Sortie : Avril 2011
Label : Autoproduit
Genre : Hip-hop hardcore
Note : 7/10
Death Grips vous prend à la gorge, vous l’arrache, avant de vous injecter de l’acide dans ce trou béant. L’apocalypse est désormais là, le hip-hop abrasif de Death Grips en sera la bande-son. Planquez-vous, il s’agit d’une bombe à fragmentation. Il ne vous reste plus que cette crack-house pour vous recueillir, à l’abri d’un matelas moisi et imbibé de pisse.
Death Grips a de quoi faire passer Necro pour une pucelle. Ce hip-hop se défend à coups de tronçonneuse par l’intermédiaire de beats tranchants. Ex Military est une mixtape (téléchargeable gratuitement ici) d’une violence inouï, à l’esthétique crade. L’enrobage lo-fi cache des déflagrations rock primaires, des embardées dubstep vrillantes, des rythmiques syncopées à l’extrême, des samples psychés piqués à Bowie et Link Wray. Parfois, tout s’imbrique dans une partouze droguée et le rouleau-compresseur prend des allures de marche militaire amphétaminée. Votre cerveau n’arrive plus à suivre, puis soudainement tout s’arrête et s’en suit un nouveau cauchemar. Le MC n’en finit plus du vous gueuler dessus, postillonnant comme il se doit. Guillotine apparaît telle la sentence suprême, sa basse lourde ne peut retenir la lame tranchante, son final vous malaxant nerveusement les neurones. Spread Eagle Cross The Block pue le trip sous LSD avarié mélangé à du mauvais bourbon. Ex Military est une destruction sans règle, un appel à tout démolir, une provocation fascinante.
Et si Death Grips était une imposture ?
Odd Future est déjà passé par là, traçant une nouvelle voix en imposant un brillant renouveau hip-hop. Death Grips utilise les mêmes codes et principes ; clips hardcore, mixtape gratuite, fascination pour l’absurde, sur-utilisation de l’humour noir. Tiens, c’est d’ailleurs étrange de remarquer que les deux groupes viennent de la même cité, Los Angeles, la mégalopole californienne qui s’est imposée depuis 2 ans comme la nouvelle mecque de la subversion. Death Grips en connaît les principes musicaux actuels et utilise à bon escient l’esthétique electronica-psyché lo-fi si symptomatique de la Cité des Anges. Il suffit d’ajouter la part de mystère nécessaire (mais qui est ce MC flippant ?) pour entretenir le buzz et de s’attacher les rênes d’un spécialiste de la scène indie (Zach Hill) et le tour est joué, le tour de passe-passe peut commencer.
Death Grips est un paradoxe fascinant. On ne peut s’empêcher d’y déceler une pointe de provocation formatée mais pourtant, Ex Military réussit à tout retourner sur son passage, à provoquer une intense émulation. Autant de puissance dans un album relève tout de même d’une volonté de redéfinir la base. Death Grips a décidé de foncer dans le mur, peu importe les dégâts.
par B2B