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  • : Chroniques électroniques - Chroniques de disques, de concerts, de festivals, de soirées de musiques électroniques, rap et bien d'autres...
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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 10:10

Sortie : 29 avril 2011

Label : Pampa Records

Genre : Techno mélancolique

Note : 8,5/10

 

Thora Vukk révèle la poésie du concret, du quotidien.

Thora Vukk est la rencontre improbable entre Lamartine et Ponge.

En s’émancipant d’une techno réductrice, Robag Wruhme tente, tâtonne, observe, cherche. En choisissant de n’attraper ni les jambes, ni la tête, il vise directement le cœur. Fait trop rare dans la nébuleuse répétitive techno, il arrive à nous faire apercevoir une lumière douce-amère, à nous faire croire que cette musique de club peut sporadiquement devenir de la musique de chambre. En s’aventurant vers des contrées surprenantes, Robag rejette, d’un plat de la main, la facilité des constructions prédéfinies. La musique concrète de Luc Ferrari devient un partenaire évident. Le moindre bruit pré-enregistré, une fois agencé dans un édifice brinquebalant, convoque nos souvenirs, nous plonge dans une nostalgie en polaroïd.

La techno éthérée de Prognosen Bomm met en lumière la photo de la pochette. On s’imagine, tel ce gosse, en train de saluer naïvement les voitures filant sur une autoroute est-allemande, se demandant où elles vont, en s’inventant des histoires. La musique de Robag est triste, nous prend à la gorge mais avec un gant de velours. Quand arrive la nappe cinématographique de Pnom Global, on est saisi par une bouffée mélancolique. Cette douce prise d’otage par des cordes déchirées donne envie de suivre Gena Rowlands dans un film de Cassavetes.

En rendant le quotidien romantique, Robag nous fait entrevoir sa notion du bonheur. Le piano ne sert pas uniquement à rehausser les émotions, il devient alors un repère. C’est la répétitivité de la rythmique qui sert de métaphore du quotidien. Répétitivité à l’allure presque nonchalante, insufflant une certaine résignation. Seules les interludes tentent de se poser en énigmes et ressemblent à d’obscurs resets visant à rattraper nos songes. La contemplation surannée prend alors des allures de spleen et on est saisi par un flot d’émotions lorsque s’achève l’album.

Thora Vukk est un objet musical fragile, précieux.

Thora Vukk est une petite merveille.

 

http://www.actualites-electroniques.com/Album/Robag%20Wruhme-Thora%20Vukk.jpg

par B2B

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 10:23

Sortie : 22 février 2011

Label : Planet E

Genre : Techno

Note : 8/10

 

Personnalité clé de l’échiquier techno, compositeur talentueux ouvert à toutes les expériences musicales, Carl Craig traverse les décennies sans regarder derrière lui. Présent depuis la naissance du mouvement techno à Detroit, dont il est originaire, il continue de construire une carrière irréprochable. En 1991, Carl décide de créer son label, Planet E. Comme le monsieur connaît tout le gratin du milieu, il est facile pour lui d’attirer la crème de la crème dans son sillage et ainsi de proposer aux oreilles aguerries des maxis et des albums d’une qualité rarement démentie.

 

20 ans plus tard, Carl Craig décide de sortir une compilation anniversaire dans l’unique but est de satisfaire les fans. Uniquement disponible en format digital, les 25 morceaux présents sont un polaroid de l’esprit Planet E : une techno se moquant des cases et des modes pour un résultat intemporel. Ne tergiversons pas plus longtemps, TWPENTY (Twenty F@%&ing Years of Planet E) est une tuerie. En même temps c’était couru d’avance avec une telle équipe derrière tout cela.

Le morceau d’ouverture suffit déjà à mettre tout le monde d’accord puisqu’il s’agit du Dem Young Scories du lubrique Moodymann, bombe deep-house issue du plus grand album du genre qui soit,  Silentintroduction (sorti en 1997 sur… Planet E). A partir de là, vous n’avez plus qu’à vous laisser remuer par une tracklist irréprochable.

Misant tout sur une techno ou une house à la répétitivité hypnotique, vous êtes partis pour plus de 3 h de délices. Je ne vais pas m’évertuer à tout vous citer, d’autant plus que chaque morceau mériterai son paragraphe dithyrambique. Mais comment résister à la techno ascensionnelle du Full Clip de Martin Buttrich dont les 12 minutes n’en finissent plus de jouer avec nos nerfs ? Comment ne pas s’imaginer en pleine after ensoleillée, à 10h du mat’, lorsque résonne la house sud-américaine d’Altiplano de Jona ? Comment ne pas succomber à l’introduction superbe du Chune de Niko Marks avant une montée deep-house jazzy imparable ? Quand je vous dis que c’est du tout bon à 100 %, vous pouvez me faire confiance !

