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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 09:31

Sortie : avril 2011

Label : Tympanik Audio

Genre : IDM, Cyberpunk

Note : 8/10

 

Certains d'entre vous ont découvert le génie de Robert Lioy en parcourant nos humbles pages. C'est une grande fierté pour nous d'avoir permis à un tel artiste de trouver une visibilité, même limitée, en France. Ceux qui pensaient que l'IDM ne devait sa survie qu'aux sursauts inégaux de ses gloires passées, ont forcément eu l'agréable surprise de constater qu'un ordre nouveau était en marche. Certes, Gridlock, Hecq ou encore le Français Nebulo avaient déjà posé il y a quelques années les jalons de cette évolution. Tout comme Stendeck, Tapage ou Pleq et Semiomime dans des registres bien différents, le New-yorkais Access To Arasaka est un de ces rejetons. Ses albums Oppidan (ici) et void(); (ici)  ont surclassé toute concurrence potentielle ces deux dernières années. Si en plus on mentionne que l'illuminati cyberpunk est un garçon exquis et que sa participation à notre modeste compilation When Light's Drillin The Haze (toujours disponible gratuitement ici) nous a comblé de joie et de fierté, il est plus que jamais légitime que nous nous penchions avec attention sur sa nouvelle oeuvre : le mini album Orbitus, disponible gratuitement sur son site officiel ou sur le site de Tympanik Audio.

 

Access To Arasaka est un symbole. Tout d'abord pour tous les geeks reclus qui se cherchaient des héros virtuels en parcourant les pages de Dick et de Orwell, ou en visionnant de manière compulsive les trilogies Matrix ou Terminator. Effectivement, la littérature et le cinéma avaient fait leur boulot (avec une qualité inégale) pour témoigner des théories cyberpunk et de la prise de contrôle des machines sur notre glorieuse espèce. Il était vraiment temps que la musique vienne apporter sa pierre à cette édifice pré-apocalyptique. Si ces deux premiers et très différents longs formats avaient illustré magistralement les conflits internes de la matrice en livrant une somme impressionnante d'informations à la minute, Orbitus laisse émerger d'autres sensations. ATA est parvenu à donner à sa musique une profondeur et une spatialité impressionnante. Le son est beaucoup moins fractionné et tortueux. L'implacable matrice serait-elle dotée d'émotion ? On n'aurait jamais pensé que le son d'ATA puisse être transpercé par un tel spectre de lumière. Source et Sicral semblent inviter l'auditeur. "Tournez vous vers les ruines de fer, de verre et de béton. C'est des profondeurs que viendra le rédempteur de l'espèce émergente". Non pas un élu car tous ceux qui auraient pu voter pour lui ne sont désormais plus que poussière. Juste un être hybride, un humanoïde né de sang, de métal, d'uranium enrichi et de processeurs. C'est en s'abreuvant à l'ombre d'une oasis d'hydrocarbures que ce nouveau Narcisse d'un nouveau Big-Bang prit conscience de son apparence, de son reliquat d'humanité et de la mission qui était la sienne. Etre le premier être de ce nouvel ordre dévasté et reconstruire un soupçon de vie là où il ne devait plus jamais y en avoir. 

Il est donc presque normal que ce mini album soit qualifié de plus contemplatif que ses illustres contemporains. Les ambiances prennent leur temps pour se planter, comme sur le lumineux Ellipse ou l'exceptionnel Cynosure. Le son est moins fractionné, tant et tellement que Fractured Relay (sur When Light's Drillin The Haze) s'est mué en un Relay non moins impressionnant. Comme si Lioy avait fait le tour de ses prouesses techniques et informatiques pour revenir à quelque chose de plus essentiel. Le ressenti. Sentiment si humain et vecteur de scénarios subjectifs. En prophète des skyscrapers, ATA dessine ici une transition pour sa musique qui pourrait aussi en être une pour l'homme à l'heure de Fukushima. Car le destin de notre nouvel ami imaginaire ne s'annonce pas de tout repos si l'on en croit l'ambivalence d'un Kyokko, ou la clôture de Photons lorsqu'une nuée de guêpes bioniques semble tout absorber. Toute révolution prend son nid dans le sang, même si ce dernier est désormais beaucoup plus noir que pourpre...

 

ATA ne s'arrête pas en si bon chemin et renouvelle magistralement son sillon. Un album à venir pourrait une nouvelle fois mettre tout le monde d'accord. On aimerait bien trouver quelqu'un d'autre à hisser au sommet. Pas sûr que ce soit pour cette année. Cliquez ici et faites vous même votre prophétie.

 

http://igloomag.com/wp/wp-content/uploads/2011/05/orbitus_cover1.jpg

par Ed Loxapac

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commentaires

B
<br /> Y'a l'EP "aleph" d'AtA qui est sorti dans la foulée et qui est énorme aussi !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Pareil que le com précédent , énorme découverte grâce à vous et je suis pas le seul ... tout mes potes en fait ...<br /> Donc bien d'accord , un mini album magnifique, un peu plus posé mais avec un son à pleurer ... tu colles ASA dans le chill out de Timewarp et tu vides les dancefloor ...<br /> Je suis d'ailleurs toujours désolé de voir à quel point l'IDM et même l'ambiant en général sont à ce point laissé de coté en france ...<br /> Et sinon dernier point, je tiens à vous féliciter pour la qualité d’écriture de vos chroniques car pas facile de décrire ce genre d'artiste et d’expérience sonore avec des mots ...<br /> PS: au cas où ça vous intéresse, j'ai un mix de FSOL de 5h40 (plus c'est long ...) qui passe en revue le meilleur du groupe. Une tuerie totale !!! Avis aux amateurs...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est effectivement grâce à vous que j'ai découvert le monsieur. Ses créations sont devenues une sorte de "port d'attache musical" au fil de mes découvertes - j'y reviens toujours, à un moment où<br /> un autre. Merci, donc.<br /> <br /> Effectivement, des textures encore plus travaillées, une profondeur pas encore atteinte dans ses précédentes productions (notamment sur Helios qui happe littéralement les oreilles dès la première<br /> note).<br /> <br /> Vivement la suite.<br /> <br /> <br />
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