Sur quel pied danser ? Discodeine est joueur, répand son obscure clarté sur l’ossature de l’album. Alors quand le duo retrouve ses amours space disco, Homo-Compatible, c’est pour mieux nous berner.
Décidément Pilooski et Pentile sont des gens de bonne compagnie. Même si certains morceaux semblent un peu plus anecdotiques, aucun n’a réellement à rougir. L’ensemble finit par former un monstre hybride aux basses contagieuses. Il faut attendre la fin et les 10 minutes de préliminaires infinies de Figures In A Soundscape pour enfin tenter une redescente tout en volutes.
Discodéine invente l’hédonisme salace et sa musique devient tout un programme. Avec une classe sans égal et un sens inné pour installer une ambiance déviante, le duo signe un album impeccable.
par B2B