Monsieur Carl Craig est bien entendu de la partie via son mythique Dominas, techno lancinante et voluptueuse issue de son emblématique More Songs About Food And Revolutionnary Art. Mais on le retrouve aussi sous l’entité 69, d’Innerzone Orchestra et enfin via Paperclip People.

 

TWPENTY (Twenty F@%&ing Years of Planet E) est une compil’ techno sans faille. Une odyssée qui comblera les purs fans du genre et qui permettra aux néophytes de plonger avec justesse dans une musique dont la répétitivité n’est qu’un apparat permettant de mieux diffuser son poison insidieux. Carl Craig prouve que la techno de Planet E a toujours su se jouer des tendances pour flirter avec l’intemporalité. Cette compil' fait d’or et déjà figure d’incontournable.

 

http://newsflash.bigshotmag.com/wp-content/uploads/2011/01/carl-craig-we-aint-dead-yet.jpg

par B2B

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 20:29

Sortie : mars 2011

Label : Fake Four Inc

Genre : Rap

Note : 8

 

Après quatre albums depuis 2002, Kay The Aquanaut a choisi de rejoindre l'écurie Fake Four pour son cinquième long format. Le rappeur canadien au flow chaloupé est accompagné de Zoen pour la production des instrus. Rapide présentation pour vite entrer dans le vif du sujet de cette excellente galette !

 

Le rap indépendant anglophone devient de moins en moins productif, ou à tout le moins visible, et c'est donc un bonheur de tomber en ce début 2011 sur ce très bon Waterloo. Une défaite historique pour la France mais une grande réussite pour le rap canadien ! Kay The Aquanaut est de ces MC dont la diction est claire et les syllabes détachées. Il privilégie la compréhension à la puissance, même si sa voix accroche l'auditeur par une certaine urgence dans le ton. Dès le premier titre, l'auditeur est happé et ne sera pas relâché jusqu'au bout. Cet album vous choppe dès les premières mesures et vous captive jusqu'au dernier beat. L'intensité et la qualité sont au rendez-vous à chaque morceau et ne vous lâchent pas un seul instant car il n'y a pas une seule faute de goût. Du mixage qui laisse intelligemment la voix en avant, des samples toujours impeccables - soulignant à la fois les textes et offrant des mélodies variées avec piano, guitare, violon, etc. - et un goût de vécu et de franchise prenant.

Sur A Different World, Kay est capable de prendre des accents plus intimes tout en restant toujours aussi pertinent, et il peut aussi élever le niveau en compagnie de Sole sur Kill You. Côté invités d'ailleurs, il choisit deux des meilleurs représentants de Fake Four (Sole a rejoint le label pour son prochain disque), demandant également au patron Ceschi de poser sur le très bon Nemo. Et quand ce sont ses proches, Nolto, Gescha, Cam The Wizzard ou Def3, qui rappent avec lui, la qualité est toujours là en plus d'un peu de variété dans les flows. Les refrains chantés ou rappés maintiennent la tension et appuient le propos sans détonner. Si la tonalité générale est plutôt dynamique, le Canadien peut aussi passer aisément dans un mode plus mélancolique à quelques reprises, notamment avec un Window Seat plus chargé en sentiment.

 

Rien à reprocher à ce disque comme il en faudrait plus. Cet album de Kay The Aquanaut est du très très bon ! 

 

http://s3.amazonaws.com/releases.circleintosquare.com/320/images/cis1037-waterloo-artwork_market-large.jpg

par Tahiti Raph

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 12:13

Date : 21 au 24 avril 2011

Lieu : Genève (Suisse)

 

Si L'Electron Festival est depuis huit ans un événement phare de la culture alternative et électronique genevoise, il passe cette année à un rang supérieur. L'organisation a vu les choses en grand. Sur quatre jours, 120 artistes sont programmés, les journées regorgent d'expositions, workshops et performances dédiés à la musique, la danse ou la street culture, et la patinoire des Vernets est transformée en une nouvelle salle, pouvant accueillir 2 000 personnes. Le line-up de cette année s'avère à la hauteur de l'installation, soit à se rouler littéralement par terre, imposant, si l'on veut en jouir pleinement, de tenir chaque jour jusqu'à cinq heures du matin...

