Au confluent des musiques électroniques, du rap et des autres styles, ce blog, ouvert et curieux. Chroniques de l'actualité des sorties IDM, électronica, ambient, techno, house, dubstep, rap et bien d'autres encore...
Sortie : avril 2012
Label : SEM Label
Genre : Ambient, Electro-acoustique
Note : 7,5/10
A une heure où plus que jamais, la survie des petits vrais labels indépendants est en question, Alexandre Navarro dirige SEM avec Letna. La plupart du temps mises en avant au format digital pour une question évidente de coûts, leurs releases font l'apologie d'une certaine idée de l'ambient. Outre, leurs propres musiques, on a pu y croiser des gens aujourd'hui finalement bien établis, comme Offthesky, Segue, The Green Kingdom ou le talentueux japonais Fjordne. Après les très bons Loka et Arcane, Elements voit enfin le jour.
Le goût d'Alexandre pour les guitares joliment saturées du post-rock s'est quelque peu atténué mais n'a pas cessé de vivre. L'utilisation des synthétiseurs apparaît par contre dans sa musique plus essentielle que jamais. Ce qui donne a son ambient une cosmique dimension des plus savoureuses.
Ainsi, les drones et les voiles vocaux posés sur Effacer le noir ouvrent les voix à des tonalités plus langoureuses parées d'un spectre brûlant. Elements est un album où les beats ne chassent qu'une fois la nuit tombée, comme sur le très intéressant, coronarien et donc bien nommé Heart beats on a tape. Leurs ombres sont absentes des épaisses vagues déglacées au Laudanum de Une Plage ou Lumina.
Les velléités plus perchées du court Stellar Water trouvent un écho plus développé à l'ombre de No matter what they say. On regretterait presque parfois que les titres ne soient pas plus allongés, pour pleinement prétendre à apercevoir les contours de la catharsis, comme sur le vertigineux Cosmic boats anyway. Même quand il se charge d'officier dans le dub, il ne commet pas l'erreur de la jouer "hommage harsh à King Tubby ou Perry" comme on le fait déjà si mal du côté du Rhône, et aquarellise autour des guitares d'une bien jolie manière.
C'est très souvent que je me surprend à dénoncer l'ajout de remixes tous plus dispensables les uns que les autres sur bon nombre de bons et ambitieux albums. Mais quand des relectures ont la sauvagerie, la rébellion et la force de ceux de Fax et Letna, on ne peut que s'incliner face aux radiations chimériques des deux esthètes.
Oui, c'est plus que dommage que de pareils albums ne puissent pas bénéficier d'enveloppes charnelles. Il paraît que le prochain Fax pourra jouir du format physique. Y a des labels à qui il ne faut pas hésiter à donner de l'argent pour qu'ils vivent moins cachés. A bon entendeur.
par Ed Loxapac