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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 13:19

Sortie : novembre 2010

Label : Ad Noiseam

Genre : Inclassable, Abstract

Note : 6,5/10

 

David Thrussel fait partie de ces artistes inclassables qui officient sur la scène électronique alternative. Membre de Snog, il se planque également sous un autre avatar, celui dont il est question aujourd'hui : Black Lung. L'Australien s'est forgé une solide réputation d'artiste atypique qui s'épanouit seulement hors des sentiers battus. Des labels prestigieux comme Ant-Zen, Tympanik ou Metropolis lui ont accordé leur confiance. C'est cette fois-ci sur Ad Noiseam que paraît l'étrange et mystérieux The Soul Consumer.

 

L'histoire dit que David Thrussel a goûté à la chaire humaine à Kiev il y a cinq ans. Depuis, il est obsédé par le fait d'y reposer les papilles et de créer un album uniquement influencé par ce nouveau régime alimentaire. Charmant programme. Les autorités australiennes n'ont d'ailleurs pas du tout apprécié son supposé goût pour les pratiques cannibales en censurant son oeuvre. Il est vrai que Thrussel est plutôt coutumier de la polémique puisque Full Spectrum Dominance (2009) avait déjà fait jaser à sa sortie. Vous vous doutez bien qu'il n'est pas ici question de créer un pseudo-buzz commercial sous prétexte de viles provocations. David Thrussel est juste complètement fou et tente probablement de transposer sa démence à son sillon artistique.

The Soul Consumer est sans doute l'album le plus difficile à chroniquer que j'ai eu entre les mains. C'est en réalité un objet musical non identifié. Concept cannibale dérangeant mais savoureux, cette conception anarchique est finalement beaucoup plus expérimentale qu'il n'y paraît. Imaginez Claire Denis qui demande à Ennio Morricone et à John Carpenter de mettre leur ego de côté et de créer une synergie terrifiante de ce qu'ils auraient pu faire à deux. Voilà cette bande originale idyllique d'un film qui hisserait le cannibalisme en un art de vivre bucolique et sain. Oui je sais c'est complètement dingue, mais j'essaie d'écrire quelque chose de sensé.

Industriel, techno, synth-pop, noise, ambient... Outre la chaire humaine et ses spécificités selon les morceaux, voici les ingrédients de cette mixture malsaine à souhait. Les textures sont à dominantes électriques, parfois à la limite du rock. Les titres des morceaux sont suffisamment explicites pour que je m'amuse à les énumérer. Je retiendrais pour ma part plus particulièrement le terrifiant If The Soul Resides In The Flesh, les tubesques malgré tout The First Tender Cut et Mr Love Teeth, ainsi que le presque symphonique The Ebullient Memorial. Moonlide and Muzak et sa guitare vicieuse semblent imager le stratagème machiavélique de celui qui attend que sa proie soit anesthésiée par le laudanum pour lui saisir le jarret à pleine dents. Sur un schéma complémentaire et légèrement baroque, Sauteed Outre Members vient poser l'importante question de la cuisson. Hummmm...

 

The Soul Consumer, vous l'aurez compris, est un album difficile à digérer. Thrussel n'a pas dû avoir l'occasion de rôtir les couilles de la tête pensante d'Ad Noiseam, parce qu'il faut quand même un sacré courage pour sortir une pareille galette de viande. Cette oeuvre, bien qu'inqualifiable, a le mérite d'être unique et de déranger celui qui s'y aventure. L'utilisation de la typographie d'une célèbre marque de soda caféiné pour l'artwork relève aussi de ce même génie burlesque. Une curiosité qui mériterait de faire date. Bon appétit.

 

http://static.boomkat.com/images/399185/333.jpg

     par Ed Loxapac  

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commentaires

A
<br /> Superbe chronique, je viens de découvrir Black Lung avec cet album et j'avoue que "Imaginez Claire Denis qui demande à Ennio Morricone et à John Carpenter [...]" décrit très bien cette galette.<br /> <br /> Super site au passage :)<br /> <br /> <br />
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