 

Jeudi:

L'affaire ne débute pas n'importe comment. C'est Stendeck qui ouvre la grand-messe, sa prestation dantesque me faisant presque regretter qu'il passe si tôt dans le festival. Bloquée sur son époustouflant Scintilla (chroniqué ici) depuis plusieurs semaines, je bous intérieurement une heure déjà avant le concert. Au Rez, salle du bas de l'Usine, le Suisse se produit devant une salle encore éparse, mais le public, averti et chelou à souhait, semble pénétré par le contraste entre les oniriques mélodies et la fusion des beats. Stendeck vit littéralement sa musique, s'arquant sur ses machines, la tête renversée. Sa prestation est extraordinaire, et je perdrai tout sens commun, aspirée par la cavalcade de Like Falling Crystals et ses sublimes visuels, ou pire sur Catch The Midnight Girl, obligée d'assener un coup de coude à un sinistre blaireau qui trouve judicieux de siffler à corps perdu au beau milieu du morceau.

 

 1078

 

 

Après une telle claque, on peut me traîner n'importe où, et devant (presque) n'importe quoi. Avec seulement deux navettes par heure, mieux vaut encore se rendre aux Vernets à pied. Immense, froide et dénudée, la patinoire a des faux airs de hangar à free party. Sirusmo y lâche une électro sémillante, efficace et légèrement stupide, face à un public touché d'un syndrome post-fluokids. Plus tard, Loefah prend la main, accompagné de MC Chunky. Ce qui démarre comme un set de dubstep pas mauvais, évolue en électro graisseuse et gonflante. Le co-fondateur de DMZ, comme d'autres précurseurs du dubstep, ne sont apparemment plus capables de produire en live autre chose que de la vulgaire turbine à danser.

 

 

 1270

 

 

Retour vers l'Usine donc. Je m'éclipse au Palladium histoire de voir à quoi ressemble un set du mythique Andrew Weatherall. Je ne serai pas déçue. Aussi classe que ludique et acide, la performance de l'Anglais est de haute volée. Il est trois heures, et le Rez va résonner jusqu'à la fin sous les coups de boutoirs intransigeants de The Panacea et de DJ Hidden. Celui qu'on appelle également Squaremeter a de quoi scotcher l'auditoire contre les murs. Terriblement impétueuse, sa drum'n'bass se teinte de nuances hardcore et industrielles. C'est profondément éreintant mais d'une rare puissance. DJ Hidden poursuivra sur cette même lancée. J'aurais bien donné un bras pour que Noël Wessels réalise un live plutôt qu'un DJ set, mais l'heure du Hollandais, faite de d'n'b marinée dans le breakcore, fournira son quotient de séquelles physiques. Dans les nappes infectées que constituent les transitions se perçoit cependant la patte inimitable de DJ Hidden. Aussi exceptionnelle qu'épuisante, cette première soirée laisse sur les rotules.

 

Vendredi :

La journée du vendredi s'avère la plus modeste. L'Electron mettant, cette année, la scène électronique indienne à l'honneur, on arrive au Rez pour les dernières minutes de Nucleya, qui lâche un dubstep aux hormones rehaussé de quelques très vagues sonorités hindouisantes. Le programme moyennement attrayant de l'Usine en début de soirée nous fait prendre le chemin des Vernets où le trip continue avec DJ Hamza & The Special Electron'India Project, qui mèle house et percussions traditionnelles, machines et danseurs Bollywoodiens. C'est marrant mais c'est la fin. Les imbuvables putasseries de Dillon Francis ne donnent pas la foi d'attendre jusqu'au Sud-Africain Spoek Mathambo. Une fois au Zoo, salle supérieure de l'Usine, c'est en piétinant sec que j'attend l'apparition du divin John Roberts. Meilleur album de house de 2010 selon B2B, le rendu de Glass Eights (chroniqué ici) en live me laissait plus que curieuse. Éphèbe ténébreux, distillant une house pulsée et organique, John Roberts a plus ou moins autant de classe dans la réalité que sur disque. Mais à l'inverse de son collègue de label, Pantha Du Prince, l'année dernière, la prestation de l'Américain reste fortement axée club, et semble en cela un brin décevante.

 

 

 1405

 

 

Un détour au Palladium, que Cut Chemist fait bouillir, se doit alors d'être effectué. Se pointer au moment où il entame le génial The Garden me remplit d'allégresse. Déstructurant le beat et étirant le morceau sur une dizaine de minutes, le turntablist fait une belle démonstration de groove et de technique. Les effets de la nuit précédente se faisant lourdement sentir, la soirée s'arrêtera là, avec un regret tout de même pour Wagon Christ.

 

Samedi :

En tout début de soirée je me rends à l'Alhambra, salle datant de 1928, qui se consacre à l'exigeant label Raster-Noton avec les concerts de Senking et des tant attendus ANBB. Le premier avait sorti le très bon Pong (chroniqué ici) l'année dernière, et dire que l'album prend toute sa dimension en live est encore en deçà de la vérité. Modulations minimalistes et infrabasses amples et vibrantes, Senking pose le décor en douceur. Tout son live sera empreint d'une langueur métallique et d'une nonchalance à coller des frissons. Auréolé de couleurs chaudes et d'une certaine désinvolture, l'homme évoluera peu à peu vers un dub envoûtant, mat et épuré, aux subtilités mises en évidence par l'excellente acoustique de la salle.

 

 

 1661

 

 

Autant dire que les sièges rouges de l'Alhambra, la belle et haute scène et la pénombre attentive constituent des conditions d'écoute proches de l'optimal. Puis c'est deux mythes qui investissent la scène, Alva Noto, co-fondateur de Raster-Noton doté d'une approche de la musique quasi-scientifique, et Blixa Bargeld, leader de Einstürzende Neubauten et guitariste pendant 20 ans de Nick Cave and the Bad Seeds. Tous deux réunis sous le nom d'ANBB, ils réalisèrent le chef-d'oeuvre Mimikry qui, sur scène, se révèle être une expérience confondante. Les édifices obscurs et abstraits d'Alva Noto envahissent votre être, tandis que la voix de Blixa, qui déclame souvent plus qu'il ne chante, en allemand ou en anglais, hante l'espace entier, dotée de capacités bruitistes ahurissantes. On est englué à son siège, les yeux fixé sur lui, parfaitement halluciné. Mimikry, Once Again, I Wish I Was A Mole In The Ground, Ret Marut Handshake ou One sont autant de moments de grâce, tandis que lorsqu'ils jouent Wust, on n'a ni plus ni moins l'impression de se prendre par à-coups un réacteur d'avion dans la gueule.

 

 

 1655

 

 

Ces deux heures et demi seront parmi les meilleures du festival. A la patinoire se produisent alors les Autrichiens Kruder & Dorfmeister, fondateurs du label G-Stone, qui fêtent leur seizième anniversaire, assistés de deux MC en costard. J'ai rarement vu des visuels offenser autant les yeux, mais leur électronica polymorphe, puissante et criarde cache de réels talents de musiciens. Quand le jeune Mondkopf prend la relève, son live a des effets de bulldozer, la délicatesse en plus. J'ai toujours eu une certaine inclinaison pour sa techno tirant vers l'électronica, à la fois redoutable et romantique. Le rendu est ici démultiplié, relevé de visuels graphiques en noir et blanc, et la véhémence avec laquelle il mixe fait plaisir à voir. De retour à l'Usine, je retombe aussi sec : atroce UK funky au Zoo et la formation de danseurs de footwork de Planet Mu au Rez, tout aussi inaudible. Il faut patienter pour voir enfin arriver Niveau Zero. Comme à son habitude, Frédéric Garcia enflamme la salle, la matraque de salves de hachoir, qu'elle encaisse avec jouissance. Son My Roots, notamment, fera l'effet d'une poignée de bombes à fragmentation. Nul doute que le Français représente ce qui se fait de meilleur dans le dubstep hexagonal... et pas que.

 

 

 1604

 

 

Dimanche :

Traditionnellement, le dimanche, le site se vide de la moitié des festivaliers, trop fourbus pour perdurer. Cette année l'excellent programme maintient remplies les deux salles de l'Usine. J'arrive pour le début de Moritz Von Oswald et Paul St Hilaire. Le maître ès dub techno s'est installé si confortablement qu'il a des airs de gestionnaire. Fauteuil en cuir, lampe de bureau pointée sur ses machines et un mur de basses de chaque côté de sa personne, le boss de Basic Channel joue le dub de Rythm & Sound, langoureux et brouillé, bourré de groove et accompagné du chant habité du sieur St Hilaire. Je suis plus que réjouie d'entendre King In My Empire. Les reverbs sont hypnotisantes et la foule ondule. Parfois le Tikiman s'absente, tandis que Von Oswald injecte sur la fin, davantage de techno à ses boucles. Je grimpe alors au Zoo, presque constamment irrespirable, pour le début de la prestation d'Isolée. Sa house chancelante prend irrémédiablement au corps et les textures ont quelque chose de caressant. Son live me paraitra cependant trop linéaire pour me passionner complètement. Pendant ce temps là au Rez, Kalbata donne dans le 2-step vintage, lâchant quelques friandises de chez Jahtari. La soirée du rez-de-chaussé se consacre en effet aux "influences du reggae et du dub dans la musique électronique". A l'étage, le duo Rainbow Arabia succède à Isolée. Californiens signés chez Kompakt, leur électro/ethno/pop me surprend agréablement. Je n'écouterai pas leur album en boucle, mais la voix aux faux airs de Fever Ray de la chanteuse, les sonorités percussives et une certaine théâtralité en font un bon groupe live.

 

 

 1778

 

 

La soirée s'achèvera en jumpant pendant une plombe sur le dub électronique d'O.B.F., deux Français rodés aux Dubstation parisiennes comme aux Dubquake genevoises. Accompagnés des MC Kenny Knotts et Dan Man, les selecta livrèrent une des plus belles performances que je leur ai vu. La salle se balance et transpire dans un bel ensemble. Au sortir de l'Usine, mes jambes ont rendu leur tablier, tant pis pour Agoria, il est grand temps de rentrer.

 

 

 1453

 

 

Cette édition 2011 comble toutes les attentes. Mon seul gros regret sera d'avoir loupé certains concerts, ainsi que les cessions expérimentales du Grütli. Mais à moins de faire ce festival intégralement seul, il était impossible cette année de voir tout ce qui aurait dû être vu. En balayant un spectre immensément large, l'Electron s'impose dorénavant comme l'un des plus riches festivals européens en matière de musiques électroniques.

par Manolito

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 09:24

Sortie : 2 mai 2011

Label : Young Turks

Genre : Bordel électronique

Note : 6/10

 

Le Londonien Nathan Jenkins, aka Bullion, a dû être élevé au grain Ninja Tune. Attention, on ne parle pas du Ninja Tune actuel qui n’en finit plus de s’embourber, mais bel et bien du grand Ninja Tune du début des années 2000, de cette époque où le label enchaînait les galettes se jouant des normes. Bullion a sans doute écouté exclusivement ces productions et s’est dit « Et si, à mon tour, j’en profitais pour singer les productions du label ». Parce qu’il est évident que You Drive Me To Plastic regarde de très près les traces laissées par Coldcut, Pest ou DJ Food.

En même temps, on aurait dû se douter que Bullion allait prendre cette direction. Déjà en 2007, le gazier sortait un étrange album cuisinant le mythique Pet Sounds des Beach Boys avec les samples hip-hop de Jay Dee. Le résultat n’était pas fameux mais avait le mérite d’être amusant. D’ailleurs, ces hypeux de Young Turks (El Guincho, Wavves, Jamie XX, etc.) ont su flairer en Bullion, le mec parfait pour parfaire leur image.

You Drive Me To Plastic débarque enfin en France après une sortie en janvier chez les Britons. Neuf morceaux pour 21 minutes. Qui a dit que ce mec était un branleur ? Non, parce que sincèrement, l’album est plutôt réussi. Complètement bordélique, cet EP-mixtape-album est un exercice fun. Tout en respectant une certaine doctrine hip-hop, You Drive Me To Plastic prend un malin plaisir à exploser les barrières et à lorgner de manière décomplexée dans tous les recoins musicaux possibles.

Certains parleront de post-hop, de prog-hop, on dira plus simplement que c’est une fusion de tous les styles musicaux connus. Ne se figeant jamais, enchaînant les instrumentations improbables (ah tiens, un peu d’exotisme par là ! oh mais c’est un violon que l'on entend ici ?), ces 21 minutes sont une partouze décousue hésitant entre le jouissif et l’anecdotique. Parce que l’exercice part sur les chapeaux de roues (ce Magic Was Ruler bondissant), on était en droit de miser sur une exigence continue. Mais malheureusement, dès mi-parcours, c'est-à-dire à peine 10 minutes, la bécane ralentit le tempo sans prévenir. Les derniers morceaux s’écoutent alors sans conviction et on finit par s’en foutre des élucubrations 80’s, funky, nu-wave, (mettez ici ce que vous voulez), de Bullion.

On a beau être pour l’éclatement des formes, il faut aussi savoir rester cohérent et maintenir la cadence pour pouvoir marquer les esprits. You Drive Me To Plastic ne passe pourtant pas loin de l’exercice de style complètement abouti. On espère quand même que Bullion en garde encore sous le coude afin de livrer, le plus rapidement possible, un album bordélique digne de ce nom.

 

http://bandcamp.com/files/59/58/595840721-1.jpg

par B2B

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 21:54

Sortie : mai 2011

Label : EMI

Genre : Rap

Note : 7

 

Nous ne vous ferons pas l'outrage de vous faire la bio des Beastie Boys. En revanche, l'histoire de ce nouvel album vaut peut-être la peine d'être rappelé. Flashback il y a deux ans. Les trois MC sont en pleine euphorie en promo de leur prochaine livraison, Hot Sauce Committee Part One, annoncé comme plus potache que jamais. Mais un cancer de la gorge est détecté chez MCA et tout s'arrête. Adam Yauch vainc la maladie et plus question de sortir le disque prévu... le trio s'attaque à un deuxième volume que le groupe vient de mettre en ligne en écoute sur son site en réaction aux premières fuites via Internet. Cette sortie avait au préalable été annoncée par un clip de 20 minutes qui permettait de découvrir un premier extrait, Make Some Noise, au milieu d'un délire à leur sauce interprété par une brochette d'habitués d'Hollywood. A noter que la photo en médaillon sur leur site à côté de l'album est un cliché d'eux jouant à la pétanque au Palais Royal à Paris... jusqu'ici tout est normal dans le monde des Beastie. 

 

Nous les avions laissé en 2004 avec un hommage à New York baptisé To The 5 Boroughs, ils reviennent en 2011 avec leur style égotrippé second degré servi par des flows explosifs et des instrus mêlant leurs influences rock, quelques touches électroniques à la Intergalactic et leur grosse énergie traditionnelle. Make Some Noise fait figure de dynamite d'ouverture, rappelant à la fois Fight For Your Right et leur talent derrière leurs instruments. Les guitares sont très présentes tout au long du disque avec un côté moins punk que par le passé même si la saturation hurle toujours autant. Le mélange de riffs ravageurs et de scratchs sur Say It démontre toute leur maîtrise du mélange rock-rap sur lequel leurs beuglements collent parfaitement. Les références à leurs passés vont se succéder, notamment avec les titres Funkey Donkey clin d'oeil à Brass Monkey ou Lee Majors Come Again, diffusé de manière confidentielle en 2009, qui rappelle leur amour pour l'acteur qui a incarné L'Homme qui valait trois milliards et L'Homme qui tombe à pic.

Si les trois MC évoluent ainsi dans leur univers habituel, ils apportent quelques touches d'originalité avec leurs invités. Le MC sans doute le plus loin de leur délire, Nas, fait une apparition sur Too Many Rappers (New Reactionaries Version) dans lequel son flow est presque méconnaissable. Santigold est l'autre invitée de l'album pour un titre reggae, Don't Play No Game That I Can't Win, qui fait un peu figure d'ovni même si le coup de la surprise jamaïcaine nous avait déjà été fait avec le dub de Lee Perry sur Hello Nasty !. Si le groupe s'adapte sans problème à ce nouvel environnement, ce skank enfumé nuit toutefois à l'homogénéité du disque.

Même si rien ne semble jamais très sérieux dans leurs titres, les Beastie arrivent toujours à faire pointer ici ou là une pointe d'engagement, quand ce n'est pas en organisant des concerts de soutien au Tibet, c'est en intitulant le seul extrait instrumental Multilateral Nuclear Disarment. Une étrange respiration funky. Avant cela, ils avaient démontré leur capacité à la jouer plus sombre dans un Long Burn The Fire tendu. Ils perdent toutefois leur sérieux dès l'extrait suivant... Souvent brefs, les morceaux déferlent laissant peu de répit à l'auditeur heureux de retrouver le trio le moins sérieux du rap américain.

 

Sans vraiment changer, les Beastie se renouvellent avec des instrumentaux toujours aussi prenants, variés tout en restant cohérents (sauf le passage reggae), complétés par une énergie au micro qui ne souffre pas du nombre des années. Le plaisir de les retrouver est intact !

 

http://beastieboys.com/preorder/img/beastieboys-hotsaucecommitteeparttwo.jpg

par Tahiti Raph

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 15:24

Sortie : 28 février 2011

Label : Warm Up Recordings

Genre : Techno, IDM

Note : 6/10

 

Il fut un temps où j’errais du côté de Barcelone, à l’époque où le Razzmatazz régnait sur les nuits folles de la cité catalane. En cette période, le DJ star en Espagne était le madrilène Oscar Mulero. Sa recette était, et est sans doute encore, toute simple : balancer une techno autoroutière aussi puissante que factice. Il faut aussi avouer que le public espagnol a toujours été un des plus pourri d’Europe tant sa volatilité est des plus épuisante. En effet, il semble impossible à un hidalgo à la coupe mulet de rester concentrer plus de deux minutes sur la musique, il faut qu’il se mette absolument à jacter et ce le plus fort possible, quitte à couvrir le son. Bref, Oscar Mulero a toujours su parfaitement gérer son public en balançant une techno qui tape, un truc rentre-dedans tellement frontale qu’il en devient quasi impossible de ne pas danser comme un robot. Ses mixes n’ont donc jamais brillés par leur finesse.

 

Grey Fades To Green est le premier album qu’Oscar semble enfin assumer (il a signé deux albums dispensables sous l’entité de Trolley Route). Je n’en attendais rien et c’est pourtant une agréable surprise. N’allez pas croire non plus que l’on tient là un bijou mais il faut bien avouer que ce double album est intrigant. En effet, Oscar Mulero n’a pas tout misé sur une techno puissante et dévastatrice, il a tenté une ouverture IDM pour le moins surprenante.

Le premier disque, The Grey, est typique du son techno que l’on peut entendre en club en Espagne : un rouleau compresseur qui ramone autant le cerveau que les jambes, qui te savate la gueule à grands coups de kicks. Certes, c’est pour le moins linéaire et épuisant, ça n’apporte rien de nouveau mais parfois, l’efficacité a des vertus que la finesse n’aura jamais.

C’est davantage du côté du second disque que l’étonnement se révèle séduisant. Sur The Green, Oscar Mulero mise en grande partie sur une IDM possédant un plaisant charme rétro. Letters From Madrid et Dreams Of Happiness regardent du côté de Beaumont Hannant ou d’Autechre, période Tri Repetae, dans une optique cependant moins élaborée (n’est pas un esthète de l’IDM qui veut). Cependant, les efforts du Madrilène se révèlent pour le moins attachants. Et quand le morceau Grey Fades To Green prend le chemin d’une électronica plus rythmée se confrontant à des nappes plus voluptueuses, on se dit que, peut-être, Oscar s’est trompé d’orientation musicale.

 

Oscar Mulero a réussi le pari de l’album techno alors que l’on n’attendait pas grand chose de sa part. Grey Fades To Green n’est pas un chef d’œuvre, il ne passera sans doute pas l’année mais il possède suffisamment d’atouts pour se révéler captivant.

 

http://www.cultzine.com/IMG/arton15951.jpg

 

par B2B

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 16:36

Sortie : avril 2011

Label : Alpha Pup

Genre : Liquid beat

Note : 4

 

Une nouvelle génération de beatmaker de Los Angeles déferle sur le monde, autour notamment des soirées Low End Theory et du label Brainfeeder. Leurs rangs se garnissent en ce début d'année de nouvelles têtes convaincantes telles que Matthewdavid, Jeremiah Jae et consorts. Alpha Pup, qui participe à la diffusion la plus large de cette scène, présente Elos qui sort un premier maxi sous le signe de l'expérimentation issue d'un lointain rap totalement contaminé par l'électronique.

 

Premier élément à noter, les sept titres proposés par Elos dépassent les trois minutes, ce qui fait presque figure d'exception dans cette scène de LA qui aime les ébauches courtes et percutantes, délaissant parfois l'évolution de chaque morceau pour construire un récit à l'échelle du disque. Flying Sky Fortress n'est toutefois pas un contre exemple total. Chaque extrait repose sur un nombre d'éléments restreint et joue sur la répétition pour poser une atmosphère moelleuse et synthétique. Le producteur laisse ses boucles travailler pour lui. Le magma de Dundeals (part 2) remue ainsi faiblement, peu dérangé par les cliquetis rythmiques. La matière sonore envahie l'espace aussi vite qu'elle le quitte, laissant peu de place à la respiration. Les titres traînent donc souvent en longueur, l'hypnotisme entraînant plus le sommeil que le trip mental. Si sur Shroot l'impression d'évoluer dans un monde imaginaire peuplé de petits hommes habillées de manière colorée et ne cachant pas leur penchant pour la chanson joyeuse est plutôt ragaillardissante, Airliner's Patio donne plutôt l'impression d'être embourbé dans un marais électronique où l'air vicié vous rend pataud. Un résultat au final assez inégal.

 

Ce maxi démontre les limites de cette génération de LA qui découvre avec joie les instrumentaux électroniques barrés : c'est nouveau, c'est original, ça laisse de la place à l'imagination, mais faut pas nous refourguer n'importe quoi non plus. Elos n'est pas le pire... pas le meilleur non plus.

 

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par Tahiti Raph

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 12:20

Sortie : avril 2011

Label : Passage Extra

Genre : Electronica nourrie à la vodka

Note : 6

 

Nous avions découvert le nouveau label Passage Extra avec sa première sortie en février, l'agréable maxi de Stereo Silence (chroniqué ici). Pour sa troisième publication, Slow présente quatre titres électronica fouillés et enthousiasmants. Sergey Suokas pour l'état civil a déjà publié quelques galettes depuis 2006, notamment dans une veine plus ambient pour Passage (dont Passage Extra est une subdivision).

 

Le Russe défend une certaine esthétique de la musique et cela se ressent rapidement. Il ne s'agit pas de coller une mélodie sur un beat et de créer deux ou trois variations pour faire jolie. Les sonorités sont finement taillées et arrangées soigneusement pour se fondre les unes dans les autres et former des titres long format envoûtant. Le maxi commence sur la rythmique entraînante de My Face aux influences clairement hip hop qui va servir de base à l'envolée charmeuse de la guitare, fil rouge de ce titre hypnotisant et vitaminé. Slow fait subir de nombreuses transformations au son de sa six cordes pour alimenter en touches gorgées d'électronique un univers durablement organique. Sa musique évoque les grands espaces et la nature avec une certaine sérénité tout en restant dynamique. Lipstick est plus posé, rappelant ses travaux ambient. A nouveau il creuse la matière pour accompagner avec beauté le défilement du paysage. Il donne l'impression d'illustrer la vue d'un voyage en train. Il y a un surplomb, une distance et de la patience. Le beat est fin, la mélodie gracieuse. La cadence repart avec 12.20.1.1, mais toujours avec légèreté et douceur. Puis le disque s'achève sur un Venus Cry à la rythmique plus conquérante réussissant encore ce mélange de mid tempo vivifiant avec un regard extatique maîtrisé. 

 

Ces quatre titres de Slow sont une nouvelle bonne carte de visite pour Passage Extra qui apporte de nouvelles bonnes expérimentations sonores de Russie. Quand à Slow, nous attendons déjà sa prochaine sortie.

 

http://i1.sndcdn.com/avatars-000003312307-tzz4kx-crop.jpg?9a96590

par Tahiti Raph

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 10:23

Sortie : 25 avril 2011

Label : Traum

Genre : Techno luxuriante

Note : 8/10

 

Artiste techno injustement mésestimé, Dominik Eulberg est pourtant un compositeur pointilleux dont chaque sortie est souvent unanimement encensée. Pour preuve son excellent dernier album en date, Heimische Gefilde. Il faut bien avouer que le p’tit père semble n’en avoir rien à foutre du succès et de son lot d’emmerdes qui s’en suit. Dominik préfère ganbader dans la rosée matinale de sa campagne teutonne, tel un hippie des temps modernes. D’ailleurs, quand il n’adopte pas la posture du geek derrières ses machines, il fait office de guide en forêt via sa formation naturaliste. Faut bien avouer que sur un CV, c’est loin d’être glamour pour un mec dont la musique semble pourtant carburer aux psychotropes. Pour Diorama, son 4e album, Dominik s’est une nouvelle fois rapproché de la nature via le magazine allemand NABU.

 

Passons sur l’optique bio de l’album pour nous concentrer uniquement sur la musique. Diorama est une cinglante réussite, un album de techno finement agencé pour un résultat en tout point exemplaire. Dominik Eulberg est un orfèvre de la techno, on sent que la moindre sonorité est dûment réfléchie. Il en ressort une humanisation poignante permettant ainsi de complètement happer l’auditeur. Pour cela, Dominik ne lésine pas sur la profondeur des basses et sur des nappes amples et confortables. L’ensemble semble ainsi caoutchouteux et on se prend à fermer les yeux en s’imaginant rebondir sur un matelas de mousse végétale.

En y insufflant une fine touche d’IDM et en évitant de rester statique, Diorama est à l’image de la passion première de Dominik, les petites plantes vertes. Tout semble en mouvement, chaque morceau se déploie spontanément avec une rare évidence. C’est con à dire, mais oui, Diorama est un album naturaliste. Mais alors qu’on aurait pu tomber dans l’exercice de style pour bobos adhérents à l’Amap, on erre dans un monde à mi-chemin entre la mélancolie et l’imparable.

Irrémédiablement, Diorama fait penser aux récents travaux de Pantha Du Prince. Notamment lors d’un Wenn Es Perlen Regnet tout en fines ondulations parcourues par des petites clochettes enfantines. On reconnaît aussi l’identité sonore d’Alex Smoke lors de premiers morceaux organiques, notamment un Teddy Tausendtod aux sonorités vicelardes n’épargnant ainsi pas les danseurs récalcitrants. Et quand Dominik Eulberg joue avec nos nerfs sur H2O via un conditionnement initial nuancé avant un fantastique décollage, on se dit que décidément, ce mec a la classe.

 

Avec Diorama, Dominik Eulberg confirme le fait qu’il est un artiste talentueux et précieux. En offrant, une nouvelle fois, un album finement travaillé, Dominik démontre que l’on peut rester cohérent en suivant avec rigueur une ligne de conduite, le tout sans se répéter et tomber dans la facilité. Diorama est un album profond et luxuriant qui risque fort de marquer l’année techno 2011.

 

http://www.wunder.dominik-eulberg.de/wp-content/uploads/2010/10/diorama-cover.jpg

par B2B

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